Prothée changeoit, difoit-on , à tout moment I
de forme, parce que c’étoit un roi d'Egypte qui
portoit tous les jours un cafque orné d’un cimier
différent, & formé tantôt d’une tête de lion ,
tantôt de celle d’un dragon, d’un, ours, d’un
cheval, &c.
Sur une pâte de la collection de Stofch ( Li.
n°. 921 ) , on voit un cafque tout piqué de clous.
Une bandé unie fert de frontail 5 une fécondé
bande paife fur le haut de la tête, & va d’une
tempe à l’autre. Ce cafque garni de clous , peut
donner une idée de celui d’Agamemnon , défigné
dans Homère ( Iliad. K. 265.) par ces mots ùp-
q>î(pci).Qç Kuttt. Celui de Diomède étoit conique &
allongé en arrière 5 le même poète le défigne par
l’épithète etuXaitis allongé;- f Iliade A. v.
On voit fur des bas - reliefs de tombeaux antiques,
& fur ceux de la colonne Trajane,. les
Barbares porter des cafques , dont le cimier eft
ramené ou replié fur le devant, comme le corna
ou bonnet Phrygien. Le comte de Caylus avoit
fait avant nous cette obfervation. 11 difoit ( rec.
d‘Antiq. 11. pl. 33. n°. i.}: «J’ai vu que cette
Amazone portoit un cafque différent de celui
de Théfée, & par conféquent des Grecs, de
forte que la crête en étoit formée comme le
aomo Phrygien. J’avois foupçonné cette différence
dans l’armure de ces deux nations , & parce qu’il
étoit naturel de l’admettre , je l’ai propofée ,
comme.très-vraifemblable, dans les petits articles
fur le cojîume , qui précèdent les tableaux tirés
d’Homère Ô de Virgile. Mais il eft agréable de
trouver la certitude d’une conjeêlure, de quelque
nature qu’elle foit , à plus forte raifon quand
elle eft de l’efpèce de celle-ci, c’eft-à-dire , importante
pour les artiftes qui voudront traiter les
lujets de la guerre de Troye. Autorifés par l'exemple
d’un monument de l’Antiquité , ils repréfen-
teront plus hardiment une diftinâion nécefiaire à
l’intelligence de ces fujets, où les différences fen-
fibles font fi rares , qu’on ne doit en. négliger
aucune. Le defïr d’augmenter la preuve des différences
que préfentoient les armes Phrygiennes,
m’engage à rapporter ce monument. On m’à^tort
affuré que l’original- trouvé à Herculanum , etoit
dans le cabinet du roi des deux Siciles ; mais dans
quelque lieu qu’il foit confervé , fa forme & fes
ornemens lui donnent un .„caractère de vérité ,
auquel il eft difficile de fe tromper. Je ne dirai
rien de fa matière : il eft vraifemblable qu’elle
eft de cuivre. Je me tairai auffi fur fes proportions.
L ’examen de l’objet met feul en droit de
s’étendre fur les détails; Je dirai feulement que.
le deffin qu’on m’a envoyé d’Italie, préfente un
cafque de fejrvice , & tel qu’il doit être pour couvrir
la tête d’un homme. Ce monument peut faire
conjecturer qu® des nations anciennes à notre
égard, mais modernes par rapport au fiége de
Troie, ont confervé cette variété dans‘leurs
tafqucs. Cependant il faut convenir qu’on n’en
trouve point de çette forme fur les monumens*
du-moins , ou ils font rares , ou ils m’ont échappés
». Les cafques des Barbares diffèrent constamment
des cafques Grecs j & même fur U
colonne Trajane, ceux des Sarmates font très-
hauts & coniques.
Les Béotiens avoient la réputation de faire
des cafques d’une excellente trempe , & meilleurs
que ceux de toutes les autres fabriques de la
Grèce.
Les Grecs & les Romains avoient un fourreau
pour envelopper leurs cafques. Dans les marches
il les portoient ainfî enveloppés & pendus à leurs
côtés , comme on le voit à la colonne Trajane,
où ils font.attachés à l’épaule droite.
Nous ne pouvons finir cet article des cafques,
fans parler d’une armure antique de cette efpèce,
qui étoit entièrement fermée. Lecomte de Caylus
en a publié le deffin. ( Rec. d’Antiq. ni.
pl. 26.. n°. 3. ) La crête de ce cafque reffemble à
celle des Etrufques. Iirenfermoit & couvroitlatête
avec tant d’exa&itude, que celui qui en étoit armé,
ne voyoit que par deux ouvertures rondes & placées
devant les yeux : aucun recueil d’Antiquités
ne préfente des monumens de ce genre. Voyeç
Ca u s ia ,. Bonnet d’ülyfife > & Pileus Panno-
nicus dans l’article Bonnet.
-,3.Casque de Pluton. Cette armure du Souverain
des Ombres a été chantée fouvent
chez les anciens , fous le nom de ''a^ h
xuvîï ou Orcî galea. Lorfque les Géans efca-
ladèrent le ciel , les Cyclopes fournirent aux
Dieux des armes puiffantes ( Suidas ) j ils donnèrent
le foudre à Jupiter, le trident à Neptune,
& un cafque à leur frère. Quoique cette armure
ne parût pas redoutable aux Géans , elle contribua
cependant beaucoup à leur défaite j car
elle avoit la.propriété de rendre invifible celui
qui la portoit. Pluton ainfi armé leur lança
les plus rudes coups. Cette précieufe armure avoit
été donnée à Rerfée. lorfqu’il tua Médufe ; elle
contribua fans doute plus à fa victoire que l’Egide
de Pallas. Héfiode rapportant ce combat , dit :
( fcutum Herculis , v. 116. ) « que le cafque de
Pluton , entouré d’épaiffes ténèbres , étoit placé
fur la tête du héros "J. Dans les Dyonifîaques
on avertit Perfée ( lib. 47 , v. $24. ) de re-*
douter l’approche de Bacchus , & de ne pas
heurter le cafque de Pluton avec les pampres
du Dieu de la treille. Nonnus, en décrivant
cette armure , l’appelle xofv$càa\os > variegata, de
couleur changeante > mais il ne nous apprend
rien fur fa forme. 0.n ne la trouve d’ailleurs
prefque jamais fur les monumens grecs & latins
j Perfée le plus fouvent eft re pré fente tête
nue, coupant la tête à'Médufe. On le voit ainji
fur un médaillon de Sébafte en Phrygie, fur
lequel il eft gravé nud , avec un fimpie manteau
de6 ajles aux jambes. 11.regarde l’Egide de
Us placée derrière lui, afin de n’être pas pétrifié à
la vue du redoutable monftte.
Perfée ayant donné après cette exécution le
cafque de Pluton à Mercure , quelques auteurs
ont regardé cette armure comme un pétafe 5 plu-
fieurs monumens Etrufques rapportes par Gori,
font favorables à cette opinion, ainfi qu’une peinture
d’Herculanum , ( tom. 4. tav. 7. n°. 7. ) où
il a la forme du bonnet d’Atys. L’on explique-
roit par-là le type d’une médaille d’Amaftris en
Paphlagonie, fur laquelle une figure drapée ( Méd.
des peuples, tom. 2. pl. 40. ) tient un fabre & une
tête coupée : elle voit à fes pieds un corps humain
étendu fans tête : « Cet homme , dit Pel-
» lerin, eft coéffé d’une efpèce de bonnet Phry-
» gien, dont un pendant tombe à droite & un
» autre à gauche fur fes épaules. On ignore ,
» ajoute-t-il, à quoi ce type extraordinaire peut
» fe rapporter». Nous croyons reconnoître ici Perfée
& le cafque de Pluton. Les antiquaires l’avoient
confondu d’abord avec la caufia, le cafque des
rois de Macédoine. Mais la diftinCtion eft confiante
d’après plufîeurs médailles , & entr’autres
une médaille de Sinope , publiée par M. Eckel
( Tab. xi. n°. 6. ). Elle fervira à diftinguer fur les
monumens la tête ailée de Perfée , de la tête
de Mercure , avec laquelle elle a d’ailleurs tant de
refifemblance.
Ce bonnet Phrygien fervit auffi à dérober
Minerve au courroux de Mars (Iliad. £.v,. 844.).
Euftathe, expliquant ce vers d’Homère, amure
que le cafque de Pluton étoit noir , même du
noir le plus obfcur & le plus foncé. Le pouvoir
qu’il avoit de rendre inviiïble , le fit paffer en
proverbe , & on en faifoit honneur à tous ceux
qui, par rufe ou par adreffe , trompoient leurs ennemis
bu leurs furveillans. Ariftophane a donné
fon nom à la vafte chevelure dans laquelle étoit
enfevelie la figure d’un certain Hyéronimus, mauvais
poète Athénien. Les nuages dont le foleil
d’hyver eft toujours enveloppé , ont fans doute
fait imaginer l’Ord galea : car Pluton étoit l’emblème
de ce foleil.
CASQUE , terme d’Antiquaire. Les premiers
empereurs ne font point cafques fur les médailles >
leur tête y paroît ordinairement couronnée de
laurier. Dioclétien , Conftantin , Probus, font
ceux que I’onvoit cafques le plus fouvent, & cet
ufage fut fuivi par leurs fucceffeurs.
CASSANDRE , fille de Priam & d’Hécube ,
célébré par le talent qu’elle eut de prédire l’avenir.
On attribue ce don à deux différentes caufes..
Les uns dîfent qu’Hélénus & Càjfandre , qui
étoient jumeaux , furent portés., durant leur
enfance , dans le temple d’Apollon. On les y
laiifa une nuit entière , foit par oubli, foit que
ce fût une coutume religieufe? Le lendemain ,
on les trouva entortillés de ferpens , qui leur
léchoient les oreilles j ce qui leur conféra à tous
Antiquités , Tome I.
les deux le don de prophétie. D’autres ont dit
qu’il leur fut communiqué par leur frère Efaque,
qui l’avoit reçu de Mérope , fon aïeul maternel.
Voye% Esaq ue . La tradition la plus communç
eft qu’Apollon , devenu amoureux de Cajfart-
d r e , lui offrit de mettre à fes faveurs tel prix
qu’elle jugeroit à propos : elle demanda l’art de
prédire l’avenir , & l’obtint fur-le - champ j mais
elle refufa de donner ce qu’elle avoit promis en
échange. Il n’étoit pas de la dignité d’un Dieu
de retirer fes dons ; mais il crut pouvoir les rendre
inutiles. Il exigea qu’elle lui donnât au moins un
baifèr, ce qui lui fut accordé. Apollon lui mouilla
la bouche avec fa falive , & de-là vint que per-
fonne n’ajouta foi aux prédirions de Cajfandre ,
& qu’on la crut même folle , quoique l’événement
juftifiât feS prophétie?.
Cajfandre étoit fort belle, & fut recherchée
en mariage par de grands princes. Virgile parle
de Coroebus, fils de Mygdonus, frère d’Hécube,
qui avoit été épris de fes charmes, & étoit venu à
Troye pour la fecourir. 11 y périt, pour n’avoir
pas ajouté foi aux prédirions de fa maîtreffe.
Homère nomme Othryonée , qui étoit venu
demander Cajfandre en mariage , & promettoit
de faire lever le fiège de Troye ; il n’exigeoit
d’ailleurs point de dot, & la beauté de Cajfandre
lui fuffifoit. Lorfque Troye futprife, Cajfandre
chercha dans le Temple de Minerve un afyle
contre les meurtriers ; elle l’y trouva , mais fon
honneur n’y fut pas garanti j Ajax, fils d’Oilée,
lui fit violence aux pieds des autels. Agamemnon
en devint cependant amoureux j & dans le partage
du butin, il l’obtint des Grecs, fans qu’elle fur
tirée aux fort. Clytemneftre, femme d’Agamemnon
, la fit maffacrer en même-tems que ce
prince , ainfi que les deux jumeaux qu’elle avoit
eu de lui. Les villes de Mycènes &: d’Amiclès fe
difputoient l’honneur d’avoir fon tombeau. On
lui éleva un temple à Leuftres, où fa ftatue étoit
honorée fous le nom d‘Alexandra. Les Doriens
& les habitans de la ville de Dardanus lui en
élevèrent auffi un. Sa ftatue y fervoit d’afyle aux
filles qu’on vouloit marier à quelqu’un qu’elles
n’aimoient pas. Il falloit quelles embraffaffeut
la ftatue habillées en furies, ayant le vifage teint
avec des couleurs triftes & rembrunies.
Cass ANDRE, Roi de Macédoine.kassanApot
Ses médailles font :
C. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
CASSANDRIA , en Macédoine. Cassan-
DREA.
Les médailles autonomes do cette ville font :
RRRR. en bronze.............Pellerin.
O. en or.
O. en argent.
Devenue colonie romaine, cette ville a fait
Rr r r