Les bains de rivière terminoient les exercices
dtt Gymnafe, & à Lacédémone les fi lies y entroient
avec les garçons. Théocrite (I d y l l . n . v . i x : )
a coufervé la mémoire de cec étrange ufags 5
mais il en a accompagné la defeription du mot
ùuipiçt 3 a la maniéré des hommes , pour faire
voir qu’il tenoit à l'éducation male que l’on
donnoit aux filles de Lacédémone. .
On regarda pendant long-tems l’ufage des bains
chauds j comme la marque de la mollefife 8c de
la corruption des moeurs. Homère (Odyff. d i t
des PhéaciëriSqu’ils n’aimoient ce ne recherchoient
que le luxe, des,habits , les bains chauds & les
beaux lits de table, c’eft-à-dire , le luxe des feftins :
Eifsttrtt r t%qfiot*cty Aetrpet r s S-epf&ct, k m suvut.
L ’ufagfc n’en devint général & public en
Grèce j que peu de terni avant Athénée, c’eft-
à-dire , vers le premier liècle de l’ère chrétienne,
(lib. I. c. 14).
Nous renverrons à l’article dés Thermes l’ énumération
des différentes parties qui compofoient
cette efpèce de bains 3 devenus 'fi vaftes 8e lï
magnifiques.
Les premiers Romains fe baignoient dans le
Tibre après les exercices du champ de iMars.
Bientôt ils eurent dans leurs maifons des bains
particuliers, qu’ils défignoient fous le nom de
balneum. Ceux qui n’ avoient point de maifon en
propre , allaient à des bains publics appelés Bali-
Mt i , dont la fîtnplicité étoit bien éloignée de ce
luxe étonnant, qui éleva & décora les thermes
fous les empereurs.
Les bains publics étoient ordinairement diftri-
bués en plufieurs appartemens qui formoient di£
férens bains. Leur prix du^tems d’Horace étoit
très-modique, un liard de notre monnoie actuelle,
{Sac. 1. 5. 137.):
D u m t e q u a d r a n ts la v a tum
Rex ibis.
Les en fans ne payoient rien ; ce qui les a fait
défigner par cette exception dans une fatÿre de
Juvénal ;
N e c p u e r i e r e d u n t , n i f i q u i n o n d um Are la v a n tu r .
Un qurdrans étoit le prix modique réglé pour la
multitude, qui fe baignoit, fe frottoit & s’ef-
fuyoit elle-même , fans l’aide d’ aucun valet. Mais
il y avoit des prix plus considérables pour les per-
fonnes ai fées , qui étoient fervies par les valets des
bains.
11 n étoit pas permis d’entrer dans les bains
publics à toutes les heures du jour ; on ne
pouvoir y entrer qu'à de certaines heures annoncées
par une cloche dans les thermes. Martial
parle de ceue cloche, (14- 16$. 1 .) ;
Redde pilam : fonat es thermarum, ludert pergis f
Virgine vis folâ lotus abire domum.
Vitruve dit en général que l’on fe baignoit depuis
midi jufqu’au l o i r Tempus lavanai à mtridiano
ad vefperam efi confiant um. Hadrien défendit d’ouvrir
les bains hors les cas de maladie," avant là
huitième heure,.entre deux & trois du foir i Ante
oliavam horam in publice , neminem hiß Agr uni
làvàrï juftum ejfe. Cette heure varioit cependant
félon les faifons : c’étoit la huitième dans, l’ été,
& la neuvième dans l’hiver : Efi autem hyeme nonat
sfiite octava, dit Pline (epifi. u l . 1). Comme le
£-zf/z • précédoit ordinairement chez les Romains
le grand repas qu’ ils faifoient au coucher du fo-
le il, 8e que leurs heures étoient plus longues où
plus courtes, fuivant la longueur des jours ou
leur brièveté, l’heure des bains devoit être variable.
On peut cependant leur afïîgner en\général
la neuvième, entre trois 3e quatre heures du foir.
On les fermoir au coucher du foleil. Lampride
dit : Ciim. . . . ante Jolis occafum clauderentur.
Alexandre-Sévère permit d’ouvrir les bains pendant
les nuits d’été, & il fit la dépenfe des lumières
pour les éclairer.
Commode entroit fept fois par jour dans le
bain, & y mangeoit. Les plus fages fe conten-
toient d’un feul bain par jour ; 8e il fuffifoit pour
des hommes q u i, ne faifant point ufage de linge.,
portaient des tuniques (chemifesl de laine. C’étoit
ordinairement avant le repas qu’ils fe baignoient-
Les gourmands, qui fentoient leur eftomac trop
chargé de viande, y retournoient quelquefois
après le repas. Juvénal leur reproche cet excès ,
8e leur montre la mort fubite comme la jufte Se
prompte punition de cette recherche volup-
tueufe :
Poena tarnen pr&fens , ciim tu deponis amifturk
Turgidus , & crudum pavonem in balnea portas.
Hinc fdbitA mortes, atque intefiata feneclus.
Ceux des Romains qui vöuloient capter la bienveillance
de leurs .concitoyens, faifoient' bâtir
des bains publies , afïignoient des fonds pour
leur entretien, 8e les ouvroient gratuitement
au peuple. Mecène, félon Dion, bâtit le premier
bain public. Agrippa feul eh ouvrit cent
fojxadte-dix ; & l’on ne doit plus^ être étonné
après cela de voir dans Publius Yiélor qu’ il y
avoit dans Rome jufqu’à huit cents bains publics.
On en laiffoit à fa ville par teftament ; 8e les
jurifconfultes romains font mention de cette munificence
de Scævola , habitant de Tibur. (L ex
P a t r o u u s 3 y. ultim. de Leg. 3 ) . D’autres les
farpaffèrent encore 8e fondèrent des bains gratuits
pour les étrangers 8c les voyageurs. Les- deux
inferiptions fuivantes en font foi. La première
eft à Rome :
L. OCTAVIO. L. F. CAM »
RUFO.. TRIB. MIL. LE G. IIII
SCYTHICÆ. PR.ÆF. F A BR
BIS. DUOMVIRO. QUINQ. EX
S. C. ET D. D. AUGURI. EX. D. D.
CREATO
QUI. LAVATIONEM. GRATUITAM
MUNICIPIBUS. INGOLIS
HOSPITIBUS. ET. AD Y ENTORI BU S . . . .. • ;
La fécondé fe trouve dans Zagarollus :
C. AURUNCEIUS, . . .
• COTTA
COLONIS. INCOLIS. HOSjpTT. . . .
ADVENTORIBUS. SF.RVISQUE.
EORÜM ;
LAVATIONEM. EX. SUA. PECÜNIA
GRATUITAM.. IN. PERPETUÜM
DEDIT
Le bain gratuit étoit au nombre des largeffes
que les empereurs faifoient au peuple dans les ré--
jouiffaiices publiques j mais aufli dans lés calamités
publiques,. on lui retranchort cette commodité,
ainfi que le plaifir des fpeélacles.
On peut.affurer généralement qu’ à Rome, dans
les-premiers tems, les bains des hommes étoient
féparés des bains des femmes. Varron 3 (de Ling.
Latinâ 8. 4 2 . . ) ; : Ibi çonjedit 3 ubi bina' ejfe.nt Con-
junBa Adificia lavandi caufâ : unufn, ubi v ir i,,
alterum ubi mulieres lavarentur / & Vitruve y
( j . IO.)- : Ubi caldaria muliebria viriliaque coh-
juncta y & in iifdem regîonibus fint collocata. Il y
en avoit cependant qui fervoient alternativement
aux deux fexes. On peut le conclure d’un difeours
de Gracchus ,. extrait par Aulugelle,. (10. 3.) :
■Nuper leanum Sidicinum conJuTvenit : uxorem
dixit in balneis vïrilibus lavari velle. Qusftori
Sidicino à Mallia datrnn efi negotium j uti balneis
exigerentup , qui lavàbantur. Tout s’vpaffoit alors
avec modeftie, & l’on adroit rêgardé comme un
attentat contre l’honnêteté publique, de voir
quelqu’un paffer dans un deftiné au fexe
différent du lien. Les enfans pubères ne fe bai-
gnoient même jamais-avec leurs pères , ni les
gendres avec leurs beaux-pères. Les gens qui fervoient
dans chaque bain3 étoient du fexe auquel
le bain étoit deftiné.
Mais quand le luxe & la vie voluptueufe eurent
banni la modeftie, & que la débauché fe fut
gliffée dans toute la ville, les bains n’eri furent
pas exempts. Les femmes s’y mêlèrent avec-les-
nommes., 8c il n’y eut plus de diftin&ion- y plu-
fieurs perfonnes de l’ un & de l’ autre: fexe n’y
alloient même que pour fatisfaire- leur vue.,, ou
poux caches leurs: intrigues. ils y menoient. des.
efclaves ou des fervantes pour garder les habits.
Les maîtres des bains en louoient à ceux qui n en
avoient pas amené j 8c iis s’efforçoient cl en
avoir de plus belles que les autres maîtres de.
bains, ' afin d’attirer la foule chez eux. Tout ce
que les magiftrats purent oppofer d’abord à ce
dérèglement, fut la défenfe de fe fervir de femmes
ou de filles pour garder les habits ou pour rendre
les autres ferviees. aux bains, fous peine d’être
noté d’infamie. Mais l’empereur Hadrien défendit
rigoureufement ce mélange honteux d’hommes
8c de femmes. Il fit féparer les bains pour les
deux fexes j lavacrapro fexibus feparavit, dit Spar-
tie.n 5 c’eft-à-dire , qu’il leur afligna des bains dans
des bâtimens ou des quartiers féparés.
. Ce'règlement fut de peu de durée; car Marc-
Aurèle rétablit la diftin&ion des bains, lavacra
mixta fûmniovic. On vit fubfifter. cette loi fage
jufqu’au luxurieux Elagabale ,. qui permit aux
deux fexes l’ufage des mêmes bains. Mais Alexan-
dre.-Sévère rétablit de nouveau l ’ordre 8c la décence;
8c l’on ne trouve plus depuis de règlement
relatif aux bains.
Les bains des particuliers devinrent, fous les
empereurs, des objets de luxe 8c de recherches„
ainfi que les thermes. Lesftatues, les colonnes,
n’y étoient pas épargnées. Sénéque (epifi. $6 ..) :
Quid cii-m ad balnea libertinornm pervenero ? Quan-
tiim flatuarùm efi y quantum columiufrum efi , nihil
fufiinentium, fed in ornamentum pofitarum Q? im-
penfit. caufq ! On en couvroit les murailles de peintures
précieufes, de. marbres rares, 8c même de
, môfaiques. Sénèque reproche encore ce luxe à
fes concitoyens,, ( ibid. ) Pawper fibi videtur as
fordidus , nifi parietes magnis 6’ pretiojis orbibus
refulferunt ; nifi Alexandrina marmora Nulttidicis
crufiis difiinctd funt ƒ nifi illis undique operofa & in
piclur& modum variât a circumlitio prAtexitur..
Symmaque (epifi. 6 . 50.) : In minoribus balneis-
pijcinalem piÜuris potius, qudm mufivJ excoli
non probavi. U Antiquité expliquée du P.. Mont-
faucon , 8c fon. Supplément,. nous offrent des
reftes de bains qui juftifient ces plaintes de Sénèque
8c de Symmaque. Ils o n t, à la vérité, appartenu
aux Auguftes, puifqu’ ils font fitués fur le
mont Palatin ; mais on fait que ceux des riches;
citoyens ne leur cédoient point en magnificence..
Les femmes s’y fervoient de fiéges d’argent 8c de-
baignoires de même métal : Argenta feminA lavantur
, & nifi. argentea■ folia fafiidiunt,. Pline
({3,3>c. 2 ). ^ .
Les Romains répandirent dans toute TEurope
ce goût pour les bains 8c pour les mofaïques ,
auquel nous devons ces reftes précieux que l’ont,
trouve journellement dans prefque toutes les villes
anciennes, dans celles d’Angleterre même.
Pendant q u e l’on prenoit le .bain-, on fe tenoit:
dans un repos parfait. Quelques écrivains mécli-
, toient alors leurs compofitions. Suétone JAug\.
r ê, 8y. a.. 5;. ) parle d’ un petit recueil d’épigranagiesi