
4.8 A C H ’
Gric.j tab. v i ) . De plus, les boeufs à face humaine
que nous voyons fur plufieurs médailles de
la grande Grèce, de qu’on dit aufli fe rapporter
au fleuve Achèloiis, diffèrent les uns des autres}
enfin, .on en voit fur des médailles de Gélas en
Sicile, &:c. qui font repréfenté.s feulement à mi-
corps. Parmi tous ces types divers, s’il fal]oit en
choifir un pour le fleuve Achéloüs, ce pourroit
être celui de la médaille du peuple qui habitoit le
pays fîtué à l’embouchure de ce fleuve} o r , il eft
confiant que ce type diffère de celui des médailles
de Naples, de celles de N o ie , & de quelques
autres villes de la grande Grèce. Enfin, le type
qui devoit être regardé comme le plus propre à
défigner le fleuve Achéloüs, , eft, fans contredit,
celui des médailles d’Acarnanie & de la ville ^de
Tkyroeum, où la figure eft repréfentée avec une
feule corne. D’ailleurs, comment concilier la défaite
de ce fleuve avec les monumens fur lefquels
le bceuf à face humaine eft repréfenté couronné
par la Victoire ? » Concluons avec les favans éditeurs,
que le fleuve Achéloüs n’eft point repréfenté
fous l’emblème de ce boeuf, & que ce monftre eft
l ’emblème de la fertilité de certains pays. V. Bceuf
a face humaine.
ACHÉMENIS, plante dont Pline fait mention,
à laquelle la fable attribuoit la vertu de jeter la
' terreur tjans les armées.
ACHEMON ou Ac h m o n . V. M é l a m p y g u s .
ACHERON, fils de Titan & de,la Terre, eut
tant de peur des géans, qu'il fe cacha fous terre,
8 c defeendit même jufqu'aux enfers, pour fe dérober
à leur fureur. D'autres difent que Jupiter le
précipita dans l’enfer, parce que fon eau avoit
fervi à étancher la foif des titans. Selon Bocace ,■
Achéron étoit un dieu qui naquit de Cérès dans
Tille de Crète, & qui, ne pouvant foutenir la
lumière du jour, fe retira aux enfers, & y devint
un fleuve infernal. VAchéron étoit un fleuve de
la Thefprotie, qui prenoit fa fource au marais;
d'Achérufe, & fe déchargeoit près d'Ambracie,
dans le golfe Adriatique fon eau étoit amère &
mal faine, première raifon pour en faire un fleuve
r' d'enfer. 11 coule long-tems fous terre; ce qui a fait
dire encore qu’il alloit fe cacher aux enfers. Le nom
d‘Achéron a aufli contribué à la fable ; car Z%uc
tocs y veut dire fleuve de douleur. Rudbeck, qui,
dans fes Atlantiques, attribue à la Suède tout ce
que les anciens ont dit de quelque pays que ce
fo it, prétend que T Achéron, l'enfér, les chatnps-
élyfées font la Suède; il foutient que la manière
dont on rendait anciennement la juftice chez les
peuples du feptentrion, eft l'original d'après lequel
les poètes ont compofé toutes les deferiptions
qu'ils ont données de la juftice infernale, de Minos
& des autres juges.
A c h é r o n , autre fleuve du pays des Bruttiens
ou de la Calabre. Il donna lieu à une équivoque.
L ’oracle de Dodone ayant averti Alexandre, roi
des Moloffes, d'éviter ÏÀchéron, ce prince croyant
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qifit étoit queftion de l'Achéron de Thefprotie »
ne fongea point à s’éloigner de la ville de Pandofe ,
fituée fur les bords de Y Achéron , eu Italie, de y
fut tu é .,
ACHÉRONTIQUE, qui appartient à Y Achéron.
L’art de deviner avoit plufieurs branches, de les
Etrufques excelloient dans toutes. Tagès paftoit
pour l’inventeur de cet art. Il avoit compofé
quinze volumes, que l’on nomma Achérontiques ,*
parce qu’ils étoient, difoit-on, capables d’épouvanter
les leélèurs, mais vraifemblablement parce
qu’on fuppofoit qu’ils avoient été tirés des enfers.
On gardoit chez les Etrufqués ces' volumes avec
autant de foin, que les Romains conferYoient les
livres fil?yllins.
ACHERUSE étoit un lac d’Egypte, près de
Memphis, environné de belles campagnes, où les
anciens Egyptiens venôient dépofer. leurs morts,
dans des tombes creufées exprès} mais avant de
les ytranfporter, on les expofoit fur ie rivage : là,
des juges marqués examinôient la vie qu’ils avoient
menée. On écoutoit les accufateurs} & , félon les
bonnes ou les mauvaifes aétions du défunt, qui
étoient alléguées, on faifoit paffer fon corps dans
une barque, ou on le jetoit à la voirie, comme
indigne de la fépulture. Dans ces belles campagnes,
il y avoit un temple confacré à Hécate-la-Téné-
breufe, & dsux marais, appelés le Cocyte & le
Léthé. Voilà ce qui a donné aux poètes l’idée de-
leur enfer & de leurs champs-élyfées. Il y avoit.
aufli un lac d‘Achérufe dans la Thefprotie, d’où
fortoit le fleuve Achéron.
La conformité de nom fit tranfporter à YAché ■
rufe desThefprotes, les fables que les Grecs ima-
, ginèrent fur le prétendu jugement & fur le Caron
' des Egyptiens.
ACHERUSIADE, péninfule près d’Heraclée
du-Pont, par laquelle Hercule pafifa pour defeendre
aux enfers. Xériophon dit qu’on montroit encore
de fon tems des marques de cette defeente.
ACHILLE. Ce nom a été porté par plufieurs
perfonnes célèbres dans la Mythologie.^
Le premier n’avoit point d’autre mère que la
Terre. Il vïvoit dans un âfttteoù Junon fe réfugia,
do rfqu’elle fuyoit les pourfuites amoureufes
de Jupiter, fon frère, qui devint fon époux.
Achille, par fes difeours féduifans, fléchit les
rigueurs de cette déeflè , & ce fut dans cet antre
que fe fit la confommatibn du mariage entre le
frère de la foeiir. Jupiter , en reconnoiffance de ce
fervice , promit à Achille que tous ceux qui dans
la fuite porteroient fon nom, fe rendroient célébrés;
- ■ • • ‘r’ '■ " -, a
Le fils de Thétis, dont on parlera bientôt, a
vérifié cette promefle. ^ . / .
Ac h i l l e , fils de Jupiter de de Lamie, etoit fi
beau, qu’ il remporta le prix de la beaute fut
Vénus, qui le lui difputa. C’eft en punition de ce
jugement, que Vénus rendit Pan, qui l’avoit prononcé
, amoureux de la nymphe Echo, en
meme»
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même-tems fi laid, qu'il fuffifoit de le voir pour
k Achille, fils deThétis & de Pelée, s'appela
d'abord^ ftuvant Apollodore g 3 W g g &
Higyron. Il fut encore nomme Vy iK-< U naquit
f Phtia, ville de Theffalie : la déeffe fa mere
voulut le rendre à la fois invulnérable &
Pour le rendre invulnérable, elle le plongea dans
les eaux du Styx; mais elle oublia d y tremper le
talion par où elle l'avoit tenu pendant fon immer-
fion. Ce talon demeura fujet aux bleflures, 5c ce
fut-là qu’il reçut celle qui lui donna la mort. Les
auteurs ne font cependant pas daccor
point ; car on en trouve plufieurs qui parlent de
bleflures reçues par Achille en differens endroits
du corps. ... . , !
Voulant confommer tout ce qu il avoit de mortel
, Thétis le frottoir le jour d’ambroiiie, 5e le
mettoit la nuit fous la braife. Plufieurs auteurs
rapportent que cette déeffe, par ce moyen, avoi
fait périr fix de fes enfans} de qu Achille, qui
étoit le feptième, auroit eu le meme fort, il ion
mari, qui la furprit, ne l’eût empêche de reiterer
l’opération. . „ .
Homère donne à ce héros Phénix, fil* d Amyn-
to r , roi des Dolopes en Epire, pour nourricier
&pou r précepteur. » Vous ne vouliez pas manger,
»» mi d it P h én ix ( llia d . liv . 9 , v. 4 8 2 * ) , n i a la
»» m a if o n , ni a ille u r s , à m o in s q u e 'j e n e v o u s
35 miffe fu r m es g e n o u x , q u e je n e c o u p a fle vos
3» m o rc e a u x , & q u e je n e vous, fiffe b o ire m o i-
33 m êm e . Il v o u s eft fo u v e n t a r r iv é , p e n d a n t v o tre
>3 e n f a n c e , d e g â te r mes h a b its a v e c le v in q u e
3» v o u s re je tie z 33. V . P h é n ix .
Mais, fuivant la tradition la plus commune, ion
éducation fut confiée au centaure Chiron. 11 ne
lui donna d’ autre nourriture que de la moelle de
lion : ce qui lui infpira ce courage indomptable
& cette colère implacable dont les poètes ont
tant parlé. 11 lui endurcit le corps en l’accoutumant
aux exercices les plus pénibles} de lui apprit a fe
tenir à cheval, en le portant fur fa croupe. Chiron
lui enfeigna encore l’art Militaire, la Mufique, la
Morale, la Médecine, &c. 1
Lorfque les Grecs fe préparèrent a marcher
contre Troy e, Thétis, inquiète fur leTort de fon
fils, apprit que, s’il alloit à cette expédition^-il y
périroit} & cependant Calchas avoit prédit ■ que
la ville ne feroit jamais prife fans Achille. Il Aet° lt:
donc queftion d’empêcher-qu’on ne le forçat de
prendre part à ce fîège. .
Pour le dérober aux inftances des Grecs, qui
defiroient ardemment d’avoir avec eux un capitaine
dont la préfence étoit néceffaire pour le
fuccès de leur entreprife, ( V. F a t a l i t é s . ) la
déeffe retira fon fils de l’antre de Chiron, de 1 envoya
à la cour de Lycomèdës, roi de 1 ifle de
Scyros. L à , il fe déguifa en fille fous le nom de
Pyrrha. Sa beauté favorifoit ce déguifement} car
Achille a paffé pour l’honime le plus bçau de lç
Antiquités , Tome Z.
A C H 49
mieux fait de fon fiècle. Il fe ^ Ç ^ a m i e ,
fille du ro i, 8c en eut un fils nomme Pyrrhus.
( f Lcs Grecs Payant cherché pendant
apprirent enfin le lieu de fa retraite; « t »
député à Scyros pour 1 engager a fe joindre a eux
^ d ifficulté étoit de le demeler au traver de fon
déguifement, parmi toutes les filles de la cour.
Ulyffe s'avifa de leur prefenter d f« e n s bi oux
parmi lefquels étoient des armes. Toutes 4 g g « *
des bijoux fuivant leur goût m & t 1*
armes. Ce choix le trahit : Ulyffe le reconnut Sc
16 T h é tï* o b lig é e de confentir au départ de fon
fils, voulut encore ajouter une nouvele précaution
à celles qu elle avoir prifes pour le garantir
H puïaVulcain délai faire des armea
à l'épreuve de toute attaque humafIne'rIj^ ru(.Vra1f s
étant fait, le dieu exigea,
faveurs de la déelfe. La néceffite lui fit
tout ce que Vulcam voulut; mais a condition
d'eflayer fi les armes etoient propres a J M * ! 9 “
étoit yde la même taille que fa mère. EUe ne les
eut.pas plutôt endoffees, quelle prit J yW P .|
Vulcain, qui étoit boiteux ne put 1 atteindre. ,, .1
lui jeta fon marteau, 8c la blefla au talon. Outre
ces armes, fa mère lui donna des chevaux immortels.
V . -Chevaux , Pêlias. "
Achille y avant de joindre l'armee des Grecs,
fit la conquête de Lesbos, où il trouva une prm-
ceffe qui devint amoureufe de lui. C eft de cette
particularité, rapportée par Euphonon , poete
très-connu parmi les anciens, que le grand Racine
a pris le dénouement de fon Iphigeme. V. Iphigénie.
.. . »
Arrivé devant Troye, il livra aux ennemisun grand
nombre de combats ; mais le cours de fes victoires
fut interrompu par la dilpute qu il eut avec
Agamemnon. Celui-ci Art oblige de renvoyer Chry-
féis, fon efclave ( V. Chryseis) ; mais il voulut
aufli au’Achille abandonnât la fienne. Achille fut
tellement irrité de cet affront, qu il fe tint enfermé
dans fa tente, fans prendre aucune part au
fiège Cette circonftànce de fa vie a fourni le
fujet de beaucoup de tableaux , connus fous le
nom de Cotire £ Achille. C’eft aufli le fujet de
1 W M ne fut capable de faire changer Achille de
réfolution, que la mort de fon ami Patrocle.
Pour le rendre redoutable auxTroyens, u lui pre-
toit fes armes, fous lefquelles on prenoit Patrocle
pour Achille. Hedtor, qui depuis long-tems cher-
choit l'occafion de fe battre contre Achille, crut
l'avoir trouvée ; il tua Patrocle & enleva fes armes.
Vulcain à la prière de Thétis, en fit de nouvelles
pour Achille, avec lefquelles il retourna au combat,
pour venger la mort de Patrocle. Il fe battit
en effet avec Heftor, le tua, 1 attacha a fon
char, de le traîna fept fois autour des murailles
de Troye. Priwn vint en perfonne lui demander le