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l'Empire Romain en Occident* 8c même jufqu*aux
Paléologues pour l'Orient. Il eft* à la vérité*
difficile de trouver toutes ces médailles depuis
Héraclius* & on eft forcé d'en interrompre la
fuite : non pas que les empereurs n'ayent plus
fait frapper de moyen bronze * mais à caufe du
peu de foin que l’on a eu de les conferver : ces
médailles étant fi groffières & fi informes* que
le coin femble avoir à peine effleuré le métal.
Le moyen bronze peut comprendre jufqu’à fept
mille médailles.
La fuite dé petit bronze eft a fiez aifée à former
dans le Bas-Empire > puifqu'on en a des médailles
depuis les polthumes jufqu*à Théodofe. Mais
depuis Jules-Céfar jufqu’aux pofthumes * il eft
très-difficile de remplir cette fuite ; la chofe eft
même impoffible dans l'efpace de tems qui s'eft
écoulé entre Théodofe 8c les Paléologues* qui
ont vu finir l’Empire. Malgré ces interruptions *
le petit bronzât pourroit aller jufqu’à vingt mille
médailles. On en jugera par celles de Probtis feul *
qui paffoient mille huit cens dans le cabinet de
fabbé de Rothelin* quoique cet empereur n’ait
légné que fix ans.
Le nombre des médailles de bronze des trois
grandeurs s’élève au-defliis de trente mille dans
une riche collection. Malgré cela* il ne faut pas
efpérer* comme nous l’avons déjà dit * d’avoir
aucune des trois fuites de bronze complette j ce
qui n’empêche cependant pas de les leparer. On
permet feulement à ceux qui veulent* à la rigueur,
une des trois fuites complette, de mêler le petit
bronze avec le moyen j afin d’être conduits fans
aucune interruption confidérable -depuis la république
romaine anéantie fous Jules-Céfar* jufqu’aux
derniers empereurs grecs détrônés par les
Turcs en. 145*3. Ces deux fuites combinées re-
préfenrent l’hiftoire de plus de quinze fiècles
fUccefiifs..
Br o n z e de Corinthe * airain & cuivre de
Corinthe.
L. Mummius prit cette ville l’an deRome 6c8 *
la troifième année de la 158e olympiade; époque
célèbre d’ailleurs par la prife de Carthage. Les
Romains détruisirent par le feu cette ville* qui
étoit devenue l’émule d’Athènes* 8c la fécondé
atrie des arts. Une opinion afîez étrange s’éta-
lit après cet incendie affreux on crut que l’or*
l’argent & le cuivre fondus par les. flammes *
s’étoient mêlés enfemble *. & avoient formé un
alliage très-riche & très - précieux * a uquel an
donna le nom de bronze de Corinthe. Cette opinion
n’eut peut-être d’autre fondement que l’avidité
des marchands d’antiques établis à Rome*
car il y en avoit déjà.* comme nous l’apprennent
dIufieurs textes des écrivains latins. Elle fut cependant
adoptée par ces mêmes écrivains* tels
que Fl or us 8c Pline. Voici les paroles dit premier
{ i l . \6 , 6 .) Quan cas opes 6* abduler U & c'tma. -
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verit * hinc fcias * quàd quidquid Corinthii Aris toto
orbe lauda'tur, incendiofuperfuijfe comperimus. Nam
& eris notam predofiorem ipfa opulentîftimA urbi-s
fecit injuria : quia incendio permiftis permultis
Jiatuis * atque ftmulacris* Aris * auri * argendque
venA in commune fluxere. Pline (x x x iv . 2.) s’explique
de même : Ex ilia autem antiqua gloria
Corinthium maxime laudatur : hoc cafus mifcuit,
Corinthoy cum caperetur3 incenfâ. Plutarque croyoit
cette fable * & il cherche à l’expliquer {de Pytk.
orac.') Les uns penfent * dit-il * que le feu ayant
35 confumé une maifon de Corinthe * dans laquelle
33 fe trouvoit une petite quantité d’or & d’argefit*
33 avec beaucoup de cuivre * ces trois métaux s’al-
33 lièrent par la fufion* & qu’on leur donna le
33nom de bronze de Corinthe* à caufe du métal
33 qui dominoît dans l’alliage. D’autres racontent,
*• ajoute le meme écrivain * qu’un fondeur de
33 Corinthe ayant volé une cafiètte pleine 'd’or *
33 8c que n’ofant s’en défaire ouvertement * de
33 crainte d’éveiller les foupçons * il allia cet or
33 en très-petite quantité avec un grand volume
33 de cuivre ; alliage qui porta le nom d’airain de
** Corinthe* 8c qui fit gagner au fondeur des ri-
33 cheffes immenfés ».
D’après ces textes précis * on peut juger que
I’exiftence du précieux bronze de Corinthe étoit
avouée à Rome^par le plus grand nombre. On l’y
paypic plus cher qu’un pareil volume d ’ o r * comme
nous l’apprend Stace (S y h. i l. 1. 6&.) : -
Æraque ah Ifthmiacis auro p adora jav i lits »
Ceux q u i v o 'u lo îe n t pafier pour de fins c o n n o i f -
feurs * prétendoient le reconnoître à l’odeur j tel
étoit ce Mamurra dont fe moque Martial ( ix.
60. 11.) i
Confuluit nares * an olerent Ara Corîntkum ;
Culpavït Jlatuas & *, Polyclete * tuas.
Ce n’étoit pas afiez de trouver le mérite de îa
m a t iè r e au bronzée de Corinthe 5 on croyoit encore
qu il fe terniftbit plus difficilement que le bronzée
ordinaire ; qu’il contraéloit beaucoup plus tard le
v e r d - d e - g r i s * & qu’on l’en dépoufiloit plus facilement
: Cicéron l’exprime ainfi ( Tufc. Qu&ftr
1V- 3,2.) : Inter acutos. & hebetes hoc inter eft ,
qùbd ingenioft * ut as Corinthium în sruginem * (ic
illi in môrbum & incidùnt tardius * & recreantur
ocyus. ,
On croit que ce prétendu métal de Corinthe
étoit jaune *, & qu’il reflembloit au laiton. Il y
en avoit cependant une fécondé efpèce * qui étoit
appelée argent de Corinthe * ;& qui devoit reflem-
bler à notre tombac blanc. On l’emplayoit à des
vafes comme le bron\e de Corinthe. Il eft fait
mention dans deux infcriptions rapportées par
Gruter (x l v i i i . i .) & par Gudius (xxxi i . 8.),.
de deux coupes a argent de Corinthe confactéeSBRU
le père Jobert 8c les autres antiquaires ont pris
pour du bronze de Corinthe * des médailles de
cuivre ordinaire, qui avoient été dorées.
BROTHÉE , fils dé Vulcain & de Minerve >
étoit fi laid* qu’il devint l’objet des plaifanteries
de tous fes contemporains. 11 fe précipita de dépit
dans les flammes-quile confumèrent. Ovide le dit
(in Ibin. v. y 1 7 . ) : ;
Quodque ferunt Brotheum fecijfe cupidine mords *
Des tua fuccenfo membra cremanda rogo.
BROTON. Voy([ Bronton.
BROUETTE. On ne peut pas afliirer que les
anciens agriculteurs ayent connu la brouette. Hygin
(•//. 1 4 O parle * à ,1a vérité, d’üne voiture à une
feule roue, una-rota*• mais comme il s’agit dans
cet endroit du voyage, entrepris par Triptolème *
pour enfeigner aux hommes l’agriculture* on peut
croire que la voiture-appelée una-rota, étoit celle
qui Je portoit * 8c non la brouette des champs.
Quelques écrivains modernes font honneur de
l'invention de cette dernière au célèbre géomètre
Pafcal.
BRULER. Les anciens term inoie nt les funéi
raillés en brûlant les cadavres ou en les enterrant.
Nous ne traiterons dans cet article que du premier
ufage * & le fécond formera l’article E n ter r
e r . Voyez ce mot.
Hérodote dit que les Perles ne brûloient pas
les corps, parçe qu’ ils regardoient le feu comme
une divinité. Les Egyptiens croyoient qu’il n’étoit
pas permis de les donner à dévorer à des
animaux ; & ils regardoient le feu comme un
efpècé de bête inanimée : ces deux cônfidérations
les empêchoient de brûler les cadavres.
Quant aux opinions & aux pratiques des Grecs
relatives aux funérailles* il eft très- difficile-de
favoir s’ils ont brûlé les corps avant le temps où
ils les enterrèrent ; ou'fi cette dernière pratique a
précédé l’autre chez eux. Ce que l’on peut affurer
de plus vraifemblable, c ’eft que ces deux pratiques
ne fe font jamais exclues l’une l’autre
chez les Grecs* quoique l’une des deux ait été
adoptée prefque généralement. Au refte * cette
obfervation s’applique aufli aux Romains* dont
nous parlerons ci-après.
Si l’on en croit Cicéron (de Legib. i l . ) * les.
Athéniens ne brûloient pas encore les morts an
tems de Cécrops. Le fcholiafte d’Homère ( I I . a .)
afiure que l’ ufage d’-enterrer les corps a précédé
de beaucoup celui de les brûler * dont il attribue
le commencement à Hercule. Ce héros étant parti
pour, affiéger Ilion * avec une armée* afin de
punir le parjure Laomédon* qui refufoit de lui
donner les chevaux dellinés à fervir de récom-
penfe au libérateur d’Héfione , voulut fe faire
accompagner par le jeune Argius. Mais Licym-
nj.us* père d5Argius D craignant pour ce fils le fort