
cheveux. On ne voyoit point de cheveux, à une
peinture d’Ethra , mère de Théfée ( Paufan-, l.
io . p. 861. /. i l . ) j ni à une femme âgée , dans
un tableau de Polygnote confervé à Delphes {ib.
p. 864. /. 27. Eurip. Phcenijf. v. 375.) Cet ufage
défignoit fans doute le deuil conftant des veuves,
comrge celui de Clytemneftre 8c d’Hécube {Eurip.
Iphig. Aul. v. 1438. Troad. v. 279. 480. Helen.
v. 1093. 1134- 1240.). Les enfans fe coupoient
auffi les cheveux à la mort de leur père {Eurip.
EleEl.v. 108. 188. 241. 33 ï.Epigr. gr. apr. Orvil.
Anim. in Charit. p. 365, ) j ce que nous apprennent
Eleéire & Orelte,, ftatues de la Villa-Ludo-
vifi , appelées mal-à-propos le jeune Papirius
avec fa mère. Nous trouvons encore que les
maris jaloux coupoient les cheveux à leurs femmes
j foit pour les punir de leurs galanteries,
foit pour les forcer de relier à la maifon {Anthol.
I. 7. p. 453. /. 17.). Sur des médailles 8c fur des
tableaux antiques, on voit quelquefois des têtes de
femmes & de déeffes qui ont les cheveux enveloppés
dans un réfeau, comme les femmes d'Italie
les portent encore aujourd'hui dans leurs mai-
fons. Cette efpèce de bonnet fe nommoit KinplÇaXoç.
»
Dans le nombre des grandes têtes de bronze
trouvées à Herculanum , il s’en trouve fix très-
remarquables , fur-tout les trois premières, à
caufe du travail des cheveux , dont les boucles
ont été foudées & ajoutées après coup. L ’une
de ces têtes , 8c la plus ancienne (car elle porte
tous les caractères de la plus haute antiquité ) ,
a cinquante boucles roulées , comme fi elles
étoient formées par un fil d’archal de la grofleur
d’ une plume à écrire. La fécondé a foixante-huit
boucles, mais qui font applaties, 8c. reflemblent
à des bandes étroites de papier qu’on auroit
roulées avec les doigts, 8c enfuitetirées pour lès
allonger; les boucles qui fe trouvent derrière le
cm ont douze révolutions. Ces deux têtes représentent
de jeûnes héros fans barbe. Les boucles
de la. chevelure de la troifième tê te , qui porte
îine longue barbe, ne font foudées que fur les
côtés. Cette tête mérite fur-tout d'être admirée
pour l’exécution, comme étant infinimènt fupé-
r.ieure à celle de tous nos artiftes modernes 5 c’eft:
un des plus parfaits ouvrages qui foient au monde,
& Winckelmann allure qu’en aiicnn genre on ne
peut rien voir de plus exquis. On lui donné le
nom de Platon 3 mais il la croyoit plutôt une
tête idéale'.
cc Pfiytagore, de Rhégium dans la grande Grèce,
fut le premier fculpteur grec qui traita les cheveux
avec" foin ( P Un. lih. 34. c. 19. §. 4.). Cette
indication, dit Winckelmann ,'peut fervir à fixer
l’âge de certaines ftatues. Nous remarquons à
quelques figures, d’une exécution très-favante ,
que les cheveux 8c. les poils font groupés en
petites boucles crêpées & rangées par étages; les
cjieveux• de ces ftatues font travaillés dans le
même goût que ceux des véritables figures étruf-
ques. Dans le fallon du palais Farnèfe U fe
trouve deux ftatues exécutées de cette manière.
Quoique rangées parmi les plus belles qui foient
à Rome, elles ont cependant les cheveux travaillés
dans ce ftyle gêné, ce qui prouve un
fyftême reçu’ qui s’étoit. écarté de la nature. Je
remarquerai au furplus qu’il y a beaucoup
de figures des meilleurs tems, dont les cheveux
font traités avec aflez peu de foin : jé citerai,
par exemple, Niobé, fes fils pc fes filles. Comme
Pyt&agore fut le premier qui termina les cheveux
avec plus de liberté , on peut croire que les ftatues
dans les deux genres, foit avec des cheveux
dans le goût étrufque, foit avec des cheveux d’ un
travail moins fini, ne fauroient avoir été faites
après le tems de cet artifte. Il faut donc qu’elles
foient du même tems, ou qu’elles remontent plus
haut : de cette induétion nous tirerons la probabilité
que le groupe de Niobé peut être attribué
plutôt à Scopas qu’à Praxitèle. ». (
On peut donc reconnoître en général les figures
étrufques 8c du premier ftyle des G recs, aux
cheveux longs, 8c aux poils des parties naturelles
que les Grecs des âges fuivans n’exprimoient
plus.
Des cheveux travailles au trépan annoncent le
tems de la décadence de l’art.
« Que les cheveux longs & partagés fur le haut
du front en deux touffes, difent les auteurs de la.
nouvelle Diplomatique, aient été à la mode fous
la première dynallie de nos Rois, c’eft üîi fait
certain. « C’ eft la edutume des rqjs des Francs,
33 dit Agathias, auteur du' v i e fiècle , de ne fe
33 faire jamais couper les cheveux : toute leur che-
33 velure leur defeend décemment fur les épaules.
33 C’eft une marque 8c une prérogative d’hon-
33 neur attachées à la famille royale. Leurs fujets
33 fe font couper les cheveux en rond, 8c il ne
33 leur eft point du tout permis de les laiffer croî-
33 tre davantage. » Le roi les portoit très-longs*
fes enfans & fes parens de même-; 8c la nobleffe
à proportion de fon rang. Le peuple étoit plus
ou moins rafé, 8c les ferfs l’étoient totalement,
du moins parmi les Bourguignons ; mais l’homme
payant .tribut ne l ’étoit pas tout-à-fait. Voye^
Chevelus. » , .\
« Pépin &- Charlemagne méprifèrent les. che-
veux longs 8c fiottans. Le dernier les porta courts,
& fut imité par fes fucceffeurS. En effet , les
têtes des rois carlo vingiens imprimées fur les
fceaux, dûnt le P. Mâbillon avoit vu un grand
nombre, offrent des cheveux tondus en rond, 8c
qui ne paflent pas les épaules. «
. « On recommença fous Hugue-Capet à porter
les cheveux plus longs. La mode des longues
chevelures s’accrédita de plus en plus jufqu’au
milieu du xne fiècle. Elle déplut alors aux évêques
, & devint une affaire de religion. Les laïques
qui laififoient croître leurs cheveux. , furent
excommuniés
«excommuniés en plufieurs provinces de France.
La crainte *de l’excommunication 8c de fe rendre
-coupables d un péché imaginaire, fit tant d’im-
preffion fur les efprits, que Henri i l , roi d’Angleterre,
8c Louis le Jeune, Roi de France,
firent couper leurs .heveux 8c ceux des feigneurs
■ de leurs cours. Néanmoins Philippe-Augulle 8c
Louis V i ll portèrent encore des cheveux longs ;
mais depuis-S.;Louis inclufivement jufqu’à Louis
X iJ I , nos rois ne les ont portés que fort courts.
Les cheveux de S. Louis, ae Charles V , de Louis
X l l , tels qu’on les voit dans leurs portraits, fur
les fceaux 8c leurs monnoies, ne paflent pas le
milieu du col. « Sous Louis XIII la mode chan-
» gea ; comme il aimoit les cheveux , dit Saint-
» F o ix , on lui fit plaifir de* les porter longs.
** Ce changement embarraffa les courtifans ; ceux
-»»de la vieille cou r , qui étoient à demi-rafés,
*» fu rent contraints, pour fe mettre à la mode , I
« de prendre des coins ou perruques. 11 eft furpre-
5,0 nant qu’ une coëffure auffi commode que la
39 perruque, 8c qui étoit fi commune parmi les
» Grecs 8c les Romains, n’ait été en ufage en
*° France que depuis lè règne de Louis-XIII. >»
CHEVRE. Cet animal étoit -révéré à Mendès
en Egypte. Il y étoit défendu d’en tuer aucune,
parce qifion croyoit que Pan, la grande divinité
-de cette v ille, s’étoit caché fous la figure d’une
xh'evre. Auffi le repréfentoit-on avec une face de
chèvre. Les chévriers étoient auffi en grand honneur
dans ce pays-là : fur-tout un, dit Hérodote
{in Euterpe) , à la mort duquel on faifoit un
grand deuil. Pendant qu’à Mendès on avoit de la
vénération pour les chèvres, 8c qu’on n’y immo-
loit que des brebis ; dans la Thébaide, au contraire,
les victimes ordinaires étoient des chèvres,
8c on y refpeCtoit les brebis.
« Dans un pays de plaine , dit M. PaW, 8c
même dans une terre marécageufe comme celle
du Nome Mendétjque, les chèvres ont pu fournir
un poil propre au commercé, 8c non un aliment
fort fain : auffi s’en abftenoit-on dans toute l’étendue
de ce Nome 8c dans fes environs. La .
Thébaïde, qui eft un pays de rochers 8c de montagnes
, ou ces animaux pouvoient paître dans
des déferts moins humides, on permettoit de les
tuer 8c de s’en nourrir. Il y a des endroits en
Europe où la loi a été jufqu au point de défendre
aux habitans d’entretenir des chèvres 3 qui font
de grands dégâts dans les forêts 8c les pépinières
; or on ne voit pas que cette loi ait paru
aflez gênante pour qu’on ait penfé férieufement
à s’en plaindre. Le chancelier Thomas Morus
dit que jamais l ’Angleterre ne fut plus près de f a
ruine, que quand tous les propriétaires voulurent,
y avoir des troupeaux de moutons, ce o c .
cafionna d’abord une dépopulation extrême dams
l e s campagnes, 8c fit enfin manquer de pain
jufques dans .Londres. Il eft donc avantageux qi*e
Antiquités , Tome I .
le législateur veille fans ceflfe fur toutes ces cho-
fe s , qui ne font ni au-deflous de lui, ni indignes
de lui. Si les monumens des Egyptiens n’étoient
pas couverts de tant de ténèbres, peut-être y
verroit-on quelle a été leur police à cet égard ;
car on ne fanroit dire que la fuperllition feule les
guidoit. 33
On immoloit auffi des chèvres blanches à Apollon
{Liv-Jih. 25. c. 1 2 .) , parce que cet animal
avoit découvert à Delphes l’ouverture d’un antre
fur laquelle la Pythie étoit obligée de s’affeoir
pour recevoir le fouffle divin. La chèvre étoit auffi
une viélime agréable à Junon-Acræa, ainfi qu’à
Pan 8c à Diane. Jupiter chérifloit la chèvre A mal-
thé e ( Voyeç ce mot. ). Les Jètes facrifioient
tous les ans une chèvre blanche aux mânes d’Ho--
.mère, parce que cet animal avoit découvert le
tombeau du chantre d’Achille. Les Lacédémoniens
( Xenoph. in Republ. Laced&m. ) 8c les Celtes
(Ælian. Var. Hifi. L 12. c. 1$ .) avoient coutume
d’immoler une chèvre, lorfqu’ils étoient ea
préfençe des ennemis.
Un paifage d’Eudoxe, altéré par les copiftes &
rapporté par Athénée ( lib.Q. p. 392.) , a fait
croire que les Phéniciens offroient des cailles en
facrifice à Hercule, parce que ce héros , fils de
Jupiter 8c d’Aftérie, ayant été tué par Typhon ,
fut rappelé à la vie par lolaüs, qui lui préfienta.
une caille à flairer. Mais le favant Jabîonsitr a
prouvé fuflifamment qu’il falloit fubftituer des
chèvres aux cailles , 8c lire dans le paflage d’Eudoxe
opvytvç 8c epoyet au-lieu de opTvyuç 8c opruya.
Cet oryx eft la chèvre-mambrine, ou chèvre dll
Le vant, commune en Egypte , en Lybie , 8c c.
On fait d’ailleurs que les Egyptiens immo-
I loient des oryx à leurs divinités vers le tems de
l’équinoxe du printems.
Il étoit défendu à Rome , au Flamine de Jupiter
, de manger de la chèvre, de la toucher 8t
même de prononcer Ton nom! Plutarque ( Qu&ft.
Rom, 109. ) donne pou.r raifon de cette défenfe
le mal caduc auquel on croyoit les chèvres fujet-
tes.C
ette incommodité n’empêchoit pas que les
bergers 8c les Cnévriers ne s’habillaffent de leurs
peaux ; qu*“ les Arabes - Scénites ne fiffent des
tentes avec leurs poils , que les matelots Remployaient
ces mêmes poils pour former le tiflfu
des voiles de vaifleaux, 8cc. Feftus Avienus {in
orâ mariti. ) dit que les Efpagnols en faifoient le
ir.eme emploi :
HirtA hic capelU , & multus incolis caper
Dumofa femper intererrant cefpitum
Caftrorum in ufum & nauticis velamina *
ProduBiores & graves fêtas alunt.
On trouve dans la collection du baron de
Stofch .(7e clajfe* n°. 43.) un jafpe rouge, fur
F f f f f