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qu’avoit déjà-éprouvé l’aîné de Tes enfans, qu'il
avoit confié à Hercule dans un voyage que ce
héros avoir fait à Lacédémone, & qui y étoit
mort, refufa de le laifler partir. Hercule promit
alors , avec ferment, de le ramener lui-même.
La mort d’Argius mit le héros dans l’impofïibilité
-d’accomplir fa promeffe , d’une autre manière
qu’en brûlant le corps du jeune homme, & en
rapportant fes cendres."
' Quoi qu’il en foit de ce récit du fcholiafte , il
eft certain par le témoignage d’Homère, que l’on
brûloit les corps à l’époque de-la guerre de Troie,
& que cet ufage devint général parmi les Grecs.
Ils crurent que le feu confumoit tout ce qu’il y
avoit d'impur dans le corps humain. Euripide le
dit de Clytemneftre (Orefi. 40.) : « Son corps fut
purifié par le feu » :
ITup< xuèqyvtçai à'tftuç.
Ils penfèrent encore que l’ame. dégagée de la
matière par le feu, montoit plus vite aux céleftes
régions : c’étoit prefque le premier degré de l’apo-
théofe. C’eft pourquoi Hercule fe brûla fur le
mont Oëta; c’eft pour cela que les philofophes
indiens, tels que Calanus du tems d’Alexandre,
terminoient par le feu leur vie lorsqu’elle leur
devenoit à charge. Les pjhilofophes grecs étaient
partagés d’opinion fur l’ufage de brûler les cadavres.
Ceux qui regardoient le corps-humain comme
un compofé des quatre élémens, vouloient qu’on
le rendît à la terre ; mais Heraclite & fes feétâ-
teurs, qui regardoient le feu comme le principe
univerfel, préféroient l’ufage de brûler les corps,
afin de les réfoudrë plus vite dans leurs élémens
primitifs.
Les Etrufques ne brûloient pas les cadavres ;
comme il paroît par les fquélettes que l’on trouve
renfermés dans les tombeaux avec les vafes appelés
ordinairement etrufques.
Les premiers Romains, dit Pline { v i t . 54.),
ue brûloient nas les cadavres, mais ils les enter-
roient : Tpjum cremare apud Romanos non fu it
•veteris infiituti : terra eondebantur. Get écrivain
dk cependant ailleurs { x u i . 12 ) que le roi Numa
défendit d’arroferde vin les bûchers : Rogumvino
afpergi. C’eft à ce dernier fentiment qu’il faut
s’arrêter. Nous voyons en effet le même Numa
(in Plutarcho) , défendre dans fon teftament de
brûler fo n corps,; ce qui annonce un ufage généralement
reçu alors dans Rome. On apprend la
même chofè d’une loi des douze Tables, qui défend
de brûler ou d’enterrer dans les villes.
Pline (*oco citatoprimiim) & Cicéron (de Legib.
i l . 11.) nous ferviront à expliquer cette alternative
indiquée par la loi des douze Tables. Ils
difent que malgré l’urage général de brûler, quelques
familles de Rome enterrèrent toujours leurs
corps, & entr’autres, la famille Cornélia- Mais
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enfin, L. Cornélius Sylla ordonna en mourant de
brûler le fien, de peur qu’on ne le déterrât pour
le jeter dans le Tybre, ai nu qu’il y avoit précipité
lés reftes de fon redoutable adverfàire, le célèbre
Mariiis.
L’ufage le plus général des Romains étoit de
brûler les corps, comme il paroît par la diftinc-
tî.on qu’a fondée fur cet ufage Diogène Laerce
entre les Romains & les Egyptiens. Les derniers,
dit-i^(>,Y.84.), embaument & enterrent les corps;
mais les Romains les brûlent ». Tacite s’exprime
de même en parlant de Poppée, époufe de Néron,
dont le corps ne fut pas brûlé3 contre l’ufage des.
Romains de ce temps (Annal, x v i . 6. 3.) : Corpus
non igné abolitum , ut Romanus mos.
Cet ufage duroit encore fous Alexandre-Sévère,
comme on peut le conclure des cendres de Cal-
purnius Quadratus Settianus, proconful fous fon
règne, trouvées dans une urne auprès de la voie
Latine, & reconnues pour telles à l’infcription
que portoit l’urne & à une médaille du même empereur,
qu’elle renfermoit avec les cendres. Peut-
être duroit-il encore fous Cornélius Salonin ; car
on voit un bûcher au revers d’une de fes médailles.
Macrobe, qui vivoit fous Théodofe-le-jeune,
dit que l’ufage de brûler les corps avoit cefîe de
fon tems (Sat. v u . 7.) : Deindè licet urendi corpora
defunctorum ufus noflro feculo hullus fit. La religion
Chrétienne contribua beaucoup à fubftituer
l’ufage d’enterrer à celui de brûler j & la crainte
de voir confirmer par le feu les reftes de quelques
faints perfonnages, qui pouvoient devenir des
reliques, fut le motif qui guida les Chrétiens dans
cette fûbftiçution.
Pour ce qui eft des Gaulois & des Efpagnoîs,
il paroît par les urnes remplies de cendres que
l’on découvre dans les provinces foumifes aux
Romains ,. qu’ils fuivoient l’ufage de leurs vainqueurs.
Les fquélettes & les offemens entiers que
l’on trouve dans les autres provinces, ainfï que
dans les pays du nord de l’Europe, annoncent
que l’on y enterroit les cadavres.
Quant aux Africains, fi l’on en croit les auteurs
latins, ils brûloient les corps. V . Bûcher,
Enterrer & Ustrinum.
Brûler les criminels. Ce fuppiice a é té connu
des anciens, & nous en avons une defcription révoltante
dans la vie d’Avidius Caflfms, écrite par
Vulcatius Gallicus. Cet écrivain dit qu’on avoit
élevé un bûcher haut de cent quatre-vingt pieds
romains, fur lequel on avoit attaché, à différentes
hauteurs, les hommes condamnés à périr
par le feu (c. 4.) : Primas etiam id fupplicii genus
invenit 3 ut J lipitem grandem poneret pedum 0Ü0—
ginta & centum , id e fi, materiam, & a fiimmo ufque
ad imum damuatos ligaret :■ & ab imo fociim appo-
neret 3 incenfifaue apos fumo fHciatos $ etiam timoré
, necaret,
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BRUMALES, fêtes des Romains; elles du-, !
soient un mois, & commençoient au 24 novembre.
Elles furent inftituées par Romulus, qui
avoit coutume, durant ’tout ce tems-là^ de donner
à manger au fénat. Suidas, qui n’étoit pas
très-hâbile dans les antiquités latines, & quelques
.écrivains qui l’ont fuivi, a (lurent queues
fêtes étoient inftituées en l'honneur de Bacchus- '
Bromien des Grecs : mais on fait que jamais les
Grecs n’ont appelé ce dieu bfey.oç. Son véritable
furnom , tel qu’on le trouve dans Orphee, eft
■ EolfcttS) d’où l’on avoit fait bromales.
BRU N - f o n c é . Cette nuance- étoit appelée
color niger par les Romains. V. le mot A ter.
BRUNDISIUM, en Italie, brun.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Leur type ordinaire eft un homme n ud , à,
cheval far un dauphin.
BRUT1ENS. -v
BRU T T IAN I . i Ce peuple, qui habitoit la
BRU T T I I . ) pointe de l’Italie, appelée
aujourd’hui la Calabre, fut le premier de 1 Italie
à fe révolter contre les Romains, & a s attacher
à Annibal. Les Romains ne leur pardonnèrent
jamais cette défertion ; ,8c pour en éternifer la
mémoire, ils refufèrent de les recevoir dans leurs
armées, fous quelque nom que ce put etre. De
plus, ils les condamnèrent à accompagner' les
proconfuls & les autres magiftrats qui alloient
commander dans les provinces, & a leur fervir
de valets & de bourreaux , fous le nom generique
Bruttiani. Aulu-Gelle (N. A. x . 3.) nous a con-
ferré cette tradition.
Les médailles autonomes de ce peuple, avec
la légende bpettiQN, font:
RRRR. en or. (Magnan 6* HunterJ.
RR. en argent.
C. en bronze.
Leurs types ordinaires font :
La Vi&oire couronnant un trophée. — Pallas
marchant. — Mars nud, marchant. -— Un aigle
pofé, retournant la tête. — L’ écreviffe de mer.
— Jupiter dans un bige ; ou debout, les bras
étendus.
BRUTUS. (Marcus Junius)
M a r c u s B r u t u s im f e r a t o r .
Ses médailles font :
RRRR. en or.
RR R. en argent.
O. en bronze.
B r u t u s , furnom de la famille Junia ; il
défignoit ordinairement un id io t, depuis que
L. Junius Brutus eut contrefait l’infenfé oour
venir à bout de chafte les Tarquins,
B U B îij
BRUZUS, dans la Phrygie. BPOTZHNflN. ,
Cette ville a fait frapper des tnt daines impériales
grecques en l’honneur de M.-Aure'.e, <le
Commode, de Sévère, de Caracalla, de Maxi-
min, de Maxime & de Gordien-rie.
BUBALE. Ariftide parlant du r.u il
relie table au cerf; Pline le compare a la fois a un
cerf 8e à un veau. Oppicr. allure que fes cornes
font recourbées en arrière. Cette particularité
forme fans doute la reftemblance qu on lui trou-
voit avec le cerf. Aldrovande après avoir difcute
les témoignages des anciens fur le bubale , cioyott
le retrouver dans la vache de Barbarie, efpece de
bifon. M. de Buffon le prend pour une gabelle.
Au refte, Martial l’afîbcie & i’afiîmile au bifon
dans ce vers (./. Spett* epigr. 23. v. 4.) :
I l l i ceffit atrox bubalus, atque bifon. ■
•L’apparition fubite du bubale dans les villes,
étoit regardée comme un fâcheux préfage : on le
voit dans Nicétas, lorfquil parle du huitième
concile.
B U B A S IS . Le grand étymologifte feul parle
d’une divinité & d’une ville égyptiennes de ce
nom. Il dit que la malheureufè fille d’ïnaçhus,
Io, métamorphofée en vache, aborda à la nage
aux côtes de l’Egypte, près des bords du Nil : le
fouverain de cette contrée ayant apperçu fur le
limon les traces de fes pieds de devant, qui ref-
fembloient à la lettre I , & celles des pieds de
derrière à la lettre c i , en forma le nom 10 , donné
depuis à cette vache célèbre; & celui de Bubafis
que porta l’endroit où elle avoit abordé. On verra
à l’article d’Io que c’étoit la même divinité qu’îfis
& que la Lune : aufii Jablonski traduit-il le mot
égyptien ou cophtique qui répond à Bubafis, par
celui de tête-de-vache. On donnoit en Egypte
pour coëffure à Ifis, les cornes de la vache; &
le furnom de Bubafis défignoit fans doute cette
coëffure fymbolique ,. de même que celui de
Taofl/uoctpoç 3 face-de-taureau, défignoit lSs cornes
du Bacchus des Grecs.
BUBASTE. Les Grecs fubftituèrent deux de
leurs divinités, Diane & llithye , à celle que les
Egyptiens appeloient Bubafie, & qu’ils hono-
roient d’un culte particulier dans la ville de ce
nom, limée dans la Baffe-Egypte, fur un des
bras du Nil. Hérodote (lib. i l. ^ 137.) dit expref-
fëment que Bubafie étoit appelée Diane chez les
Grecs, & il décrit fort au long Je temple fuperbe
qui lui éroit confacrè dans la ville de fon nom.
Dans le même livre ( c . 1 5 6 .) Hérodote nous
apprend que les Egyptiens dônnoient à Apollon
& à Diane Bacchus pour père, & Ifis pour
mère; il ajoute que cet Apollon étoit l’Horus
des Egyptiens ; comme Cérès étoit leur Ifis, &
Diane, leur Bubafie. Au tems où vivoit cet htilo-
rien célèbre , toute l’Egypte defeendoit par le
Nil à Bubafie 3 pour y célébrer les fêtes de la