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fur les médailles du Bas-Empire 3 dans la main des
empereurs depuis Anaftafe. Les favans font partagés
fur la nature de cet attribut > les uns croient
y reconnoître le mouchoir ou nappe, map'pa, que
jetoit de fa loge, pour faire commencer les jeux,
celui qui y préfidoit. C’eft pour cela, félon eux,
que les confuls portoîent aufli le même attribut.
D ’autres écrivains penfent que c’eft le fachet qu’on
ôffrbit aux empereurs à la cérémonie de leur facre.
Il étoit plein de cendre & de pouflière, & pertoit
le nom a acacia 3 a k a k ia , fans mal, fans crime.
Car on croyoit que la vue de cette cendre devoit
rappeler au prince le fouvenir de la mort, & l’engager
par-là à conferver fon innocence, à vivre
lans crime.
Ducange prend ce rouleau pour des papiers ou
mémoires que l’on préfentoit aux princes , aux
confuls, & qu’ils tenoient à la main pour y répondre.
Cette opinion acquiert un degré de vraisemblance,
à la vue des ftatues des Confulaires qui
font à Rome, & en France dans le parc de V.ër-
fu lies. Us ont à leurs pieds une petite caffette,
deftinie fans doute à renfermer ces papiers..;;,
La première de ces trois opinions eft cependant
la plus Sûre , félon M. de la Baftie. Les diptyques
confulaires qui nous reftent, & fur lefquels les
confuls font repréfentés vêtus à-peu-près du même
habit que portent les emoereurs fur les médailles
du Bas-Empire, nous font reconnoître Y acacia
pour la nappe avec laquelle on donnoit le lignai
des jeux au cirque. Si l’on examine en éffet le
diptyque de Bafile le jeune, publié par Bonarofti ,
on verra clairement que le rouleau tenu par le
conful ne fauroit être un papier ou mémoire.
Lorfque les empereurs eurent rendu le confulat
perpétuel dans leurs perfonnes & celles de leurs
fucceffeurs, ils prirent les attributs des confuls,
leur habillement:, & Yacacia qui eara&érifoit ces
perfonnages illuftres. Le penchant invincible des
Grecs pour la fuperftition, fit bien-tôt fuccéder à
la nappe, le fachet rempli de cendre, tel qu’il
paroît fur les médailles d’Ânaftafe & des empereurs
qui l’ ont Suivi. Cette explication a l’avantage de
concilier les deux principales opinions fur la nature
de Yacaciar, & elle paroît d’ ailleurs très-plaufîble.
ACADEMIE, Axa^tifzlcc, étoit une maifon avec
lin jardin, fituée dans le Céramique, un des faux-
bourgs d’Athènes, éloignée de la ville de fix Rades
environ, près de mille pas. Ce lieu eft devenu célèbre
par les affemblées que Platon & fes feétat-eurs
y tinrent pendant long-tems, pour converfer fur
des matières philosophiques. On a donné différentes
étymologies de fon nom.
Les uns le font venir d’Academus, qui vivoit
dans les fiècles héroïques. Ce fut lui qui découvrit
à Caftor à Pollux l'endroit où fe cachoit Hélène
avec Théfée fon raviffeur. Ces demi-dieux lufté-
«îoignèrent en récortipenfe une grande confidéra-
tipn pendant fa vie ; 8c les Lacédémoniens qui 1
adoptèrent le culte des deux gémeaux, confervèrent ;
A C A
le même refpeéfc pour la mémoire d’Academus. Ils
épargnèrent fa maifon, toutes les fois quiis ravagèrent
l’Attiqüe 8c les fauxbourgs d’Athènes leur
rivale. Dicéarque donne à l’ancien maître de la
maifon appelée depuis académie, le nom d’Eche-
demus, & dit que c’étoit un arcadien de l’armée
des Diofcures.
Lés environs de cette maifon étoient déferts &
remplis d’eaüx ftagnantes, qui ën .rendoient le
Séjour très-mal fain. Cimon en deffécha une partie ,
y planta des allées d’arbres &c des bofquets, qui
en firent un endroit très-agréable. L’académie devint
la promenade des Athéniens,les plus diftingués
par leur rang ou par leurs connoiffances. Les phi—
lofo plies -, 8c Platon en particulier, s’y rendoient
pour differter fur leurs fyftêmes, 8c les enfeigïier
aux’ jeunes afpirans. On enterra dans ces jardins
ceux qui avoient rendu à la patrie des Services
fîgnalés.
Lés magiftrats qui, après Cimon, furent chargés
des embelliffemens & des réparations d’Athènes,
négligèrent fans doute les environs de Y académie,
& biffèrent les eaux ftagner alentour $ car les médecins
qui furent confultés fur une maladie de
Platon, n’héfitèrent pas à en donner pour caufe
l’infalubrité de l’air qu’il refpireit, en fe promenant
tous les jours au milieu de fes difciples dans les
jardins d’Academus. Us lui conseillèrent de les
abandonner, & de tenir fes affemblées dans le
lycée > mais le philofophe, bien loin de Suivre ce
confeil, leur répondit qu’il avoit choifi Y académie
à-caufe de fon infalubritémême.ïl craignok qu’une
fanté' trop robufte ne rendît fon corps indocile au
joug de la raifon ; pour éviter ce mal, il expofoit à
deftèin fa .fanté dans l’air marécageux , & imitoit
en cela les vignerons, qui coupent les branches de
la vigne pour lui donner plus de fève & de force.
Uacadémie avoit fait naître un proverbe chez
les Athéniens. Us appeloient mur d’kipparque,
l7r^âp^a Ttt%éov, une entreprife difpendieiife. Le
fils de Fifîftrate voulut entourer d’un mur fortifié
la maifon d’Academus, 8c la réunir au Céramique ;
il établit à cet effet un impôt très-onéreux fur le
peuple cPAthènes : ce qui fit paffer en proverbe le
mur de Yacadémie ou le mur d’hipparqùe.
Nous avons négligé l’étymologie du nom de
cette maifon, qui le fait venir de Cadrnus, parce
qu’il avoit fait connoître les lettres aux Grecs, &
celle de xkos & S'ïpoç, comme fi les académies
étoient les remèdes des peuples. Il fuffit de ies rap-
poiter pour en faire fentir la frivolité.. Le nom de
ce jardin vint de fon dernier maître, l’athénien
Acadèmus ou Ecademus , qui légua fa maifon au
public. C’eft de fes fabuleux ancêtres que nous
avons parlé plus haut, félon les traditions vdes
Grecs toujours avides de gloire & de çélé ••
brité.
Le fort de la maifon d’Academus fut pareil à
-celui de la Grèce. Cet édifice fut détruit parles
Romains. Le farouche Sylla abattit fes bofquets
a c a
délicieux, & fit conftruire avec & | g Ë g |
machines de guerre pour battre la ville d Athènes,
qu’il afliégeoit. Cicéron voulut faire revivre au
taoins le nom de ce lieu célèbre, & 8 le donna a
fa maifon de campagne, fituée près de Pouzzol.
C’ëft-là qu’il fe plaifoit à converfer avec les amis
fur divers Sujets de philofophie > & ce fut-la
qu’il compofa fes Queftions academiques, 8c les
Livres fur la nature des dieux. ,, A
. ACADINE, fontaine de Sicile, fîtuee auprès
de deux lacs de Soufre & de feu, appelés Déliés.
Elle étoit confacrée, ainfi que les lacs, aux Pa-
iiques, deux fils de Jupiter & de la nymphe Thalie
ou A£tua. Les promeffes & les fetmens dont on
y faifoit l’épreuve , l’avoient rendue fameufe. On
ne doutoit point de leur vérité, lorfque les tablettes
de bois fur lefquelles ils étoient graves,
fe précipitoient dans le fond des eaux. Mais 1 opinion
contraire s’établiffoit à la vue des tablettes
qui furnageoient ; 8c l’on affuroit que le parjure
etoit aveuglé fur-le-champ, ou même confume
par les flammes des lacs. On trouve ces fables dans
Ariftote, dans Diodore de Sicile, & dans Etienne
de Byzance.
ACALUS. Voyei T a l u s .
ACAMANTIDE. C’étoit une des dix tributs
d’Athènes, ainfi nommée d’Acamas , fils de
Théfée. ,
ACAMARCHIS , nymphe de la mer, fille de
l ’Océan , dont parle Diodore de Sicile. ( L . 6 ).
A CAMAS, fils de Théfée. On ne fait point
avec certitude quelle fut fa mère î | les uns lui
donnent Ariadne, les autres Phèdre, d’autres enfin
Antiope. Acamas marcha avec les princes Grecs ,
contre Troye. Il fut député avec Diomède, pour
redemander Hélène > & il gagna dans cette am-
baffade le coeur de Laodice, fille de Priam. Cette
princeffe conçut, à la feule vue à'Acamas 3 une
fi violente paflion pour lu i, qu’aucune confédération
ne put l’arrêter : elle ouvrit fon coeur a Phi-
■ lobie, femme de Perfée, gouverneur de la ville
de Dardanus. Philobie fut touchée de l’état de la
princeffe, & engagea fon mari à fe prêter à quel-
qu*arrangement qui „pût procurer à Laodice une
entrevue avec l’objet de fon amour. Perfée fe lia !
d’amitié avec Acamas 3 & en obtint une vifîte dans
la ville de Dardanus. Laodice en fut avertie ; elle ne ;
manqua pas de s’y rendre avec quelques troyennes.
Après le feftin , on la plaça dans le lit d3Acamas 3 '
3 qui on la préfenta comme une des concubines
du roi. Cette nuit rendit Laodice mère d’un fils,
qui fut nommé Munitus, & élevé par Athra,
mère de Théfée. Voye^ A t h r a . Quelques
auteurs ont encore attribué à Acamas une intrigue
amoureufe avec Phyllis, qui reffemble beaucoup a
celle de Laodice j mais ils ont confondu Acamas
.avec Démophoon, auquel tous les auteurs originaux
attribuent la caufe des malheurs de Phyllis.
V. D é m o p h o o n , P h y l l i s . Acamas fut un des
Grecs qui s’enfermèrent dans le cheval de bois.
A C A j,5
Quand il en fo r tit, Laodice eut foin de le faire
fouvenir du gage qu’il lui avoit laiffe j & le jeune
Munitus fut tranfporté en Thracc. F . Mu nitus.
Après ie retour & Acamas en Grèce, l’oracle ordonna
à une des tribus d’Athènes de fe faire appeler
Àcamantide, du nom iïAcamas. Ce héros fonda
dans la grande Phrigie une ville qui fut nommee
Acamaniium. t
Acamas, dont on vient de parler, n eft pas le
feul qui ait porté ce nom dans le meme tems ; il y
en avoit un qui étoit prince de Thrace. Il alla au
fecours de Priam, & fut tue par Ajax. Un autre
étoit fils d’Anténor & frère d’Archilochus. Homere
dit de ces deux frères, qu'ils etoient très -exerces
à toutes fortes de combats. #
ACANAS & A m p h i t e n u s , étoient fils d. Alcméon
& de Callirhoé 5 leur pere ayant ete tue
lorfqu’ ils étoient encore dans la plus tendre jeu-
neffe, trouva néanmoins en eux des vengeurs : ce
qui fit dire aux poètes que la déefle Hebe avoit
augmenté le nombre de leurs années , pour les
mettre promptement en état d’exécuter cette vengeance.
V . A l c m é o n , A m p h ia r a u s , C a l l i r
h o é . .
ACANTHABOLE, inftrument de chirurgie ,
fait en forme de pincettes, dont on trouve la def-
cription dans Paul Eginète. On s’en fert encore
aujourd’hui pour enlever les efquilles d’os cariés,
les épines, les tentes, & tout autre corps étranger
qui fe trouve dans une plaie 5 ou pour arracher les
poils des paupières qui incommodent & irritent
l’organe de la v u e , ceux des narines, des fôur-
cils, & c . Son nom eft formé d’A"xurOec, épine, &
de /3«XAà», chàffér.
ACAN THE , jeune nymphe, qui, pour avoir
plû à Apollon, fut changée en la plante qui porte
fon nom.
Ac a n t h e , plante de la divifion des monope-
tales perfonnées. Il y en a deux efpèces 5 l’une
appelée du grec acantha3. épine, qui eft fauyage $
l’autre eft cultivée, & porte le nom de branche
Qurfine.
Ces deux plantes font devenues un ornement
très-ufité dans l’archite&ure. Les_ Sculpteurs gothiques
ont mal adroitement copié l’efpèce Sauvage,
qui eft la moins belle. Mais Y acanthe cultivée ,
qui eft plus refendue, mieux découpée, .& affez
femblable au perfil, a fervi de modèle aux Grecs
& aux Romains,. C’eft elle que l’on reconnoît dans
les chapiteaux comp.ofites des arcs de Titus & de.
Septime-Sévère à Rome.
Vitruye a parlé fort au long de cet ornement de
l’ordre corinthien ; voici comment il en raconte
l’origine : » Une jeune fille étant morte chez fa
» nourrice, .& cette femme youlant confacrer aux
» mânes de cet-te jeune perfonne plufieurs bijoux
*> quelle avoit aimés pendant fa .vie, les porta fu r
»fon tombeau. Afin qu’ils fe confervaftênt plus
»long-tems, elle couvrit d’une tuile la corbeille
» qui les renfermqit, & qui étoit pofée par hafai\l
F. îi