
écorchées & décharnées qu’ils placent dans les
frifes. Ce mot éviteroit une circonlocution, &
feroit par conféquent très-utile aux écrivains &
aux profelTeurs. V. Boe uf .
BUFFETS. Dans une maifon de Pompeï, on
a trouvé contre un pan de mur une efpèce de
buffet antique, au-deffus duquel étoient placées
deux tablettes, l’une fur l’autre, pour mettre
des plats > des afliettes, & c . Le pied étoit fait
d’ une efpèce de pepcrino, & portoit une table
de marbre avec des bords de verd antique. Les
tables étoient âufli couvertes de marbre.
Sur un grand bas-relief de la villa Albani, qui
a été détaché d’un tombeau antique, on voit un
buffet ou garde-manger renfermant des animaux
éventrés & pendus à des crochets, avec plulîeurs
autres provilîons de bouche. Le Recueil des peintures
d'rferculanum nous offre le deffin d’un fem-
blable buffet.
On trouve dans la riche colle&ion des pierres
gravées du baron de Stofch une pâte antique, fur
laquelle eft repréfentée une efpece de buffet, ou
(comme difent les Italiens) de crédence, très-
Èngulière. Nous allons la décrire, afin de donner
au le&eur une idée, quoique très-foible, des
riches buffets dont parle Athénée^ (Deipnof. x i.
pag. 4 9 4 , 497, & iv . pag. IA ! , 6t v. pag.
1 9 6 , etc.), & qui brilloient dans la pompe bachique
de Ptolomée Philadelphe. C’ eft un navire
chargé de vafes & de chofes qui fervoient dans
les reftins. Quatre énormes amphores occupent
le pont aux deux côtés du mât. Sur la proue eft
placé un candélabre portant une lampe, vers
laquelle une fouris s’efforce de monter j & fur
la pouppe, on voit un large cahtkarus ou vafe-à-
anfes-mobiles. Une grande urne tient lieu de hune >
deux coupes de Bacchus occupent les extrémités
de l’antenne 5 & les intervalles qui reftent entre
elles & l’urne, font remplis par deux cotyles.
Plulîeurs meubles enfin, font’ fufpendus à cette
antenne j l’on y diftingue, entr’ autres, une lampe
& une couronne garnie de bandelettes.
BUFONIES, fêtes qu’on célébroit à Athènes
en l’honneur de Jupiter-Palien, en lui immolant
un boeuf 5 d’où elles ont pris leur nom. Voye%
Diipohes.
BUIS. Les anciens faifoient un grand ufage de
ce bois pour divers meubles & uftenfiles. Le
plus connu de ces emplois, eft d’avoir fervi à
faire les flûtes, & en particulier les flûtes phrygiennes.
Properce parle des flûtes de bais (4. eleg.
j . V. 13.) :
Nat us & ipfe fuos bréviter concretus in artiis,
Jaclabât truncas ad cava buxa manus.
Stace [Theb. v in . 1 1 1 .) en fait auftî mention :
Gemina ira fonant, Tdsaque terga ,
E t modérât a fonum vario fpzramine buxum.
Le même poëte en parle encore {Theb. I. 7.) dans
un endroit fur lequel Lutatius, fon commentateur
ancien , applique à la fois le mot buxum aux
flûtes, & à la fandale de bois , fcabillum , qui
fervoit aux muficiens à battre la mefure : Tibia
vel fcabellurn , quod in facris tibicines pede fonare
confueverunt.
L ’ufage des flûtes phrygiennes de buis 3 que
l’on faifoit dans les facrifices de Cybèle, mit le
buis fous la protection particulière de cette déeffe :
de-là vint l’épithète Bérécynthie que lui donna
Virgile (Æneid. i x . 617.) :
Ite per dlta
Dindyma , ubi adfuetis biforem dat tibia cantum :
Tympana vos buxufque vocat Berecyntkia matris
Id a .
Les myftères de Bacchus étoient célébrés ordinairement
avec ceux de Cybèle j c’ eft pourquoi
Stace appelle {ix. 479.) bacchica ces mêmes flûtes
de buis :
Ciim bacchica mugit
Buxus , & in fans, maculant trieterida ma très*
B U L B U S , furnom de la famille A t i l i a .
BULE. Voyez boyah.
BULÉPHORE. L’empereur Conftantin (leg. 7.
CW. ) déligne par ce nom le receveur-général des
droits du fife, appelé ordinairement Rationalis
fumms rei. Ces receveurs étoient vêtus de riches
habits, comme nous l’apprend le paffagé fuivant
d’Ammien- Marcellin ( x x n . 4."). L ’empereur
Julien I I , dit-il, ayant fait appeler un barbier,
& voyant entrer dans fa chambre un homme
richement vêtu, lui dit avec étonnement : je n’ai
► pas demandé un de mes receveurs, mais un perruquier
: Evenerat his diebus, ut ad demendum
imperatoris capillum tonfor venire prsceptus , in-
troiret quidam ambitiose veftitus ; quo vifo Julianus
obftupuit : ego , inquit , non rationalem jujji, fed
tonforem àcciri. Ce paffage fert encore à nous
faire trouver l’étymologie de buléphore, qui veut
dire, en langage corrompu ,porté-bulle. Cet ornement
fut en effet prodigué par les derniers empereurs
romains, à des gens d’une nailfance peu
relevée. Voyeç Bulle.
BULEUTÆ. Voyez B oule ut æ .
BÜLEU TER ION. V. B ou l eu tb r io n.
B U L E U T IC O N , fiaXivriKot. C’é to it , félon
Pollux, un endroit des théâtres grecs deft né aux
vieillards & aux magiftrats 5 de même que Yéphé-
bicon étoit deftiné aux jeunes gens.
BU L L A , étoit une marque qui diftingtioit fur
les calendriers romains, les jours heureux des
jours malheureux. Bulla défigna peut-être aulfi
parla fuite le calendrier lui-même. Pétrone eft celui
des écrivains latins qui ait parlé le plus clairement
de cet ufage (c. 30.) : Et qui dies boni, qui que
incommodi effent, diftinguènte bulla notabantur.
BULLÆ. Les Romains donnaient ce nom à
des clous dont la tête étoit travaillée comme les
bulles que l’on portoit pendues au cou, ou du
même volume. Cette explication nous a été fug-
gérée par l’examen des clous du panthéon que
poffédoit le comte de Caylus : la tête de l’un
d’eux a trois pouces cinq lignes de diamètre 5 la
tête de l’autre n’a que deux pouces fept lignes>
la bulle trouvée à Aix-en-Provence (que nous
décrirons à l’ article Bulle) a deux pouces trois
lignes de diamètre. Il eft très-probable que cette
reffemblance de largeur, jointe à la reffemblance
qu’offre la convexité des clous & des bulles, a
fait donner aux premiers le nom des fécondés.
Cicéron parle des clous avec lefquels on forti-
fioit les portes des temples, & dont les groffes
têtes dorées formoient un bel ornement ( Verr.
ïv. $6 .) : Bullas omnes aureas ex his valvis qus
erant & mults, & graves, non dubitavit auferre.
Le comte de Caylus a donné le deflin d’un des
vantaux des portes du panthéon, & l’on y voit le
bel effet que produifoient ces clous dores. Nous
lifons dans Plaute {Afin. i l. 4 .10 .) que les particuliers
en faifoient auffi garnir les portes de
leurs maifons ;*& que l’on avoir un grand foin de
les frotter, afin de les rendre brillans :
Juftin in fplendorem dari bullas has foribus nofiris ?
Voye% Clous.
B u l l æ , ornement des baudriers. Les baudriers
des anciens étoient ordinairement de cuir,
& ils les fortifioient avec des clous dont les têtes
larges & applaties faifoient un Ornement. C’eft
fans doute a ces clous qu’ils donnèrent, par analogie,
le nom bulls. Varron (de Ling. Latin. ïv .
24.) dit que le balteus eft une efpèce de ceinture
de cuir chargée de qjous : Balteum, cingulum e
corio bullatum. Virgile décrivant l’armure de Pal-
lans, fait mention des bulls de fon baudrier
(Æneid, x i i . 942.) :
Et notis fulferunt cingula bullis
Pallantis pueri.
Aufone en parle aufli {Eidyll. v i. 49.) :
Et auratis fulgentia cingula bullis.
BULIÆS T ^es ^ oma*ns appeloient bulls des
©rnemens qu’ils portoient pendus à leurs cous.
Les antiquaires ont traduit ce mot par celui de
huiles, que nous emploierons à leur exemple.
Nous parlerons d’abord dés bulles-d‘or que portoient
les enfans des patriciens, & enfuîte des
bulles de toute forte de matières que portoient les
femmes & les hommes du peuple.
Bulle-d’oR. Pline (x xX in . r.) dit que Tar-
quin l’ancien ayant vu fon fils âgé de quatorze
ans tuer un ennemi dans un combat livré aux
Sabins, l’honora d’un éloge devant les Romains
aflemblés, & lui donna une bulle-d‘or, & bullâ
aureâ donavit. Il ajoute cependant que quelques-
uns font remonter l’origine des bulles d'or au fils
d’Hoftus, appelé depuis Hoftus Hofiilius, auquel
Romulus en fit porter une, pour conferver le fou-
venir de fa naiffance ; car il étoit le premier né
des fabines enlevées. Macrobe (Sat. 1. c. 6 .) rapporte
l’opinion commune fur la première origine
des bulles-d'or. « Tarquin l’ancien régla , à ce que
l’on croit, que les jeunes patriciens •& ceux d’en-
tr’eux feulement dont les pères auroient exercé
une magiftrature à laquelle feroit annexé le droit
de chaife curule, porteroient une bulle-d'or avec
la robe-prétexte ». Butant Prifcum infiituiffe, ut
patricii bullâ aureâ cum toga, cui prstexta pre-
texitur, uterentur duntaxat illi , quorum patres
curulem gefferunt magiftratum.
Ce privilège fut étendu enfuite à tous les-jeune«
gens qui portoient la prétexte, félon Feftus :
Bulla aureet infigne erat puerorum prstextatorum.
L ’ufage en commença même à la naiffance de ces
enfans, qui la portoienc jufqu’à la prife de la
robe v irile, ou toge j, c’eft à-dire , jufqu’à l’ âge
de quinze ans. Nous l’apprenons de ce vers de
Plaute (Rud. i r t 4. 127.) :
Et bulla aurea eft , pater quam dédit mihi natali die.
Lorfque les enfans prenoient la toge & quit-
toient la bulle de l’enfance, ils la fufpendoient au
cou des dieux Lares, & leur confacroient leurs
bulles. Cet ufage fait reconnoître pour des Lares
deux Hermès qui font dans la cour du palais Impé-
riali à Rome. Malgré leurs couronnés de laurier
& la bulle qui pend à leur co u , on les avoit pris
mal-à-propos pour des Apollons & pour des
Alexandres. Perfe fait allufion à cet ufage (Sat.
r . 2 i . ) : '
Cum primitm pavido euftos mihi purpura cefftt,
Bullaque fuccincHs Laribus donata pependit.
D e - là vient l’épithète bullati que Pétrone
donne à des ftatues des Lares (c. 38.) : Inter hsc
très pueri candidas fuccinEli tuni cas intraverunt,
quorum duo Lares bullatos fuper menfam pofuerunt.
Il y a plulîeurs exemples de ftatues des autres
divinités qui ont été décorées de bulles-d'or. Le
favant de Peyrefc difoit avoir vu une bulle-d'or
fufpendue par une chaîne du même métal au cou
d’une Vénus de marbre trouvée auprès de Nîmes.
L ’infcription fuivante rapportée par Gruter, &
confervée autrefois dans les jardins du^ cardinal
du Bellei, parle d’une bulle confacrée à Junon,
avec une'coupe & un trépied :