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fotteranea de Bofio. La raifon de ce choix eft
apparente, lorfqu'on lit dans l’épitaphe ces mots :
COLLEGII JUMENT ARIORUM, OU . . . SACRO
STABULO . . . . OU CURSUI PUBLICO . . . OU
même c ir c o . . . ou enfin a g i t a t o r e s î car
on voit alors que le mort avoit fait peindre ces
chevaux pour défigner fa profeflion. Mais fans cela
on eft obligé de recourir à quelque allégorie pieufe ;
par exemple , félon le P. Lupi ( Epitapk. Severa.
p. 57. ) , à la courfe dont parle S. Paul (il. Ti-
moth. 4. ) , & à la couronne éternelle promife
aux chrétiens qui l'auront fournie avec conf-
tance.
Les écrivains latins donnent quelquefois aux
chevaux des noms relatifs à l'ufage que Ton en
faifoit dans les différentes claffes de la fociété.
Ils appellent equus avertarius 3 le cheval qui porte
la valife > equus publicus , le cAeva A entretenu aux
dépens du tréfor public, que les cenfeurs donnèrent
aux chevaliers j equus fagmarius , le même
que l’avertarius ,* equus fcllaris 3 ou celes3 du grec
x'iXr,s 3 le cheval de Telle > equi agminàles 3 les
marettes ou chevaux de renvoi, que l'on four-
nifîoit aux officiers des empereurs pour voyager
dans ak.s routes où lès poftes n’étoient pas établies,
& qui alloient plufieurs enfemble, agmine
faito où turmatim ; veredi te equi curfuales 3 les
chevaux de pofte } equi defultorii ( Voye£ DES U JETEURS
) 5 equi funales , les chevaux premier te
quatrième dans les quadriges , auxquelles ils ne
tenoient que par des traits 3 funes 3 èqui3 tyyoi,
les chevaux fécond te troifième dans - les quadriges
, au timon (&yos) defquelles ils étoient
attelés 5 equi lignei, le chevaux de bois du champ
de Mars ,*fur lefquels la jeuneffe romaine fe for-
moit à l’équitation ; equi pares 3 les deux chevaux
des défulteurs 5 equi Jingulares 3 les 'chevaux des
volontaires, appelés jingulatores ,* equi triumpka-
les 3 les quatre chevaux qui traînoient le char des
triomphateurs, &c. &c. 11 y avoit à Rome plufieurs ftatues équeftres
de bronze, défignées par le mot equus, auquel
on joignoît le nom de celui que repréfentoit la
ftatue. Equus Conftantini : la ftatue équeftre de
Conftantin étoit dans le forum 3 celle de Domitien
auffi. La dernière fouloit au#pieds le Rhin, pour
défigner le triomphe de Domitien fur les Germains
( 5m/. n. $i. ) :
JEnea captivi crinem terit unguia Rkeni.
11 y avoit auffi dans la feptième région, dans
]a rue large , une ftatue équeftre de Tiridate, roi
des Parthes. Vi&or & Rufus en font mention ;
mais ils fe fervent du pluriel equi 3 ce qui défigne-
roit une ftatue dans un char. On voyoit encore
dans le forum de Trajan une ftatue équeftre de
cet empereur, telle fans doute que l'offrent quelques
unes de fes médailles.
«» Les artifUsmodernes,ditWinkelmann (Hijl.
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de P Art, liv. 4. c. 4. §. r. ) , n’ont peut-être pas
furpalfé les anciens dans l'art de rendre les chevaux
, comme l’avance l’abbé du Bos, qui fou-
tient que les chevaux anglois font plus beaux que
ceux de la Grèce & de l’Italie. Il eft vrai que les
jumens napolitaines & angloifes , faillies par des
étalons andalous, produifent une race de chevaux
plus noble 5 & l’on fe fert avec avantage de cette
induftrie pour perfectionner les haras de ces pays.
Quoiqu'on pratique cet expédient dans d’autres
climats, il n'a pas toujours le même fuccès ,
& même il en réfulte fouvent le contraire. Les
chevaux germains, que Céfar trouvoit très-mauvais
, font aujourd'hui très-bons 5 & les chevaux
Gaulois, fort eftimés de fon tems, font préfen-
tement les moindres de l'Europe. Les anciens
ne connoifloient pas, à la vérité, la belle race
des chevaux danois, te celle des chevaux anglois
leur étoit pareillement inconnue 5 mais ils avoient
les chevaux de Cappadoce & d’Epire , ainfi que
les plus beaux de tous ceux de. Perfe, de l’Achaie,
de Theffalie, de Sicile, de Thyrrénie, de Celtie
ou d'Efpagne. Platon fait dire à Hippias : « notre
climat produit la plus belle race de chevaux
(H ip p las Maj. p. 348- ed. BaJL ) ». C'elt donc
un jugement hafardé de l’abbé du Bos , qui
cherche vainement à appuyer fon opinion fur
quelques défauts du cheval de Marc-Aurèle : car
cette ftatue renverfée & enfouie, a dû naturellement
fouffrir de ces accidens. Quant aux chevaux
de Monte Cavallo 3qu’il dit être défectueux
, je nie tout net la chofe, & je foutiens
que ce qui eft antique eft très-bon ».
« Quand nous n'aurions d’autres chevaux antiques
que ceux dont nous venons de parler, nous
pourrions pofer en fait que les ftatuaires de l'antiquité,
qui avoient occafion de fabriquer mille
ftatues équeftres pour une feule qu’on érige de
nos jours , connoifloient auffi bien les qualités
d’un bon cheval, que leurs écrivains te leurs
poètes. Nous ne pouvons douter que Calamis
n’ait eu autant de fagacité qu’Horace te Virgile
à bien faifir les qualités te les beautés d’un
cheval. Il mé*femble même que les deux chevaux
en queftion du mont Quirinal à Rome, les quatre
chevaux de bronze anciennement dorés, apportés
de Conftantinople au commencement du treizième
fiècle, & pofés fur le portail de l'Eglife de S.
Marc à Venife, foattout ce que nous pouvons voir
de plus beau dans ce genre î la tête du cheval de
l'empereur Marc-Aurèle ne fauroit être ni mieux
tournée, ni plus fpiritueile dans fon efpèce. Les fix
chevaux de bronze qui décoroient le frontifpice du
théâtre d’Herculanum, étoient de la plus grande
.beauté , mais de race légère-, comme les chevaux
barbes j des débris de ces chevaux on en a com-
pofé un feul, qu'on voit aujourd'hui dans la cour
du cabinet des antiques de Portici ».
«c Deux autres petits chevaux de bronze, con-
fervés parmi les antiques d’Herculanuna, méritent
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une place parmi les monumens les plus précieux
de ce genre. Le premier, «monté par fon cavalier,
fut découvert au mois de mai ijGi, dans les
fouilles d?Herculanum î mais les jambes du cheval
& celles du cavalier manquoient, ainfi que le
bras droit de celui-ci. On a aiUli trouve la bafe
garnie d'argent de ce dernier morceau. Le cheval,
repréfenté au galop te appuyé contre un gouvernail
, eft de la longueur d'environ fèize pouces de
France (deux palmes de^ Naples) î il a les yeux
d’argent, une rofe du même métal fur le front,
attachée à la bride , te une tête de Medufe fur
le poitrail. La bride eft de cuivre. La figure du
cavalier, qui reflemble à Alexandre-le-Grand,
a pareillement les, yeux d’argent : fon manteau
eft attaché fur l'épaule droite avec une agraffe
d’argent. Il tient de la .main gauche le fourreau
de fon épée, ce qui fait préfumer qu’il tenoit
l'épée de la main droite, qui manque- Cette figure
a environ treize pouces de France (un palme
romain te dix pouces ) de hauteur. L’autre cheval
a été trouvé également mutilé & fans cavalier.
Depuis le tems de cetiie' découverte on a trouvé
dans le même endroit un troifième chevhl de même
grandeur, monté par une Amazone ; ce cheval,
fondu dans l'aélion de fauter, repofe du poitrail
fur un hermès ».
' « On a quelques médailles de Syracufe te
d’autres endroits, fur lefquelles il y a des chevaux
d?une grande beauté de deflin. L’artifte qui a
gravé les trois lettres initiales de fon nom, MT©,
fous une tête de cheval, fur une belle cornaline
du cabinet de Stofch , étoit fâr du fucçes de fon
travail te de l’approbation des connpifleurs (Def
'des pier. gr. du cab. de Stofch , p. ^43. Monum.
Atit. Îned. p. 238 ). Dans la cour intérieure du
palais Colobrano à Naples , on admire une belle
tête de cheval antique , attribuée fauflement par
Vafari, à Donatello , fculpteur Florentin ». ^ *
« Je répéterai à cette occafion l’obfervation
que j’ai faite ailleurs ( Defcr. des pier. gr. du cab.
de Stofch 3 p. sjo.) , favoir, que les anciens artif-
tes n’étoient pas plus d’accord fur le mouvement
fucceffif des chevaux, c’eft-à-dire, fur leur manière
de lever te de porter les pieds en avant, que ne
le font quelques auteurs modernes qui ont parlé
de cette allure. Quelques-uns prétendent (Borel.
de Motu Animal, p. I. c. 20. Baldinuc. Vite de
Pitt. t. 2. p. 59. ) que les chevaux lèvent les deux
jambes de chaque côté en même tems ; & telle
eft l’allure des quatre chevaux antiques dfe Venife,
dps chevaux de Caftor te de Boiiux du Capitole,
de ceux de Nonius Balbus & de fon fils à Portici.
D’autres font perfuadés que les chevaux fe
meuvent en ligne diagonale, ou en forme de
croix (Magalotti Letteri) ; cju’après avoir levé
le pied droit de devant, ils lèvent le pied gauche
de derrière ; ce qui eft fondé fur l’expérience &
fur les loix de la méchanique. C’eft ainfi que le
cheval de Marc-Aurèl«, les quatre chevaux de foa
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char fur le bas-relief du Capitole, te ceux de
Titus fur l’arc qui porte le nom de cet empereur,
lèvent les pieds ».
Chevaux du Soleil. Ovide les nomme Eoüs,
Pyroïs,. Alton & Phlégon , noms grecs , dont
l’étymologie marque la qualité. Ils font nommes
ailleurs Erythoüs, ou le rouge, Action, ou le
lumineux, Lampos, ou le refplendiftant , te
Philogeüs, qui aime la terre. Le premier défigne
le lever du foleil, dont les rayons font alors
rougeâtres j A&éon marque le tems où ces mêmes
rayons, fortis de l’atmofphère, font plus clairs
vers les neuf ou dix heures du marin 5 Lampos
figure le midi, où la lumière du foleil eft dans
toute fa force j te Philogeüs repréfente fon coucher
, lorfqu’il femble s'approcher de la terre.
Chevaux de M-ars j Servius les nomme Demos
te Pttobos, la crainte te la terreur. Mais dans
Homère ce font - là les noms des cochers de
Mars , & non de fes chevaux.
Chevaux de Laomédon. Hercule offrit à
Laomédon de délivrer Héfione fa fille , moyennant
un attelage de chevaux que ce prince lui
promit. Ces chevaux , difent les poètes , étoient
fi légers, qu'ils marchoient fur les eaux.
Chevaux d’Enée. Ils étoient, dit Homère,
de la race de Ceux que Jupiter donna à Tros,
lorfqu’il lui enleva fon fils Ganymède. Anchife,
à l'infçu de Laomédon , eut de la race de ces
chevaux , ayant fait mettre dans le haras du roi
fes plus belles jumens , dont il vit naître fix
chevaux. Ils étoient parfaitement bien dreftes pour
les batailles, te favoient répandre la terreur te la
fuite dans tous les rangs.
Chevaux d’Achille. Ils étoient immortels,
dit Homère, ayant été engendrés par le Zéphire
te par la harpye Podarge , & fe nommoient Ba-
lios te Xantos. Voyeç ces mots.
Chevaux de Rhéfus. Voye[ Rhésus.
Cheval de Troye. Les Grecs , dit Virgile ,
lafifés d’un fiège qui duroit depuis dix années ,
fans efpérance d’en voir la fin , curent reepurs
à un ftratagême. Ils s'avisèrent de conftruire ,
fuivant les leçons de Pallas, un cheval énorme ,
haut comme une montagne, compofé de planches
de fapin artiffement jointes enfemble 5 & ayant
enfermé dans, fes vaftes flancs un grand nombre
de guerriers 3 ils publièrent que c'étoit une
offrande qu'ils confâcroiènt à Minerve pour obtenir
un heureux retour , te pour remplacer le
Palladium de Troye qu’ils ^voient enlevé. Les
Troyens donnèrent dans le piège } te croyant
que ce cheval n’avoit été fait d’une grandeur
fi prodigieufe, qu’afin qu’il ne pût entrer par les
portes de leur ville, ils abattirent une partie des
murailles, te placèrent au milieu de Troye la
funefte machine. Lorfque la nuit fut venue, les
Grecs qui étoient cachés dans les flancs du
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