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BICORNIGER, furnom de Bacchus, qu’on
trouve repréfenté quelquefois avec des cornes,
fymboles des rayons du • foleil, ou de la force
que donne le vin.
Les Arabes donnèrent ce furnom à Alexandre-
le-Grand, pour défigner l'empire d’Orient qu'il
avoit ajouté à celui d'Occident, ou pour faire
allufion aux médailles fur lefquelles il eft repré-
fenté'avec des cornes, en fa qualité prétendue
de fils d’Ammon. (.Muhamed Alfergan).
B ID E N T A L , endroit frappé de la foudre.
C'étoit un point de religion chez les Romains,
de confacrer aux dieux, & à Jupiter en particulier,
les lieux où le tonnerre étoit tombé. Un
arufpice les expioit par le facrifice d’une brebis de
deux ans, appelée bidens, d'où vint le nom bidental.
11 les confacroit enfuite ; ce qui en formoit
un temple, templum, félon le ftyle des livres pon--
tificaux, & il les faifoit entourer de murs ou de
paliflades. Lucain décrit cette cérémonie dans fa
Pharfale ( i. 606.) :
Dlfperfos fulminis. ignés
Colligit, & tacito terra cum murmure condit,
Datque locis nomen.
C’étoit un crime capital d’infulter un bidental, &
Horace le met en parallèle avec la plus grande
infulte que puilfe faire un homme à la mémoire
de fon père ( Art. Poet. ) :
__utrum
Minxerit in patrios cintres, an trifie bidental
Moverit inc efi us.
La fuperftition , dont le caractère eft d'étendre
fans cefle fon empire, fit créer un ordre de prê- :
très deftinés aux feules ,fon£tions de confacrer les
lieux frappés de la foudre. Voye^ B id en t a l e s .
B id e n t a l . On donna par extenfion ce nom à
la foudre elle-même , comme on le voit dans
Columelle ; & aux hommes écrafés par le tonnerre
(Perf. 2. v. 27. ) :
Trifie laces lucis, evitandum que bidental.
B ID E N T A L E S , prêtres établis chez les Romains
pour expier les lieux frappés de la foudre ,
& dalles par décuries. On a trouvé à Rome, dans
Lifte Saint-Barthéiemy, où étoit autrefois le temple
d’Efculape, l'infeription fuiyante, qui fait
mention d’un bidentalis :
SEMONI
-SANCTQ
DF.O. FipiO
SACRUM
SEX. POMPEIUS. SP. f
COL. MUSSIA.NUS
QUINQUENNALES
DECUR
«IDENTALIS
■ DONUM DEDIT.
B T e
Il en eft parlé encore dans l’infeription fuivante,
qui étoit confervée à Rome dans la maifon de
Fulvius Udinus :
SANCTO SANCO
SEMONI. DEO. FIDIO
SACRUM. PECUNIA
sa c erd o tum . BIDENTALIUM
RECIPERATIS
VECTIGALIBUS
Le fenat chargeoit quelquefois d’autres pontifes
que les bidentales, du foin de fes_ expiations
5 comme nous l'apprennent Tïte-Live (/. 29),
parlant du temple de Proferpine,. frappé de la
foudre , & l'infeription fuivante :
JOVI
FULMIN. FULG. TONANTI
RUSTIUS. L. F. AEPIO. PONT
EX. SC. DEDICAYIT. '
BIERRE. La défenfe abfolue de boire du.vin
avoit fait recourir les Egyptiens à une boiflon
, faétice, dont il eft beaucoup parlé dans l’ hiftoire
fous les noms de fythum & de curmi, & dont on
attribuoit l'invention à.Ofîris; c'eft-à-dire, qu'on
n’en connoifloit pas l'inventeur (Diodore, /. 1).
C etoit, dit M. PaW (Recherches fur les Egyptiens
/. 140.) une forte de bierre compofée d'orge,
& qui pouvoit fe conferver long-tems fans fe
corrompre} car au-lieu de houblon,, abfolument
inconnu dans cette contrée, on y ajoutoit unç
infufion amère de lupin :
Jam P i fer Ajfyrioque venit qus femine radis »
SeBaque prsbetur y madido fociata lupino ,
Ut Pelufiaci proritet pocula qytki.
Colume l la , de Cultu hortorum.
On devroit elfayer en Europe fi le houblon pouiv
roit être remplacé par le lupin, fans une altération
confîdérable des qualités de la liqueur. Les
Egyptiens y faifoient entrer encore de la graine
d'Aflyrie, '8c probablement d'autres plantes aromatiques
, chacun fuivant fon goût particulier :
car Strabon obferve que chez eux, la manière
de brader varioit beaucoup. Mais le procédé dont
on vient de parler a1 été le plus généralement
employé pour faire le %ythum dans la Bafle-
Egypte, où on le convertifloit tout comme la
bierre ordinaire, en vinaigre, que les marchands
grecs d'Alexandrie tranfportoient dans les ports
de l'Europe. Les Arabes & les Coptes ne fa vent
plus aujourd’hui faire cette liqueur comme les
anciens habitans du pays ; & leur bou^ac, faute
de contenir une infufion amère, s’aigrit au bout
de quelques jours.
Il eft très-étonnant que Diofcoride ait foutenu
que la lèpre ou Yélépkantiafis proprement dite, étoit
e-ngendréepar lç ijthum (l. i l , c. 97.); erreur qu’on
trouve
B I F
•trouve reproduite fous différentes formes dans
des Dictionnaires à la fuite de ce mot. Il eft contre
la vraifemblance, que les Egyptiens fe fuflent
opiniâtrés pendant des milliers d'années, à fe
fervir d'une boiflon empoilonnée, dont ils eon-
noifloient certainement mieux la vertu que ce
médecin grec, qui écrivoit des livres fur la matière
médicale en Ciîicie.
Ætius & Paul d’ Egine parient a.ufli du çytkum
comme d’une liqueur mal-faine; m^is ils ne conviennent
pas qu'elle engendroit Yéléphantiàfis.
L'ufage de la bière ne tarda pas à être répandu
dans les Gaules, où le vin étoit peu connu avant
Probus ; & ce fut pendant long-tems la boiflon de
leurs “habitans. L'empereur Julien, gouverneur
de ces contrées, en fait mention dans une épi-
gramme. Au tems de Strabon, la bière étoit déjà
commune dans les provinces du Nord, en Flandres
& en Angleterre. Céfar dit aufli dans fes
Commentaires, que les anciens Bretons avoient
beaucoup de vignes, mais qu'ils n’en faifoient cas
que pour orner leurs jardins, & qu'ils préféroient,
comme plus falubre, le vin des grains à celui des
•raifîns. - • -
11 n’eft pas vraifemblable que les Grecs, dont
les vins étoient fi renommés dans l'antiquité,
ayent penfé de même. Cependant Ariftote parle
de la bière 8c de fon ivrefle; Théophrafte l'appelle
thos xpiS'i/f, Efçhyle & Sophocle Çu&as fipvrov.
Les Efpagnoîs buvoient aufli de la bière dans
le tems où Polybe écrivoit.'
BIFORIS cantus. Virgile dit (Æneid. 9.617.) :
Ite per alta
Dindyma , ubi adfuetis biforcm dat tibia cantum.
Servius expliquant ces vers, dit que biforis cantus
dé ligné ici les flûtes phrygiennes. Ces flûtes étoient
inégales en diamètre ; de forte qu'en foufflant
dans deux flûtes phrygiennes en même-tems, on
faifoit entendre deux fons à l'oétave l'un de
l'autre, ou peut être même en-accord. Voici le
paffage de Servius : Biforem dat tibia cantum bifo-
num, imparem. Et fervavit eis tibiarum fuarum ,
tdeft, phrygiarum , naturam. T ibis aut ferrans di-
cuntur. , qus funt pares , & squales habent cavernes :
aut Pkrygis, qus impart s funt & insquales habent
cavernas. Ergo biforem , dijfonum dijfimilemque ,*
non funt pari modulâtioné. compofits. Ut enim ait
M.. Varro : Tibia Pkrygia dextrâ unum foramen
habet, finiftrâ duo: Quorum unum acutum fonum
habet, alierum gravem , &c.
BIFORMIS, Jï'poptpos, furnom qui fut donné
a Bacchus, ou parce qu'on le repréfentoit, tantôt
comme un jeune homme, & tantôt comme un
vieillard ; tantôt avec de la barbe, & tantôt n'en
ayant point : ou bien parce que le vin, dont il eft
le fymbole , rendant les uns triftes & furieux, les
autres gais & de belle humeur, caufe des effets
Antiquitéc , Tomç I,
B I G 457
j tout contraires dans le coeur de ceux qui en
boivent avec excès.
B I F R O N S , à deux vifages. On donnoitee
furnom de ce double vifagé à Janus, parce qu’on
le croyoit inftruit de l’avenir & du pafle; tradition
fabuieufe fondée fur fa grande expérience
dans les. travaux de l’agriculture, qu’il avoit en-
; feignée aux habitans du Latium. Ovide & Varron
j en donnent une autre caufe; ils afiurent que ce
double vifage étoit l'emblème du couchant 8c du
levant. C. Bafîlis, cité par Macrobe fSaturn: l. 1.
] c. 0.), rec.onnoït Janus pour le portier des cieux
& des enfers , & veut que fon double vifage foit
l'emblème de fa double fonétion. Voye[ Jan us .
B IG AR IU S , celui qui conduit un bige ou
char à deux chevaux. On lit à Saint-Grégoire ,
au mont Coelius, l’épitaphe d’un jeune enfant,
qui s’étoit tué en condiiifant an bige :
FLORUS. EGO. HIC. JACEO
BIGARIUS. INFANS, QUI. CITO
DUM. CUPIO. CUR.RUS. CITO
DEÇIDI. AD. UMBRAS
JANUARIUS. ALUMNO. DU.LCISS
B IG A T I nummi, monnoie du tems de la république
romaine, fur laquelle on voyoit un bige
• ._& un Janus à double vifage. La colleébion des
médailles de familles en renferme plufieurs.
B IG E c h a r traîné pas deux chevaux. Pline
{v u. 56.) en attribue l'invention aux Phrygiens :
Bigasprimiim junxit Phrygum natio. Ifidore nomme
un inventeur, Cyriftène de Sicyone ( x vi i . 35.):
Jugo primus Cyrificries Sicyonius equos jugavit :
eofque fingulos ex utraque parte fimplici vinculo
applicavit, quos Grsci Sciropkoros , Latini Funales
vocant, a gensre vinculi quo prius alligabantur:
Dexterioris vero bigs vicier Marti immolare fo-
lebat.
Quoi qu'il en fojt des inventeurs, il eft certain
par les vers d'Héfiode & d’Homère , que l'on
combattoit fur des biges à la guerre de Troie &
dans les tems héroïques. On introduifît les
biges dans les jeux olympiques la x cm e olympiade.
Il paroît cependant que les héros grecs
qui célébrèrent les premiers jeux Néméens en
l'honneur d’Archémore, étoient montés fur des
. biges.
La lune paroît, dans les anciens monumens,
montée fur un bige, comme le foleil fur un quadrige.
Sénèque {Agamemn. iv. 817.) :
Et tuas lente
Remeare bigas , pallida. Phoebe.
La Viétoire eft montée fur un bige aufli fou vent
que fur un quadrige; mais il y a fur ce point plus
de variations dans les monumens que pour U
lune.
M m m