
JUNONI. PLACIDAE
GONSERVATRICI. AUGUSTAE
CLAUDIA. SABBATIS
BULLAM. D. D.
ADDIT. ET. SCYPHUM. ET
TRIPODEM. FORTUNAE. AUG.
Ficoroni a écrit un Traité fur une bulle-d’or
trouvée en Italie, qu’il a intitulé Bolla d’oro. On y
trouve une description & des deflins de cet ornement.:
Voici la description d’une autre bulle-d’or 3
que M. le préfident de Saint-Vincent a fait con-
noître à l’académie des infcriptions & belles-
lettres , dont il eft membre.
Le 9 août 1786, on a trouvé dans la tour de
l’horloge du palais d’Aix-en-Provence, que l’on
détruifoit, une bulle-d’or3 faite en forme de lentille,
de deux pouces trois lignes de diamètre,
& de huit lignes d'épaifleur au centre. Elle étoit
fixée aune agraffe d’or.par trois crochets de même
métal, qui la traverfoient. Cette agraffe étoit
plate 8c large de deux pouces. La bulle s’ouvroit
à charnière } elle étoit pleine d’ une fubftance
humide que l'on n’a pas examinée. Elle n’étoit
compofée que d’une feuille d’or très-mince, unie,
fans aucune gravure & fans aucun relief.
Les triomphateurs portoîent aufïi la bulle-d’or
pendant la pompe du triomphe. Macrobe en eft
garant : B alla geftamen erat triumphantium , quant
in triumpho pw Je gerebant ( loco citato)-. C’étoir ,
félon l’opinion commune, un talifman contre
Tenvie.
Bulles de toute forte de matières. Les Grecs
ne portoient point de bulles. Cet ornement n’appartient
qu’aux Etrufques & aux Romains. Les
enfans des patriciens portoient fettls des bulles-d’or;
mais ceux des autres citoyens libres ou affranchis
en portoient de différente matière. Nous l’apprenons
du feholiafte de Juyénal ÇSat. v. ié r . ) , qui
dit que les bulles étoient le fymbole de la liberté ,
& que les pauvres en portoient de cuir ou pendues
à une lanière de cuir : Antiquitus nobilium
pueri huilas aùreas habebant : pauperum de loris,
fignum libertatis. Voici les vers du fatyrique fur
lefquels lé feholiafte s’exprime de la forte :
Etrufcum puero f i contigit aurumy
Ve l nodus tantum & fignum de paupere loro.
Ce s bulles étoient creufes, 8 c on les rempliftoit
de matières auxquelles on attribuoit la vertu de
détruire les influences de l’envie ou de réfifter aux
fouhaits des ennemis, de préferver des maux phy-
fiques 8c moraux, &c. Celles que l’on çonferve
dans le cabinet de Sainte-Géneviève ont’peut-être
renfermé des parfums 5 car elles font percées de
plufieurs trous, comme les caflolètes.
Les femmes grecques ne portoient point de
bulle pendue au cou. Cet ornement n’appartîeat
qu’aux Romains, à la grande veftale en particulier.
Le fculpteur ancien d’un farcophage de la
villa Albani, qui a repréfenté les amours de
Phèdre 8c les dédains d’Hippolyte, a donné malà
propos une bulle à cette infortunée belle-mère,
qui vivoit dans les tems héroïques. Mais L’erreur
d’un peintre chrétien qui en a donné une à E ve ,
fur un verre peint du Vatican (Buonar.ejf. fep. aie,
vetr. tav. 1. p. i l . ) , eft encore plus évidente.
Le cabinet de Sainte-Génevieve renferme une
petite bulle de bronze entière, & la plaque d’une
fécondé de même métal. La première eft ovale ;
elle a environ dix lignes de longueur 8c quatre
d’épaiffeur. Une charnière placée au fommet de
l’ovale que préfente cette bulle , en réunit les
deux parties. On voit fur la plaque du deffus les
têtes de Domitien 8c de Domitia fon époufe.
Ces deux têtes font en relief d’un côté, & en
creux de l’autre > en forte qu’on voit évidemment
quelles ont été repouffées avec un outil. Sur la
fécondé plaqae de bulle qui eft dans le même cabinet
, 8c qui reffemble en tout à la première par
la matière, les dimenfîons 8c le travail, on a cru
reconnoître Néron enfant dans une tête de jeune
homme qui y eft en relief. Derrière cette tête
paroît une efpèce de fouet, & on lit au-deffous
ic a lo s . La forme de l’ovale terminé d'un côté
par une pointe un peu émouffée qu’offrent les
deux bulles du cabinet de Sainte-Géneviève, fert
à expliquer le paffage fuivant de Macrobe. Cet
écrivain dit \ Satura. 1. 6.) que la figure d’un coeur
exprimée fur la bulle des enfans, eft deftinée à leur
apprendre qu’ils feront hommes lorfque leur
coeur fera formé : Nonnulli credunt ingenuis pueris
attributum , ut cordis figuram in bulla ante pelius
annètierent ; quam infpicientes , lia demiim fe hommes
cogitarent 3 f i corde pr&flarent. Macrobe dé-
fignoit peut-être cet ovale par les mots cordis
figuram ; car on n’a point encore trouvé de bulle
qui eût la forme exaéte d’tfn coeur.
Le comte de Caylus a décrit deux bulles qu’il
pofîedôit. Voici fes paroles ( Bec. d’antiq. iv . pi*
90. « .1 .2 . 3).' . : v-.
« On doit mettre dans le rang des amulettes
les bulles de l’èfpèce de celle que préfente ce
numéro, & dont la matière étoit de métal. Leur
forme ovale & pointue à une de fes extrémités,
étoit aflëz agréable} le déflus tenoit d’un côté
au fond par un.mouvement de charnière} la pointe
étoit arrêtée, & ne s’ouvroit qu'à volonté. Le
numéro 3 rend toutes ces circonftances fenfibles :
cette efpèce de boîte, dont le deffus ou le couvercle
étoit orné de toutes les figures gravées ou
de relief dont on vouloit l’embellir, renfermoit
un objet de fuperftition, 8c mettoit en état de
la porter commodément fur la poitrine. La bulle
attachée* à une gance paffée autour du cou.,
étoit portée comme les bulles-d’or dont on paroît
les enfans nobles. Les Romains paroiffent avoir
inventé cette forme de bulle > du moins on n en
trouve pas d’exemples dans les monumens grecs ».
11 dit de la fécondé (ibid. i l L p l• 81. n. 1 .) :
ce Ce morceau d’ivoire eft une bulle. Elle eft bien
deffinée, bien travaillée, 8c difpofée agréablement.
Elle repréfente, fur le côté principal, le'
bufte d’un enfant avec des ailes} fa tunique fe
termine autour du cou en efpèce de fraife , & le
bas eft terminé par des pommes-de-pin & d autres
fruits. On voit au revers la 1 lettre grecque 0 »
placée au-deffus de ces caractères romains V iin ,
qu’on ne peut expliquer, ce me femble, qu en
difarit que cet enfant eft mort à l’âge de neuf
ans. Il eft à préfumer que fon père ou fa mere,
conduits par un fentiment de tendreffe, avoîent
fait fertir cette petite bulle pour^ 1* porter au
cou} 8c qu’en mourant, ou après s’être confolés ,
ils l’avoient dépofée dans la petite urne oû on l’a
trouvée, à Rome. Cette antiquité peut être mife
au rang des monumens que- l’on trouve rarement
».
Spon a publié (Mificellan,. Erudit. antiq.) plufieurs
deflins de figures, qui portent des bulles.
On en voit une mieux exprimée lur utt bas-relief
de la villa Pamfili, que Winkelmann a publié &
expliqué dans fes. Monumenti inediti , n°. 189!'
Bulles. On donna ce nom^aux fceaux du
moyen âge. Voye^ Sc eau x .
B u l l e s d e s p a p e s - On défigne fous ce nom
les lettres de la chancellerie romaine , fcellées en
plomb , qui répondent aux édits, lettres-patentes,
provifions & autres ordonnances des princes fe- i
culiers. La différence qu’il y a entre les bulles , -
les brefs & les antres referits apoftoliques, eft
que ces derniers ne font fcellés qu’en cire 8c
avec l ’anneau du pêcheur ; tandis que les premières
le font toujours en plomb. Comme les
bulles des papes forment la luire d aétes du moyen
âge., la plus longue & la plus intéreflante qui
exifte par rapport à l’Hiftoire & a la Diplomatique
, nous nous croyons obligés d en faire un
article, très-étendu. Malgré les anathemes lancés
par les papes contre les fauflairés qui oféroient
contrefaire ou falfifier leurs bulles , il y a plufieurs
de ces aétes que les Diplomaties ont rejetés
d’après certains principes 8c certaines règles
convenues. Nous allons inférer ici ces règles telles
qu’elles ont été réformées par les favans Bénédictins,
auteurs de la nouvelle Diplomatique.
Nouvelles règles générales fur les bulles des
papes•
Corollaire. Il doit exifter p eu, ou point de
bulles faufles en original.
II. Les papes fuppofent & déclarent même
dans Xtms^bulles, qu’il eft ordinairement aifié de
difçerner les faufles des véritables , 8c de reconnoître
I. Il n’eft pas vraifemblable qu’ il exifte encore
en original quelqu’ancienne bulle faillie. Voyez
Réflexions fur les régies & L.'ufàg'e de la. Critique
du P. Honoré de Sainte-Marie• Tome 2. pages
182. 283,
les falfifications qu’on y auroit commifes.
III. Il eft plus facile de conftater la faufleté
des bulles anciennes, que de celles qui font récentes,
lorfque celles-là n’ont pas été fabriquées
par des impofteurs contemporains.
IV. Il n’eft ordinairement pas difficile de ma-
nifefter la faufleté des bulles , même récentes.
V. Toutes lés bulles faufles ne font pas fup-
pofées.
VI. On ne doit pas préfumer le faux dans les
bulles y qui n’accordant que des grâces ordinaires #
s’obtiennent aifément.
VIL II n’eft point de bulle fauffe qui ne
puilfe être convaincue , foit par le fty le , foit par
la forme de l’écriture, foit par la qualité du
parchemin.
VIII. Le fceau, le fil, le parchemin & le ftyle,
peuvent également prouver la vérité 8 c la faufleté
d’une bulle.
IX. Ce n’eft pas une règle fûre pour tous les
fiècles , que les évêques foient toujours traités ,
dans les vraies bulles , de frères par les papes ,
8c que ceux-ci n’ufent jamais du pluriel, en
adreflant la parole à une feule perfonne,
X . -Une faute groflière contre ta bonne latinité,
peut bien rendre une bulle nulle } mais elle ne la
convainc pas de faux.,
XI. Des textes, même âe l’Ecriture-fainte, mal
cités, ne fuffiroient pas pour prouver la faufleté
d’ une bulle.
XII. Des bulles poftérieures aux loix qui
i preferivent qu’on y emploiera ou qu’on n’y mettra
! pas en ufage un certain ftyle , peuvent être nulles
pour s’êrre écartées de ce ftyle, ou pour ne l’avoir
point fuivi} mais d'en prendre occafion de les
traiter de fauffes , c’eft quelquefois un parti qui
n’ eft pas foutenable.
XIII. Une bulle qui fe trouve dans le regiftre
du pape, dont elle porte le nom, doit paffer
pour inconteftable. Gibert, Corp. Jur. Canon, t,
I. p. 469. n. 9.
XIV. Les bulles inférées dans les colle&ions
authentiques, doivent être reçues comme authentiques
elles-mêmes , indépendamment de tout
examen.
j XV. On n’eft point en droit d’ exiger la repré-
Tentation des bulles en original, & de rejeter
leurs copies authentiques , fous prétexte qu’on
ne peut vérifier fur celles - ci les règles établies
par les conftitutions pontificales, pour faire le
difeernement entre les bulles vraies 8c faufles.
XVI. L’anriquité des privilèges d’exemption
accordés aux abbayes, même fans aucune réferve,
I »’eft point un moyen légitime de fufpicion.