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AMI. Ce nom,, que des hommes livras aux
débauches les plus infâmes ont profane chez
toutes les nations , ne défîgnoit chez les Grecs
fages 8c vertueux, qu'une liaifon honnête 6c un
attachement très-louable. On les a fi Couvent
calomniés à ce fujet, que leur apologie doit trouver
place dans le Dictionnaire d Antiquités. Elle
ne s’étendra pas à ceux qui fe font déshonorés
par des iiaifons honteufes, 8c q ui, malheureufe-
ment, ont trouvé des imitateurs chez tous les
peuples policés. ^ < ,
On a écrit que des républiques entières ont donne
la fanCtion des loix à Ces attachemens infâmes i
mais on n’a pas obfervé avec allez d'attention , -
que la plupart des individus que l'on a ofé en
foupçonner, tels que Socrate & plufieurs autres,
étorent mariés légitimement j 8c que d'ailleurs ,
jamais les hommes réunis pour créer ou recevoir
des loix,n’en ont acceptées qui tendiflent directement
à empêcher la population. Ces confédérations
doivent éclaircir les loix 8c les faits hiftoriques,
qui concernent l’amitié entre les jeunes Grecs.
Leurs premiers légiflateurs crurent ne pouvoir
oppofer de meilleure réfiftance aux ennemis de
leurs républiques, que les confédérations ou liai-
fons particulières de la jeuneffe. Aufli vit-on ces
jeunes amis enflammés du même zèle, faire fentir
aux tyrans 8c aux ufurpateurs, combien étoit utile
au bien public l’ amitié qui lioit lés Ariftogiton 8c
les-Harmodius.
Le nombre des trois cens fbldats délité qui
formoient à Thèbes la -phalange facrée, doit foire
exclure feul toute idée déshonnête qui pourroit
fouiller la pureté de leur liaifon. Les Spartiates,
invincibles jufqu’alors, cédèrent à la valeur des
trois cens amis 3 qui ne furent vaincus que dans
les plaines de Chéronée. Ce fut-là que leur ennemi
8c leur vainqueur, Philippe, père d’Alexandre,
fendit un témoignage authentique à la pureté de
leur attachement. S’étant tranfporté fur le champ
de bataille, il vit cette phalange facrée, dont
aucun foldat n’avoit furvécu à fo défaite. Périffent,
s’écria-t-il, pénétré d’attendriffement 8c d’admiration
l périffent ceux qui ofent foupçonner ces
braves guerriers d’avoir pu commettre des crimes
qui outragent la nature !
Am i de l’empereur.
c. SENTI «
SE V ER O
q u a d r a t o
c. V. CO s.
AM IC O . ET
COM. AU G. N,
Cette infeription, que l’on voyoit jadis à Milan?,
nous apprend que les empereurs demioient le nom
S ami à quelques courtifans diftingués, admis dans
leur familiarité la plus intime, 8c même dans les
confeilsj comme on en peut juger par ce paflage
de Spartien, dans la vie d’Hadrien, c. 18 : Quum
a m r
judicarct, in conflio habuit non amicos f i e s , attC
comités folhm , fed Utos, & prscipue Julium Celfum,
Salvium Julianum , Neratium Prifcum , aliofque.
A mi du peuple romain. Le fénat donnoit ce
nom aux rois qu'il vouloit favorifer, ou avec qui
il contraftoit alliance. V. Allié.
Ami. Ce mot avoit chez les Romains une lignification
beaucoup plus étendue qu’il ne l’a aujourd’hui.
Les candidats le prodiguoient à tous ceux
qui devôient leur donner leurs fuffrages, quoiqu’ils
ne les connuffent que de nom. Ce fut fans
doute cette multitude d'amis qui leur fit imaginer
des livrets, appelés kalendaria amicorum, fur
lefquels ils les inferivoient, fuivant les époques
où ils auroient befoin de leurs fuffrages.
Les empereurs 8c les grands divifoient cette
foule d'amis en plufieurs clafTes, félon le rang
qu’ils occupoient dans leur amitié. Ils avoient des
heurçs marquées pour les recevoir, d’où vint
l’expreffion admijfionis prime, , fecunde, , tenu.
V . ce mot.
Dans les repas, les Romains fe reffouvenoient
de leurs amis abfens, 8c en faifoient mention
pour s’exciter à boire. Ils buvoient un coup toutes
les fois qu’ils les nommoient, qu’ils partaient des
dieux, ou qu’ils rappeloient d’autres objets aufli
étrangers au repas. Horace nous en fournit un
j exemple dans l’ode 19e du 13e livre, où il boit a
la nouvelle lune, à l’heure de minuit, 8c à l’augure
Murena :
Da lime, properé nova,
Da noctis médis. , da puer auguris
Murene. : tribus aut novem
Mifçentur cyathis pocula commodis.
Lorfquç \es amis partoient pour un voyage,
ceux qui reftoient leur donnoient des marques
d’amitié plus éclatantes. Nous devons au voyage que
fit Virgile à Athènes, la belle ode 3e du premier
livre d’Horace, où il invoque en fa faveur tous les
dieux tutélaires des marins. On a trouvé à Côme
un monument de ce genre, c’eft une infeription:
NEPTUNO. ET
DIS. a q w a t i l i b
PRÔ. SALUT. ET
ÏN CO LUMIT . SIM
QUART. SEÇUNDIN.
AMIANTE , pierre argilleufe, qui fe dirife
fouvent en filets longs 5 foyeux, & de diverfes
couleurs, mais plus ordinairement blancs. Ces
filets réfiftent au feu ordinaire des foyers clomef-
tiques; c’eft pourquoi on les a employés pour
fervir de mèches incombuftiblesaux lampes. Ceux
qui ont cru la fable des lampes inextinguibles,
n’ont pas manqué de leur prêter de femblables
mèches. Aldrovande a renchéri fur eux; car il »
écrit qu’on pourroit réduire Y amiante en huile,
■ g£ que cette huile brûleroit toujours fans fit con-
fumer. Comment a-t-on pu penfer u» feul inftant,
- qu’aoe
A M I
qu’une «ancre pdt jeter de la flamme fans perdre
de fa fubftance ? , . , , . •
Pline dit que l’amiante étoit un végétal qui
venoit de i’Inde, l’appelle lin incombujtMe.
11 avoit été induit en erreur par l’ufage Que 1 °.n
fâifoit alors des filets de Y amiante. On les hloit
avec de la laine ou du lin, & on ourdifioit une
toile compofée de ces deux fubftances. Lorfqu elle
étoit finie,-on la jetoit dans le feu , qui confumoit
la laine ou le lin, 8c laiffoit 1 amiante intact. •
Pline parle de nappes & de ferviettes faites avec
cette toile, que l’on jetoit dans un brader pour
les nétoyer, parce que le feu ne confumoit que
les particules hétérogènes. Mais ces raretés ne fe
voyoient que chez des fouverains> car 1 amiante
fe vendoit aufli cher que les perles.
On foifoit, félon le même auteur, un ufage
plus remarquable des toiles àé amiante : on s en
fervoit pour envelopper les corps des rois, afin
que leurs cendres ne fe mêlaflent ças avec celles
du bûcher. Cette précaution a pu etre employée
quelquefois > mais plufieurs antiquaires en ont
fait mal-à-propos une pratique habituelle dans les
funérailles des empereurs. Cependant, leurs historiens
n’ont jamais parlé de ces toiles, quoiqu’ ils
ayent décrit fort au long 8c les cérémonies quel on
pratiquoit en brûlant ces corps auguftes, 8c les
moyens employés pour ramafler les cendres qui
rendoient inutiles les toiles d'amiante. Qn trouve
d’ailleurs dans plufieurs urnes fépulcrales, des
charbons mêlés avec les cendres : te qu| montre
que les anciens jiétoient pas très-$bigpeux de
recueillir uniquement les relies des morts. ^
Quoique l’ufage des toiles f amiante ne fût pas
général 8c confiant, le témoignage de Pline mérite
notre confiance, pourvu qu’ il foit reftreint a des
cas particuliers. On trouva, en effet , un monument
antique en 1702 auprès de la porte de
Rome, appelée autrefois porta Nsviau qui ne
laifle aucun doute fur la réalité de cet ufaép. C’étoit
une urne funéraire ornée de bas-reliefs élé^ans,
dans laquelle il y avoit un crâne, des os brûlés,
8c des cendres renfermées dans.une toile d’amiante
d’une longueur furprenante. Elle avoit neuf palmes
romains de longueur, fur fept de large, c’eft-à-
dire, cinq pieds fept pouces dix lignes 8c demie
de longueur, 8c de largeur quatre gieds onze
pouces neuf lignes 8c demie. Clément XI fit
dépofer ce monument précieux 8c unique? dans la
bibliothèque du Vatican. On lé voit encore dans
ce palais. . ' .
La plupart^ des écrivains , les naturaliftes
exceptés, donnent indifféremment lçs noms d3a-
miante 8ç à’asbefte à la même pierre 8c a Tes
filets.
A M I C A B I L I A feamna. Sidoine Apollinaire
( epift. 1. 3.) fe fert de cette expreflion, feamnis
amicahilibus deputantur. Les commentateurs font
partagés fur le fens de cette phrafe. Les uns
veulent y reconnoître les bancs des avocats, 8c
jinçiquités , Tome I »
AMI 145
les autres ceux des confeillers ou à fle fleurs, appelés
pour aider les juges dans leurs fonctions. Ceux-ci
ont été nommés quelquefois amici par les empereurs.
. , *
AMICIRE & induere. Le premier de ces mots
s’employoit toujours pour le manteau ou furtout,
8c le fécond pour la tuniqüe intérieure.
AMICTUS. On donnoit ce nom à toute efpece
d’habillement qui fe mettoitfur la tunique, 8c qui
pouvoir envelopper le corps. Tels etoient le manteau
8c la toge. - ,
Ami B us duplex, fe difoit d’un manteau double ,
ou foit d’un drap très-épais, qui tenoit auffi chaud
que deux manteaux ordinaires. On s eft fervi quelquefois
de cette expreflion pour defigner un manteau
plié en deux, afin de n’envelopper qu une
partie du corps. A
AM I CU LU M y étoit un manteau court, efpece
de mantelet, que les grecques 8c les romaines
mettoient par-deflus la robe. Les grecques 1 appe-
loient xuxXctç y ttvuQoXué'ioi , é&o«<>v OU tyKVxXlot »
8c les romaines rzVzrtitfm.
11 étoit fait de deux morceaux, coufus parle
bas 8c attachés fur l’épaule avec un bouton i de
forte qu’il y avoit deux ouvertures ménagées pour
pafler les bras. Quelquefois il defeendoit a peine
iufqu’aux manches, 8c fouvent il n’etoit guères
plus long que les mantelets de nos jours. Nous
voyons, en effet, fur quelques peintures d’Hcr-
culanum, que ce vêtement eft fait à-peu-près
comme celui des françoifes modernes : c’eft un
mantelet léger, qui couvre les bras, qui paroit
coupé en rond, 8c qu’il falloir pafler par-defliis
la tête. D e - là lui vint fans doute le nom de
kokxuç, cyclas, cyclade , c’eft-à -d ire , habille—
, ment rond.
La Flore du capitole offre un amiculum un peu
différent. C’eft un manteau plus long, compofé
de même de deux pièces, l’une devant 8c l’autre
derrière. Il eft coufu des deux côtés de bas en
haut, 8c boutonné fur l’épaule, avec des ouvertures
pour les bras : le gauche eft pafle au travers
d’une de ces ouvertures, tandis que le droit eft
couvert de Xamiculum ; mais on y apperçoit
très-diftin&ement l’ouverture deftinée au bras
droit. - # .
Ce vêtement des femmes foifoit le meme effet
que le manteau court des hommes, appelé chia-
myde ou paludament. C’eft pourquoi Quinte-Cure©
fe fert toujours du mot amiculum, lorfqu’il parle
des petits manteaux que portoient les guerriers
par-defîW leurs cuiraffes.
AMIDON. Les anciens connoiflbient la manière
d’extraire la partie amylacée du bled. Pline
fait honneur de cette invention aux habitans de
l’ifle de C hio, 8c dit qu’ils fourniflbient encore le
meilleut amidon du commerce. Diofcoride dérive
fon nom latin amylurn, du grec , qui y eut
dire, farine faite fans meule. , .
A.MIJLCAR, fut un des généraux carthaginois