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falué par- le premier pontife , comme fils de Ju- ]
piter.
Les égyptiens regardoient Ammon comme f a u t
e u r de la fécondité & de la génération 5 ils pré-
tendoient que ce dieu donnoit la vie à toutes
chofes , 8c quil difpofoit en maître des influences
de l'air. Ils portoient , en c ô n f é q u e n c e , fon nom
gravé fur une lame de métal qu’ilsattachoient fur
le coeur, comme un puiflfant préfervatif. Ils avoient
tant de confiance au pouvoir de ce dieu, qu’ ils
croyoient obtenir l’ abondance de tous les biens
par fon invocation. Cette fuperftition s'introduit
auffi chez les Romains, qui regardoient Jupiter-
Ammon comme le confervateur de la nature.
On le repréfentoit ordinairement fous la figure
d’un bélier 5 c’eft ainfi que le peint Lucain (Pharf.
ix . 512). Sur les pierres gravées 8c fur les médailles
de la Cyrénaïque en particulier , il paroît
fous la forme humaine, ayant des cornes de bélier
qui naifiènt au-defiTus des oreilles 8c qui fe recourbent
tout autour.
A mmon , fils de Cyniras ou Cynir, époufa
Mor ou Mirrha, & eut pour fils Adonis. Voye%
A jdonisj C y n ir a s , Mirrha.
AMMONEENNES. (Lettres) Philon de Biblos
sous dit dans fon Fragment confervé par Eufèbe,
que l’auteur de l’Hiftoire du prétendu'Sancho-
niaton l’avoit compofée à l’aide de certains mémoires
qu’il trouva dans les temples, 8c qui étoient
écrits en lettres ammonêennes. Ces lettres étoient,
fuivant l’explication de Bochart, celles dont les
prêtres égyptiens fe fervoient pour les chofes
ïàcrées.
AMMONIA, furnom de Junon, à laquelle les
Eléens facrifioient, peut-être par allulïon à Jupiter-
Ammon. Elle avoir un autel fous ce nom auprès
du temple de Jupiter.
Ammonia, dans la Marmarique. ammûîï.
Cette ville a fait frapper une médaille impériale
grecque, en l’honneur de Fauftine, mère.
Ammonia. Héfychius dit que c’étoient des
fêtes célébrées à Athènes 5 mais il ne nous apprend
pas en l’honneur de quelle divinité.
AMMONIAC. Le fel ammoniac des anciens
venoit de l’Egypte, où on le fabriquoit, fans
doute, comme on l’y fabrique encore j car on
fait combien les Orientaux & les Egyptiens font
attachés à leurs arts 8c conftans à les pratiquer.
Ils avoient aufli du fel ammoniac naturel, qui étoit
apporté des environs du temple de Jupiter-Ammon,
en L y b ie , & qui donna fon nom particulier à
toutes les efpèces de ce fel. On croyoit alors, &
même encore dans le fiècle dernier, qu'il étoit
formé de l’urine des chameaux qui traverfoient
les déferts de la Lybie, & qu’il fe fublimoit par
la chaleur des fables brûlans de ces contrées.
D’autres afiiiroient que. pour faire le fel ammoniac
, on ramaffoit l’urine des chameaux ou des
bêtes de charge ; qu’on 1/ faifoit évaporer, &
qu’après pliwïeurs lotions, on mouloit en pains
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le réfidu, qui étoit le fel lui-même. Nous faVons
aujourd’hui que les Egyptiens modernes l’extrayent
de la fuie au moyen du feu , dans plufieurs endroits
du Delta. La difëtte de combuftibles les
oblige d’employer pour cette opération la fiente
féchée des chameaux & des boeufs. C’ eft-là, fans
doute, ce qui a fait imaginer la fable de l’urine
des chameaux, que le goût des Egyptiens pour
le fecret a répandue, afin de tromper les voyageurs
& lès chymiftes anciens.
AMMONIAQUE. (Gomme) C’eft un fuc con
cret, qui eft gommo-réfineux. Diofcoridè dit qu’il
découloit d’un arbrifîeau du genre de la férule,
naturel à la Lybie & aux déferts voifins du temple
de Jupiter-Ammon. On a reconnu par les graines
mêlées à cette gomme-réfine „ qu’elle vient d’une
plante ombellifère 5 mais on en ignore le nom 8c
les caractères.
AMNIOMANTIE, de painU, divination, Sc
de afAi'ioç, coëffe ou membrane. On donne ce dernier
nom à la troifième 8c la plus mince, des trois
membranes qui enveloppent le foetus dans le fein
de la mère. Elle fort quelquefois avec lu i, 8c
enveloppe fa tête. On croyoit que c’étoit un
ligne de bonheur; 8c cette opinion fubfifte encore
parmi le peuple, qui appelle coëffés les en-
fans fortis du ventre de la mère avec cette membrane
Le fils de Macrin eut en naiflant la tête entourée
de l’amnios, en guife dé diadème ; ce qui
lui fit donner le furnom de Diadumenianus. A
Rome, les avocats achetoient fort cher ces membranes,
qu’ils portoient fur eux pour leur procurer
toutes fortes de bonheur, 8c en particulier
le gain des procè,s de leurs cliens.
AMNISIADES ou Amnisides., nymphe de la
ville d’Amnyfus, dans l’ille de Crète.
AMNISTIE. Après que les trente tyrans eurent
été chaffés d’Athènes , on publia une loi qui
ordonnoit d’oublier tout ce qui s’étoit pafle de
part 8c d’autrè. Cette lo i, dont Thrafybule fut
l’auteur, fe nomma kprnU, de 1’« privatif & de
/wiiju)t, mémoire. Le mot françois amniftie , en
eft la tradudlion exaCte. L’orateur Andocide nous
a confervé dans fa Harangue fur les Myfier es, la
formule de> Y amniftie 8c des fermens par lefquels
elle étoit cimentée.
AMOMUM. Les botaniftes ont beaucoup varié
fur l’efpèce de plante que les. anciens appeloient
de ce nom. Il paroît cependant que c’ étoit le
T ugus. Voyei ce mot. Les Grecs 8c les Romains
faifoient un grand ufage de Yamomum & de foa
efiénee pour les parfums. Tantôt ils en frottoient
les cadavres & s’én fervoient pour les embaume-
mens 5 d’où Scaliger a tiré l’étymologie du mot
mumie. Stace, ( Sylv. u . 4. 33. ) :
At non inglorius umbris
Mittitur : Ajfyrio cineres adolentur amomo,
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C’eft à cet ufage que fait allufîon Juvenal,
( i r . 108. ) :
Et matutino fudans Crifpinus amomo ,
Quantum vix redolent duo funera.
Car les /Romalns s’en frottoient les cheveux.
Martial, ( 8 . 7 7 -) l
Si fapis, Ajfyrio femper tibi crinis amomo
Splendeat.
Ovide; (Heroid. x x i. 166.) :
Spifaque de nitidis urçit amoma comis.
Stace „ ( Sylv. i. z. ) :
Nec pingui crinem deducere amomo
Cejfavit mea , nate , manus.
L’épithète à’ Ajfyrium qui accompagne^ ordinairement
Yamomum dans les écrits des anciens, dé-
figne le pays qui en fournifîoit à tout l’Occident.
AMORG1N A veftimenta. Les commentateurs
font partagés fur le fens du mot amorginumy les
uns croyent qu’il défigne un habillement extrêmement
léger, comme ceux qui étoient faits de
h ijfits ; d’autres entendent par cette épithète , des
habits de pourpre. Peut-être ne défigne-t-elle que
l’endroit où on les fabriquoit.
AMORGUS, ifle. AM.
Les médailles autonomes de cette ifle font:
RRRR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
AMOR1UM, en Phrygie. AMOHANûN.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent. %
Cette ville a fait frapper des médailles impériales
grecques, en l’honneur de Trajan, de Cara-
calla, de, Gétg, de Vefpafîen. _
AMOUR ou C upidon. 11 eft difficile de démêler
la véritable origine de Y Amour, dans la
multitude d’opinions différentes que l’on trouve
fur ce fujet dans les anciens. Ariftophane, dans
fa Comédie des oifeaux, dit que la Terre pondit
un oe uf quelle avoit conçu de Zéphire, & que
Y Amour naquit de cet oeuf. Il fe mêla dans le
chaos, 8c donna naiflànce aux d eu x , à la terre
8c aux dieux immortels. Orphée le fait naître
avant toutes les créatures ; Sappho le dit fils du
Ciel 8c de la Terre; Cicéron, de Vénus. 8c de
Mercure; Simonides le donne comme le fruit de
l’adultère de Vénus avec Mars : cette dernière
opinion a été la plus généralement reçue.
Platon a cependant voulu imaginer encore une
origine de ce dieu. Il a dit que le jour où les dieux
célébroient la naiïïance de Vénus, Porus, dieu
de l’Abondance, rendit Pénie, déefte de la Pauvreté,
mère de Y Amour. VoycT^ PÉNIE, PoRUS.
Ceux qui le croyent fils deJVlârs à de Y énus, difent
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qu’à l ’inftant de fa naifïance-, Jupiter, connoiflant
à fa phyfionomie tous les troubles qu’il cauferoit,
voulut obliger fa mère de s’en défaire. Pour \c
dérober à la prévoyance de Jupiter, elle le cacha
dans les bois, où il fuça le lait des bêtes féroces,
& contracta cette cruauté que les amans malheureux
lui ont tant de fois reprochée.
Auffi-tôt qu’il put manier l’arc, il s’en fit un de
bois de frêne, avec des flèches de cyprès, & apprit,
aux dépens des bêtes , à tirer fur les hommes : il
changea depuis fon carquois & fès flèches en
d’autres, qui étoient d’or. C’eft toujours au coeur
que portent fes coups ; Tes bleffures font naître,
fans qu’on puiflfe s’en défendre, la paffion de
Y amour 3 8c il rend celui qu’il juge à propos, le
fujet 8c l’objet de cette frénéfie. Ovide dit que
fes flèches font de deux fortes; les unes dorées,
fort pointues, allument Yamovr; les autres, qui
le chaflent, font émouffées, & ne font armees
que de plomb. S’il veut tourmenter quelqu’un,
il lui enflamme le coe u r , avec la flèche dorée,
pour une perfonne qu’il frappe de la flèche de
plomb. Les dieux font fujets à fes coups, ainfi
que les mortels : de-là vient que l’on regarde Ça
puififance comme fupérieure à celle de toutes les
autres divinités.
Il eft le plus beau des immortels, 8 c eft toujours
demeuré enfant. On le peint avec des ailes de couleur
d’azur, d’or 8c de pourpre; mais ordinairement
aveugle, ou ayant un bandeau fur les yeux.
Il ne quitte prefque jamais fon a r c , fes flèches
8c fon carquois. Il y a eu des temples & des
autels qui étoient communs à Vénus 8c à l’Amour ;
mais celui-ci en a eu qui étoient confacrés à lui
feul, comme à Thefpis.
Cupidon eut un frere appelé Anteros. Hoye%
ce mot.
On ne fait pourquoi la plupart des peintres 8 c
des fculpteurs repréfentèrent Y Amour comme un
j enfant. Ce n’en étoit pas un que l’amant de Pfyché.
Sur les pierres gravées les plus anciennes, il paroît
comme un jeune garçon ou un adolefcent. C’eft ainfi
qu’onle voit fur une belle cornaline du commandeur
Vettori à Rome, qui porte le nom du graveur
Phrygillus. La forme des lettres annonce que c’eft
peut-être la plus ancienne des pierres fur lefquelles
on voie le nom de l’artifte. Winkelmann l’a citée
dans l’Hiftoire de l’A r t , 8c dans lés pierres de
Stofch. U Amour y eft repréfenté dans l’adolef-
cence, avec de grandes ailes d’aigle, telles qu’en
donnoit à prefque tous les dieux la plus haute
antiquité. .
Bouchardon a quitté la voie battue, & a fait
un adolefcent de fon bel amour.
Les artiftes qui fuivirent Phrygillus, Solon &
Tryphon, donnèrent à Y Amour une forme plus
enfantine 8 c des ailes plus courtes : c'eft dans
cette forme & dans la manière des enfans de
François Flamant, que l’on voit ce dieu repréfenté
fur une infinité de pierres gravées. Le Cupidon