
II n’y a pas Iong-tems que c’ étoit encore l’ufage
à Naples, d’enterrer des va Tes de terre remplis de
' vin, toutes les fois qu’il naiffoit un enfant, 8c on
. ne les déterroit que quand l’enfant fe marioit. Ces
vaiffeaux font pointus par le bas, pour les fixer
plus sûrement en terre : on en a trouvé quelques-
uns à Pompeii, qui étoient engagés dans les trous
d’une voûte plate faifant partie d’une cave.
A quelque peuple , foit grec , foit étrufque ,
foit campanien , que l’on attribue cette monf-
trueufe amphore qu’a publiée le comte de Caylus,
(Rec. iv3 pl. j8) fon induftrie nous étonne ; car
c’eft une opération de l’art des plus compliquées
par fon volume, 8c que les modernes, par cette
raifon , ne. pourroient peut-être pas imiter ou
•répéter. En effet, on s’en rapporte à tons ceux
:quï ont vu travailler les potiers de terre, pour
juger des moyens d’exécuter & de tourner avec
une forte d’exaéfitude, à l’intérieur comme à l’extérieur,
un vafe de terre dont l’épaiffeur de quatre
pouces eft égale , la hauteur de cinq pieds fix
pouces, le diamètre de cinq pieds 3 8c par confé-
quent la circonférence de quinze pieds ; ce qui
contient environ fix muids de liqueur. Cette urne
de terre, quoique d’une forme ronde, peut être
-mife au rang des amphores y il eft certain au moins
qu’on ne peut la croire deftinée à aucun autre
ufage , qu’à celui de renfermer le vin.. Elle a été
trouvée à Pouzzoles, & elle étoit encore entière
en 1750, lorfqu’elle fut mefurée 8c deftinée par
M. Soufflot.
Les Romains employoient les amphores à diffé-
rens ufages ; ils s’en fervoient pour y renfermer
des olives, des raifins fecs, de l'huile, & fur-tout
du vin.
A la vérité, ces'vafes n’étoient guères commodes
pour le fèrvice. Il falloit néceflairement,
pour leur donner une afliette ferme 8c folide,
faire un trou dans la terre, dans les lieux pavés
& dans les greniers, où les-Romains avoient coutume
de conferver leur vin. Horace, {Od. x x r m ,
m . 3.) :
.............. ... . Farcis deripere horreq
Cejfantem Bibuli confulis amphoram.
On étoit obligé de conftruire des csrps de tablettes
a jour le long des murailles , ou portés fur trois
ou quatre pieds, pour les pofer 8c les établir en
fureté ; mais çette précaution ne remédioit point
à la difficulté du tranfport & de l’ufage ; car il
d'evoit toujours être embarraflant de tranfvafer ou
vuider la liqueur dans toutes les occafions qui fe
préfentoient fréquemment. Cependant, un ufage
auflî peu raifonnable a régné pendant plufieurs
fiècles, par la raifon que l’habitude rend tout
facile , & ne permet pas de réfléchir.
Au refte, on ne peut douter que ces vafes ne
fiifient deftinés à conferver le vin. Ficoroai a certifié
au comte de Caylus, que l’on en avoit trouvé
glufieurs à Rome, fur Içfquels on Jifoit encore
J l’année du confulat, pour marquer l’âge du vin,'
conformément aux vers d’Horace cités plus haut,
( Lib. m 3 od: n u . ) :
Hic dies , anno redeuntc , Fefl us , GV. 6fc.
On découvrit à Rome, il y a environ quarante
ans, dans une fouille, des vafes de terre de cette
forme, dans lefquels il étoit relié une efpèce de
liqueur, au milieu d’un tartre fort épais. On en
goûta. & l’on n’y trouva aucune faveur. Un fi
grand nombre de fiècles a dû faire perdre à ce
vin fa force 8c fon goût. Cependant une femblable
découverte auroit pu occafionner des analyses,
fouvent utiles à la fociété.
Quelqu’incommode que paroifle l’ufage des
vafes de terre cuite pour mettre le vin, il eft encore
en vigueur chez les Tartares, comme nous l’apprenons
du paftage fuivant, que nous avons cru
devoir tranferire , afin d’expliquer cette, pratique
des anciens. 11 eft extrait de YHiftoire des découvertes
faites par divers favans voyageurs dans
plufieurs contrées de la Rujfie & de la Perfe, &c.
tom. 2. Berne 3 1781, in-40. Voyage en Perfe,
pag. 22.
n Ceux (dit M. Gmelin) qui s’occupent de la
fabrication des vins dans ces contrées, les mettent
en automne, au fortir du preflbir, dans de grands
vafes de terre fort ventrus (on les nomme jarres
en Provence). Au lieu de caves, ils creufent de
grandes folfes dans lefquelles ils placent ces jarres,
dont ils bouchent l’ouverture avec des pierres
plates j les folies font enfuite recomblées avec la
même terre qui en avoit été tirée. . Le vin demeure
ainfi dans la terre pendant un ou deux ans, quelquefois
feulement fix mois. Ces folies ne font
connues que de ceux qui les ont creufées ; ils ont
de fi juftes raifons de craindre la perte de tout le
fruit de leurs peines 8c de leurs dépenfes, qu'ils
ont grand foin de choifîr pour l’emplacement de
ces caves fouterraines, des endroits où perfonne
ne puifte feulement foupçonner qu’on y ait caché
du vin. Lorfqu’ils veulent faire ufage de leur pror
vifion, ils déterrent les jarres, & ne manquent
pas pour l'ordinaire de les vuider tout-à-fait, l’ex?
périence leur ayant .appris que lorfqu’on y Iaiftoit
par h a fard quelques relies, il manque rarement de
tourner & de s’aigrir. »
Les ifles de la Grèce, Samos & Chio en par?
ticulier, étoient célèbres par leurs manufactures
dyamphores 8c de toutes fortes de vafes de terre
cuite. On les réfervoit pour les vins précieux.
Horace, ( Od. 1. 20.):
^ . Grsca quod rpfè tefia.
Çonditum ~levi.
Celles de la Campanie 8c du pays des Sabins, étoienç
d’une fabrique plus commune.
Afin que le vin rie s’évaporât pas au travers des
»■ pores du Yafe, on l’enduifoit de p o ix , & on 1g
bouehoit avec du liège recouvert d’un maftic fait
avec de la poix, de la craie & de l’huile ou d’autres
matières grades. Ces précautions confervoient le
vin pendant, des fiècles entiers. Pétrone en cite
qui avoit cent ;s.ns {cap. 3 4 ) , & qui avoit vieilli
dans des amphores de verre enduites de craie ou
de plâtre : Statim allau funt amphora vitres diligenter
gypfau, quarum in cervicibus pittacia erant
afixa 3 cum hoc titulo : Falernum Opimianum anno-
rum'eentum. _ ■
On connoiffoit l’âge du vin par les inferiptions
que l’on mettoit fur les amphores. Nous avons vu
plus haut qu’elles annonçoient le nom du conful
fous lequel elles avoient été remplies, la capacité
des amphores 8c l’efpèce de vin quelles renfer-
moient, ce qui fit naître l’expreftion de meliore
nota 3 pour défigner un vin plus fin, plus rare ; &
elle devint d’un ufage général, meme au fens
moral. Curion dit dans Cicéron, (Fam. v u . 29.) :
$ulpicii fuccejfori nos de meliore nota commenda.
Les amphores ne fervirent pas toujours à un
ufage fi relevé. On en plaça dans les euls-de-fae
& dans les rues détournées de Rome, afin que les
citoyens puflent fatisfaire aux befoins preftans de
la nature. Vefpafien établit un impôt fur ceux qui
en faifoient ufage ; & il trouva des hommes allez
vils pour fe tenir auprès de ces amphores, afin
d’exiger cette nouvelle efpèce de tribut.
A m p h o r a capitolina, étalon de l’amphora
(mefure) çônfervé au capitole.
A mpho ra nafiterna. Voye% ce mot.
AM PH O R A LE , vafe decryftal ayant la forme
& peut-être la capacité de certaines amphpres.
Pline, (37. 2. ) : Idem Xenocrates auclor e f t , vas
ampkorale vifum.
AMPHORARIUM vinum, vin renfermé dans
les amphores;-
AMPHORE afîatique 8c grecque. V. Ampho^
REUS.
.. Amphore , mefure des liquides. Il faut obfer-
ver que fouvent les anciens ont appelé généralement
amphora 8c diota, c’eft-à-dire, vafe à deux
anfes ou. à deux oreilles , le bath afiatique, le
métrétès attique, Xamphore romaine, &c.
AMPHORE, diota, quadrantal, métrétès, mefure
de capacité pour les. liqueurs des anciens Romains 5
elle valoir 30 pintes & -|f de France ; elle valoit,
en mefuresdu m,ê.mè pays, 2 Urnes, ou 8 conges,
ou 48 fextarius., op 96. hémines, ou 192 quarta-
rius, ou 384 acétabules;, ou 57Û, cyathes, ou
2304-légules. . .
AMPHOREUS , mefure de capacité de l’Afie
& .de: l’Egypte. V . Sephel.
Amphoreus, diota 3 mefure grecque de capacité,;
elle valoit, en mefure de France, 17 pintes
& rB > elle valoit,,en mefures grecques, 6 cnous,-
ou ^ûrxeftès . o.u 72 cotyles, ou 288 oxybaphon,
ou 432. cyathes. ,
AMPHORITES, efpèce de combat poétique
m de lutte entre,les poètes, qui faifoit dans
l’ifle d’Ægine. On y donnoit un boeuf pour ré-
compenfe à celui qui avoit fait les meilleurs vers
dithyrambiques en l’honneur de Bacchus.
AMPHOTIDES, On appeloit de ce
nom de larges calottes dont on fe fervoit dans
le Pugilat. Elles étoient d’airain, doublées de
drap, & couvioient les oreilles : leur nom vient
à‘ù/n<pe»Ttfov 3 d’un côté & de l’autre.
AMPHRYSUS, dans la Phocide.
Goltzius feul a publié des médailles impériales
grecques de cette ville.
AM P L1 US. Les juges à Rome fe fervoient de
ce mot pour renvoyer le jugement d’ une caufe
à l’époque où elle feroit mieux éclaircie : Criton
l’emploie dans ce fens. Térence, ( Phormio. 11. 4 ) :
Ego amplius deliberandum cenfeo :
Res magna eft..
Les fénateurs 8r tous ceux qui opinoient dans
une affaire, fe fervoient auflî du mot amplius ,
pour annoncer qu’ils avoient quelque chofe à
ajouter à l’avis auquel ils fe rangeoient. Sénèque,
( de Vit a beat a , cap. 3.) : Fortajfe & pofl omnes
citatus 3 nihil improbabo ex his que priores decre-
verint, & dicam , hoc amplius. cenfeo.
AMPLUSTRE. Voye[ Aplustre.
AMPOULE, ampulla. C’étoit une efpèce de
bocal à cou long & étroit. Il y en avoit de verre
& de terre cuite. Les ampoules de Samos & de la
Campanie étoient célèbres. Le'cabinet de Sainte-
Geneviève de Paris en offre plufieurs dans la col-
le&ion des vafes étrüfqUes.
Elles ont la même forme que Pline donne aux
ampoules. La bouche eft relevée & reflemble à
un couvercle. On n’y Voit qu’un petit trou par
lequel on faifoit diftiller la liqueur, en fecouant
lè vafe. Ces vafes, qui furent appelés à caufë de
cela guitüs , giCtturniurri vas & coturnium vas ,
Fervoient à mettre l’huile, le vinaigre 8c des parfums
liquides/ On lés employoit auflî dans les
facrifices, pour faire des libations de v in , 8c
pour laver les mains de ceux qui vouloient fe purifier/
’
Les ampoules firent auflî l’ornement des buffets
& des tables/ Siiétone, (Vomit. 21. 1.) : Ut non
1 terne ré fuper çcenam modicam in ampulla potiuncu-
lam fumer et.
Les philofophes cyniques 8c les mendia ns por-
toient en voyage des ampoules attachées à leur
ceinture. Plaute', (Perf. 1. 3. 43.) :
Cynica- ejfe e gente oportet parafitum probe.
Ampullam...........habeat.
Ces vafes des voyageurs étoient faits de cuir,
comme nous l’apprenons du même poète (Rud. m .
4. y i . ) :
N i f i erit tam finçerum, ut quivis dicat ampulUrius ,
Optimum ejfe opéré faciundo corium, &fincerijfimum.