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l'abbé Banier, eroyent que la Mythologie cache
les faits ou l’hiftoire des premiers te ms ; & on
peut les appeler mythologues-hiftoriens. Les vérités
phyfiques & toutes les propriétés de la nature ,
font la bafe des fables, félon les mythologues-
phyficiens , qui veulent trouver dans Hercule
domptant les monftres & arrachant une corne
au fleuve Achéloiis, un roi qui defièche des étangs
&. relferre le lit des fleuves. .
Plus ingénieux & mieux inftruits du goût des
orientaux pour les allégories agronomiques, Mar-
tianus Capella, Platon en quelques endroits, Porphyre
, &c. & de nos jours M. Dupuis, profeffeur
au collège de Liiîeux, ont retrouvé dans le zodiaque
& dans les autres conllellations, la véritable
fource des fables anciennes. Heureux ce
dernier écrivain, fi content d'avoir expliqué avec
une fugacité infinie la plupart des myftères de la
Mythologie , il ne s’opiniâtre pas à vouloir en
éclaircir de cette feule manière les plus petits détails.
Cette théologie fabuleufe n’a été l’ouvrage
ni d’ un feul homme, ni d'un feul peuple. Tout
au contraire, chaque nation, en admettant une
partie de ces dogmes anciens, y a ajouté des traditions
nationales, des fables locales; de forte
que cette religion s’eft accrûe de prefque toutes
les fuperftitions du monde connu. Ce ferait donc
une folie de vouloir ouvrir tant de routes différentes
avec un feul 8c même inftrurtient. V My thologie.
A L L E L E N G Y O N , du grec l’un
pour l’autre on donna ce nom à un impôt que
l'empereur Nicéphore impofa fur les riches , pour
en décharger les pauvres qui portoient les armes.
A L L IA , famille romaine dont on n’a des médailles
que dans Goltzius.
ALLIAGE. Les Romains, dit M. Pau&on,
(Métrol. 3 29) furent ceux qui apprirent au monde
l’art criminel de dépraver la pureté des métaux
deftinés à la fabrication des monnoies, Liviüs
Drufus, tribun du peuple, mêla, au rapport de
Pline 3 ( l. 3 3 , c, 3) une huitième partie de cuivre
avec fept huitièmes d’argent, pour la fabrication
de la monnoie : Livius Drufus in tribunatu plebis
oclavam partent &ris argento mifeuit. Le triumvir
Antoine altéra auflî la pureté de l’argent du denier
, ea y fai Tant entrer du fer : Mifeuit denario
triumvir Antonius ferrum. Mifeuit s ri fa lft monete.
( Plin. lib. 3 3, c. 9). Le même peuple enfeigna
auflî l’art frauduleux d'altérer le poids du denier
: A lii é pondéré fubtrahunt. Sur quoi Pline
s’écrie : Mirumque inJj.ac artium fola vida difeun-
tur3 & falfum denarii fpédant exemplar, pluribufque
Vtris denariis adulterinus emitur.
Malgré l’eflime & la confiance dont nous fommes
pénétrés pour M. Pauéton & pour fa métrologie,
qui nous a été fi utile, il nous permettra de n’être
pas ici de fon avis. Il eft certain que Xalliage des
monnoies a été pratiqué avant la défaite de Pyr-
ru$, époque à laquelle les Romains ont commencé
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à frapper de la monnoie d’argent, cent ans environ
avant d’en fabriquer en or. On a plufieurs médailles
des rois du Bofphore, qui ne font que
d’ un or fort bas. Parmi celles de Philippe, père
d’Alexandre-le-Grand, l’or eft quelquefois mêlé
ét alliage. On en trouve d’argent parmi celles
de la grande Grèce & de la Sicile, qui font
alliées.
M. l’abbé le Blond en pofTédoit une, entre
autres, fabriquée à Parente; elle tomba de quatre
pieds de hauteur environ, & elle fe brifa en plusieurs
morceaux. Peut-on nier que l’argent de
cette médaille ne fût allié avec un métal ou un
demi-métal capable de l’aigrir ? On fait que le fer
durcit les métaux auxquels il eft allié ; & nous
avons vu plus haut que le triumvir Antoine allia
du fer aux deniers d’argent. Il eft donc tiès-vrai-
femblable que ce triumvir employa une pratique
déjà connue dans l’Italie, & que Xalliage de la
médaille de Tarente étoit compofé d’argent &
d’ une affez forte quantité de fer. L’analyfe chimique
des morceaux de cette médaille-nous âuroit
mieux inftruit; & un chymifte connu devoit s’en
occuper, lorfque ces fragmens s’égarèrent, ou
furent jetés comme des débris inutiles.
ALLIANCE. V. Traité d'alliance.
ALLIBANON. en Sicile, aaaibangn.
On attribue à cette ville quelques médailles
autonomes, qu’on donnoit autrefois à AUfa.
A L L IEN A 3 famille romaine dont on a des
médailles :
RRRR. en argent.
O. en bronze.
O. en,or.
ALLIES du peuple romain, focii 8c amiei. Ce
titre fut très-utile aux defeendans de Romulus,
pour faire réuffir leur projet ambitieux de s’affer-
vir toute la terre. H mettoit le prince ou le peuple
qui le portoit, à l’abri des attaques de fes voifins ;
parce qu’en faifant la guerre à un allié de Rome,
on attaquoit les Romains eux-mêmes. Telle étoit
l'opinion qu’ils avoient accréditée, & qui leur
fournit fouvent des prétextes fpécieux pour combattre
& conquérir des nations, avec lefquelles
ils n’avoient jamais eu de relations directes, ou
que leurs pofitions empêchoient même d’en avoir
jamais aucunes.
On n’eft plus étonné, en voyant cette confidé-
ratiôn que procuroit le nom d'allié & d’ami du
fénat, d’apprendre que des rois auflî puiffans que
ceux d’Egypte & de Cappadoce, ayent montre
autant d’empreffement pour recevoir ce titre. L ’un
des Ariarathes, roi de Cappadoce, offrit un facri-
fice en action de grâce aux dieux, pour l'avoir
obtenu. Céfar ( de bello Galli. 1. 4 3 * 4 * ) nous
apprend qu’un très-petit nombre de rois eurent
cet honneur. Les Romains ne l’accordoientqu’ avec
un grand appareil. Ils envoyoient plufieurs fena-
teurs pour donner au fouverain qu’ils vouloient
en décorer, un fcepfre d’ivoire, U»e toge de
pourpre
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«ourpre brodée en or ( toga pifta) , avec les titres
Se roi, d'allié & d’ami du peuple romain.
Les alliés d’Italie, focii Italici, etoient diltin-
gués de tous les autres alliés étrangers a cette
contrée. H y en avoit de deux efpèces : les uns,
qui étoient défignés fous le nom de' Préfectures,
préfecture, étoient gouvernés par des magiftrats
romains & félon les loix dé Rome ; les autres
avoient confervé le privilège de fe gouverner par
leurs anciennes lo ix , & ils étoient defignes par
le furnotn d’autonomes. ■
Les alliés latins, focii latini, étoienteeuxqui
jouiffoient du.droit latin, jure Latii3 Bc qui tenoient
le premier rang dans l’ordre des alliés, meme
avant ceux d’Italie. Dans letems de la république,
le Latium, proprement dit, ne s’étendit pas au-dela
du promontoire de Circé ; & les empereurs en
reculèrent les limites jufqu’au fleuve Liris : mais
le droit latin s’étendit beaucoup au-delà. Trois
fortes de peuples en jouiffoient ; i ° . ceux qui
habitoient le Latium, & que l’on nommoit focii
Latini, focii ac Latini, focii Latini npminis , focii
ac Latini nominis ; i ° . plufieurs colonies appelées
Latines 3 à.caufe qu’elles jouiffoient du droit latin;
30. enfin, des peuples qui, fans être Latins d’origine
, ni colonies Latines, avoient été récotn-
penfés de quelque fervice, par la conceflion des
mêmes privilèges que les colonies Latines, ou les
avoient obtenus de la bienveillance du peuple
romain & des empereurs.
Il y avoit une grande différence entre les alliés
& les auxiliaires, que l’on admettoit dans les
armées de l’empire romain. Les troupes alliées
étoient toujours prifes chez les alliés d’ Italie,
qui ne furent jamais réduits en provinces romaines ;
les auxiliaires étoient fournis par les alliés étrangers.
Les troupes des alliés s’entretenoient à leurs
frais, & ne recevoient que le bled des Romains;
ceux-ci foudoyoient les troupes auxiliaires. Ces
dernières ne prêtoient point ferment entre les
mains du général romain, ce que faifoient les
troupes alliées. On connoiffoit à Rome les forces
de chaque a llié , & on ne lui demandoit des
troupes que fur l’infpeéHon du cens ou dénombrement
, dont on avoit probablement des copies
à Rome. Quelquefois même., afin d’être mieux
inftruit de leurs forces, on y envoyoit des romains
pour faire les fondions de cenfeurs. On leur or-
donnoit (imperabant) de fournir tel ou tel nombre
d’hommes ; -tandis que l’on enrôloit ( fcribebdnt)
tous les citoyens romains.
Lorfque les alliés avoient joint l’armée romaine,
les confuls choififfoient douze d’entr’eux
pour les commander, connus fous le nom de
P r é f e t s Ils étoieat égaux & en puiffance fur
leurs citoyens &r en. nombre, aux tribuns des
légions. Les alliés étoient commandés d’ailleurs
par un chef & un quefteur, qu’ils choififfoient
eux-memes avant de partir pour l’armée, comme
rolybe nous l’apprend. On ignore le nom qu’ ils
Antiquités Tome I»
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donnoient à ce chef ou commandant; Tite-Live
(HL ix . 16)■ appelle Préteur celui des troupes
de Prénefte.
La place que dévoient occuper les troupes alliées
dans les armées & dans les camps des Romains,
étoit fixée de la manière qui fuit : Lorfqu’on avoit
placé les triaires après la cavalerie romaine, les
haftaires après les princes, la cavalerie des allies
à la tête des uns & des autres; lorfqu’on avoit
formé cinq intervalles, dont l’un au milieu des
cavaliers légionnaires , deux entre les triaires &
les princes, & deux autres entre les haftaires &
la cavalerie des alliés y lorfqu’enfin on avoit dil*
pofé ces intervalles en forme de hameau, on
plaçoit l’infanterie des alliés après leur cavalerie
dans un efpace qui n’étoit déterminé que par le
nombre de l’une & de l’autre.
Les alliés des provinces, focii provinciales ,
tenoient le premier rang entre les alliés étrangers
à l’Italie. On donnoit par honneur ce nom aux
provinces foumifes à la domination des Romains,
gouvernées par leurs magiftrats, félon le droit &
les loix de Rome, & qui payoient au fénat un
tribut annuel.
Outre les alliés de l’ Italie & ceux des’provinces
, on appeloit encore de ce_ nom plufieurs
peuples étrangers. Les uns n’avoient jamais ete
ennemis des Romains, & ils étoient exempts dé
toute impofition. On leur donnoit le nom de focii
immunes : tels étoient Ptolémée, roi d’Egypte i
& les Juifs , q ui, les premiers de tout l’Orient,
recherchèrent l’amitié de Rome. Les autres, apres
avoir été ennemis des Romains, avoient mis bas
les armes & .contra&é des alliances avec eux.
La dernière claffe d'alliés comprenoit ceux qui,
ayant été vaincus par le peuple-roi, auroient pu ,
félon le drqjt ancien de la guerre, être difperfés
& réduits en captivité ; mais que la clémence du
vainqueur avoit confervés & mis au rang de fes
'alliés.
Tous ces alliés étoient appelés indifféremment
Socii & Foedérad.
A L L IG A T I. C’étoient les plus vils & les plus
mauvais des efclaves. Leur nom venoit de ce qu’ils
étoient fouvent punis & mis aux fers. On les char*
geoit des travaux les plus durs & les plus pénibles ,
de ceux des vignes en particulier : Vineta pluri-
mum per alligatos excoluntur. ( Colum. 1. 9). Les
efclaves étoient divifés ordinairement en trois
claffes ; les premiers ( primi attus ) étoient les
régiffeurs, les intendans des biens du maître; les
féconds (mediaftini) n’exerçoient pas ses emplois
auflî importans, $c les tromèmes étoient les alli*
gati.
A L L IPH A N I calices. Horace (Sat. n. 8. 39).*
Inver tant, alliphanis vinaria tota.
Vibidius , Balatroque.
Le poëte parle ici de grands vafes à mettre le
v in , tels que les amphores. A l l i f t , ville du