
13Î A M B
«le fa naiffance & de fon bien, menoit à fa fuite
un grand nombre de clients 8c d’ambacles. Eorum,
Ut quifque ejl genere, copiijque amplijfimus , ita
plurimos circum Je umbactos , clienteJque habet. (De
Bell. Gall. Vf. 14).
AMBARVALES * fête & cérémonie des Romains.
Ils les célébroient pour obtenir des dieux
une récolte avantageufe. On immoloit une géniffe,
une truie • pleine , " & une brebis 5 ce qui fit
appeler ce facrifice fuovetaurilia. La vidtime étoit
promenée autour des champs 5 de-là vint le nom
dJambarvales J ajnbire arva.
Caton (de re rufiicâ, c. 142) nous a confervé la
prière qui accompagnoit le facrifice : Mars pater
te precor y quafoque , uti fies -voient prupitius mihi 3
domo y familiaqne nofir&, quoi us rei ergo agrum y
lerram 3 fundumque meurn jolitaurilia circumagi
jujfi : ut tu marbos vifos y invifofque 3 viduertatem y
-vaflitudinemqtie , ealamitates 3 in.temperanti.afque
prohibejfis y defendas, avèrruncefque , utique tu fru-
ges y frumenta , vineta , virgultaque grdndire , bo-
naque evenire (inas : pafiores 3 pecuaque falva fer-
vajjïs , duifque bonam falutem valetudinemque mihi,
domo y famili&que nofirs. Harumce rerum ergo fundi ,
terre. 3 agrique met luflrandi 3 lufirique faciendi ergo 3
ficut y dixiy macle hifee Jolitaurilibus laftentib us
immolandis efio.
» Mars puiffant* je te.prie & fupplie d'être
favorable à m oi,. à ma maifon & à ma famille :
c ’eft à ce deffein que fai fait promener autour
de mes champs 8c de mon habitation les vidtimes
facrées. Je te prie encore d'éloigner les maux
▼ ifibles ou inviiibles, la viduité, le fer ennemi ,
les calamités & les tempêtes ; de biffer croître
& mûrir les fruits, les grains , les vignes & les
bois. Conferve fains faufs 8c les pafteurs 8c le bétail
; & donne-moi la fanté & le bonheur* aînfi
q u à mes gens & à ma famille. Dans cette vue^
que l'on immole les vidlimes pleines * afin que
mes terres & mes champs foient purifiés &
fandtifiés. »
Tibulle fait une prière différente de celle de
Caton., f //» 1 . 1 ) :
Quifquis- a défi ffaveat : fruges tufiramus. & agros 3
. / Ritus ut a prifeo traditus extac avo.*
E t n. 17 :
DU patrïi y purgamus agros 3. purgamus agrefies,
Vos mala de noftris pellïte limitibus.
On en trouve encore une troîfiêmedansFeftus,
au mot pefefias i avenus morbum , mortem3 labem3
nebulam 3 impetigiriern 3 pefeftatem. *> Ecarte la maladie
, la m or t, les calamités * les orages A les
Incendies, & la pelle. »
La cérémonie des Amba'rvales étoit célébrée
par chaque père de famille* & par le peuple Romain
lui-même, qui purîfioit par ce facrifice toutes
les limites de fon territoire * dans le tems où elles
accolent pas éloignées de Rome de plus de
A MTî
cinq à fix milles. Les Freres Arvales marchoicns
alors à la tête du peuple, couronnés de chêne, 8c
conduifant trois rois les vidtimes autour du domaine
de la république. Virgile a décrit les Ambarvales
dans le premier livre des Géorgiques*
vrs 343 :
Cuncla tibi cererem pubes agrefiis adofet :
Cui tu labié favos , & miti dilue Baceko ,
Terque novas circum fe lix eat hofiia fruits ,
Omnis qttam chorus & focii comitentur ovantes *
Et Cererem clamore vocent in tetta , nec ante
Falcem maturis quifquam fupponat arifiis ,
Quam Cereriy tortaque redimitus tempora quercu,
Det motus incompofitos y & carmina dicat.
■ Le jour où l’on célébroit les Ambarvales étoit
un jour depiaifir. On honoroit Cérès & Bacchus*.
en danfant 8c en chantant des Hymnes en leur
honneur. Quel étoit ce jour ? Ronnus croit qu'il
n’y en avoit aucun défigné à cet effet ? mais qu'on
ne manquoit jamais de les célébrer dans l’année.
Caton femble infinuer que la célébration en étoit
absolument volontaire.
Quelques écrivains difent que les Ambarvales
fe célébroient deux fois l'année , à la fin de janvier
ou au mois d'avril, 8c au mois de juillet* Cette
dernière époque s’accorde avec le tems de la
maturité desmoiffons, maturis arifiis , dit Virgile
dans l'endroit des Oéorgiques cité plus haut.
D'ailleurs Ovide qui a décrit les fêtes, des fix
premiers mois de l'année, n'a point parlé des
Ambarvales. Elles nefe célébroient donc pas avant
le mots de juillet.
AMBASSADEUR. Avant d’extraire les ufages
des Grecs 8c des Romains relativement aux Am-
baffadeurs , nous ferons deux obfervations qui
jetteront un grand jour fur cet article. i ç . Les
Anciens n’ont connu que les ambajfadeurs extraordinaires
j 8c l’on ne trouve chez eux aucun vêftige
de ces ambajfadeurs ordinaires , que la politique
moderne à créés depuis trois fiècles , & qui réfi-
dent fans ceffe à la cour du prince auquel ils font
envoyés.
20. Dans le premier âge de chaque république
8c monarchie * les héraults ont fait fong-tems les
fonctions àtambajfadeurs : & même ces derniers
ne furent refpe&és depuis, que par égard pour
le herault facré qui les accompagnoit toujours;
C'eft pourquoi les plus anciens écrivains ont rarement
diftingué dans leurs récits les héraults des
ambajfadeurs.
Ces derniers étoient connus chez les Grecs fous
le nom de nps<rùiç, & étoient choifis à Athènes
par les fuffrages du peuple. Ils étoient revêtus
quelquefois de pleins pouvoirs , & ne rendoient
point compte à leur retour de leur geftion : on
les appelait irparOEas AoTodpeiTopîs. Mais pour 1 ordinaire
on examinoit rîgoureufement leur conduite
, & l’étendue qu'ils avoient donnée à leurs
pouvoirs. Le tréfor public les défrayoit pend^ft
A M B
le tems de Yâmbafade. On leur donnoit par jour
deux dragmes, deux livres, du tems d Auito-
phane. ( Acarn. abl. 1. Sp. l ) . . 1
Lorfqu’un ambaffadeur des Athéniens avoir mérité
par fes fervices l’approbation du peuple, le
fénat lui donnoit un repas public dans le rry-
tanée. (Dcmojlkenes & Ulpien, Oral, de fais. Leg).^
On impofoic au contraire une forte amende a
celui dont la conduite avoit mécontente le peuple.
La mort étoit la punition du citoyen allez téméraire
pour avoir fait les fon&ions d aùibajfzdeur
fans l'aveu du peuple ou du Sénat. (Démojl. ioidpi j
Les ambajfadeurs des Grecs , étoient toujours
accompagnés d'un hérault , , pour rendre ,
leurs perfonnes facrées. Auffi Homere , félon, la
remarque d’Euftathe, ( in ïhoed.) fait-il toujours,
précéder par cet officier les ambajfadeurs qu'Ulyffe
envoie dans fes aifférens voyages, pour connoitre
les pays & les nations auprès defquels les vents
l’ont conduit : tous les peuples les refpeéterent,
excepté les iéftrygons, les cyclopes, & les autres. ;
hordes fauvages qui n'avoient aucune civilifation-
Le même roi d Ithaque fut envoyé avec Mene-
las à Troy e, pour redemander Hélène, & pour
éviter ce fiège non-moins célèbre par fa duree,
que par fés fatales fuites. On voit par ce choix
de deux princes illuftres., que l’on cherchoir a
concilier aux ambajfadeurs le refpeél: & la confiance,
en les prenant dans la claffe des hommes
diftingués par le mérite: ou par la naiffance.
Quoiqu’on fe permit quelquefois de les molefter
par des reproches trop vifs , ou par des railleries
infultantes , leur perfonne..fùt toujours facree ,
& fur ce point les loix divines & ^humaines
étoient parfaitement d'accord dans l'antiquité.
Hérodote ne raconte qu’avec horreur le crime des
Lacédémoniens, qui maffacrèrent les ambajfadeurs
«de Xerxès* & fes fuites terribles. Depuis cet
attentat contre le droit des gens , les dieux irrités
n’agréèrent plus aucun facrifice, aucune prière de
ce peuple inhumain.
Touchés de repentir, les Spartiates envoyèrent
à Xerxès deux de leurs citoyens les plus diftingués
, afin qu’ il lavât dans leur fang l’injure qu'il
avoit reçue. Mais ce roi, que les Grecs vains &
dédaigneux appeloient un barbare , ne leur fit
aucun mal. A Dieu ne plaife, leur dit-il entr'au-
tres reproches,.* que je partage la honte dont fe
font couverts vos concitoyens, en imitant leur
cruauté ! après quoi il les laiffa partir fains &
faufs. Le c ie l, félon Hérodote , fut moins indulgent,
car'il envoya à Lacédémone une mortalité
cruelle qui enleva les enfans des meurtriers.
A tous les traits du caractère des Lacédémoniens
qui les diftinguoient fi fort des autres Grecs,
on peut ajouter l’attention, qu’ils apportoient a
choilir pour ambajfadeurs des- citoyens divifés par
des haines ouvertes. Ils efpéroient que- de tels
envoyés ne fe réuniroient jamais .pour trahir les
intérêts de leur; patïiç»
A M B 139
Dans le tems de leur fplendeur Sc de leur rivalité
, Sparte & Athènes fe faiibient une gloire d«
voir un grand nombre & ambajfadeurs venir demander
leur alliance & leur protection. C’étoit
à leur gré le plus bel hommage qu’on pouveit
leur rendre ; & celle des deux villes qui recevoir
le plus d 'ambajfi.des cr.oyoit triompher de fa rivale.
Les Romains adaptèrent les principes des Grecs‘
fur les ambajfaid.es & furies citoyens qui en étoient?
chargés. Ils leur accordoient le droit honorable?
de porter un anneau d’or ; & ils leur élevoiènr
une ftatue lorfqu’ils avoient été tués dans l’exercice
de. leurs fonéHons. Les ambajfadeurs des Romains
fecouronnoient ordinairement- de vervenne-
ou de branches d’olivier.*
En arrivant auprès de Rome, les ambajfadeurs
étrangers donnoient avis au fénat de leur venue.
Celui-ci leur envoyoit des députés pour en apprendre
la caufe 5 s’ils étoient ambajfadeurs des1
peuples ennemis, on ne leur permettoit pas d’entrer
dans Rome, de crainte qu’ils ne rexami-
naffent en efpions. Mais après les avoir tenus
renfermés dans, une maifon hors de l i ville, oiï
leur rendait la réponfe du fénat, & ils étoient
contraints de fortir fous-très-peu de tems de
l’Italie entière. Si au contraire ils étoient envoyés
! par des alliés , ou des peuples amis, des quelleurs'
venoient les recevoir hors de Rome , & les con-
; duifoient d’abord au temple de Saturne, pour
• les y faire in fer ire; & reconnoître par les gardes
î du tréfor public. .
Plutarque (Quefi. Rom. 42) demande pourquoi
; ils commençoient par vifiter ce temple. Les uns
: croyoient que c’ étoit à caufe de leur qualité
d’hôtes de la république , Saturne préfidant à
• l’hofpitalité. Mais l’hiftoire lui offre une raifon
; plus vraifemblable. Il ctoit d’ufage dans les pre-
: fniers fiècles de Rome, que les gardes du tréfor
public défrayalTent les ambajfadeurs , priffent foiiï
• -de leur fanté 8c de leurs funérailles s'ils mouraient
pendant leur féjour. 11 étoit donc nccef-
faire qu'ils commençaftent par fe faire inferire
fur. les regiftres des gardes du tréfor public au
temple de Saturne. Le grand nombre dé$ ambajfadeurs
étrangers qui arrivoient journellement
1 à Rome, fit retrancher depuis les fommes qu'on
fourniffoit pour leur entretien , fans que l’on
ceffât cependant de les mener au temple de Saturne
, & de les préfenter aux gardes du tréfoé
public.
De ce temple, on les conduifoît à l’audience
du Sénat, 8c ils en attendoient le moment dans
une faite bâtie à ce deffein auprès de la curie
. d’Hoftilius, 8c appelée Gr&cojlàfis. Le fénat leur
■ donnoit audience même dans le mois de février,
lorfqu'il en étoit requis par le premier magiftrat
de la ville , auquel les ambajfadeurs en formoient
la. demande. Etant introduits', ils parlaient par
j interprètes , même ceux qui étant Grecs auroient
[ pu s’expliquer dans leur langue naturelle, quft