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lui fit rendre dans la fuite plufîeurs honneurs ;
cntr autres il donna fon nom à la ville.
ABIB. Nom que les Hébreux . donnoient au
premier mois de l’année facrée. Il répond à la
fcn du mois de mars, 8c au commencement d’avril.
Un donna dans la fuite à ce mois, le nom de Nifan.
ABIENS. C’étoient entre les Scyttes, d'autres
“ ei?c entrc *es Thraces, des peuples qui faifoient
proteflion d'un genre de vie aultère , dont'Ter-
tuluen fait mention (A ï. de Prafir. cap. x l i i . ) ,
que Strabon loue d’une pureté de moeurs extraordinaire
, & cju'Alexandre ab Alexandra 8c Sca-
l'ger ont jugé a propos d’appeler du nom de
philofophes, enviant, pour ainli d ire , aux Scythes
une diftinélion qui leur fait plus d’honneur
qu a la philofophie , d’être les feuls peuples de
, F.enle <JU1 a'ent à peine connu des poètes, des
philofophes, des orateurs, 8c qui n’en ayent été
ni moins honorés, ni moins courageux , ni moins
lages. _i.es Grecs avoient une haute eftime pour
les Abiens , & ils la méritoient bien par je ne
fais quelle élévation de caraâère , & je ne fais
quel degre de jultice 8 c d’ équité dont ils fe
piquoient, fingulièrement envers leurs compatriotes
, pour qui leur perfonne étoit facrée. Que ne
dévoient point être aux yeux des autres hommes
, ceux pour qui les fages 8c braves Scythes
avoient tant de vénération ! Ce font ces Abiens,
je crois, qui fe confervèrent libres fous Cyrus, &
qui fe fournirent à Alexandre. C’eft un grand
honneur a Alexandre, ou peut-être un reproche
a leur faire ( Diderot. )
A B IL A , dans la Coeléfyrie.
On a des Médailles impériales Grecques de cette
v ille , frappées en l’honneur de L. Verus Sr de
Commode.
ABLEGMINA 8 c ALBEGMINA. On entendent
par ce mot les parties des viéfimes que l’on
refervoit pour les dieux. Elles étoient mifes à part, '
ou feparees : ce qui s’exprimoit par le mot able+
gere chez les Latins , & ùiroxiyu* chez les
Grecs. Feftus dit : ablegmina 3 partes extorum 3 que,
dns immolabant. Tertullien ( Apolog. c. 13.) raille
les payens fur les viâimes 8c les ablegmina .- non
dico , quales fitis in Jacrificando , citm incita & tabi-
dofa queque mailatis, cùm de opimis & integris
fnperyacua quaquetraêiatis capitulait ungulas , que.
domi quoque pueris 3 vel canibus defiinajfetis. n Je
ne parle pas de vos facrifices, des animaux malades
ou blefles que vous offrez pour victimes ,
& des parties que vous réfervez pour les dieux *
quand les viennes font greffes & faines. Ne font-
ce pas le crâne & les pieds , que vous ne donneriez
a manger chez vous., qu’à vos domeftiques
ou aux chiens ? »
ABLUTIONS. Voy. P u r i f i c a t io n .
ABOLLA , e n Sicile, a b o a .
Les Médailles autonomes de cette ville , font : O. en or.
O. en argent.
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Unique en bronze... Torremufa.
ABOLLA. Les avis font partagés fur cet habillement
des Romains. Papias Ta confondu mal-à-
propos avec la Toge 5 car Varron (apud Non.
xiv. c). y le met en oppofîtion avec elle : Abolla,
veftis militaris. Virro çofmotoryne. Toga de t raid a
eft. *. ^ abolla data eft ad turbam ( o u tubam )
mihi 3 fera militie munera belli ut pr&fiarem. Martial
a fait la même chofe ( Lib. 8.49.: 9. )
Nejcit j cui dederit Tyriam, Crifpinus, dbollam 3
Dum mutât cultus 3 induiturque togam.
L ’Abolla n’étoit pas un habillement de. fénateur,
comme .plufîeurs écrivains Pont prétendu , puif-
què la Toge qui vient d’être mife en oppofîtion
avec elle j formoit l’habit des Confulaires. C é to it
un furtout ( pallium ) long & ample , qui fe
repfioit en deux , comme s’il eût été double , &
dont les foldats & les philofophes faifoient ufage
hors de Rome.
Saumaife (de Mod. ufur. c. 3.) dit que les gouverneurs
de provinces & même les préfets de Rome,
portoient 1 Àbolla quand ils fiégeoienr dans les
tribunaux. C’eft .a cela que Juvénal fait allufîon ,
félon lui, lorfqu’il appelle facinora majoris abolie,,
les crimes extraordinaires qui étoient du reffort
des grands juges , ou des juges portant l’Abolla. j
Pitifcus combat avec raifon cette opinion de Saumaife.
On fait en effet queles gouverneursportoient
la prétexte dans leurs provinces. Ils partoient à la
vérité de Rome vêtus du paludament, mais ils s’ac-
quittoient de leurs fondions avec la prétexte dans
les villes de leurs départemens. Qui peut croire
d ailleurs , que le préfet de Rome rendît fes ju-
" gemens avec un habillement de foldat ou de voyageur
? Juvénal parle aufll de l’Abolla du préfet
Pegafus. On obfervera fur ce paffage qu’il ne le.
peint^pas dans l’inftant où il montoit fur fon tribunal
, mais dans le moment où il partoit pour
Albano , comme un fimple jurifconfulte , revêtu
de l’habit des philofophes.
ABONDANCE^, divinité allégorique qu’on
trouve perfonniftée dans les anciens monumens ,
mais qui n’a jamais eu ni temple, ni autel. On
la repréfente^ fous la figure d’une belle femme ,
couronnée d’une guirlande de fleurs. Elle tient
de la main droite une corne remplie de toutes
fortes de fruits, penchée vers la terre 5 & de
1 autre main un faifeeau d’épis de plufîeurs fortes
de grains , dont la plupart tombent pêle-mêle.
Cette figure accompagne affez fouvent les images
des dieux & des héros , pour marquer l’abon-^
dance procurée par la bonté des dieux & par
la valeur des héros 5 quelquefois même on en
voit deux pour marquer une abondance extraordinaire.
Voy. A m a l t h é e , A c h e l o u s , c o r n e
d’a b o n d a n c e , e u t h é n ie .
On place fur les Médailles aux pieds de l’abondance,
un boiffeap d’où fortent des épis, & un
pavot , fymfeolc de la fécondité. Quelquefois on
A B O
apperç'oit près, d’elle un yaifTeau , pour defîgnér
le bled que le prince avoit fait venir des pays
éloignés. , ,
ABONOTICHUS, dans la Paphlagonie. ABfl-
NOTEI'XEITiïN.
On a des Médailles impériales Grecques de
cette ville, frappées en l’honneur d Antonin .& de
M. Aurèle. , . .
ABORIGENES & ABORIGINES. Ce nom
exprime aujourd’hui tous les premiers peuples d’un
pays en général, par oppofîtion aux nouveaux
habitans, qui font venus s’y établir à différentes
époques. 11 ne défîgnoit communément, chez les
anciens, que deux peuples en particulier , les premiers
habitans de la Grèce, 8c ceux de l’ Italie ,
ou les Pélafges 8c le peuple qui a précédé les
Etryfques. 3 n " '
Nous commençons par faire connoitre ces derniers
, parce que les différentes opinions fur 1 étymologie
de leurs noms, jetteront du jour fur leur
origine prétendue. Àurelius Viétor les appelle
Aborigènes , comme fi l’on difoit Aborigènes ,
vagabonds , de ab, & erro , j erre ça & la } il
croit que des Scythes venus'dans cette'partie de
l ’Italie, en ont été les .premiers habitans. feftus
eft du même fentiment.
S. Jérôme dit qu’ils ont été appelés Aborigène^ ,
parce qu’ils n’avoient point d’origine , de Va
privatif, & d’origo : c’eft-a-dire, qu’ils etoient originaires
du pays, & ne defeendoient pas d’une colonie
arrivée poftérieurement ; ou , comme dit
Denis d’Halicarnaffe, qui rapporte ce fentiment-
fansTembraffer , parce qu’ ils furent les chefs de
la poftérité des anciens habitans. Virgile femble
être du même fentiment ( Æneid. lib. 8 . £77.)
Saturnusque Jenex , janique bifrontis imago ,
Veftibulo adftabant, aliique àborigine Reges.
Servius remarque fur ces vers , que àborigine
Reges 3 eft mis pour aboriginum Reges ; & Pline-
( Lib. iv. ) appelle les Tyriens, aborigines de Cadix
, parce qu’ils en étoient les fondateurs.
Denis, d’Harlicarnaffe croit qu’ils ont été appelés
AXoptyim , parce qu’ils habitoient les montagnes,
A%o ofio-i , a montibus. Virgile fe rapproche auffi
de cette opinion (Ædeid. lib. 8 . 321. )
Is genus indocile ac difperfum , montibus altis
Compofuit, legefque dédit*
Danet a cherché une étymologie relative aux
montagnes , dans la langue Hébraïque.
C’eft à l’exemple de ceux qui , reconnoiffant
Cham pour le Saturne des Egyptiens, croyent que
ce fils de ; Noë raffembla divers peuples errans,
& les conduifît en Italie. Tite-Ljve & Denis d’Halicarnaffe
, affurent avec plus de raifon^ & de
vraifemblance , que les Aborigènes de l’ Italie ,
étoient venus d’Arcadie fous la conduite d’QEnotrus,
fils de Lycaon , feize âges ou générations apres,
la guerre de Troye. Quelques écrivains, toujours
A B O 13
occupés des Hébreux, affurent que ces Aborigènes
étoient des Phéniciens ou des Chananéens chaffés
par Jofué. Jean Picard les reconnoît avec plus de
fondement pour une colonie Gauloise ^ ( Celto-
poedie v. ) Il établit fon opinion fur différens témoignages
de Caton, de Solin & meme d un
célèbre hiftorien Grec , Timogene , dont Suidas
nous a conferve des fràgmcns.
Les Egyptiens & les. Scythes fe croy oient J e
premier peuple du monde , & affuroient qùjls
étoient Aborigènes , ou nés dans le pa^s qu ils
habitoient. Les Pélafges , ou Grecs anterieurs a
la guerre de Troye , c’eft-à-dire , aux monumens
littéraires connus , avoient des prétentions
plus ridicules encore. Les Arcadiens fe donnoient
le nom de nporeh-lvoi , fies, avant la lune. Les
S Athéniens affuroient hardiment qu’ils avoient été
' formés avant le fo le il, & ils fe nommoient
: rvymis, enfans de la terre. Ces traditions vaines
annoncent qu’il feroît impofïible de lever le voile
dont font couverts les premiers tems de la Grèce
& le berceau des Aborigènes Grecs.
ABORIGÈNES. Les plus anciens monumens
; de d’art , ceux que l’on peut également donner
| aux Aborigènes d’ Italie, avant les Etrufques, 8c
aux Pélafges , fe reffentent toujours de la fource
Egyptienne. 11 eft à préfumer que la pofition des
premiers entre les deux mers de l’ Italie , leur
avoit rendu la communication facile avec l’Egypte;
mais il faut convenir que leur imitation n’a jamais
; été fervile, & que les Etrufques, leurs fucceffeurs,
ont toujours confervé leur propre manière. En
effet, on remarque dans leurs monumens , l’irh-
preffion qu’ils 'ont reçue de l’Egvpte & de la
’ Grèce ; on entrevoit le tems auquel cette nation
a été frappée des idées d’Homère ; on reconnoît
l’ufagequelle en a fait; on peut même comparer
i les monumeps de l’un & de l’autre peuple, lorf-
' quils ont traité le même fujet : l’on eft par coir-
: féquent à -même de découvrir, d’ une manière un
peu vague , à la vérité, les idées qui leur étoient
propres, par des exemples répétés, c’eft-à-dire,
par la comparaifon d’un très-grand nombre de
monumens. Ce fecours manque entièrement à
l’égard des Aborigènes & des Pélafges : on fait
qu’ils ont exifté : on trouve des ouvrages qu’ils
doivent avoir fabriqués ; mais comment diftin-
guer leur date générale & particulière ? Comment
ofer étendre & propofer des conjectures, quand
on ne peut s’appuyer fur aucune différence ? Les
hiftoriens fe font peu occupés de ces peuples ,
qui d’ailleurs n’ont pas joué un grand rôle dans
le monde. Il eft donc naturel de donner indifféremment
à la nation la plus éclairée , la plus
connue , enfin , à celle qui a occupé à fon tour
les mêmes provinces, toutes les antiquités trouvées
dans ces cantons, d’autant même quelles
préfentent une reffemblance affez fenfible avec les
premières & les plus anciennes des Etrufques.
( Caylus iv» p- 74. )