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heureux , dont l’étendue eft d’environ trois mille
pas en tout fens. Les terres de cette ville , qui
s’appelle la grande Tacapé , font arrofées par.une
fburce abondante, dont les eaux font partagées
entre les habitans , qui en jouiffent chacun à leur
tour pendant un certain teins de la journée. On
plante d’abord de grands palmiers, enfuite fous les
palmiers des oliviers, puis des figuiers fous les
oliviers, fous les figuiers des grenadiers, des vignes
fous les grenadiers , & fous les vignes enfin, on
fème du froment, enfuite des légumes, puis des
herbes potagères, le tout dans la même année j &
toutes ces chofes réuflîfient à l’ombre les unes des
autres. Quatre coudées en quarré de ce terrein fe
vendent quatre deniers ; & il faut obferver que
ces coudées ne font point de celles qui fe mefurent
jufqu’au bout des doigts, mais de celles qui fe
mefurent du coude au bout de la main fermée. Il
faut encore remarquer que la vigne y produit deux
fois , & que l’on fait les vendanges deux fois
l’année ; de manière que fi, par cette multiplicité
de productions, on n’épuifoit pas la trop grande
fécondité de cette terre, tous les fruits y périroient
par l’excès des fucs nourriciers. Ainn, pendant
toute l’année, on cueille quelques fruits, & la terre
ne fe trouve point fatiguée.
D’où l’on peut conclure qu’un arpent de cette
terre , fi elle a jamais exifté , fe vendoit 9289 deniers
; ce qui, à raifon de 15 fous le denier , fait
6967 livres. La coudée, dont il s’agit ic i, eft le
pied philétérien. •
C’eft la coutume en Afrique de renfermer le bled
dans des creux fous terre , foit aux champs ou
dans les maifons de campagne, & principalement
en tems de guerre, pour le fouftraire aux courfes
des ennemis. Céfar ayant découvert quelques-uns
de ces greniers fouterrains, à dix mille pas de fon
camp, partit à minuit avec deux légions & toute
fa cavalerie, & les alla enlever. C&far, de Bello
A fric. Métrologie de Paucton.
U Afrique eft repréfentée fur les médailles par
line tête de femme, coëffée avec la dépouille d’un
éléphant, dont la trompe avance au-denus du front.
Cette coèffure eft particulière à quelques reines
d’Egypte. On voit ordinairementauprès de l’Afrique
un fcorpion, un ferpent ou un lion, animaux qui
nailfent tous dans cette partie du monde, ou enfin
des montagnes qui font allufion auxfept montagnes
de la Mauritanie Tingitane.
’a t a ' am a t a . On appeloit de ce nom, dans le
tems où Homère écrivoit, tous les ornemens des
temples ; mais il fut affeéfé par la fuite aux ftatues,
qui devinrent le plus bel ornement des édifices
facrés.
AGAMÈDE, fils d’Frsinus, & frère du célèbre
Throphonius , fut un célèbre artchiteéfe': c’eft lui
qui bâtit avec fon frère le temple d’Apollon à
Delphes. C’eft pour cela qu’on l’a regardé comme
un héros, & qu’on lui a élevé dans la Grèce des
monumens héroïques. Plutarque dit après Pindare,
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qu’ayant achevé le temple, les deux frères demandèrent
leur récompense au dieu. Il leur ordonna
d’attendre huit jours, & cependant de faire bonne
chère ; mais après ce tems écoulé , ils furent
trouvés fans vie. Paufanias raconte autrement la
mort d’Agamède : la terre s’étant entrouverte fous
fes pieds , l’engloutit tout vivant dans un fouterrain
que l’on nomma depuis la foffe d’Agaméde, & qui
étoit dans le bois facré de Lébadée. On la voyoit
encore du tems de Paufanias, avec une colonne
que l’on avoit élevée au-deffus. Paufanias raconte
une fourberie des deux frères, qui auroit dû les
rendre indignes du nom de héros. V. H y r ie u s ,
T h r o p h o n iu s .
A g a m è d e , fille d’Augéus, eut un fils de
Neptune, nommé Aétor.
AGAMEMNON,roi d’Argos & de Micènes,étoit
petit-fils du fameux Pélops, & frère de Ménélas. Homère
nomme fouventles deux frères Atrides ,c’eft-
à-dire, fils d’Atrée, quoiqu’ils fuffent réellement
fils de Pliftène, frère d’Atrée. Thyefte, fon oncle,
s’étant emparé du trône d’Argos , obligea Agamemnon
de fe retirer à Sparte, où régnoit Tindare.
Le roi de Sparte, félon Euripide ( 1 ) , avoit marié
fa fille Clitemneftre à Tantale, fils de Thyefte ;
mais étant mécontent de cette alliance, il offrit
à Agamemnon de l’aider à recouvrer fon royaume
fur Thyefte, & à enlever là fille à Tantale , pour
l’époufer lui-même. Le prince Atride accepta la
condition , & , avec le fecours de Tyndare , il
chaffa Thyefte d’Argos, tua Tantale fon fils, &
époufa Clytemneftre, dont il eut, félon Sophocle
(2), quatre filles, Iphigénie , Ele&re, ïphia-
naffe & Chryfoternis, avec un fils , le fameux
Orefte. Euripide ne nomme que deux filles, les
deux premières. '
Agamemnon étoit devenu le plus puiffant prince
de la Grèce ; lorfque la guerre de Troye commença,
l’affemblée des états de la Grèce le déclara
généraliflime de l’armée. Delà vient que les poètes
le nomment fouvent le roi des rois ; fa qualité de
généraliflime lui donnant l’autorité fur les fouve-
rains qui marchèrent à cette guerre. Lorfqu’on fut
près de s’embarquer , Calchas annonça que , pour
avoir une heureufe navigation , il falloit immoler
à Diane Iphigénie ; fon père confentit, & envoya
de lui-même, 8c fans y etre forcé, un ordre précis
à la reine de faire partir fa fille, comme Ménélas
le reproche à fon frère danslTphigénie |j/F uripide.
Ce fut le prétexte dont Clytemneftre couvrit le
parricide qu’elle commit dix ans après , lorfqu’elle
fit aflaflîner fon mari au retour de Troye. L’amour
d‘Agamemnon pour Chrifeis fut fatal à l’armée
grecque , par la pefte qu’elle v fit naître. V. C h r i \
sms. Voulant arrêter ce fléau , il confentit à la
rendre à fon père , mais à condition qu’ Achille
quitterôit aufli Briféïs. Il fit donc enlever de la
tente de ce héros, & conduire dans la flenne
( 1 ) Iphigénie , a&e t,
( i ) Ele&re, a de 1.
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[umortd^pSeursGrecs. K . A c h il l e , B r y s e i s ,
M o u f l e 1 S 1 la mott « 1
femme prit encore, pour le faire mourir, celui
des infidélités qu’il lui avoit faites i
I nue la flotte grecque attendoit en Aulide que les
j Vents ceffalfent d'être contraires, il s a t ta * a ;aon-
| jeune homme, nomme Argynnus ; & apres la prife
de T ro y e , il devint éperduement amoureux de
I Cafiandre , fille de P r ia i., que Clytemne tre fit
I affafliner. La mort S Agamemnon fait le fujetd une
I tragédie d'Efchile & de. Seneque. V. C i ï i b m -
I M E S T R E , E G 1 S T E , O R E S T E , X P H I GE N I E ,
1 E AG AN ICE , fille d’Hégétor, Theffalien , ayant
appris la caufe des éclipfes 8e le tems ou: elles
I dévoient arriver , publia enfuite qu elle alloit, par
| fes enchantemens, attirer la lune fur la terre. Elle
I exhorta en même-tems les femmes theffalien nés a
| faire avec elle un grand bruit, pour la renvoyer a
I fa place ; dans la fuite , lorfqu on voyoit le com-
I mencement d’une éclipfe , on faifoit , a Ion
I exemple, un grand bruit avec des chaudrons &
1 d’autres inftrumens , pour empecher, diloit-on,
d’entendre les cris & les invocations des magi-
ciennes. Delà vint-auffi l’opinion qu'on avoit des
forcières de Theffalie , auxquelles on attnbuoit le
pouvoir d’attirer, par leurs enchantemens, la lune
fur la terre. , . . . , i
AGANIPPE, fontaine de Beotie, que le cheval
Pégafe fit fortir de terre d'un coup de pied. Vbye^
P é g a s e , H i p p o Cr è n e . : § g , . . . ,
AGAN1PP1DE S , furnom des Mufes. Il leur lut
donné, parce que la fontaine Aganippe leur étoit
cdnfacree. ' . , ,
AGAPENOR, fils d’Ancée, qui commandoit
les Arcadiens au fiège de-Troye.
AGASTHËNES, fils d'Augias , V. M o u o -
nidè s . . . , r
le nom d’agates d’Allemagne , parce qu elles viennent
AGATE. Les anciens ont fait un fi grand ufage
de cette pierre pour graver, que nous devons lui
confacrer un article de ce di&io.nnaire. Le nom
d‘Acaikes lui fut donné à caufe d’un fleuve de
Sicile du même nom, aujourd hui le Drillo , fur
les bords duquel on ramaffa, les premières agates.
! Ces pierres font divifées d’abord en deux efpèces,
, relatives aux pays d’où on les tire, & à leu'rs pro-
| priétés. Les agates orientales font faciles a diftin-
guer par leur netteté, leur tranfparence, & la
beauté du poli dont elles'font fufceptibles. Les I àgates occidentales au contraire font obfcures ,
I leur tranfparence eft offufquée, & elles ne prennent
ordinairement qu’un poli gras. Toutes les aëa^
que l’on/trouve dans l’Orient ,rln ont pas lés qualités
qu’on leur attribue ordinairement ; & on rencontre
quelquefois en Occident des agatei que l’on pourroit
comparer aux orientales.
Les agates occidentales portent ordinairement
prefque toutes de cette contrée. Les anciens
artiftes étrufques , grecs & romains paroifient ne
les avoir pas connues; & l’on ne trouve d é s i r e *
occidentales , travaillées par les Romains , que
dans les bas fiècles, où les arts étoient fur leur-
. déclin; V ~ : . • . . ,
On diftingue en général les agates par leurs couleurs.
Lorfque celles-ci-font foiblementprononcées
& mêlées les unes avec les autres, elles donnent
leurs noms aux agates : telles font les agates rouges ,
blanches, &c. Mais fi les couleurs font vives &
tranchées nettement , on appelle cornalines les
agates d'un rouge de fang , fardoines les agates
de coulent: orangée, prafes les agates vertes^, oc
calcédoines les agates qui.font d un blanc bleuâtre.
On en,parlera à leurs articles. «
Lés agates ont des qualités qui peuvent fe trouver
dans toutes les pierres de ce nom. Teiles font les
agates herborifées , les agates onyces , les agates
barrées , & les agates oeillées. Les anciens n ont
point -fait ufage des premières ni des dernières i
c eft pourquoi nous n'en parlerons poliit. On
pourra confulter, fur les fécondés, l'article O n y x .
Quand une raie blanche traverfe unt agate , elle
eft appelée barrée. Cet effet eft produit par la coupe
de la pierre, qui étant onyce, a été fciée vertica-
lement par rapport aux zones de couleurs , au
lieu d’avoir été .coupée parallèlement à ces memes
7.ônes. O11 r.e fait pas la raifon pour laquelle les
-anciens ont gravé fouvent fur des agates barrées ;
mais elles ne plaifent point à l’oeil. D’ ailleurs-,
011 obferve un défaut plus defagreable encore
dans ces pierres j c'eft que les figures gravées
font difficiles à diftinguer , & paroiffent , en
quelque façon, rompues 8t eftropiees. Mariette
a remarqué que les Etrufques , en particulier ,
avoient fait un ufage fréquent des agates barrees.
Ce goût bixarre étoit peut-être né de quelque fu-
perftition.
On trouvera, à l’ article des vafes Murrins ,
la defcription du célèbre vafe.d'agate qui eft
confervé à S. Denis en France, & de quelques
a u t r e s femblables. La belle agate de la Sainte-
Chapelle de Paris fera décrite à l'article Apo-
THÉOSÉ. I I . H T
AG ATHOC LE , roi de Sicile. ArAQOKAEOS.
Ses médailles font :
RR. en or.
RR. en argent.
R. en bronze.
AGATHODEMON. Ce nom eft grec, 8î veut
dire bon génie, àyutiûç é'al/esv. 11 paroït que ce nom
fut donné à la divinité que les Egyptiens app»-
loient Cneph , par les écrivains grecs qui voya-
; geoient en Egypte ; & l'on fait que Vulcain fut
- depuis l’emblème fous lequel les Grecs repte-
feutèrent dans leur temple la divinité Cneph. K.
cet article. , » _ Les Egyptiens donnèrent aufli le meme nom