
B étoit une lettre numérale. Il fignifioit deux
•hcz les Grecs ; mais il valoit trois cents chez
les Romains, félon ce vers :
Et B tercentum per fe retinere vidctur.
Lorfqu’on mettoit une ligne au-deffus du B ,
il valoit 3000.
B. F. Ces deux lettres initiales, placées à la
fin des Edits ou des Ordonnances , défignoient
deux mots de bon augure , bokum factum.
Plaute s’en étoit fervi ironiquement dans le
Cens. ( Poen. prol. n. 16 : )
Bonum faftum efi , édifia ut fervetis mea.
Tertullien 3 {de Pudicit. c. 1. ) fait allufion à cet
ufage : O edifium 3 cui adfcribi non potuit 3 bonum
faftum. On rendoit ces deux mots latins ,
par les deux mots grecs, k«a« %e<} comme
on voit dans Jofephe, (Antiq. Jud. x iv . 17 ) .
BAAL , divinité des Babyloniens 3 des Sido-
niens , des Chaldéens & des Ifraélites. Les Grecs
ont cru le reconnoitre pour leur dieu Mars :
c ’eft le ' fentiment de Jean d’Antioche , de Cedre-
nus & de Suidas. Saint Auguftin le prend pour
Jupiter. Baal veut dire feigneur ; & c’eft d’après
cette lignification que Saint Auguftin a penfé qu’il
étoit Jupiter; ç’eft-à-dire, le feigneur ou le
maître des dieux & des hommes. De plus ,
c ’étoit un dieu des Sidoniens ; & Héfychius
appelle leur grande divinité 3 Jupiter-Maritime ,
GecXctmog.
Les Chaldéens regardoient Baal comme le
créateur de 1 univers 5 ils appeloient enfuite de
ce nom -le foleiJ, regardé par les Phéniciens
comme le feul Dieu du ciel. 11 eft vraifemblable
qu’ils donnèrent ce même nom à plufieurs aftres,
& à différens rois ou perfonnages célèbres 3 en
Jes déifiant. Delà viqt fans doute le grand nombre
de Baal ou Baalim , que l’on adoroit dans la
Chaldée & dans les environs.
Saint Auguftin dit que Baal étoit aufli un dieu
des Carthaginois, que l’on fait avoir été une
colonie des Phéniciens.
Jean d’Antioche dit que le Baal des Babyloniens
étoit le fucceffeur de Ninus ; cependant
on croit ordinairement qu’il étoit fon père ou
fon prédécefleur.
Les Chaldéens,fi l’on en croit Servius fur l’Enéide
( *• 7 3 3 - ) 3 & d’autres anciens, prononçoient
B e l pour Baal ; car il faut lire dans cet auteur
B a l & B e l, 8c non pas Hal 8c H e l, comme
portoient quelques exemplaires corrompus , que
Giraldus 8c d’autres ont fuivis. De ce Bel des
Chaldéens, les Grecs ont fait Bïxas, Belus.
Les Orientaux donnèrent à Baal différentes
dénominations que l’on verra aux articles fui-
vans, ainfi que les Grecs & les Romains en
donnoient à Jupiter, qu’ils appeloient Olympius3
Capitolinus , Latialis , Pluvius , &c.
Ba a l • Bljuth, C’étoit l e dieu auquel les
Carthaginois 3 8c avant eu x , les Phéniciens
adreftoient leurs* fermens , • 8c qu’ils prenoient
à témoin de leurs alliances. Bèritk ou Béruzh ,
fignifie alliance. Tel fut chez les Grecs Jupiter
Vengeur des fermens violés, opucs.
Ba a l -Gad , dieu de la fortune 8c du hafard
chez le Syriens. Gad fignifie fortune dans les
langues orientales.
Ba a l -Péor , dieu qu’adoroient les Arabes
fur la montagne de Péor : on croit que c’eft le
Priape des Grecs.
Ba a l -semen, feigneur du ciel ; le foleil que
les Phéniciens regardoient comme le premier des
dieux.
Baaltis , déeffe des Phéniciens , qui étoit
adorée principalement à Byblos. On la croyoit
fûeur d’Aftarté, 8c femme de Saturne , dont elle
n’eut que des filles. C’étoit peut-être la Dione j
c ’eft-à-dire , la Vénus des Grecs.
BA B B A , dans la Numidie.
C. C. I. B. Colonia Campe (iris Julia Babba.
Cette colonie romaine a fait frapper des médailles
latines en l’honneur de Livie , de Claude ,
de Néron , de Galba.
B A B IA , déeffe révérée en Syrie , fur-tout à
Damas. On croit que c’eft la déeffe de la jeuneffe.
C’étoit aufïi leur Vénus qui préfidojt aux amours
8c aux mariages. Comme les Syriens , (Photkius
Bibloth. Cod. 242. ) appeloient les enfans au
maillot Babia , Seldem s a conjeéluré que Babia
étoit la déeffe de la jeunefle. ( de diis Syris ,
cap. 4 fynt. i l. )
BABYLONE-, «capitale de l’Affyrie & de
l’empire des Perfes , étoit fituée dans une^grande
plaine. Cette ville étoit fi vafte, fi belle & fi
bien bâtie, que jamais il n’en a exifté qu’on
puiffe mettre en comparaifon avec la grande
Babylone. Elle étoit environnée de foffés larges ,
profonds 8c toujours remplis d’eau. Dans l’étendue
de fes murs on remarquoit cent portes d’airain.
L ’Euphrate la traverfe toute entière , dit
Hérodote , 8c la divife en deux parties. Ce fleuve
eft grand', profond & rapide en cet endroit. Il
y coule en ferpentant ; c’eft- pourquoi les murailles
de brique qui le bordent des deux côtés,
font des coudes & des finuofités. Les maifons
y font de trois & quatre étages. Il y a beaucoup
de grandes rues 8c d’autres rues de traverfes ,
qui vont fe rendre au fleuve où elles fe terminent
par de petites portes d’airain , pratiquées
dans la muraille qui fait le quai. Cette muraille
eft le boulevard qui réfifte à l’impétiiofité de
l’eau, 8c il y en a une autre en dedans5 qui
n’eft guères moins forte, quoiqu’elle n’ait pas
tant d’épaiffeur. Au milieu de chaque partie de
la v ille , on voit une enceinte de murailles : la
première enferme le palais du r o i , qui eft d’une
grande étendue 8c puiffamment fortifié ; & l’ autre
contient le temple de Jupiter Bélus, dont les
portes font d’airain j il eft de figure ca r ré e , 8c
ail milieu eft une tou r, fur laquelle eft une autre
tour ; fur cette fécondé encore une tour ; 8c ainfi
il y en a jufqu’à huit les unes fur les autres. On
monte à chaque tour par des degrés qui vont en |
tournant par dehors. Cet édifice a un ftade de
hauteur 8c autant depaiffeur à fa bafe. »
« Ariftote ( Pdlitic. lib. n r },cap. i f ) compare
Babylone au Péloponnèfe, fi quelqu un
s’avifoit de l’enfermer de murailles. Son étendue
étoit telle, que, felonlui, trois jours après avoir
été prife , la nouvelle n’en étoit pas encore parvenue
dans toiis les quartiers de la ville. Enfin,
il confidère Babylone plutôt comme une province,
que comme une ville. »
«Selon Hérodote, Fhiloftrate Apollonius 8c
Pline, la ville de Babylone formoit un carré 1
parfait, dont le contour étoit de 480 ftades nautiques,
qui valent 16 parafanges ou 18 lieues de
25 au degré , ou 41 milles parifiens de mille
toifes chacun ; d’où il fuit que tout le terrein
renfermé dans les-murs de cette ville , étoit de
20 ^ lieues carrées , ou de 78,509 arpens de
France. Selon Ctéfias , qui avoit long-tems ré-
fidé en qualité de médecin à la cour des rois de
Perfe, dont il avoit écrit l’ hiftoire en trente
Livres ; félon Diodore & Philon de Bizance ,
l’enceinte de cette ville étoit d’autant de ftades
que les Babyloniens comptoient de jours dans
l’année; favoir, 360 grands ftades afiatiques ;
les anciens Perfes comptant l’année de 12 mois
chacun de 30 jours. Ces ftades font de 500 pour
un degré, 8c les 360 valent également 18 lieues
de France. Par-là, on peut juger combien eft
ancien l’ ufage de ces deux ftades en A fie, puifque
Sémiramis, que les Grecs regardent comme la
fondatrice de Babylone , vivoit 2,000 ans avant
l ’ere des chrétiens. Clitarque , qui accompagna
Alexandre-le-Grand dans fon expédition en Perfe,
ayant appris que Babylone avoit de circuit autant
de ftades qu’il y a de jours dans l’année, en
fait l’enceinte de 365 ftades, parce qu’ il com-
ptoit 565 jours dans l’année. Strabon évalue le
périmètre de Babylone à 385 ftades, & Quinte-
Curfe à 368 : ce font des mefurages défe&ueux
faits par des voyageurs. »
« La hauteur des murs étoit de 200 coudées
royales , félon Hérodote ; ce que Pline a rendu
par 200 pieds. Ce font les 50 orgies de Ctéfias ,
8c ce font ces 50 orgies que Strabon, Philon
de Byzance 8 c d’ autres ont rendues par 50 coudées.
Quinte-Curfe eft feul-de fon avis; la hauteur
des murs e f t , félon lu i , de 100 coudées;
leur hauteur étoit de 50 orgies, faifant 200 coudées
babyloniennes, 8c 156 -s pieds de France.
Ainfi, les murs de Babylone étoient plus hauts que
lés tours de Notre-Dame de Paris, qui n’ont que
204 pieds d’ élévation ; mais ils étoient moins
hauts que le clocher de l’églife de Saint-Paul de
Londres , lequel avant l’incendie avoit 520 pieds
anglois, qui en font 495 de France, 8c moins
encore que le clocher de la cathédrale de Straf-
bourg qui a 445 pieds de hauteur. »
« L’épaiffeur des murs é to it , félon Hérodote,
dé 50 coudées royales : ce font les 50 pieds de
Pline. Strabon 8c Quinte - Curfe ne donnent
d’épaiffeur à ces murs que 31 pieds ; il faut lire
32 coudées. Hérodote obferve qu’ort avoit fait
conftruire fur les murailles de petites loges ou
guérites, les unes vis à-vis des autres, entre
lefquellés on avoit laiffé autant d’efpace qu’il en
faut pour faire tourner un char, & apparemment
que ces loges occupoient chacune neuf coudées
de la largeur du rempart. Et voilà d’où vient
que les auteurs ne font pas d’accord fur la largeur
de ces murs. Selon les uns, fix chars attelés
de quatre chevaux pouvoient y courir de
fron t, 8c félon d’autres, trois chars feulement
pouvoient y paffer à côté les uns des autres.
Ces murs ayant 50 coudées royales de largeur,
avoient 64 f pieds de France. Ainfi , l’efpace
d’un char tiré par quatre chevaux de fron t,
eft eftimé ici de 10 pieds de r o i , 8c dans ce
calcul je n’ai rien rabattu pour les banquettes
qui dévoient régner, tout le long du mur des
deux côtés. Par - là on voit que la largeur des
murs , donnée par Hérodote , ne peut être exagérée.
Leur hauteur ne fera pas outrée non plus ,
fi l’on confidère que ces murs paffoient pour une
des fept merveilles du monde, & qu’il exifte
encore aujourd’hui une muraille de brique de
plus de 500 lieues de 25 au degré, de long ,
entre la Chine 8c la Tartarie ; que cette muraille,
qui fubftfte depuis près de 2,oco ans, eft fortifiée
de tours de diftance en diftance, a de
hauteur près de 30 pieds de roi , & eft affez
large pour que fix chevaux y marchent de front,
ayant de largeur jufqu’à 15 pieds environ.»
cc Les murailles de Babylone étoient flanquées
de 250 tours. Leur hauteur étoit de 60 coudées
félon Strabon ; 8c Quinte-Curfe dit que les tours
étoient plus hautes dé 10 pieds que les murailles.
Les tours avoient 60 orgies de hauteur , 8c excédaient
de 10 orgies la hauteur des murs ; en
forte que ces tours avoient 308 f pieds de roi
de hauteur, ce qui éft bien moins que la hauteur
des clochers de Strasbourg 8c de S. Paul
de Londres. » •
« La diftance tout-au-tour de la ville entre les
.murs 8c les édifices, étoit de deux plethres,
félon Diodore , ou d’un plèthre feulement ,
félon Quinte-Curfe , 28. 5 3 4 , ou 14. 267 toif.
de Paris. » *
cc La largeur du fleuve, dans l’endroit où il
eft le plus étroit , 8c où Sémiramis avoit fait
conftruire un p o n t, étoit de cinq ftades félon
Diodore. Strabon ne fait cette largeur que d’un
: ftade, ce qui ne paroït pas croyable , parce que
l’Euphrate eft un très-grand fleuve. Le pont-
royal , à Paris, a 75 toifes de longueur , & le
pont-neuf eu a 150. Un ftade grand ’eft que