Les hommes attachaient auffi aVêc un boutcn
fur une épaulé , (la droite pour l'ordinaire), leur
chlamyde , leur paludament ou leur manteau.
Ces boutons étoient de bronze chez le peuple
& parmi les foldats; ils reffémbloient parfaitement
aux boutons1 des bretelles. Comme on en
trouve beaucoup dans les anciens camps romains,
on peut les placer dans la claffe des parures militaires.
Les boutons étoient fuppléés, dans les
habillemens des femmes & des hommes, par des
fibules ou agraffes pointues. Hérodote (lib. y.)
dit que les femmes d’Argos & d’Égine portoient
ces agraffes beaucoup plus grandes que les Athéniennes.
Le comte de Caylus (Recueil. 5. pL 91.
n. j.) a publie le deffin d'un bouton ou agraffe an-'
tique d une grandeur extraordinaire, 8c orné d’un
bas-relief.
BRABEUTES, fifuGivr»), diftributeurs de prix.
C e nom eft dérivé de fifccGws, récompenfe. Les
brabeutes étoient chez les Grecs des officiers publics
, qui • préfîdoient ordinairement aux jeux
folemnels, & en particulier aux jeux facrés.
Cette charge, qui étoitune efpèce de magiftra-
ture creee pour juger ceux qui remportaient le
prix à la courfe, à la lutte , &c. étoit fort' confi-
dérée, non - feulement chez les Grecs, mais
encore parmi Ies^ Petfes. Les rois eux ■ mêmes
I exerçoient ; & c1 étoit au moins dans les premières
familles de la Grèce, que l'on choififfoit
ces arbitres. Philippe de Macédoine-s’étoït fait
nommer Brabeute , & il commertoit un de fes
officiers pour en remplir les fondions, lorfqu'il
ne pouvoit y affifter lui-même ; ce que Démof-
thène regardoit comme un attentat contré la
liberté des Grecs.
Lorfque les Brabeutes dévoient exercer leur
charge pour la première fois, on les faifoit entrer
dans une enceinte particulière , où ils alfuroient
avec ferment qu'ils iugeroient toujours avec la
plus grande impartialité. Après ce préliminaire ,
ils paroiiïbient revêtus d'un habit de pourpre,
portant une couronne Sc une baguette pour
marques de leur autorité. Ils alloient enfuite s'af-
feoir dans un endroit diftingué, appelé b-xti/et,
plethrum , & qui étoit regardé comme un afyle
inviolable. Là, ils prononçaient leurs jugemens
avec un pouvoir abiblu ; ils décernoient des peines
contre les athlètes qui avoient enfreint les loix
de la gyrnnaftique, 8c diftribuoiént des- récom-
penfes aux vainqueurs. Ces récompenfes étoient
des prix, ^M&i«,.ou des couronnes appelée B-itu-
ççAek/ïc ,'c'eft-à-dire, trelfées par la déefle de là
juftice elle-même, par Thémis.
. Le nombre des Brabeutes n'ctoit point fixé“:
quelquefois il n'y en avoit qu’un ; mais ordinairement
on en comptoir fept ou neuf. Euffate
(-Odiif. ©.) paroîtles confondre avec les Argo-
nothètes Sr avec les Athlothètes. Ils étoient auffi
appelés Epoptes. On peut conclure, d'après un
paffage de Suétone, ( Ner.c. 13. 12. 4.) que les
Brabeutes étoient affis au niveau de l'arène, afin
de pouvoit examiner de plus près les athlètes :
Brabeutarummore in Jl'adio hunti ajjidens.
BRACARA Augufia , dans la Lufîtanie.
Cette ville a fait frapper des médailles impé-
rialesiatines , félon le P. Hardouin.
B R A C CA.
BRACCARII. > Voye^ CHAUSSES longues.
BR AC CAT A. J
BRACELETS. Nous donnons ici le nom de
bracelets y & à cet ornement que l'on place au-
deffus du poignet, 8c par extenfion à celui que
l’on a porté quelquefois au-deffus du coude. Le
dernier mériterait plus particulièrement le nom
de bracelet, armilU, à caufe d’armas , épaüle ou
le haut du bras 5 mais l'ufage contraire a prévalu;.
& le mot bracelet ne défigne aujourd’hui
que l’ornement placé au-deffus du poignet. Nous
y dérogeons dans cet article , afin de nous expliquer
plu$ fuccinélement.
La prétendue Ifis de granit noir qui {eft au Capitole,
porte des bracelets, non pas au-deffus du
coude, mais au-deffus du poignet. C’étoit peut-
etre l’ufage ordinaire des1 femmes de l’Egypte ;
au refte nous ne pouvons pas citer d’autres mo-
numens pour l’attefter oir pour le démentir.
Les femmes Grecques n’avoient pas un ùfage
confiant & uniforme fur les bracelets. Tantôt
elles les portoient fur le haut du bras; & ils s’ap-
peloient alors mp) (&pùx,lon otpuç, ferpens roulés
autour des bras. On voit en effet des bracelets
terminés en têtes de ferpens qui font entortillés
.autour des bras de deux nymphes endormies ,
au Vatican & à la Villa-Médicis, & auxquelles
ces ferpens ont fait donner mal - à - propos le
nom de. Cléopâtre. G’éroient-là de véritables bracelets
, puifqu’ils fe plaçoient fur le bras , au-
deffus du coude.
On vit auffi les femmes grecques porter ces
mêmes ornemens au-deffous du coude & immédiatement
au-deffus du poignet, comme les dames
les portent aujourd’hui. Ces bracelets figurés en
ferpens.., formoiént plusieurs tours 8c s’appeloient
lwiK*p7noi otpets , ferpens autour du poignet, ou Amplement
£ ifixapmei. G’eft ainfi que .les porte une
des Caryatides de la villa Negroni. Les artifles
transformèrent ces bracelets en véritables ferpens
, autour du bras des Bacchantes. Ces reptiles
avoient l’air de mordre leur queue, &■ même
de fe déchirer l’un l’autre, lorfque les extrémités
du bracelet étoient travaillées en têtes de
ferpens. Les crochets des ceintures étoient formés
de même, comme nous l’apprenons d’un
vers des Argonautiaaes {lib. 3. v. 190.), rendu
ainfi en latin
Balteus & gemini commttunt ora Icônes.
On voit à Portici des bracelets de bronze 8c des
bracelets d’or, qui tous ont la forme d’un ferpent.
Il y en a un d’or entre-autres, qui eft du plus .
parfait travail. «« Le cizelet , dit le comte de
Caylus, ne peut aller plus loin. Le corps du bracelet
eft formé par unTerpent qui ié replie en
cercle , 8c retourne deux fois fur lui-même. Ce
genre d’ornement a été' fi fort du goût des anciens
, qu’il fe trouve fréquemment répété. La
richeffe de la matière, 8c là beauté de l’exécution
perfuaderoient que cette parure doit avoir
été celle d’une femme confidérable ; 8c fi l’on ne
veut pas s’écarter de l’idée d’efclavage attachée1
au bracelet'3 il faudra dire que l’efclave qui
portoit cet ornement, étoit jeune 8c ifavorite. »-
Les bracelets étoient appelés çptnrot, quand
ils étoient formés par des treffes de métal. On
en voit un de fils' d’argent treffés enfemble dans le.
cabinet de Sainte-Géneviève. Il y en a un de bronze
dans la même collection, qui fe plaçoit au haut
du bras. L’empereur Maximin étoit d’une taille fi
extraordinaire, que le bracelet de fa femme lui
fervoit d’a'nneau pour mettre au pouce.Les femmes
firent des bracelets un objet de luxe & de dépenfe
extraordinaire. Tantôt ils étoient d’or , tels que'
l’on en a trouvé à Herculanum ; tels auffi que celui
dont parle Plaute ( Men. ni. 3. 3. ) :
......... Ut addas auri tu pondo uncidrn,
Jubeafque novum fpinther reconcinnarier.
Spinther défigne ici une efpèce de bracelets particulière.
V. Sp in t h -e r . ,
On y employoit auffi L’ivoire, comme nous
l’apprend Scylax dans fon Périple. Pétrone fait
mention {'cap. 32. ) de cercles d’ivoire qui.
fervoient de bracelets. La fuperftition- s’empara
de cet ornement, comme de tous les autres
dont fe paroient les anciens1. Ils croyoient détourner
les funelles influences des regards que
leur lançoient les envieux, ou les fouhaitsmalins
qu’ils formoiént contre eux#, en hiimeétànt de ,
fâlive une datte , 8c la liant au bracelet. Martial
parle de ce talifuian ridicule,( vin. 33. n. ) que
les pauvres envoyoient au premier jour de janvier
, avec un as j en forme d’étrennès à leurs
patrons :
Hoc linitur fputo Jani caryota k al en dis ,
Quam fert.cum parvo fordidus ajfe cliens.
Quelques cliens plus généreux couvraient cette
datte avec une feuille d’or. Martial fait mention
de cette recherche , qui laiffoit cependant la
datte dans le nombre des préfens offerts à la
riche (fe par la pauvreté. ( xni. 27. ) :.
.Aurea porrigitur Jani caryota kalendis ,*
Sed tamen hoc munus pauperis ejfe folet.
Quant au temps où les femmes portèrent à-
la-fois plufieurs efpèces de bracelets , à celui
où elles portèrent deux bracelets de même forma 8c de meme efpèce, 8c enfin , à celui où elles
ne portèrent qu’une feul bracelet tantôt au bras
: droit, tantôt au bras gauche ; on ne peut rien
I dire de précis. On fait pofitivement qu’elles vou-
, loient quelquefois être enterrées avec cette parure.
Scoevola {leg. 40. §. de aur. & arg. leg.)
• nous a confervé la dilpofition teftamentaire d’une
femme qui voulut être portée au tombeau avec
fes bracelets d’émeraude : Funerari me arbitrio
viri mei volo , & inferri mihi quacumque fepul-
tur& mea caufâ feram ex ornamentis , lineas duas
ex margartis & vfriolas ( des bracelets ) ex
fmaragdis.
Diodore de Sicile dit que les Gaulois trouvent
abondamment de l’or dans leurs rivières 5 qu’ils
l’épurent par le moyen du lavage , pour l’employer
à la parure des femmes, 8c même à celle
des hommes; car, ajoute-t-il., ils en font non-
feulement des anneaux,ou plutôt- des cercles qu’ils
• portent aux deux bras 8c aux poignets,mais encore
de» colliers extrêmement maffifs, & même des
çuiraffesi (l. v. p. 231. ^ 23-2. Traduct. de l’Abbé
Terrajfon.
Le comte de Caylus- (Rec. 2. p i 47. n°. 1. )
a donné le deffin d’une Vénus de bronze, dont
le bras droit étoit entouré d’un bracelet d’argent,
large d’environ trois, lignes, & orné Amplement
d’un double trait.
B r a c e l e t s des hommes, ArmilUmilitares ,
viri a, calbei. Il eft fait fouvent mention de ces bracelets
fans lès écrivains latins ; mais rarement, ou
peut-être jamais, dans les anciens écrivains grecs.
On en peut conclure avec quelque vraifemblance
que ces bracelets furent un ornement particulier des
Romains ; d’autant plus qu’ils paroiffent l’avoir
adopté avec les autres coutumes & les autres
ufages des Sabins. Tite-Live dit que ce peuple
aimoit à fe parer de bracelets d’or très-pefant ,
qu’ils portoit au bras gauche ( r. 1. ) Sabine
. aureas armillas magni ponderis brachio Uvo ha-
buerunt.
Les généraux romains diftribuoiént ces bracelets,
armilU, à. leurs foldats après une viéloire; 8c ils
étoient un gage de leur valeur {IJidor, xix. 31.) :
ArmilU proprié■ virorum funt, collât a vittoris,
caufâ militibus oh armorum virtutem. Les foldats
étrangers ne participoierit pas à ces récompenfes
{F lin. 33. 2. ) : Armillas civibus dedere , quas
non habent externi. G es bracelets formoiént avec
les colliers avec les ornemens des cafques appelés
comicuU, & peut-être auffi avec des médaillons,
les dona militaria. Equités omnes 3 dit Tite-Live
( x. 44. ) , ob infignem multis locis operam , cor-,
niculis armillifque argenteis• donat.
On voit ces bracelets gravés fur fur plufieurs
j tombeaux de foldats Romains , dont les deffin«
] & Les épitaphes ont été publiés par Gruter.