
Comprcnoît-on des déeffes fous le nom génétique
Cabires ? La réponfe à cette queftion fe
trouve en partie dans ce qui a été dit ci-devant
au fujet des Cabires nommés Axiéros, Axiocherfa
Si Axiockerfos 3 fous lefquels noms les uns re-
connoiffent Cérès , Proferpine & Pluton ; & les
autres, Jupiter, Pluton & Proferpine. 11 a été
aufli fait mention de Cérès- Cabiria , dont le culte
étoit particulièrement établi en Béotie, & accompagné
de myftères femblables à ceux des
Cabires Samothraciens. La Nymphe Cabira , fille
de Prothée , avoit eu de Vulcain', outre les
trois Cabires appelés Alcon , Eurymédon & Cad-
roillus ou Mercure, trois filles qui ne font pas
nommées autrement que Cabirides 3 auxquelles
on offroit des facrifices dans l’ifle de Lemnos ,
comme à des divinités., fuivant Strabon. Il n’eft
pas befoin d'en dire davantage pour montrer
que l’on comprenoit des déeffes fous le nom de
Cabires , & pour faire voir en même-tems com- ;
bien les idées que les anciens peuples avoient \
de ces dieux , étoient confufes. Ce n’étoit qu’un
nom appellatif, fous lequel ils comprenoient des
divinités de tout fexe, de tout âge , de toiit
ordre & de tout étage , céleftes 3 terreftes, mar
ritimes , infernales, auxquelles on donnoit diffé-
rens attributs î car, indépendamment des Cabires9
q u i , comme on l’a ci-devant remarqué , étoient
réputés inventeurs de la navigation, on attri-
buoit auffi aux uns l’invention du fe r , aux autres
l’invention des loix , des lettres & de l’écriture
i & à d’autres encore, l’ invention des en-
chantemens, de l’ ufage des plantes, &c. Le
culte qui leur étoit rendu en différents lieux ,
étoit relatif à ces différens attributs.
Pour ce qui eft de la ville qui a fait frapper
les médailles citées plus hau t, dont les unes
repréfentent Caftor & Pollux, & les autres des
empereurs, des impératrices & leurs enfans fous •
le nom de Cabires-Syriens , il fembleroit d’abord
que ce devoit être la ville de Béryte, par les
raifons fuivantes. Etienne de Byzance rapporte
qu’elle avoit été bâtie par Saturne 3 & félon le
fragment de Sanchoniathôn , Saturne l’avoit donnée
à Neptune & aux Cabires. Leur culte y étoit
établi; & l’on en a plufieurs médailles autonomes
, dont les unes repréfentent la tête de Caftor
avec fon bonnet furmonté d’une étoile , & dont
les autres portent \p fymbole des Diofcures 3
c ’eft-à-dire, de.ux bonnets avec une étoile ati-
jdeffus de chacun. Cependant d’autres raifons
empêchent de lui attribuer celles dont il eft ici
queftion- Cette ville fut faite colonie par Jules-
Céfar 3 & depuis çe rems-là, toutes les médailles
qui y ont été frappées, en grande quantité ,. ont
des légendes latines. Gn n’en trouve aucune im- ,
périaie ayeç des légendes grecques : on en a
même une autonome latine. Il n’eft pas vraifem-
blable que pendant qu’elle faifoit frapper en cette
langue des paédailles pour tous Jgs empereurs, ££ I
particulièrement pour Ântonin 3 dont plufieurs fç
trouvent^armi celles des colonies, elle en ait fait
frapper d’autres avec des légendes grecques pour le
même empereur. 11 y a tout lieu de juger que celles»
ci appartiennent à la ville de Tripolis en Phéni-
cie 3 tant par rapport à leur fabrique & au palmier
qui s’y trouve repréfenté, ainfi que fut
d’autres médailles de cette ville’, & non fur
celle de Béryte, que par rapport au type des Diofcures
, que contiennent prefque toutes les médailles
qui y ont été frappées depuis Augufte
jufqu’à Elagabale. Parmi ces médailles grecques
impériales de Tripolis 3 il y en a fur-tout beaucoup
d’Antonin 5 ce qui a fait (dire à Vaillant
que c’étoit une marque que les Tri pcrli ta in s eu
avoient reçu des bienfaits. Les médailles préfentes
fortifient la conjecture de cet antiquaire, en ce
qu’elles font voir que les Tripôlitains avoient
porté la reconnoiffan.ee jufqu’à regarder &r honorer
cet empereur 8c tous ceux de fa famille,
comme leurs dieux Cabires. Au furplus, il eft
probable que Tripolis avoit emprunté leur culte
de la ville de Béryte, dont elle n’étoit pas
éloignée 3 mais fans cela, il devoit s’y être introduit
par fes propres habitans , puifque cette ville
maritime où il fe faifoit un grand commerce,
comme il s’y en fait encore préfentement, devoit
être peuplée de négocians & de gens de mer,
qui tous avoient ces dieux en fingulière vénération,
les regardant comme leurs condudeurs
& leurs fauveurs dans le cours de leurs navigations.
Cet article eft de P ellerin. ( Mélange de médailles
3 tome I. p . 82. J.
La plupart des princes alloient à Samothrace fe
faire initier aux myftères redoutables de ces grandes
vinités. Cadmus, Orphée, Hercule, Caftor &
Pollux', Ulyffe & les autres héros de la guerre
de Troye j Philippe père d’Alexandre, & beaucoup
d’autres ont fait ce voyage 3 & ce qui les
y portoit, c’eft qu’outre qu’on croyoit recevoir
des dieux Cabires de grands fecours dans les expéditions
dangereufes, fur-tout dans les tempêtes ,
on voyoit que les peuples portoient un grand
refpeCf à ceux qui avoient participé à ces myftères.
Ces myftères étoient fort refpeétables, &
on avoit grand foin de ne point les révéler : les
auteurs mêmes qui en ont fait mention , retenus
par je fais quel refpeél religieux, n’ofent entrer
dans aucun détail fur les myftères de Samothrace.
Les prêtres fe fervoient aufli d’une langue qui
leur étoit particulière, pour n’être pas entendus
du peuple. Les Corybantes étoient les miniftres
de ces myftères, non-feulement à Lemnos & à
Irnbros, mais encore dans toute la Phrygie.
CABIRIA, fumom de Cérès > qui étoit la première
des divinités Cabires : elle avoit un bois
fgeré , fous ce nom , dans la. Béotie.
CABIRIDES,
CABIRIDES , Nymphes , filles de Vulcain te
de Cabire. „ .
CABiRIES , fêtes inftituees en l’honneur des
Cabires : elles fe célébrèrent d’abord à Lemnos,
fu r en t en fuite adoptées par les habitans des ifles
de Samothrace te d’imbros 5 & pafsèrent de-là
dans la Grèce, à Athènes , mais fur - tout à
Thèbes, où elles devinrent célèbres. Les initiations
aux myftères des Cabires, fe pratiquoient
en plaçant le profélyte couronné d’olivier , &
ceint d’une écharpé de pourpre , fur un trône
autour duquel les prêtres formoient diverfes dan-
fes. On appeloit cette cérémonie &pl»unç 8 c
ô-ptvtrfcoç , ihïroniftation.
CABOCHON. On appelle cabochon une pierre
précieufe qui eft Amplement polie fur fa furface,
fans facettes. Les reliquaires anciens en font
ornés avec profufîon 3 & l’on peut croire que
c’étoit la forme la plus ordinaire que les anciens
donnaffent aux pierres précieufes. Les Orientaux
taillent encore le' rubis en cabochon.
CABOTAGE, navigation qui fe fait le long
des côtes , par ©ppofition à la navigation de la
haute-mer. On a cru faulfement que les anciens
ne pratiquoient que le cabotage ; car il y a grande
apparence que le s , Carthaginois fe font élevés
dans l’Océan à une hauteur telle qu’ils n’auroient
pu le faire fans perdre les côtés de vue. Si les
Egyptiens ont doublé le Cap de Bonne-Efpérance
fous le règne de Ptolémée-Philadelphe, qui pourra
encore refufer aux anciens la navigation en haute-
mer ? r
CABRUS , ou Caprus , dieu particulier qu’on
honoroit à Phafélis , ville de Pamphilie, & à
qui on offrôit des petits poiftons falés en facri-
fice. De-là vint que l’on appela proverbialement
du poiffon falé, un facrifice de Phafélites.
C4 &ÜS. Voyez C a b .
CACA, foeur du fameux Cacus , fut mife au
rang des déeffes , parce qu’elle avoit averti Hercule
du vol que fon frère avoit fait de fes boeufs.
Elle avoit un petit temple dans lequel des vef-
tales lui offroient des facrifices , & entretenoient
un feu facré , comme dans le temple de Vefta.
{ Servius , Æneid. vm. I<)©. )
CACHETER** ^ ^ es te^amens ^es Romains
étoient fcellés avec des fceaux que l’on' appli- "
quoit après qu’on avoit percé ces aétes , &
pâffé trois fois par les trous le lin qui les en-
veloppoit. Cette manière de fceller les teftamens
fut établie par le fénat du temps de l’empereur
Néron. Adversîis falfarios, dit.Suétone; tune pri-
mum repertum , ne tabule, nifi pertufe, ac ter'lino
per foramina trajeÛo obfigriarénlur. Elle paffa en
Germanie & dans les Gaules , où elle fe maintint
au moyen â g e , comme le font* voir les formules
«e Marculfe & de Lindenhroge. On écrivoit au-
dehdrs du teftament les noms de ceux qui y
Aude] ailés, Tome I.
avoient appufé leurs cachets.\Lz reconnoiffance du
fceau étoit néceffaire chez les anciens , comme
il paroît par les a êtes publics de Ravenne. Dès
le tems de Plaute & de Cicéron, on reconnoiffoit
le fceau appliqué fur le lin avant que de le rompre.
cognojce ftgnum, dit le premier. Sur quoi
Taubman fait cette remarque : Linum fuit vin-
^ulum quo epiftola obligabatur , & cuî ftgnum ip-
jum impofitum imprejfumque. Nec epiftolarn aperire
\ fuit', nifi illo foluto. Inde linum inciderx
; apud Cicer. & pajftpayulgataque phrafis3 solvere
K -p i sTOLÂM. Feré autem ftgnum cum eo fraÏÏum :
ideoque jubebant ftemper ante, apertionem figna
agnoftei , fidei cauftsâ. Ita & Cicero in Catil. Os-
T END I TA BULA S L E N T U LO 3ET QUÆS ÏV I COGNOSceret
ne signum ? L’ufage de mettre le fcellé
fur les. biens des défunts , étoit pratiqué chez les
Romains. Agrippine , mère de Néron , fit appo-
fer fes fceaux fur les effets d’une dame nommée
Acerronie, .pour fe les approprier.
Les Grecs 8c les Romains cachetoient de même
leurs lettres. Ils entouroient avec du fil les tablettes
de cire, au-dedans defquelles elles étoienc
écrites , & ils imprimoient leurs cachets fur la
; cire qui étoit appliquée extérieurement à ce fil.
V o y t [ A n n e a u x .
CACULA. Les Romains appel oient de ce nom
les valets d’armée , ou goujats. Ces mercenaires
rf étoient point enrôlés dans la milice.
CACUNUS (Jupiter). Ficoroni avoit donne
au mufeum du collège romain, une petite lame
de bronze, femblable à un talifman, fur laquelle
; on lifoit :
(O ) ;
IOYIS
. CACUNUS^
Les antiquaires de Rome croyoient y voir un fur-
nom de Jupiter relatif aux fondrions animales de
l’homme, & analogue à fes autres furnoms
AIIOMYIÔS , DAPALIS , KATAIBATHZ, PlSTOR ,
T r agoe d u s & Sterculius ou Ste r cu tiu s .
Le père Lupi, Sicilien , célèbre par fes écrits fur
l’antiquité , détruifit cette illufion ( Epitaphi.
Severe. pag. 75. ) en lifant io v i . s. c. acunüs i
C. Acunus a dédié ce monument à Jupiter.
CACUS , fils de Vulcain,monftre demi-homme,
é to it, dit Virgile, d’une taille énorme : fa bouche
vomiffoit des tourbillons de flamme. Des têtes
fanglantes étoient fans ceffe fufpendues à la porte
de fa caverne creufée dans le Mont - Aventin.
Hercule , après la défaite de Géryon , conduifit
fes troupeaux fur les bords du Tibre , & s’endormit
pendant qu’ ils paifloient : Cacus eut U
hardieffe d’en voler huit. Pour ne pas être découvert
par les traces de leurs pas , il les traîna
à reculons par la queue dans fon antre. Hercule
A a a a