
cheval de bois , en fortirent par le moyen d’un
cable 3 & introduisirent dans les murs ae Troye
toute l'armée ennemie. « Cette fidion, qui nous
M paroît aujourd'hui fi folle 3 dit M. l’abbé.des
“ Fontaines 3 étoit appuyée fur une vieille tradi*
»> tion, & fur la crédulité des anciens peuplés. La
*> plupart des poètes grecs la fuppofent. Plutar-
w que , dans la vie de Romulus 3 allure que l’on
39 célébroit une fête à Rome en commémoration
35 de cet événement, & que pour cela on immo-
» loit un cheval au dieu Mars ». ■
Paufanias (in Atticis) croit que ce cheval étoit
une machine de guerre, une efpèce de bélier,
qu’Epéus imagina pour battre les murs de Troye,
& que l'on fit par ce moyen une large brèche,
par laquelle^ les Grecs entrèrent à la faveur de la
nuit. En effet, Pline date de la guerre de Troye
l’invention du bélier; & il la regarde comme le
fondement de la fidion du cheval de Troye.
Il eft repréfenté fur une pierre gravée du Baron
de Stofch, fur une autre de Gorlæus, dans une
peinture antique de Bellori, fur un bas-relief des
monumenti inediti de Winkelmann , & dans une
peinture d’HercuIanum.
C h e v a l fur les médailles. Cheval■ paiflant ;
type ordinaire d’Alexandrie en Troade, de La-
rifià , de Troas en Troade , de Bottioea.
C h e v a l courant : fur les médailles d’Arpi, de
Velia, de Magnefia enTheffalie, des Gaulois, de
Termefius, de Gyrton , de Lariffa, de Maronée,
de Salapia , des Santones , de, Syracufe , des
ThefTaliens, de Theffalonique.
C h e v a l à mi-corps, ou la tête feule, ou entier
pofé fur les médailles d’Ægæ, de Carthage,
de Ceos, de Colophon, de Nücrinum, de Cymé,
de Laryffa, de Pharfalus , de Roma , de Tricca,
de la Phrygie-Epidetus, de Minya.
On voit deux chevaux fur les médailles de
Sueffa.
C h e v a l - m a r in . Voyef Hip p o p o t a m e .
C h e v a l - d e -f r is e , E ri ci us. Les anciens con-
noiffoient cette machine* de guerre , & Çéfar
en fait mention (Bell. Civil, ni. 67.). On en
voit un qui fert de type à quelques médailles de
la famille Licinia.
CHEVALET. Les anciens fe fervoient pour
peindre d’un chevalet femblableau nôtre, comme
en le voit fur une pâte antique de Stofch , ou
un peintre en a un pareil dreffé devant lui 5 &
fnr un bas-relief rapporté par Bellori, où la
peinture femble exciter Varron à achever la vie
des hommes illuftres.
C h e v a l e t , equuleus , nom d’une efpèce de
torture, qui n étoit d’ufage chez les anciens que
. 0011 r les efclaves, .& dont il eft parlé Ÿouvent
dans les a de s des martyrs. Jérôme Maggi étant
prifonnier chez les Tûrcs en 1571 , compofa de
mémoire, & fans le fecours d’aucun livre, un
traité de de eqûuleo, dans lequel il difeute tous
les paffages des anciens* écrivains qui ont parlé
du chevalet. Sigonius a écrit aufïî fur le même
objet ; mais ces deux favans diffèrent d’opinion,
& attribuent diverfes formes à l’inftrument de
torture qui portoit le nom générique equuleus.
Gallonius a décrit encore d’autres formes de
Y equuleus ,. dans fon traité de cruciatibus marty-
'rum.
Le réfultat de leurs recherches eft de faire
de Y equuleus un nom collectif qui défîgne tantôt
une poulie élevée, à l’aide de laquelle on enlevoit
le criminel pour le laiffer retomber avec force ,
comme l’on donne encore aujourd’hui Ycftrapade-
dans certaines provinces; tantôt à une machine
femblable au cheval de bois fabriqué dans les
villes de guerre & dans les camps, pour le châtiment
des foldats & des femmes débauchées ?
tantôt un banc fur lequel on étendoit le criminel
pour lui difioquer les membres avec des tourniquets
placés vers fa tête & vers fes pieds. 'A
l’aide de cette explication on entendra 'facilement
les textes des anciens.
CHEVALIER & ordre des Ch e v a l ie r s . Cet
ordre fut établi dès la fondation de Rome ; il
fuivoit celui des fénateurs, & étoit le fécond des
trois ordres dont l’état de Rome étoit formé.
Paul Manuce & Sigonius ont écrit qu’il y avoit
à Rome deux ordres de chevaliers yYün militaire,
c’eft-à-dire, la cavalerie des armées, & l’autre
civil, c’eft-à-dire , le corps intermédiaire entre
le fénat & le peuple. Mais cette opinion a été
folidement réfutée par G rævius, & on ne lui
connoît plus de partifans.
On appeloit cenfus equefiris le revenu qu’il falloir
avoir pour être reçu dans l’ordre equefire. Il
n’eft pas certain que cette fomme n’ait pas variée
.depuis la fondation de Rome jufqnaux empereurs
; mais il eft fur qu’elle étoit de quatre
cents mille fefterces, (quatre-vingt-dix mille
livres de notre monnoie , félon l’évaluation que
fait du fefterce à cette époque M. Paudon, dans
fa métrologie j , au tems où Horace difoit (Epi fi^
1. 1’. ; 7->-
Si quadringentis fex feptem milita defint,
P le b s evts.
Cette fomme étoit encore la même dans les Tems
où ecrivoient Pline ( 33. 2. ) & Suétone ( lui. c.
33. n. 3.). 11 ne fufïïfoit pas aux chevaliers fous
Tibère de la pofféder ( Pline ihid. ) , il falloir
encore prouver que leur père & leur aïeul en
»voient eu la propriété : Inftitutum■ , ne eut. jus
id effet 3 nifi cui ingenuo ipfi 3 patri, avoque Jejier-
tia cccc. cenfus fuiffet. Perdôient-rls ce revenu,
ils étoient rayés par les cenfeurs du nombre des
chevaliers. Cicéron le dit exprefïernent en parlant
du cheyalier Gellius (Pro Sext. c. fi 1 .) , qui étok
f
reconnu pour un diffipateur : Indignas ordine
e que fi ri, cujus nomen retinet, ornamenta amiftt.
L’ordre équeftre étoit dift ingué des plebeiens
par un anneau d’or, dans lequel étoit ordinairement
fertie une.pierre gravée quijervoit de cachet.
Annibal envoya trois boifieaux de ces anneaux
au fénat de Carthage après la bataille de Cannes,
où périt un .grand nombre de chevaliers. L anneau
d’or devint à la fois, la marque diftindive de
l’ordre équeftre , & l’exprefiion par laquelle il fut '
délîgné dans les écrivains latins.
Les chevaliers étoient diftingués des fenateurs
par Yangufitclave 3 ornement de moindre apparence
que le laticlave des fénateurs , & coufu
à la tunique. Le manteau appelé trabea, qui avoit
quelque analogie avec le paludamentum des généraux
, & la chlamys des gens de guerre, étoit le
fécond caractère diftindit des chevaliers. L’ordre
équeftre étoit défigné quelquefois par le nom de
cet habillement particulier. Stace appelle des
efcadrons'de chevaliers , trabeata agmina ( Syl.
iv. 2.
"Hic tum Romuleos proceres ,. trabeataque C&far
Agmina mille fimul juffit difeumbere menfts.
Tacite ,s décrivant les funérailles de Germanicus
(Annal, ni. 2. 1. ) , dit que les chevaliers y
parurent vêtus de l’habit de leur ordre , trabeati
équités.
. Q. Fabius Rullianus établit une pompe qui
raflembloit tout l’ordre équeftre , & le faifoit
paifer fous les yeux du peuple. Elle fe célébroit
le jour des ides de juillet, & s’appeloit tranfvec-
tio 3 parce que les chevaliers partoient du temple
de l’Honneur, félon Aurélius-Vidor (c. 32. n. 3.),
traverfoient le forum, & fe rendoient au Capitole.
Denis d’Halycarnafle les fait partir du temple
de Mars ( v/../*. 351.) , qui étoit fitué hors
de la porte Colline auprès du .temple de l’Honneur.,
Il ajouté que cette pompe avoit été établie
pour conferver le fouvenir de la vidoire remportée
auprès du lac Régille. Divifés en centuries
& en efeadrons, les chevaliers marchoient
revêtus de la trabea , & Couronnés dé lauriers.
Cette cavalcade étoit compofée quelquefois de
cinq mille hommes, ornés pour la plupart des
récompenfes militaires qu’ils a voient reçues des
généraux pendant les années de leur fervice.
L. Rofcius Othon affigna le premier en l’année
686 de Rome, des places diftinguees aux
chevaliers dans les théâtres & les jeux publics.
La loi rofeia, que propofa & fit paner ce tribun
du peuple , fixa quatorze rangs ou gradins pour
l’ordre équeftre. Elle reçut fou vent, des^ atteintes,
& les empereurs, Domitien en particulier, la
remirent en vigueur. Martial fait mention de ce
renouvellement de la loi rofeia , que les chevaliers
durent au frère de Titus ( r . 8- ).:
Edi Sium domini , deique noftri ,
Quo fubfellia certiora fiant,
Et puros eques ordines recepit
Dum laudat modo Phafis in theatro
lilas purpur.eas & arrogantes
Juffit furgere Leclius lacernas.
Lorfqu’un Romain prouvoit qu’il poftedoit le
cenfus equefiris , les cenfeurs lui donnoient un
cheval acheté aux dépens du fife, & appelé equus
publicus, C’étoit avec ce cheval que les chevaliez
cômbattoient dans les armées, & c’étoit
avec lui qu’ils paroiffoient devant les cenfeurs,
ou à la pompe appelée tranfveStio. Le nombre
des chevaliers fut trop grand fur la fin de la
république , pour qu’ils püfient etre tous employés
dans les armées. On vit alors des ckcya-
liers qui n’avoient jamais habité les camps. Ovide
étoit de ce nombre ( Trift. iv. 1. 7 1 .) :
Afpera militie juvenzs certamina fugi ,
Nec nifi lufura movimus arma manu.
Jufqu’à l’époque où les familles plébéiennes
entrèrent dans le fénat, on ne choifit de fénateurs
que dans l’ordre équefire. Les fils des fénateurs
n’étoient que chevaliers, jufqu’à ce qu’ils
entraient dans le fénat. Les Gracches portèrent .
un coup fatal à l’ordre équeftre , en lui faifant
-partager avec les fénateurs les fondions de juges.
11 s’éloigna alors des armées, & il s’abaifla par
degrés jufqu’à devenir le fermier ordinaire des
impôts & des contributions publiques. On vit
même fous les empèreurs des chevaliers conduire
des quadriges dans le cirque, & des affranchis
entrer dans l’ordre équeftre. .
Depuis que les chevaliers entrèrent dans les ma-
giftratures ,* les familles les plus illuftres fe partagèrent
quelquefois en deux branches, l’une qui s’éle-
voit aux premiers honneurs de la république , &
l’autre qui demeuroit conftarnment dans l’ordre
équeftre. Telle fut la famille Odavia , d’où fortit
Jules-Céfar ( Sueton. Aug. c. 2. n. 3. ) : A quibus
duplex Oûaviorum familia defiuxit. Cneus , &
deinceps- ab eo reliqui omnes fancii fini honoribus
fummis. At Crjus , ejufquc pefteri , feu fortunes ,
feu voluntate y in. equefiri ordine cor.fiitcre.
On rendoit fon cheval aux cenfeurs j lorfque
l’on montoit de l’ordre equefire à celui des fénateurs
3 ou lorfqu’on avoit atteint l’âge de 4f
ans , depuis Augufte, comme nous l’apprenons
de Suétone. Il dit C c. 58. ?■ 4-) q»=
empereur permit aux fénateurs âgés de plus de 4Ç
ans , de rendre le cheval public : Reddcndi cqui
gratiam fecit eis , qui majores annorum quinque &
ouadraginta. retinere eum nollcnt. Ces fénateurs
étoient fans doute des chevaliers entrés dans le
fénat i à caufe des ir.agiftratures qu’ils avoiens