
B É L ISA IR E . On voit à Rome à la villa
Borghcfe. une ftatùe aflife , plus petite que nature,
que Ton a prife mal à-propos, félon Winkelmann
qui nous fournit cet article , pour Bélifaire demandant
l'aumône; parce que fa main droite repofe
iur fon genou. Cette main eft creufe, & paroît
deitinee à recevoir quelque chofe. On pourrait .
d:re que cette ftatùe reprélente une des perfonnes
qui démandoient l'aumône pour Cybèle, 8c à qui
feules les loix des douze Tables permettaient de
mendier. Elles étoient appelées M*™**/*/»™, nom
dérivé de Mvrijp j Cybèle , 8c de âyupTijç , collec-
teur, ou Mr^ecyvpTeit, dérivé de M«», mois, 8c du
meme àyiprr.s y parce qu’elles avoient un jour
marqué dans chaque mois pour demander cette
aumône.
Il paroït cependant que cette ftatùe repréfente
quelque perfonnage plus relevé. Nous favons que
l'empereur Augufte s’abaiffoit au vil état de mendiant
un jour de chaque année, 8c qu'il tendoit
aux paiTans une main creufe, cavam manum3 pour
recevoir l’aumône. Les fuperftitieux pratiquoient
cette humiliation pour appaifer Néméfis, qui fe
plaifoit, félon l’opinion vulgaire, à abaiffer &
humilier les grands ( Cafaub. Anirhad. in Sueton). ■
Dans les mêmes vues, on attachoit aux chars de
triomphe des fouets 8c des fonnettes, qui étoient :
les attributs de cette divinité vengereffe, comme !
on le voit à une belle ftatùe de Néméfis placée :
dans les jardins du Yatican ; afin de rappeler aux
triomphateurs que leur pompe étoit paffagère , 8c :
que la vengeance des dieux devoit fondre fur eux, ;
s’ils fe livroient à l’orgiieil & à la vanité. C’eft
peut-être à ce deffein qu’on aura tenu ouverte la
main du prétendu B éU faire, comme prête à recevoir
l’aumône ; Sc oh peut croire que cette ftatùe
nous montre Augufte dans l’attitude d’un mendiant.
BÉLISAME,
BÉLJZ4NA i nom que les Gaulois don-
noient à leur Minerve, ou à la déeffe inventrice
des arts. On la trouve représentée avec un çafque
orné d’une aigrette ; elle eft revêtue d’une tunique
fans manches, recouverte par le manteau appelé,
péplum. Elle a les pieds croifés, Sc la tête panchée
fur fa main droite : fon attitude eft celle d'une
perfônne qui rêve profondément. On ne lui voit
point d'égide. Des victimes humaines étoient immolées
fur fes autels. Une infcription antique
trouvée à Conferans, porte :
MINERYAE
BELISAMAE
Q. VALERIUS
MONUM.. ..
BELL ARIA. Les Romains exprimèrent par ce
met générique les pâtiftèries , les confitures au
miel, & les au.res friandifes qui terrainoient les J
repas. Les fruits n’étoient pas compris fous le mot
générique bellaria. On fervoit avec les bellaria
des feuilles de laurier, que les convives mâ-
choient, pour ne pas fentir l'odeur du vin. Martial
( ^ 4 0 - Foetere multo Myrtale folet mero ;
Sed fallut ut nos, folia dévorât lauri.
peut-être aufii parce qu’ils étoient dans l’opinion
que le laurier contribuoit à la fanté, (Geopon. xi.)
laurus facit fanitatem.
Les Grecs mangeoient des bellaria pendant les
jeux 8c les fpe&acles.
BELLÉROPHON, étoit fils de Neptune ou
de Glaucus, roi d’Epire ou de Corinthe, &. de
Mérope. 11 fut obligé, de quitter fa patrie , parce
qu’il avoit tué fon frère , 8c il fe retira à la cour de
Proëtus, roi d’Argos, qui lui fit un très- bon
accueil. Sténobée ou Antée, femipe de Proëtus,
étant devenue amoureufe du jeune prince, &
l’ayant trouvé infenfible, l’accufa devant fon
mari d’avoir voulu la féduire. Le roi , pour ne
pas violer les loix de l’hofpitalité , l’envoya chez
Iobate , roi de Lycie, père de Sténobée , en le
priant, dans une lettre dont Bellérophon fut lui-
même le porteur, de s’en défaire. Jobate réfôlu
de faire périr bellérophon , lui ordonna d’aller
combattre un monftre épouvantable, appelé la
Chimère. Bellérophon vainquit le monftre , 8c en
délivra le pays.il fit encore la guerre pour Iobate aux
Solymes 8c aux Amazones, 8c revint victorieux
de tous les ennemis du roi. Ge’ fut alors, die
Homère, que Iobate, connoiffant à fes grands
exploits que ce prince étais de la race des dieux ,
lui donna Achémone, fa fille, en mariage , 8c
le déclara fon fucceffeur. Achémone le rendit
père de Laodamie , qui fut une des maîtréffes de
Jupiter. -, i
. Sur la fin de fes jours, Bellérophon s’étant attiré
la haine des dieux, dit encore Homère^ fe livra
à une fi noire mélancolie, qu’il erra feui dans les.
déferts, rongeant fon coeur, & évitant la rencontre
des hommes.
Hygin 8c Plutarque racontent différemment
l’hiftoire de ce héros. Minerve lui donna , dit
Hygin, le cheval Pégafe, pour combattre la Chimère;
le prince, monté fur ce cheval, ayant,
voulu s’élever .jufqu’au .ciel, un taon piqua Je
cheval, 8c caufala chute, du héros,, qui fe-tua en
tombant. Plutarque ajoute encore cette. fable ,
que.Bellérophon, mécontent de Iobate qui l’âyoit
expofé à tant de périls, pria Neptune , ion père,
de le venger. A fa. prière, les flots dé-1a mer fe
foulevèrent 8c inondèrent tout le pays Les Lyci.ens
fe voyant perdus > Je fupplièrent d’appaifer Neptune,
mais en vain. Les dames fe préfentèFent
devant lui, d’une .manière .peu décente, 8c le
fléchirent ; il Ce tourna vers la mer, Sc en.fit retirer
les flots.
Pline attribue à ce héros fabuleux (/. 7. f. jfi.)
Savoir enfeigne aux hommes à dompter les chevaux.
, , .
Les lettres de Bellérophon , ‘BtXXtpotpoyrtiy t»
yptupuT#, paffèrent en proverbe chez les anciens,
pour déligner de fauffes lettres de recommandation
, qui étoient écrites contre le porteur de ces
mêmes lettres-
On voit Bellérophon monté fur Pegafe, 8c combattant
la Chimère, dans prefque toutes les collections
de pierres gravées. ■ ..
BÈLLlAy famille romaine dont on a des
médailles :
RR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
BELLICA. Voyez BelionE,
BELLICREPA fah.aùo. V. Danse.
BELLINUS ; c’eft ainfi qu’on nommoit dans
l’Auvergne Bélénus, que toutes les Gaules, ado-
roient, mais qui étoit beaucoup plus honoré par
les Auvergnacs, que par tous les autres Gaulois.
Voye^ Bélénus.
BELLONAIRES. Ce font les prêtres de Bel-
lone, qui étoient initiés à fon facerdocç en fe
faifant des incifions à la cuifle ou au bras , en
recevant leurfang dans la paume de la main, pour
en faire une libation à leur déeffe. Mais, dans la
fuite, cette cruauté ne fut plus que fimulée ; puif-
que le cruel Commode (Lamprid. c. 9.) les obligea
fe déchirer effectivement les bras. Ces prêtres
étoient des fanatiques, qui, dans leur entho-u-
fiafme, prédifoient la prife des villes, la défaite
des ennemis, 8c n’annonçoient que fang 8c carnage.
Voye% Fanatiques. ^
Le grammairien Acron, 8c l’ancien feholiafte
de Juvénal^ fe font fervis feuls du mot Bello-
narü3 nom de ces furieux. Le fécond, expliquant
le 109e vers de la 6e fatyre de Juvénal, dit : Ser-
giolum nomine 'ex gladiatore amavit, qui & Ludor
diùius eft. Qui, ut requiem gladiator & haberet,
bellonarivm fe fecerat 3quibus mos eft in talibus.
lacertqs fuos fecare. .
^ BELLONE, fille de Phorcys 8c de Céto ,
étoit foeur de Mars ; ou, félon quelques-uns ,
fa femme. On la dépeint comme une divinité'
guerrière, qui préparoit le chariot 8c les chevaux
de Mars, lorfqu’il partoit pour la guerre.
Armée d’un fouet ou d’une torche, 8c les che-
•veux épars, elle excitôit les guerriers dans les.
combats. Bellone avoit un temple à Rome , près
de la porte Carmentale. (Voye% Ædes. ) , dans
lequel le-fenat donnoit audience aux àmbafla-
deurs : à la porte étoit une petite colonne qu’on
nommoit la guerrière , BELLic , 8c contre laquelle
on jetoit une lance toutes les fois qu’on
déclaroit la guerre.
Cette déeffe étoit regardée comme 'égalé en
puiffance à Marsi On l’honoroit d’iin culte particulier
dans deux villes nommées Comaue, dont^
l’une étoit en Cappadoce, 8c l’autre dans le
royaume du Pont : le culte y étoit à-peu près le
même, 8c avoit. été établi dans celle de la Cap-
padoçe par Orefte. Dans chacune de ces deux
villes, le temple de la déeffe étoit doté de beaucoup
de terres, 8c deffervi par un grand nombre
de perfonnes, fous l’autorité d’un pontife qui
1 ne reconnoiffoit que Iz roi au-deffus de lui ; fa
dignité étoit à vie, 8c lui donnoit le droit de
commander aux fujets du roi. Une partie des
fondions des prêtres de Bellone , confiftoit à
contrefaire les enthoufiaftes 8c à fe déchirer Je
corps jufqu’au fang. Les étrangers fe rendoient
•* en foule a-la fêté de la déeffe, 8c pouvoient y
être attirés, pour la plupart, par les femmes de
mauvaife vie , qui étoient confacrces au culte
de Bellone.
Les poëtes 8c les artiftes çonfondoient fouvent
Bellone avec Pallas.
A l’égide 8c la chouette.près , on reprefentoit
Bellone & Pallas l’une comme l’autre : on n’avoit-
pas même encore découvert avant ce lîècic une
figure de Bellone , que l’on pût reconnoître pour
telle, fans aucune reftridion ; car les voyageurs
affurent que Minerve , fur le fronton de fon
temple à Athènes, paroît fans cafque ni bouclier,
comme on repréfente,1a déeffe de la guerre.
Le feul monument où l’on voye indubitablement
Bellone 3 eft le fragment d’un'grand farcophage
de ...la villa Albani. Cette déeffe y eft placée fur
un piedéftal élevé, tenant la pique de la main
droite, 8c le bouclier fous le bras gauche, comme
on porte aujourd’hui les chapeaux. Devant eile
une vieille..prêtreffe tient un coq au-deffus du
feu d’un autel. De l’autre côté de Bellone , eft
a,{lis tout nud un de fes prêtres appelés Ëànati'çi,
qui porte une grand bouclier au bras gauche ,
8c paroît vouloir fe donner des coups avec une
épée.
On immoloit le coq à Bellone y 8c Arnobe la
| compte parmi les divinités infernales. Lorfquon
la regardait comme l’époufe de Mars, .on l’ap-
peloit Neriene. Aulu-Gelle (Nocl. Attic. 13. z.u).
I Plaute s’eft fervi du même nom (Truc. il. 6. 34.)»
i Mars peregré adveniens falutat Nerienem
Uxorem fuam.
Au fouet 8c aux torches que porte ordinairement
Bellone y Claudièn ajoute une faulx (Eutrop.
a . 14 4 . ) ' . , ' • Quid dudum tnftare moraris
TartareamyB ellona ytubamlquid ftringere faicem?
Les Bellonaïres célébroient fes fêtes Ta veille
des nones de Juin, 8c le neuf des calendes
d’Avril ; ils, mâchoient une plante appelée Bel-
lonari'a,qui les faifoit entrer en’ fureur, 8c 1er. diP
pofoit. aux coups 8c aux plaies qui caraétériLoicuc
ces fêtes,.
Hygin ÇEab. Z74.)>ditque Bellone avoir Inventé