
e u t de rendre juftice aux ancien fur fexcellence
de leur fculpture pour les repréfentations d'animaux.
A n im a u x fur les médaillés. Les animaux
gravés fur les médailles des villes grecques, en
exprimoîent ordinairement les fymboles, ou ceux
de leurs divinités tutélaires. Quelquefois ils expriment
leurs noms, comme les armes parlantes :
tel eft le renard des médailles d’Alopéconnefus,
dont le nom exprime en grec celui de Y animal.
Sur les médailles romaines, on voit fouvent
les reprefentations des animaux extraordinaires,
qui avoient été expofés dans les jeux publics,
& particuliérement dans les jeux féculaires. Dans
les médailles de Philippe, d’Otacille, de leurs
fils, les revers portent la figure des animaux qui
furent expofés dans les jeux féculaires de f an icoo
de Rome, avec les mots feculares Augg. Quand
les fpeéhcles dévoient durer plufieurs jours, on
n^expofoit à chaque journée qu’ iin certain nombre
A3animaux 3 pour procurer au peuple un plaifir
toujours nouveau. On avoit foin de marquer fur
les médailles la date du jour où ces animaux pa-
roiffoient; ce qui fert à expliquer les chiffres i ,
i n , i v , v , v i , qui fe trouvent fur les médaille
des princes nommés plus haut. Ils nous
apprennent que tels animaux furent donnés en
ipectacle le premier, le fécond, le troifième ou
le quatrième jour.
Les animaux furies médailles expriment quelquefois
les légions qui les porroient dans leurs
enfeignes. Ain fi voyons-nous celles de Gallien,
avec un porc-épic, ou un Ibis ou Pégafe, & c.
Nous renvoyons.à farticle de chaque animal pour
apprendre de quel objet ou de quel peuple.il
étoit le fymbole, & réciproquement à farticle
de chaque peuple ou ville qui l'a placé fur fes
médailles.
Animaux fantaftiques. Voyeç Grotesques.
ANIO, rivière, appelée aujourd'hui Teverone,
eui paffe à T iv o li, & fe jette dans le Tibre au-
deflus de Rome. On en avoit conduit deux bras à
Rome pour en former deux aqueducs appelés
Anio vêtus & Anio novus. Le premier avoit fa
prife d'eau à vingt milles de Rome, au deffus de
Tibur. L’eau y couloit fous terre la*longueur de
43,297 pas, & au jour dans le canal de maçonnerie
fefpace de 751 pas. Cet aquéduc avoit fa
diftribution d’eau dans le quartier de Publicius,
vers la porte Trigemina, à l’endroit appelé les
Salines. Manius Curius Dentatus étant cenfeur
l’an de Rome 48 1, confacra les dépouilles du roi
Pyrrhus à le conftruire ; 8c neuf ans après, il
fut créé duumvir pour achever cette entreprife
avec Fulvius Flaccus. U Anio vêtus ne donnoit
qu’une eau trouble & peu falutaire 5 g eft pourquoi
on ne femployoit que pour arrofer les jardins
, & pour emporter les immondices de la
Tille.
L ’aquédoc appelé Anio novus, avoir auffi fa prife
d’eau dans Y A nio , à quarante-deux milles de
Rome. Son eau entroit dans la ville par le même
aquéduc que l’eau appelée Claudia, mais dans
un canal plus élevé. Son château d’eau éroit placé
à la porte Majeure , d’où elle fe diftribuoit dans
Rome, & envoyoit une divifion confîdéirable au
pied du mont Aventin. Comme Y Anio couloit
dans un terrein gras 3c argilleux, fon eau étoit
rarement limpide. Pour la dépurer, on avoit pratiqué
à la prife d’eau un grand réfervoir, où elle
dépofoit fon limon avant d’entrer dans P aquéduc.
Malgré ces précautions s l ’eau de Y Anio arrivoit
trouble lorfqu’il avoit plu.
ANITIS, nom fous lequel Diane étoit honorée
à Ecbatane , dit Plutarque.
A N IU S , tiroit fon origine de Cadmus, par
fa mère Rhéo, fille de Stéphilas. Rhéo ayant
manqué a l’honneur, fon père Pexpofa fur la mer
dans une barque qui aborda à Délos. L à , elle
accoucha & Ardus, qui devint roi du pays. Délos
étoit une ifle fameufe par la naiffance de Diane &
d Apollon. Le dieu y avoit un temple célèbre,
où^ il rendoit des oracles, & dont Anius étoit
pretre. Rex Anius , rex idem hominum, Pk&bique
jaccrdos , dit Virgile. Ce prince eut, de fa femme
Dorique, quatre enfans, un fils & trpis filles. Le
fils, à qui Apollon avoit accordé fart de prévoir
l’avenir, fe nommoit Andros. Il quitta fon père
pour s’aller établir dans l’ifle à laquelle il donna
fon nom, & où il régna.
Les trois filles fe nommoient Deno, Sperneo
& Elaïs : Bacchus leur avoit accordé le pouvoir
de changer tout ce qu’elles toucheroient en bled ,
en vin ou en huile 5 ainfi elles étoierff devenues
des fources fécondes de tout ce qui eftméceffaire
à Pu Cage de la vie. Les Grecs voulurent les avoir
dans leur camp devant Troy e, pour nourrir l’armée
à peu de frais & fans travail. Agamemnon
les enleva d’entre les bras de leur père j mais elles
trouvèrent le moyen de s’échapper, & s’enfuirent
chez Andros, leur frère. Une troupe d’hommes
armés entra auffi-tôt dans fes états, 3c le força de
livrer fes foeurs. Dans le tems qu’on fe préparoit
à les enchaîner pour les emmener devant Troy e ,
Bacchus les changea en colombes.
A N N A , étoit le nom de la foeur de Didon,
qui, après la mort de cette prinçeffe, céda Carthage
a Iarbas, roi des Gétules, 8c fe retira en
Italie, où Enée la reçut très-bien. Mais la jaloufie
de Lavinia l ’obligea de fuir encore 5 défefpérée,
elle fe jeta dans le fleuve Numicus, dont elle
devint une nymphe.
A n na Pe r en n a , étoit une femme de la campagne,
qui avoir apporté quelques gâteaux au
peuple romain, dans le tems qu’ il s’étoit retiré
fur le mont Aventin. Celui-ci, en reconnoifïànce,
voulut que fon nom fût honoré à perpétuité : &
c’eft à Perennitate cultûs qu’elle prit le furnom de
Perenna. Varon la compte au nombre des divinités
dç la campagne, dans le même rang que
Pales, Gérés, &c. Sa fête étoit célébrée aux ides 1
de Mers, fur le bord du Tibre, pendant jefquelles
le peuple fe livroit à la joie la plus vive. On y
b u v o i t largement, on y danfoit, 8c les jeunes filles
chantoient des vers , dans lefquels la pudeur
n’étoit pas ménagée.
On faifoit allufion a une aventure galante qu U-
vide raconte au troifième livre des Fades.' Anna,
dit-il, ayant été reçue dans le c iel, Mars, qui
étoit amoureux de Minerve , pria la nouvelle
déeffe de le fervir dans fes amours. Celle-ci, à
qui le dieu de la guerre n’étoit pas indifférent,
lui ayant promis ce qu’il fotihaitoit, vint lui dire
un jour que Minerve confentoit' à f époufer, &
ayant pris un habit femblable à celui de la déeffe,
elle.fe trouva au rendez-vous j mais elle ne re- t
cueillit aucun fruit de fon déguifement, qui fut
découvert.
D’autres écrivains veulent qvYAnna fût la lune,
parce que fes révolutions forment Y année. Quelques
uns la reconnoiffent pour une des Àtlantides
qui allaita Jupiter. I o , félon les uns, étoit révérée
fous le nom d'Anna, 3c Thémis félon les
autres. *
ANNALES. La différence qui fe trouve entre
les annales & Yhiftoire, eft un point différemment
traité par divers auteurs. Quelques-uns difent que
l’hiftoire eft proprement un récit des chofes que
l’auteur a vues, ou du mqins. auxquelles il a
lui-mêm,e affilié. Ils fe fondent pour cela fur
l’étymologie du mot hiftoire, qui fignifie en grec,
la connoljfan.ee des chofes préfentes , htfüv} Voir.
Les annales3 au contraire, rapportent ce que les
autres ont fait, 8c ce que l’écrivain ne vit jamais.
Tacite lui-même paroït avoir été de ce fenti-
ment,-puifqu’il appelle annales toute la première
partie de fon Hiftoire des fiècles paffés > au lieu
que, defeendant au tems même où il vivoit, il
change ce titre , 3c donne à fon livre le nom
Al Hiftoire.
Aulugelle ( 1. 1 .) eft d’un autre a v isai! Jou-
tient que Yhiftoire &c les annales diffèrent mÉme
le genre 3c l’efpèce ; que I’hiftoire eft lélfpnre,
& fuppofe une narration ou récit des chofes
paffées 5 que les annales font l’efpèce 3c font aufii
le récit des chofes paffées, mais avec cette différence
qu’on les réduit à certaines périodes ou
années.
Le même écrivain rapporte une autre opinion,
qu’ il dit être de Sempronius Afello : fui-vant ‘cet
écrivain-, les annales font une relation nue & féche
de ce qui arrive chaque année 5 au lieu que Yhiftoire
nous apprend non-feulement les faits, mais
encore leurs eau fes, leurs motifs 3c leurs fources.
L’annalifte n’a pas autre chofe à faire que l’expo-
fîtion des.événemens tels qu’ils font en eux-mêmes :
l’hiftorien a de plus à raifonner fur ces évènemens
& leurs cireonftances, à nous en développer les
principes, 3c à réfléchir avec une certaine étendue
fui les conféquenees. Cicéron papoîçavoir été de ce
dernier fentiment, lorfqu’il dit des annaliftes : Unam
dicendi lauciem putant ejfe brevitatem, non exor-
natores rerum , fed tantîtm .narratones. Il ajoute
qu’originairement l’hiftoire n’étoit qu’une collection
A' annales.
L’objet en fu t, dit-il, (de Orat. 1. i l ) de con-
ferver la mémoire des événemens : Res omr.es
fingulorum annorum litteris martdare , efferre in
album , & proponere tabulam doml, poteftas ut "effet
populo cognofcendi. Le fouverain pontife écrivoit
chaque année ce qui s’étoit paffé l’année précédente,
& l’expofoit en un tableau dans fa maifon ,
où chacun pouvoit lire à fon gré. Cet ufage dura
jufqu’ au pontife P. Mucius Scævola,, qui fut tué
dans les troubles de Marius , vers l’an 62.0 de
Rome. On appeloit ces annales du pontife, annales
maximi y à caufe de la dignité de l’annalifte, 3c
eommentarii pontifteum.
On croit qu’après la mort de Mucius Scævola ,
la fuite des annales de la république ayant été
interrompue , on la fit graver fur des tables de
marbre, expo fiées aux yeux du public dans le forum,
vers les comices. Cet endroit étoit défigné naturellement
pour cette expofition : car c’ étoit-là
que les fufixages du peuple créoient les magiftrats
& décernoient les honneurs du triomphe. Ce fut
aufii dans ce lieu qu’en l’année r y j y , on décerra
les Faites capitolins qui font écrits fur les tables de
marbre, par lefquelles furent remplacées les annales
des pontifes.
ANNEAU. Ce mot ayant deux lignifications
très-diftinéies, nous en ferons deux articles 5 l’ un
pour le mot Al anneau, pris dans fon fens lé plus
étendu, & l’autre pour ce même terme, reftreint
aux bagues & aux cachets. .
A nneau. Pline j parlant ( 13. 9.) des anneaux
qui fervoient à fufpendre des rideaux ou des portières,
dit qu’on les faifoit d’un bois très-dur.
,Anneaux des efclaves. Les efclaves portoient
des anneaux de fer aux jambes ou aux cuiflés ,
pour attacher les chaînes. C’étoit une marque
diftinétive de leur état malheureux, 3c ils ne
manquoient pas de les offrir à quelque divinité
avec leurs chaînes, lorfqu’iîs étoient affranchis.
Martial fait allufion à cet ufage, lorfqu’il fe moque
d’un efclave nommé Z o ile , q u i, ayant été fait
chevalier 3c portant en conféquence Y anneau d’or ,
avoit offert à Saturne les anneaux de fer , témoins
de fon efclavage, (3 . 29. ) :
Hac cum gemina compede dedicat catenas,
Saturne, tibi Zoilus annulos priores.
I On voit à Rome un anneau autour de la jambe
de la ftatue d’un homme nud, dont le reliaura-
teur a fait un gladiateur. Si la position de cette
ftatue, qui eft droite 3c tranquille, pouvoit le
permettre, on auroit pu y reconnoïtre Promé-
th é e , qu’on repréfentoit portant à une jambe
1 f anneau avec lequel il avoit été attaché fur le