On ne doit donc pas s'étonner du grand nombre
qui fubfifte encore , & que nous allons décrire
d’après Winkelmann, dont nous copierons les
favantes obfervations.
Il faut remarquer d'abord, en général , que les
repréfentations a Antinous font toutes faites dans
le ftyle Egyptien , rel cependaut que les Grecs
le modifièrent fous les Lagides. Les Egyptiens
voulant obtenir d’Hadrien le pardon du malheur
involontaire qu’avoit caufé leur fleuve chéri , en
engloutiffant dans fes ondes le jeune Bithynien, le
déifièrent les premiers , & lui rendirent un culte
public. Ceft pourquoi les ftatues & Antinous font
exécutées fur le modèle des ftatues égyptiennes ,
& refïèmblent à celle qui étoit honorée avec fon
tombeau dans la ville qui en prit le nom d’An-
tinoée. Elles ont toutes une pofition roide , &
les bras pendans perpendiculairement, félon le
ftyle des anciennes figures égyptiennes. Hadrien, de
fon côté, voulant engager tous les habitans de
l’Egypte à rendre un culte à la repréfentation de
fon favori, lui donna la forme que ce peuple
fembloit avoir adoptée exclufivement.
Ce ftyle eft plus remarquable aux deux ftatues
<FAntinous de granit rougeâtre, qui font placées à
T iv o li, contre le palais épifcopal. Elles font
grandes prefque deux fois comme le naturel,
adoffées, comme les anciennes ftatues des Egyptiens,
contre une colonne angulaire, & de plus,
cara&érifées par des hiéroglyphes. Elles ont les
hanches & la partie inférieure du corps couvertes
d’ un tablier, & la tête couverte d’un
bonnet avec deux bandes unies qui defcendent
en avant. Ces ftatues portent fur la tête une
corbeille, comme les caryatides 5 & la corbeille
& la figure font faites du même morceau. Comme
elles reffemblent en général aux ouvrages égyptiens
du premier ftyle , fait pour l’attitude, foit
pour ia forme, il ne faut pas s’étonner de ce
que la plupart des auteurs qui ont écrit fur
•l’art, les ont méconnues, & leur ont affigné
la plus haute antiquité.
On s’eft arrêté à la forme apparente , fans
examiner en détail les parties qui pouvoient feules
démontrer le contraire. La poitrine, qui étoit '
applatie fous le cifeau des fculpteurs de l’ancien
ftyle égyptien > fë trouve à celle-ci haute & im-
pofante. Les cotes au-deffous de la poitrine, qui
n’étoient point du tout apparentes, font ici très-
fortement indiquées. Jadis, le corps étoit fort
grêle au-deffus des hanches 5 dans celles-ci , Jl-
paroit dans toute fa plénitude. Dans celles-ci,
les articulations des genoux font plus drftin&es
que dans les anciennes, & les mufcles des bras
& des autres parties frappent d'abord les yeux.
Les omoplates , à peine indiquées dans les anciennes
figures , s’élèvent dans les dernières avec
un arrondiffement très-prononcé ; & les pieds
approchent de bien près de fa forme grecque.
3U plus, grande différence te trouve, dans le.
vifage, dont le faire h’eft abfolumenr point
égyptien, & dans les airs de tête qui ne ref.
Semblent pas à ceux de cette nation. Les yeux
ne font point à fleur de tête comme dans la nature
& dans les plus anciennes têtes égyptiennes}
ils fon t, au contraire, très-enfoncés , d’après
le fyftême grec, pour relever l’os de l’oe i l , &
pour ménager un effet de lumière & d’ombre.
Avec toutes ces formes grecques, on y voit encore
une phyfionomie entièrement reffemblante
à celle de Y Antinous fculpté dans le ftyle grec ; ce
qui a fait croire à Winkelmann que ces ftatues
offroient une représentation égyptienne de ce
beau jeune homme.
\JAntinous égyptien du mufieum Capitolin ,
décèle encore mieux le ftyle mêlé de l’égyptien
& du gree 5 cette ftatue étant détachée de tout
côté, fans être adoffée contre une colonne : elle
eft un peu au-deffus du: naturel.
On trouve trois pâtes antiques dans la collection
du baron de Stofch, qui attellent plus
hautement encore l’imitation égyptienne. Elles
repréfentent trois buftes d’Harpocrate, ayant le
vifage parfaitement rèffemblant à celui d’Antinous*.
Il y a voit à Rome, en 1760, une autre repréfentation
du même favori d’Hadrien, fubftituée de
même à celle d’ un demi-dieu grec. On voyoit
{Col. de Stofch, p. 3.89.) chez: .un fculpteur de
Rome, une tête de Perfée en marbre, qui étoit
fans cafque , mais avec deux ailes, & dont le
vifage étoit un portrait fidèle d1 Antinous.
La gloire de l’art fous le règne d’ Hadrien ,
ainfi que de tous les âges, ce font, dit Winkelmann
, les deux portraits Antinous ; l’un eft:
un bufte en demi-boffe de la Villa-Albani, &
l’autre eft: une tête coloffale de la Villa-Mandra-
gone , fituée au-deffus de Frefcati. Ces deux
chef-d’oeuvres ont été gravés dans les Monumenti
inedi ti.
Le premier a été tiré des fouilles de la Villa
d’Hadrien} il ne forme qu’une partie d’un tout
plus volumineux. C’étoit non-feulement une figure
entière, comme on. en peut juger par l’intérieur^
qui a été creufé pour diminuer le poids du marbre 5
mais encore elle étoit placée dans un char, ainfi
que fon attitude femble l’indiquer. Car la main
droite, qui eft libre, eft dans-une pofition d’après-
laquelle on peut juger qu'elle tenoi't des rênes,,
dont l’autre bout étoit foutenu par la main gauche ,
chargée par le- reftaurateur aune guirlande de
fleurs. Tl paraît, d’après ces obfervations, que-
ce magnifique ouvrage repréfentok I’apothéofe.
d3Antinous 3 puifque nous favons que les ftatues
des perfonnes dont l’adulation faifoit dès dieux,,
étoient placées fut un char, & que l’on déft-
gnoit ainfi leur entrée- dans l’Olympe-.
La tête coloffale de la Villa.- Mandragone eft
d’une confervatiott parfaite on croiroit qu’elle
fort des mains ds Fartifte. Conçue d'ailleurs,
dans les gtaads.giiticipes.de. l’art, elle. eft. d!un&
beauté fi merveilleufe, que Winkelmann n*a pas
craint d’être acçufé d’exagération, en, difant que
ce monument eft, après l’Apollon & le Lao-
çoon du Belvédère, une des plus belles chofes
que l’antiquité nous ait laiffées. S’il étoit permis,
ajoute - 1- i l , de mouler cette tête , les artiftes
devroient l’étudier comme un rare modèle de
beauté} car les formes coloffales exigent un
habile artifte qui fâche aller, pour ainfi dire,
au-delà des bornes de la nature, fans que la
grandeur extraordinaire des contours lui faffe
perdre la déiicatefie des perifées, & elles font les
preuves folides de la fcience d’un deflinateur.
Indépendamment de la beauté de cette tête, les
détails en font précieux, & les cheveux font
traités de manière qu’on n’en trouve point, dans
toutes les antiques, qui méritent de leur être
comparés.
Les yeux de cette tête d’Antinous offrent une
recherche fingulière, quoiqu’elle ne foit pas unique
cb e z je s anciens, puisqu’on en retrouve de
femblables à la Mufe du palais Barberini. La prunelle
eft faite d’ un marbre très-blanc & très-
tendre, appelé Palombino, Sous le bord des paupières
& aux points lacrymaux, eft reftée la trace
d’une plaque d’argent très-mince, qui étoit deftinée,
félon toutes les apparences, à revêtir entièrement
la prunelle, avant que l’on eût mis celle que
l’on voit aujourd’hui. L’objet qu’on s’étoit pro-
pofé étoit d'imiter, par la blancheur & l’éclat
de l’argent, la couleur brillante de la cornée.
Cette plaque d’argent eft: évuidée à la place de
l’iris & de la prunelle, qui eft creufée profondément.
On aura employé fans doute, pour repré-
fenter ces deux parties de l’oe i l , deux pierres
précieufes diverfement colorées. La bordure d’argent
qui règne tout autour des paupières de la
Mufe citée plus haut, montre que fes yeux avoient
été incruftés de la même manière.
Les deux têtes d’Antinous que nous venons de
décrire, font ceintes de couronnes de lotus, appelées
Antino'ia chez les Alexandrins, parce qu’ils
lesconfacrèrent au favori d’Hadrien. La couronne
du bufte n’eft compofée que de fleurs de lotus}
mais la tête coloffale, qui a les cheveux affujétis
par une bandelette, eft entourée d’une tige de
cette plante , dont les fleurs, exécutées avec une
autre matière, ont été foudées, comme nous le
montrent les trous pratiqués aux deux côtés de
cette tige. Sur le fommet de cette tête,. on remarque
auffi un trou carré, de la largeur de trois
doigts, deftirié fans doute ,à recevoir une grande
fleur de lotus, telle qu’on en voit aux lfis & autres
divinités égyptiennes.
On voit encore un beau bufte d’Antinous dans
fe cabinet du palais Bevilaqua de Vérone 5 c'eft
un grand dommage qu’il ait perdu l’épaule gauche.
Après ces buftes, la plus oelle ftatue d'Antinous
eft à la Villa-Cafali, auprès de laquelle on l’a
déterrée fur le mont Coelius. La tête eft couformée
de lierre# comme celles de Bacchus. Le*
jardins du palais Barberini renferment une ftatue
de marbre du favori d’Hadrien > femblable à celle
du capitole, & comme elle, un peu plus^ grande
que le naturel ; mais elle n’a point la tete Qtt*
ginale. LaVilla-Borghèfe en offre une quatrième,
de la hauteur d’environ vingt-un pouces de F rance»
Il y a une vingtaine d’années que l ’on tranfporta
de Rome à Potfdam, château du roi de Pruffe ,
une ftatue fur laquelle on avoit placé un tete
d‘Antinous.
Aucun portrait dans les antiques n’eft auffi fou-
vent répété que ceux du beau Bithynien. On le
trouve dans la plupart des colle&ions de pierres
gravées. Mais le plus parfait de ce genre etoit
dans le cabinet des- freres Zanetti à Venife. Le
duc de Malborough, anglois , en a fait l’aequi-
fition. ' ; .
Antinous du Belvêdere. Son article ne doit
pas fe trouver ic i , & il eft renvoyé avec raifon a
ceux de Méléagre ou de Mercure , qu’il repré-.
fente. C’étoit une ancienne erreur qui faifoit attribuer
cette ftatue au favori d’Hadrien.
Antinous , favori d’Hadrien.
A n t in o u s , héros .
Ses médailles font :
O. en or & en argent.
RRR. en médaillons grecs de bronze.
L’ un de ceux du cabinet du roi, où on voit
Antinous enlevé par un griffon, eft beaucoup
plus rare.
RR. en G. B.
RR. en M. B.
RR. en P. B.
RRR. du même module au revers d’Hadrien ?
il eft au cabinet du roi.
RR. en G. B. d’Egypte.
RR. en M. & P. B.
RRR. en médailles contormates.
A N T IO C H E , en Carie, fur le Méandre,
ANTIOXE&N.
Les médailles autonomes de cette ville font :
O. en or.
RRR. en bronze.
O. en argent.
Leurs types ordinaires font : Pégafe courant*
— Une femme debout, quelquefois dans un temple.
Cette ville a fait frapper des médailles impériales
grecques, en l’honneur de Livie, de Claude,
de Domitien, de M.-Aurèle, de Commode, de
Gordien-Pie , de Philippe père , d’Otacile, de
Philippe jeune, de Dèce, d’Etrufcille, de Saloi\ine.
Antioche de Cilicie antioxeün.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze. ( Pellerin) .
O. en or.
O. en argent.
Antioche de Pifidie.
COL. ANT, Colonia Anthiochenfis.
COLONIÆ» ANTIOCHEÆ.
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