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jactance, ion commentateur, l’ a expliqué comme
Servi us j (The b. i. 699. ) :
Seu Trojam Thymbr&us habes.
Apollon Tort or, ou bourreau. C’eft ainfî que
ron défîgnoit à Rome une ftatue de ce dieu, qui
etoit placée dans la rue où Ton vendoit des fouets
pour punir les efclaves.
Apollon Choc s. us , Heliopolitanus , Hyperborèus ,
Par&tonius , Sarpedonius , Sofianus 3 Tkufcani-
cus 3 &c. Ces furnoms expriment les endroits où
Apollon étoit honoré d’un culte particulier.
. Au relie j on trouve dans l’Antologie (/. i.c . 18)
une épigramme de vingt-cinq vers, dont vingt-
quatre ne font compofés que d'épithètes à'Apollon
3 rangées félon l’ordre alphabétique des vingt-
quatre lettres grecques. On peut les lire, & con-
lulter suffi les liftes des noms & Apollon publiées
• par Béger.
Apollon reçut la lyre de Mercure 5 car il n’en
eft point l’inventeur. L’hymne de Mercure, qui
porte le nom d’Homère, fait honneur de cette
invention au fils de Mata. Polydore Virgile, en
attribuant, malgré ce témoignage, l’invention de
la lyre a Apollon3 y ajoute celle de la flûte, que
d autres mythologues donnent à Minerve.
Cicéron diftingue quatre Apollons ; ( de Nat.
deor. 2. j j ). le premier & le plus aucien fut le
gardien d’Athènes ; le fécond, fils d’ur.e Cory-
bante, naquit en Crète ; le troifième fut fils de
Jupiter & de Latone. Eufèbé allure que ce dernier
étoit le plus ancien des trois. Le quatrième
enfin, né en Arcadie, donna des loix aux Arca-
diens, qui le furnommèrent No mi us ou légifla-
teur. Apollon étoit, fous un certain afped, le dieu
Horus des Egyptiens. Voye^ ce mot.
. La cigale, le coq , l’épervier, l’olive & le laurier
étoient confacrés à Apollon.
Les artiftes anciens repréfentoient conftamment
fous les mêmes traits le fils de Latone, ainfî qu’ils
le pratiquoient à l’égard des autres divinités. Ils
travailloient tous d après un modèle convenu,
& Winkelmann nous l’a retracé dans cent endroits
de fes favans ouvrages. L ’idée la plus relevée que
l’on puifTe fe former de la jeuneffe idéale de
1 homme , eft parfaitement exprimée dans les
figures üApollon. Il réunit la force de l’âge mûr
à la délicatefle des formes de la belle jeurieflfe.
Ces formes font grandes & annoncent un adolef-
cent né pour exécuter des defleins généreux : ce
ne font pas celles d’un favori de Vénus, accoutumé
à la fraîcheur des ombrages, & élevé par
cette déeffe, comme dit le poète Ibicus, fur
des lits de rofes. Auffi Apollon étoit - il regardé
comme le plus beau des dieux. Sa jeuneffe eft i
brillante de fanté , 8c fa force s’annonce avec
douceur, comme l’aurore d’un beau jour.
Cette beauté des formes donne à Apollon une
grande reffemblance avec Bacchus. On la trouve
fur-tout dans Y Apollon du capitole, qui s’appuie
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nofichalammeftt contre un arbre, ayant un cigne
à fes pieds ; car il y a quelques ftatues d‘ Apollon
dont les traits ne s’élèvent pas à la hauteur du
modèle que nous avons efquiffé plus haut, &
que la defcription fuminte mettra dans tout fon
jour. Elle eft du célèbre Winkelmann..
De toutes les productions de l’art qui ont trompé
la fureur du te ms, la ftatue & Apollon placée au
Belvédère du Vatican, eft, fans contredit, là plus
étonnante. L’artifte a conçu cet ouvrage d’après
un modèle idéal, & n’a employé de matière que
ce qui lui étoit néceffaire pour exécuter fa penfée
& la rendre fenfible. Autant la defcription qu’Ho-
mère a faite d’Apollon furpaffe celles que les autres
poètes ont tracées d’après lu i, autant cette figure
Remporte fur toutes les figures du dieu. Sa hauteur
s’élève au-defïïTs du naturel, & fon attitude
eft pleine de majefté. Un printems éternel, pareil
à celui qui règne dans les champs fortunés de
l’Elyfée, revêt d’une aimable jeuneffe les beautés
males de fon corps, & brille avec douceur fur
la fière ftruCture de fes membres. Pénétrez dans
la région''des beautés qui n’ont point de corps;
créez, fi vous le,pouvez , une nature célelte ,
afin d’élever votre ame à la contemplation des
beautés furnaturelles ; car vous ne verrez ici rien
de mortel, rien qui foit fiijet aux befoins de l’humanité.
Des veines 11’ échaufFent point, des nerfs
n’agitent point ce beau corps ; mais un efprit
célelle répandu comme un doux ruiffeau, circule,
pour ainfî dire, fur toute là furface de cette
ftatue.
Ce dieu a pourfuivi Python, contre lequel il
attendu, pour la première fois, fon arc redoutable;
dans fa courfe rapide, il a atteint le monftre &
lui a lancé un trait mortel. De la hauteur de fa
jo ie , fon regard divin pénétrant dans l’infini,
s’étend bien au-delà de fa viéioire. Le dédain fiége
fur fes lèvres ; l’indignation qu’ il refpire gonfle
fes narines & s’ élève jufqu’aux fourcils. Mais une
paix inaltérable eft empreinte fur fon front, &
fon oeil eft plein de douceur, comme s’il étoit
dans le cercle des Mufes empreffées à lui prodiguer
leurs careffes.' De toutes les figures de Jupiter
| que l’art a enfantées & qui font venues jufqu’à
nous,.aucune ne nous offre le père des dieux avec
cette majefté qu’il montra lui-même au génie du
chantre d’Ilion, & que nous trouvons ici dans les
traits $ Apollon.
T elle que Pandore, cette figure réunit feule toutes
les beautés propres aux autres dieux. On reconnoît
fur ce front la déefiTe de la fageffe que renfermoit
le front de Jupiter": le mouvement des fourcils eft
l’interprète des volontés du jeune dieu ; l’orbite
ceintrée de fes yeux renferme les yeux de la reine
des déeffes; & cette bouche, eft la même quï
infpira l’efprit prophétique au jeune Branchus.
Semblables aux tendres rejetons de la vigne, fes
beaux cheveux flottent mollement à l’entour de
fa tête divine, comme s’ils étoient agités par
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rbaleine des zéphirs légers. Ils femblent parfumés
de l’ambrofie célefte, & attachés^ négligemment-
fur le fommet de la tête par les mains des Grâces.
A la. vue de ce prodige, j’oublie l’univers entier;
je prends moi-meme une attitude-plus noble pour
le contempler avec dignité. De l'admiration je
tombe dans l’extafe. Saifi de refpeét 3 je fens ma
poitrine qui fe dilate & s’élève; telle s’enfle la
poitrine de ceux que remplit l’efprit prophétique.
Je fuis tranfporté à Délos, dans les bois facres
de la Ly cie, lieux divins qa Apollon fanélifioit
par fa préfence ; car la beauté que je contemple
paroît s’animer, comme la nymphe formée par
le cifeau de Pigmalion. Comment pouvoir te décrire,
ô inimitable chef-d’oeuvre! Il faudroit que
l’art même daignât m’infpirer & conduire ma
plume. Les traits que je viens de crayonner, je
les dépofe à tes pieds : ainfî les mortels^ refpec-
tueux qui ne peuvent s’élever jufqu’à la tête de la
divinité qu’ils révèrent, dépofent à fes pieds les
guirlandes dont ils brûloient d’envie de la couronner.
Rien ne cadre moins avec cette defcription, &
fur-tout avec l’expreffion divine qui règne fur le
vifage & Apollon, que l’idée de l’évêque de Spence
(Polymet. dial. 8- p. 97). Il croit reconnoïtre dans
cette ftatue Apollon Chajfeur. Cependant, fi la
victoire fur le ferpent Python ne paroiffoit pas
affez giorieufe, on pourroit y fubftituer la de-
faite du géant Tytie. Cet orgueilleux fils de la
Terre ayant voulu faire outrage à Latone, excita
l’indignation d'Apollon, q u i, à peine forti de
l’adolefcence, attaqua le redoutable monftre &
le perça de flèches, pour venger l’honneur de
fa mère. Et t o i , fille de Tantale, malheureufe
Niobé, fi ta fatale métamorphofe n’avoit change
tes membres en rochers infenfibles, tu frémirois
peut-être à plus jufte titre, en voyant le redoutable
vengeur de Latone outragée par tes fuperbes
mépris, & le meurtrier de ta nombreufe famille!
L’admiration & l’enthoufiafme dans lefquels
jette la vue du bel Apollon du Bel-védere , doivent
céder un inftant à l’examen de quelques objets
relatifs aux détails de l’art. Ses pieds, ainfî que
ceux du Laocoon, d’un grand nombre de ftatues
grecques & des ftatues égyptiennes du capitole,
font d’une longueur inégale. Le pied qui porte le
corps eft fenfiblement plus long que l’autre i &
cette inégalité eft motivée par les règles de la
perfpèétive; L’artifte a voulu donner au pied
placé en arrière, ce qu’il pouvoit perdre par les
fuyans.
On a écrit que la ftatue de Y Apollon du Belvédère
étoit de marbre de Carrare, ainfî que les
plus belles ftatues de Rome. De-là on concluoit
que ces chef-d’oeuvres n’étoient que des copies,
belles à la vérité, de pareilles ftatues grecques;
parce que les Grecs n’ont point connu les marbres
de-Carrare. Ce raifonnement, qui dépouilloitRome
d’originaux, pour ne_lui laiffer que des copies,
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a été détruit par M. Vifcontiû éditeur du rnufcum
Pio - Clémentin. Il a publié _ un certificat tres-
; authentique de deux anciens infpeéteurs des car-
! rières de Carrare, qui, après avoir examine atten-
tivement le grain du marbre dont eft fait 1 Apollon
du Belvédère, & fur-tout dans les endroits rompus
ou éclatés, ont affiné qu’ils y reconnomoient
diftinéiementle marbre grec, fans y pouvoir trouver
aucune reffemblance avec celui de Carrare.
Voilà donc le cara&ère précieux d’origmalite rendu
à-cette belle ftatue, qui fut trouvée dans les
fouilles de l’ancien Antium, lieu célébré par les
prodigieufes dépenfes qu’y fit Néron, a caule
qu’ il l’avoit vu naître. ,
La plus belle tête d'Apollon apres celle du
Belvédère eft, fans contredit, la tete d une figure
affife de la Villa-Ludovifi , plus grande que le
naturel. L’air de tête de cette figure bien con-
fervée, annonce un dieu bon & bienfaifant. Cette
ftatue mérite auffi une remarque particulière au
fujet de l’attribut quelle porte : c’eft une houlette
recourbée , appuyéye contre la pierre fur laquelle
elle eft affife. L ’artifte a voulu par-la deiigner
Apollon Pafleur3 Nomios, & la vie paftorale de
ce dieu chez Admète. ..
La coèffure des adolefcens, garçons oc nlies,
(appelée chez les premiers Kp«/3uMs, crobyhis, 0c
chez les autres Kopu^o?, corymbus , corymbium )
ordinaire aux têtes à’Apollon 3 les a fait mecon-
noître quelquefois. Cette coèffure, commune aux
Amazones, aux ftatues de Diane & a toutes les
figures adolefcentes, a fait nommer Bérénice un
beau bufte de bronze d’Herculanum, tandis qu il
appartient évidemment à Apollon. x
On peut reconnoïtre quelquefois ce dieu a une
attituae qui lui eft commune avec Bacchus ; ils
ont les jambes croifées. Bacchus & Apollon, feuls
de tous les dieux, font ainfî figures dans quelques
ftatues, pour exprimer la vive jeuneffe du fécond,
& la douce molleffe du premier ; car cette attitude
étoit affeétée aux héros en repos, aux per-
fonnes affligées, & à celles dont la molleffe étoit
paffée en proverbe. On la remarque aux deux
Apollon SauroÜonos, en marbre , de la
Borghèfe; au même Apollon3 en bronze, de la
Villa-Albani, à .l’un des Apollons du Capitole,
& c . &c.
Quoique les anciens artiftes ayent cherche a
donner aux têtes d’Apollon toutes les grâces de
la jeuneffe, ils ont rarement placé fur fon menton
une foffette, cet agrément convenu de quelques
beautés particulières, & jamais de la beaute
idéale. On ne la voit point à Y Apollon du Belvédère.
Un feul Apollon l’offre à nosyeux; c’eft celui
qui eft confervé au Collège Romain : il eft de
bronze, & plus grand que le naturel.
Noiis ne parlons pas de Y Apollon de la Villa-
Négroni, qui eft de l’âge & de la grandeur d’un
I jeune homme de quinze ans. 11 peut etre ;.mis •
I au nombre des plus-belles figures de jeuneffe qui
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