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rel'tg. veter. Perf, cap., v. p. 13Ô. ) ; & de plus,
que les Egyptiens ne l’excluoient pas du nombre
des êtres auxquels ils rendoient un culte.
Ce font , comme l'on v o it , des écrivains chrétiens
qui ont fait de Canope un dieu des Egyptiens.
Aucun écrivain payen n'en a parlé de même.
On ne peut objecter qu'un feul pafiage de Denys
Périégètes, qui , étant bien interprété.» ne forme
aucune difficulté. Ce géographe appelle la ville
de Canope , le temple célèbre de Canobus et A-
mycléc.
K ett Ttftitég. 7rsp isrtif «? AptvKXcuot»
Mais cette manière de défîgner la ville de Canope
n’eft pas particulière à Denys , & elle ne prouve
pas qu’un dieu particulier appelé Canope eût un
temple dans cette ville. On-voit en effet Homère
( lliad. B. v. 695. ) appeler toute la ville de Pyr-
'rhafus le temple de Cér'es 3 parce que les campagnes
de Pyrrhafus étoient très-fertiles en bled.
C ’eft dans le même Cens que Pindare ( Pytk. od. 1 v.)
appelle la Lybie & l’Égypte entière 3 le temple
fertile du. Nil. Par une métamorphofe femblable »
Deiiys Périégètes aura appelé la ville de Canope3
que l’on çroÿoit avoir pris fon nom du matifolée
de Canobus , le temple du pilote d‘Amyclée.
Le prétendu temple de Canopus n’eft donc plus
que fon maufolée, & cependant il eft fouvent
parlé de dieux Canopiens 3 c’eft-à-dire , adorés à
Canope : quelles étoient ces divinités ? Paufanias
( Pkocic. cap. x j n . ) rapporte un oracle d’Apollon
Delphien, qui diftingue l’Hercule de Tyrinthe,
de l’Hercule Canopien: Strabon parle de ce temple
d’Hercule, & d’un autre de la même ville cbnfa-
cré à Sérapis. L’Hercule de Canope eft peu connu
dans l’antiquité; mais le Sérapis de Canope étoit
très-renommé 3 & il le cédoit à peine au Sérapis
d’Alexandrie 3 que la munificence des Ptolémées
avoit enrichi. Ce culte s’étendit hors de
l’Egypte, & Paufanias vit dans la citadelle de
Corinthe 3 un temple çonfacré au Sérapis de
Canope. Les édifices dépendans du temple de
Sérapis Canopien , fervirent pendant quarante ans
de demeure au célèbre Ptolomée ; il y cultiva
l’aftrononiie avec le plus grand fucçès, & il grava
fes obfervations & fes découvertes fur les colonnes
de ce temple. Il fe forma auffi près de ce
lieu facré une école de philofophes Pythagoréo-
Platoniciens, qui tenoient feçrètes leur doctrine
&: leurs obfervations. Ce furent ces monumens
favans q u i, joints aux pierres chargées d’anciens
hiéroglyphes, confervées au même lieu , firent
dire à Ruffin ( loço citato ) que le temple de
Canope é.toit la plus célèbre école de magie de
l’univers entier. La ruine totale de ce bel édifice
fut la fuite de cette ridicule opinion des premiers
chrétiens ; & Théodofe le fit abattre en même-
tems que les temples d’Alexandrie.
La forme ffngulière fpus laquelle on adoroit
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Sérapis à Canope, nous fera connoitre la nature
& les attributs particuliers de ce Sérapis-, qui
étoit différent du Sérapis, ou Pluton, apporté
par les Grecs à Alexandrie. Nous avons vu plus
haut que c’étoit un bocal, ou vafe à large ventre
, fait d’une terre extrêmement poreufe , qui
fervoit à, filtrer l’eau du N i l, afin de la rendre
claire & potable. Les habitans de Canope trou-
voient cette efpèce d’argile dans leur voifinage,
& ils faifoient dans toute l’ Egypte un grand commerce
de ces vafes à filtrer. De-là vint fans doute
le nom de terre-d‘or, jou terre que l’on échan-
geoit contre l’or. Les médailles de Canope frappées
en l’honneur d’Hadrien, préfentent un de
ces vafes fürmontés d’un ferpent, qui étoit fans
doute le bon génie , 'xyuèég Aeclp.a>v. Ce nom de
bon génie avoit été donné au bras dü Nil qui
ferpentoit auprès de Canope. On peut en conclure,
que la grande divinité des Canopiens avoit
été d’abord le bon génie du N i l, & qu’il étoit
repréfenté par les vafes à filtrer : mais ce dieu
du Nil coulant dans le bras Canopique , fut transformé
du tems des Grecs en Sérapis ; car c’eff lui
que les écrivains de cette nation défignent par
excellence fous le nom de dieu Canopien. Ainfi
l’on adoroit à Alexandrie le Sérapis-Pluton ; &
non loin de cette ville ; à Canope', on reridoit
un culte à Sérapis du Nil. C’eft l’opinion du
favant Jabiôns*ki que nous venons d’expofer.
On conferve dans les colle&ions d’antiques plu-
ffeurs vafes Egyptiens, que l’on appelle indiftïrxfte-
mtmCanopes. Nous croyons cependant que cette
dénomination eft trop générale, & qu’il faudroit
diftinguer les vafes qui ont fervi à renfermer des
animaux facrés après leur embaumement, des vafes
quirepréfentoient véritablement le Sérapis du Nil.
Si on craint de trop reftreindre le nombre des
premiers, en n y -comprenant que ceux dont le
couvercle repréfenteroit une tête d’animal , on
pourroit au - moins n’appeler canopes que ceux de
ces vafes feuls qui feroient ornés de fculpture.
Le comte de Caylus a publié ( Rec, et Antiq. / ,
page 1. ) un de ces prétendus canopes , & il en a
accompagné le deffin de fages réflexions.
Ce prétendu canope eft un vafe de pierre, deftiné
à renfermer un oifeau embaumé, & qui conferve
encore une partie de la matière deftinée à çet
ufage. Ce monument a onze pouces de hauteur,
& environ fix pouçes de largeur. Le couvercle ,
qui repréfente une tête d’épçrvier affez mal formée
, eft d’albâtre ; mais ce couvercle , quoique
du même goût & du même pays n’eft pas vrai-
femblablçmçnt celui que ce vafe ayoit autrefois.
Il eft à préfumer qu’op les affortit, comme on
peut, en Égypte, avant que de les envoyer en
Europe ; car j’en ai vu quelques-uns complets
pour la matière, & plufieurs autres dans le cas
de celui-ci, c’ eft-à-dire, qu’on pouvoirleur reprocher
le même défaut d’aflfortiment. La plus grande
partie des monumens Egyptiens, principalement
«eu*
ceux qui paroiflent avoir été deftinés à renfermer
quelque chofe, préfenteront toujours ces fortes
ae dérangemens. Les Arabes les ouvrent & les
vifitent, dans l’efpérance d’avoir de l’or ; & nelçs
vendent jamais aux Francs qu'après un examen
folide, 8c ordinairement dépourvus de foins &
d’arrangement.
On voit à Rome plufîeurs véritables canopes : il
r en a deux de bazalte verd au Capitole, dont
’un a été trouvé dans la fameufe ville d’Hadrien ,
à Tivoli. Le Cardinal Albani en avoit auffi deux
de la même matière. L ’un de ceux-là avoit été
trouvé, fur ie promontoire de Circée , entre Net-
tuno & Terraci.ne , & il a été publié par Borioni
( colle&ànea Antiquit. Roman. , n°. 3 ). Le même
canope fert de cul-de-lampe au c-hap. il du liv. il
de l’hiftoire de l’art de Winkelman,traduite.parHu-
ber, à Leipfîk, en 1781. Le deffin de tous ces canopes
, & fur-tout celui de leur tê te , eft entièrement
dans le ftyle grec ; mais les figures en bas-relief,
travaillées fur îe corps des vafes , font des imitations
Egyptiennes. Le travail de ces figures
eft faillant, & il n’annonce pas dès-lors un artiftè
Egyptien : car les figures de ces artiftes font ordinairement
d’un relief applati, & elles font presque
arrafées à la pierre fur laquelle on Les a fcul-
ptées. Ces figures repréfentent prefque toutes les
divinités'de l’Egypte, avec leurs attributs. Dans
la collection'de Ste; Geneviève , il y a un vafe de
pierre calcaire,très-peu évidé, fur lequel font gra-^
vés des hyéxdglyphes, & dont le couvercle, fait de
la même pierre, repréfente une tête de femme ,
peut'être d’Ifîs. Il eft difficile de déterminer à
laquelle des deux clafles on' doit rapporter ce
canope. -On voit dans la même colleétion une tête
dé bronze, formée comme les couvercles des
canopes 3 qui repréfente certainement Ifîs ; car
elle porte fur le front le ferpent Agatho-démon,
& elle eft coëffée avec une ample dépouille de
poule de Numidie. Cette dépouille eft formée
par une êfpèce d’émail, incrufté dans le bronzé
aux efpaces creufés &: réfervés à cet effet.
CANOPIENS. •( Hercule, Sérapis.' ) V. C a -
NOPËi :
CANOPUS. Cette ville d’Égypte, fituée furie
bras canopique du Nil, a fait frapper des médailles
grecques en l’honneur d’Hadrien, avec la légende
KANÎ2.
Canopus étoit célèbre dans l’antiquité , par la
diflolution déS'iiioeurs de fes habitans. Elle étoit
extrême ; & Strabon , parlant des délices d’Eleu-
fis , dit qu’ellçs étoient comme.l’entrée & le prélude
des ufages & de l’effronterie de Canopus.
Sénèque , faifant. le : portrait d’un fage , affiire
uu’il fe gardera bien, pour chôifîr fa retraite,
de préférer Canopus, quoiqu’il ne foit pas défendu
d’y mener une vie réglée. Voulant exagérer combien
les moeurs des Romaines étoient corrompues,
Juyénal dit que Canopus même les blâütûki
Antiquités 3 Tome 7,
r ; ; . & mores urbis damnante Canopo.
Une des principales caufes de cette diflolution,
étoit l’abord continuel des habitans de la haute-& de
là baffe Egypte, qui y àccouroient pour con fui ter
Sérapis, & pour célébrer fes fêtes. Ils y defeen-
doient par le N il, & fon canal étoit couvert de
barques remplies d’hommes & de femmes, qui
danfoient & chantoient avec la dernière lubricité.
La ville de Canopus étoit compofée , en très-
gta'nde partie, d’auberges , & de maifons defti-
nées à ces réjouiflances.
CANOT. V,. Barque.
CANOTHA3 dans la décapole de Syrie. KAMO0.
Cette ville a fait frapper une médaille impé-
riâle grecqüe , en l ’honneür de Domitien , félon
Vaillant; mais elle convientmiéux à Canata ,
félon Pel.lerin,
C AN T A B RUM , étendard en ufage dans les
armées Romaines,; Tous les fuccefleurs. de Conf»-
tantin. Minutiüs Félix >& Tertullien en. font menr
tion dans leurs apologies , & le comparent à une
croix. Cette efpèce d’étendard différoit des autres,
en ce que ceux-ci étoient des pièces d’ étoffe
de diverfes couleurs , fuivant les divifions de
l'armée , & que le cantabrum. étoit fait-de pièces
d’étoffes, fur lefquelles étoient gravés des noms,
Quelques figles , ôu: même des vers.
CANTHARUS. Le cantkarus étoit un^ grand
vafe de l’ ufage le plus commun. Il avoit pour
anfe des anneaux mobiles , ou des boucles pendantes
:
Et gravis attritâ pendebat cantkarus an fa.
C’étoit une large cuvette ,.peu profondè , & placée
fur un piedlrès-applati. On en voit une dans
un morceau de mofaïque , trouvé; à- Tivoli ,• en
1737, deflinédans le Mufsum capitolinum , t. n i .
Cette mofaïque paroît être l’original, ou durci
oins la copie de celle que décrit Pline ( lib.
x x x ix , 60. ) , &: fur laquelle étoit repréfenté un
vafe , que cet écrivain appelle cantkarus.
Le cantkarus étoit un attribut de Bacchus, ainfl
que le.thyrfe : on le voit fouvent dans.fes mains ,
ou à fes pieds, fur les marbres antiques. Une îiïf-
cription trouvée à Riminifait mention d’une ftatue
de Bacchus , & de Ton cantkarus. On confacroit
auffi ces vafes à d’autres divinités, comme il paroît
par ces paroles d’Apulée ( Métaniorph. i x ,
p. irjy ) : Cantharoque & ipfo fimulacro3quod gere-
bafn , apud fanï donatium redditis ac'confecratis.
Cantharus étoit le nom d’une efpèce de
corbeille , faite de terre cuite, dans laquelle on
expofoit en Grèce les enfans dont on ne vouloit
pas prendre foin. Ariftophane ( in Ranis ) dit
qu’CEdipe fut expofé dans un vafe de cette matière.
; Térence, voûtant peindre les moeurs grecques
> a pAïié de cet ufage ( Andr. 1 v. 4. 30. -M
O o 0 o