
tueries, in lanUnis, 8c de les mettre en vente dans
les marchés, zn macellis.
On lit au Vatican l’infcription fuivante, gravée
fur une table de marbre blanc : *v
EX (p ÂUCTORITATE
TURC! d> APRONIANI V. C.
PRAEFECTL URBIS
RATIO. DOCUIT. UT1L1TATE. SUA
DENTE. C O N SU E T U D IN E . MI
CANDI. SUMMOTA. xSUB. EXAGIO
POTIUS. PECÖRA. VENDERE. QU AM
DIGITI S CONLUDENTIBUS. TRADE
RE. ET. ADPENSO. P E C O R E . Ç A P 1TE
PEDIBUS. ET. SEVO. LAGT ANTE. ET
SUBJUGULARI. L A N IO . CEDENTIBUS
R E L IQ U A . C Ä R p l CUM. PELLE. ET. INTE
RANGES. PRÖFICIAT. V E N D I T O R I .
SUB. CONSPE-Ç'TU. PUBLICO. FIDE. PON
DERIS. CONPROBATA.'UT. QUANTUM
CARO. OCCISI. PECORIS. ADPENDAT
ET. EMPTOR. NORIT. ET. VENDITOR.
COMMODIS. OMNIBUS. ET. PRAEDA
DAMNATA. QUAM. TRIBUNUS. OFFI
ÇIUM. CANCELLARIUS. ET SCRIBA
DE. .PEÇUARIIS. CAPÈRE. CONSUEVE
RANT. QUÆ. FORMA. INTERDICTI
ET. DISPOSITIONS. SUB. GLADII. PE
RICULO. PERPETUO, CUSTODIEN
DA. MANDATURp
Cette ordonnance d’Apronianus peut être aînfî
traduite : « La raifon 8c ^expérience’ ont appris
» qu il eft de l’utilité publique de fupprimer l’u-
» fage de la miçation dans la vente des beftiaux,
» 8c qu'il eft plus-à-propos de.la faire au poids ,
» que de l’abandonner aux jeux-des doigts. C’eft
■ s» pourquoi', après que l’animal aura été pefé j la
» tête , les pieds & le fuif appartiendront au bou^
»• cher qui l’aura tué, habillé & découpé ; ce
fera fôn falaire. La chair, la peau & les en-
as traïlles feront au marchandrtatfcfor-vendeur qui
sj en doit faire ie débit. L’exaéUtude' du poids &
v de la vente ayant été ainfi conftatée aux yeux
v du public , l’acheteur" & le -vendeur fauront
«o combien pèfe la chair mife en vente, & chacun
"» y trouvera fon avantage. Les bouchers ne feront.,
*» plus expofés aux extorfions du tribun 8c de Ces
officiers; & nous voulons que cette ordonnance
9» ait lieu à perpétuité, fous peine de mort* »
Nous apprenons de ce monument précieux
une coutume ftngufière des Romains pour l’achat
& la vente de beftiaux & delà viande. Avant
l’ordonnance d’Apronianus ,■ ces marchés ne fe
faifoient pas au poids & à la livre, comme chez
les Grecs, mais par la rtiication. On donnoit ce
nom au jeu bizarre qui eft appelé moure en Italie
& dans nos provinces méridionales. Ceux qui
jouent a la moure, cachent une main fermée fous
leurs vêtemens, & la fortent fubitement tous les
deux à-la-fois, ou fermée, ou avec plufieurs doigts
levés : tous les deux difent un nombre quelconque;
& celuirlà gagne, dont le nombre exprime à-la-
fois celui de Tes doigts levés, 8c celui des doigts
levés1 de foji adverfaire.
On croit communément que la miçation fe pratique
it avec une légère différence dans les marchés
à viande : fi la fomme des doigts levés étoit paire,
le vendeur mettoic à fa marchandife le prix qu’il
vouloit ; 8c fi au contraire elle étoit impaire, ce
droit appartenoit à l’acheteur. D’autres penfent
encore qu’un feul des deux contraélans levoit fubitement
-les doigts, & que l’autre devoit en deviner
le nombre, pour avoir le droit de fixer le
prix de la marchandife. De combien de différends
& de querelles une manière de contracter aufli
bizarre ne devoit-elle pas être la fource ? Aufli
croyons-nous qu’il faut chercher une autre efpèce
de miçation s qui ne laiffe aucune influence au fort,
& qui cependant puiffe être pratiquée à l’aide des
doigts,. digitis conludentibus : nous la trouvons
chez les Arabes -8c dans toutes les Echelles du
Levant. Les deux contra-Ctans fe prennent une
main, la cachent fous un pan de leur habit, pour
dérober la connoiflance de leur marché aux Spectateurs
, fe touchent réciproquement un certain
nombre d’articulations des doigts & un certain
nombre de fois ; jufqu’à ce que l’un & l’autre
foient fatisfaits des Tommes repréfentées par ces
attouchemens. Une pareille miçation rie diffère de
la manière ordinaire de contracter par la parole,
qu’en ce qu’elle remplace celle-ci par le toucher.
■ Elle.convenoit mietijx à des marchés répétés mille
fois par jour dans Rome, que toute autre efpèce
de miçation entièrement dépendante du fort. Nous
foumettons cette conjecture au jugement des
lecteurs.
BOUCLE. Les antiquaires donnent ordinairement
aux boucles antiques le nom de fibules,
imité du mot latin jibula, qui défigrioit plufieurs
uftenfiles & inftrumens compris aujourd’hui fous
celui de boucles. Yoyeç pour la plupart le mot
F ib u l e s . Nous ne ferons mention ici que des
boucles d’oreilles, & de celles que l’on pafloit
dans les narines des animaux pour les conduire.
B o u c l e des narines. Les anciens pafïbient un
anneau dans les narines des taureaux & dès vaches,
pour les conduire 8c pour fervir de bride. H eft
fouvent parlé de ces boucles dans les écrivains
Orientaux ; 8c Tufage s’en eft encore conferve
chat
chez les Indiens & dans quelques contrées d’I-
caliè.
Boucles d’oreilles. Les, femmes de tous les
peuples anciens ont porté des boucles d’oreilles ;
mais les hommes ne fe font parés avec cet ornement,
que rarement & par une recherche de luxe
que les gens fages ontv toujours blâmée. Pline dit
feulement, ( x i. 37' ) que dans l’Orient, les
hommes 8c les femmes portoient des boucles d’oreilles,
fans que l’on trouvât cet ufage plus indécent
chez un fexe que chez l’autre : In Oriente
quidem & viri$aurum gejlare eo loci (auribus) decus
exifiitnatur.
Arrien vient à l’appui de Pline, ( vi. p. 436. )
en difant que l’on dépofa, dans le tombeau de
Cyrus, les chofes qui avoient fervi à ce prince,
telles que des colliers , des fabres , des boucles d'oreilles
d1 or & de pierres précieufes.
Vufage en fut très-rare parmi les hommes de
la Grèce 8c de l’Italie. Apulée parle à la vérité
de boucles d’oreilles que portoient de jeunes
hommes ; Achille en porte aufli fur un vafe de
terre cuite du Vatican ; & Platon fait mention dans
fon teftament , ( Diogen. Laert. ï. yfegm. 42. )
de boucles d’oreilles d’or. Mais Xénophori ( ibid.
l.z.fegm. $o.) reprochoit-à Apollonide d’avoir
les oreilles percées. Alexandre-Sévère ( Lamprid.
c. 41. ) défendit rigoureufement aux hommes
T ufage des boucles d’oreilles, que l’hiftorien dé-
figne par le mot gemma., à caufe des pierres
précieufes' dont on les ornoit : Dicens gemmas
viris ujui non ejfe. Enfin S. Auguftin (,Epifi. il.
73.) s’eft élevé avec fon zèle ordinaire contre
l’ufage que faifoient des boucles d’oreilles, les
hommes de fon fièçle , inaures virorum.
Tout ce que nous allons dire fur les boucles
d’oreilles dansle refte de cet article , ne regardera
que celles des femmes. Pocoke ( t. i.'tabl. 61. )
a publié le deflfin d’une figure égyptienne qui en
porte : c’étoit la feule qne Winkelmann eût vue
avec cette parure. Le comte de Caylus en a publié
une fécondé, dont les boucles font aufli larges
que les joues.
«Je n’avois jamais vu, dit-il, (Rec. 1. 132.) aucune
repréfentation égyptienne , chargée de ces
énormes pendans d’oreilles dont- celle-ci paroît
ornée ; ce font les mêmes dont Plaute difoit, en
parlant d’un Carthaginois :
Mi. Videnl homines farcinatos confequi ?
Atquë} ut opinor, digitos in manibus nonkabent.
Ag. Quid jam ? Ml. Quia incedunt cum annulatis
auribus.
il faut convenir que jamais un auteur n’a eu
plus beau jeu pour tourner en -ridicule une mode
d Afrique , qui n’étoit point reçue dans le pays
qu’il babitoit./ M
Quant aux ftatues grecques, on fait que la
Antiquités s Tome L
Vénus de Praxitèle portoit des boucles d’oreilles.
Les filles de Niobé, la Vénus de Médicis , Leu-
cothoëde la Villa-Albani, & une belle tête idéale
de bafalte verd, confervée au même endroit, ont
les oreilles percées. Deux ftatues antiques ont
encore leurs boucles d’oreilles travaillées dans le
même marbre. Ces boucles font rondes & refïèm-
blent à celles de la figure égyptienne de Pocoke
cité plus haut. Une de ces ftatues eft à la Villa—
Négroni, & c’eft une des caryatides qui y font
confervées. L’autre eft une Pallas que le feu cardinal
Paflionei avoit placée dans fon hermitage ,
chez les Camaldules, près de Frefcati, & qui
eft paffée en Angleterre après fa mort. On voyoit
aufti, à la maifon de campagne du comte Fède,
dans la ville d’Hadrien, deux buftes de terre cuite,
avec des boucles d’oreilles femblables.
Buonarotti ( OJf. fopra. aie. vetri. p. iy4-) a^u_
roit que dans les monumensantiques, les divinités
feules avoient des boucles d’oreilles ou les oreilles
percées. Mais cette aflertion eft démentie par les
buftes d’Antonia, époufe de Drufus, d’une femme
âgée, qui font dans le Mufeum du capitole, &
par celui de Matidie confervé dans la Villa-Lu-
dovifî ; tous les trois ont les oreilles percées.
Le comte de Caylus fait remarquer avec raifon
les têtes des n*. y & 8 des planches 77 & 78 du
tome 1. «le fon recueil d’antiquités. Elles ne portent
qu’une feule boucle attachée à l’oreille gauche.
Aucun auteur n’a parlé de cette fingularité, qui
eft atteftée ici par deux monumens bien con-
fervés.
La matière des boucles d’oreilles les plus pre|
cieufes étoit l’o r , dans lequel on enchâfloit des
pierres précieufes 8c fur-tout des perles. Le temps
a refpeélé plufieurs boucles d’oreilles ornées de
pierres : en voici les deferiptions qui pourront
fervir aux artiftes.
Les deux boucles d’oreilles d’Herculanum, def-
finées au n°. 3 de la 3Scme planche du 3*mc recueil
d’antiquités publié par le comte de Caylus ,
font remarquables , fur-tout à caufe dé la branche
ou poinçon qui décrit une fpirale, 8c qui, placée
dans l’endroit où l’oreille étoit percée, y fixoit la
‘ boucle 8c l’y tenoit attachée II faut convenir que
cette parure étoit en sûreté 8c qu’eile ne pouvoir
fe perdre ; mais aufli la pointe & le crochet Revoient
être fort embarraftans, 8c pouyoïent même
piquer celle que la mode aflujettiflbit à fa bizarrerie.
Pour remédier à cet inconvénient, 011 pouvoir
couvrir avec de la cire cette poinre , quand
elle étoit placée ; mais, foit que Ton ait pris cette
précaution, Toit qu’on en ait pris une autre , il
eft certain qu’il étoit néceffaire de recourir s
quelqu’une.
Un grenat, taillé en poire & monté en or ,
fait le plus grand ornement de la boucle, qui
porte une pandeloque.
L’autre a la forme d’une fève très-épaifle ou
d’un gland d’or maflif ; & comme tout eft de Qqq