
■ autorité. Ainfi raifonnent ordinairement les demi
favans, qui ofent prononcer fur des chofes
■ qu’ils n’entendent point.
Récapitulation des divers commencemens d'années
en Occident.
Indépendamment de tout ce qui vient d’être
d it, nous aJlons raflembler ic i, par manière de
fupplément , tous les divers commencemens
A'année que nous avons remarqués dans les différentes
parties de l’Occident. .
L ’ufage de commencer Vannée à Noël, a longtemps
régné en Allemagne, où on le voit établi
dès le dixième fiècle. Wippon, dans la vie
de Conrad le Salique , dit : Incokante anno Na-
tivitatis Ckrifti , rex Chonradus in ipsâ regiâ
civitate, Natalem Domini celebravit. L ’hiftorien
Brunon , moine du diocèfe de Mersbourg, tér-
mine ainfi l’hiftoire de la guerre de Saxe, qu’il
écrivoit vers la fin du onzième fiècle : annô 1082
( 1081 ) in Natali S. Stephani protomartyrisJHer-
mannus à Sigefrido, Moguntins, fedis archiepifcopo,
in regern vencrabiliter efl unttits. L ’annalifte Saxon
qui a conduit fon hiftoire jufqu’en 1 13 9 , commence
chaque année de fes Annales en cette;
manière : h ’empereur a célébré la fête de Noël
en cette ville , puis l'JLpiphanie , enfuite la Purification
en tel autre lieu. Cet ufage ne fut
>as néanmoins univerfel en Allemagne. A Co-
ogne, Vannée commençoit à Pâques. Il eft vrai
. 4u'un concile tenu l’an 1310 en cette ville
• ordonna^ ( can. 23 ) que l’année commenceroit
• déformais ?§à Noël , fuivant Vufage de VEglife
romaine ; mais cela n’eut lieu que pour le ftyle
eccléfîaftique , & l’on continua de commencer
Vannée civile à Pâques, ce qu’on appeloit le
ftyle de la cour. L'Univerfité de Cologne avoit
fon ftyle particulier, qui étoit de commencer
Vannée au 25 mars 5 & le P. Hartzeim af-
fure qu’elle le confervoit encore en 1428. Dans
l’évêché de Liège , la veille de Pâques , après
Je cierge bénit, étoit le premier jour de Vannée;
Attendendum , dit Hocfem , chanoine de Liège,
dans la vie de l’évêque Henri de Gueldre , ch.
ï , quod a tempore cujus memoria non exiftit, an-
norum nadvitatis Domini cumulado, jive cujujli-
betanni fuccrefcentis initiumincereo confecratopaf-
chali hçiSlenus depblgi tabula confuevit 3 & ab ilia '
hora annus dominicus inckoabat. Mais cela fut
changé l’an 13 3 3, fuivant le même auteur ( liv.
l y de epifc. Leod. ) par une ordonnance de l’évêque
, qui fubftitua, pour ce jour initial, la
fête de Noël à celle de Pâques.
A Trêves, on plaça vers le même tems le
; commencement de l’année au 25 Mars. Mais pré-
fentement , &r depuis long-tems, dit Brouver ,
écrivain du dix-feptième fiècle ( Annal. Trevir.
liv. 18 , p- 2j8 , ) Vannée commence à Trêves
au 1 Janvier. Cependant, a jo u te - t - il, l’ ufage
des notaires & des autres écrivains publics,
eft toujours de prendre dans leurs aéies le ■ 2y
Mars pour le premier jour^de l’an;' ■
En Hongrie, Vannée commençoit à Noël, ou
au 1 Janvier, comme le prouvent lés dates employées
par les écrivains de ce pays.
En Suifle, dans les quatorzième & quinzième
fiècles , on 'commençoit Vannée au 1 Janvier,
a l’exception du diocèfe de Lauzanna Sc du pays
de Y aud , où , depuis le concile de Balle,' on
prit le zy Mars poidr le jour initial de l’année*
; A Milan,- dans les treizième , quatorzième &
quinzième fiècles , Vannée s’ouvroit par le jour
de Noël. Une Charte citée par Du Cange , eft
ainfi datée : Anno a nativitate Domini 1377 ,
Indicl. 1 3 fecundiim curfum & confuetudineth civi-
tatis Mediolani, fecundâ Decembris , &c.
Rome & la plupart des villes d’Italie, fuivoient
même ftyle. Mais à Florence , dès le dixième
fiècle, le commencement de Vannée étoit fixé
j au 2y Mars, 3 mois moins 7 jours après ce-
i lui que nous comptons à préfent pour le premier
de l’an,j c’eft ce qu’on nommé Je calcul
ou T ère de Florence. Quelques villes adoptèrent
ce ftyle, que plufieurs Papes , jufqu’à Clément
XIII inclufîvement, ont fuivi dans leurs Bulles.
Les Florentins, ne l ’ont quitté que dans ces derniers
tems, en vertu d’un décret de l’empereur
•François , donné l’an 174y , en fa qualité de
grand-duc de Tofcane, par lequel il fut ordonné
que Vannée 174 6 & les fui vantes commenceroient
au 1 Janvier dans,toute la* Tofcane. Le calcul
Pifan , qui précède d’une année entière celui
de Florence , a été en ufage , non - feulement
â Pife , mais à Lucques, à Sienne, à L o d i,
& plufieurs Papes s’y font conformés dans les
dates de leurs Bulles.
A Venife, de tems immémorial, Vannée commence
au premier de Mars3 & cet ufage y eft
encore fuivi dans tous les a&es publics, comme
nous l’a afîiiré M. de Soranzo, fecrétâire d’ara-
baffade de Venife.
En Arragon, il fut réglé, l’an I3yô, que l’on
commenceroit Vannée à Noël , & que l’on omet-
troit les calendes, les nones .& le s ides dans
la date du jo u ÿ^ ÿD u Cange, Glojf. T. I ,
col. 468. ) Auparavant c’étoit le 2y Mars , 3
mois moins 7 jours après nous , qui tenoit
lieu du premier jour, de l’an 3 mais dans le refte
de l’Efpagne , Vannée a toujours commencé au
premier Janvier.
En Chypre, le commencement de Vannée, fe
prenoit aufli du jour de Noël. Du Cange le
prouve par une Charte ainfi datée : Anno a nativitate
Domini 1378 > Fidicl. t , fepdmo mard
i , fecundiim curfum regni Cyprz.
En Angleterre-, on trouve des veftiges de cet
ufage dès le feptième fiècle, & il s’y mainte-
noit encore au treizième. Gervais de Cantorbé-
ty , qui vivoit alors, & dont on a vu les plaintes
fur les difie niions des computiftes de fo a ; tems
dans 1» manière de commencer Vannée , témoigne
cependant que- prefque tous les écrivains de fa
nation qui" Tavoient précédé 3 s’étoient accordés
à'placer l’ouverture de Vannée au jour de Noël
par la raifon que ce jour eft comme le terme
où le foleil finit fa courfe & la recommence ;
Saç. j at. sft'imô 3 dit-il, ratione inducti funt omnes
fere qui ante me fcripferuht , ut à natali Domini
anni fubfequentis fumèrent ïnitium. Cependant , il
p'aroît que dès le douzième fiècle, fufage de
l’églifé anglicane étoit de commencer l'année au
Mars ; & c'eft pour cette raifon, fans doute, .
qu'Edmer, qui écrivoit vers le milieu de ce
fiècle, appelle les quatre-temps qui fuivent la ■
Pentecôte, le jeûne du quatrième mois. Ce ftyle
pafla dans le civil au treizième fiècle , & y per-
févéra jufqu’à la réception du calendrier réformé.
Le commencement de 1>année fut alors fixé
au premier Janvier. Au relie , il faut diftinguer
trois fortes A1 années cliez les Anglois j favoir,
Vannée hiftorique, Vannée légale & Vannée liturgique.
Vannée hiftorique commence depuis
ïhng-tems en Angleterre au premier Janvier ;
Vannée légale , c’ eft-à-dire , celle qu’on fuivoit
dans les aëtes publics, commençoit au zy Mars ;
quint à Vannée ■ liturgique, elle commence au
premier dimanche de l’Avent.
• Dans les Pays-bas, quelques provinces, telles
que la Gueldre, la Frife & la province d'U-
ttecht , faifoient partir le commencement de
l’année du jour de Noël ; mais à D e lft , à
Dordrecht & dans le Brabant, elle commençoit
au vendredi-faint. En Hollande , en Flandres 8c
dans le Hainaut, elle étoit fixée au jour de
Pâques; 8r c’eft le ftyle que les notaires fuivoient
dans leurs aftes. Mais poiir éviter toute confu-
fidn ils étoient obligés d'ajouter à leurs dates,
lorsqu'elles précédoient Pâques , ces mots, félon
le ftyle de la Cour , ou bien avant Vâyues , OU more gallicano.
Ce dernier ftyle étoit auffi celui de la Cour
dé Savoie. •
A l’ égard d é jà France, dès le tems de Charlemagne,
l’ufage étoit de commencer Vannée
â Noël. Cet ufage s’y maintint^prefqu’uniyer-
iellement pendant le neuvième fiecle. Mais dans
la fuite , il n’y eut rien de confiant. Les uns
prirent le 2y Décembre, les autres le 2y Mars,
& le plus grand nombre, le jour ou la veille
de Pâques, pour le jour initial de Vannée. Voici
néanmoins quelques obfervations îà-defius , qui
pourront être utiles à ceux qui confultent les
anciens monumens de notre hiftoire. La coutume
prefqu’invariable de nos rois dans leurs diplômes,
depuis la fin du douzième fiècle, & celle du
Parlement de Paris, depuis qu’il fut rendu fé-
dentaire , jufqu’à l’édît qui fixa. le commencement
ede l’année au premier Janvier,.fut de la
Commencer à Pâques, ou plutôt au farn edi-faint ,
après la bénédiction du cierge pafehaî. Mais
dans les provinces de France -, dont les Anglois
furent maîtres, l’ufage le plus commun
étoit de commencer l ‘année à Noël. Lorfqii’on
y datoit autrement, c'eft-à dire, lorfqu'on commençoit
Vannée à Pâques, on ajoutoit ordinairement
à la date , félon le ftyle de France , oïl
more gallicano.
En Languedoc , dit M. Ménard, . ( hift. de
Nîmes , Préf. ) & dans les autres provinces méridionales,
Vannée commençoit au 2y Mars, mais
ce ne fut pas fans de grandes exceptions. D. Vaif-
fette prouve que dans le Languedoc,aux onzième,
douzième & treizième fiècles , Vannée commençoit
le plus ordinairement à Pâques ; mais il n’y
avoit rien de ftable là-deffiis. A Narbonne,& dans
: le pays de F oix , l’ufage étoit de prendre le jour
de Noël pour lè premier de l’an. Parmi les preuves
de l’hift. de Languedoc, T. I I I , col. 187 , on
voit une charte de Raymond-Roger, comte de
Foix, datée : Menfe Martio , die domina a, idibus
ejufdem menfisy anno ab Incafn. d . mcxCvjii. Or,
les ides ouïe iy de Mars, tomboient un dimanche
en 1198 , félon notre manière de compter.
Le roi Louis VII étant à Maguelone , y confirma
les privilèges de cette églife par un diplôme daté
du mercredi des cendrés , 9 Février 1 iy y > par où
j Ton v o it , dit encore D. Vaiflette, que le notaire,
commençoit l’année à Noël.
Dans le diocèfe de Limoges, on fubftitua l’an'
13 6 1 ' , 1e 2y Mars au jour de Pâques, pour le,
premier jour de l’an 3 & cet ufage dura jufqu’ à
l’édit de iyÔ4- Dans des fragmèps dé l’hiftoire
d’Aquitaine, recueillis par D. Etiennot , on‘
trouve cette remarque : Nota auod Data littera-
rum coniraciuum folebat miiidrï quolibet anno in
fefto Pafch& in dieecefi Lemovicenft. Sed magifter
Petrus Fabri cancellarius & euftos frgilli Lçntovi-
cenfts .y inftituit quod Data mutaretut quolibet anna
in fefto. dnnuntiadonis B. Maris, ,• o* prima muta-
do fuit anno Domini 1301. Dans les minutes du
quatorzième & du quinzième fiècles j -les notaires
limoufins avoient l’attention d’inférer au 25 Mars^
kîc mutatur Datum.
En Dauphiné, Pillage ïe plus ordinaire jufqtfes
vers la fin du treizième fiècle , étoit de commencer
Vannée au 2 y Mars 3 mais dans le quatorzième
fiècle , elle commençoit le plus ordinairement à
No^l 3 & c’eft ce qu’on nommert le ftyle delphi- '
nal. On fuivoit le même calcul pour L’indiélion.
( Valbonnais. )
Nous croyons voir le même ufage en Provence
5U quinzième fiecle. Le concile. d’A ix , tenu Pan
1409, pour envoyer des députés à celui de Pife ,
eft daté du 22 Janvier, ind'élion 2 : o r , l’fndrc-
tion ne quadre avec le mois de Janvier 1409, que
•dans notre manière de compter, ou en commençant
P année à Noël.
I. Parlant du comté de Bourgogne, « JTai recors-
| » nu, dit M. Chevalier, ( h i f t . de Poligni, T . T ,
1 « p. 158 > ) que Vannée commençoit parmi nous