
A LO T IE S } fêtes célébrées par les Arcadiens ,
en l’honneur- de Minerve. Ils les inftituèrent après
une bataille qu’ils livrèrent aux Lacédémoniens,
& dans laquelle ils firent un grand nombre de pri-
fonniers. Ceux-ci étoient appelés ot : de-là vint
le nom de ces fêtes.
A L O U E T T E . Scylla , fille de Nifus, fut
changée en alouette. 'V . Sc y l lA.
Les chofes bizarres qu’on lit dans la comédie
flec Oifcaux d’Aiiftw^haiic flir l'alouette , Scvrai-
femblablement fur celle qui eft hupée , fe retrouvent
trait pour trait dans les contes qu’on
écrit fur la hupe les anciens Indiens, 8c Mahomet
dans l’Alcoran ; c’eft-à-dire, que cet oifeau découvre
les fburces 8c les veines d’eau au travers
de la terre qui les cache. V . A l a u d a .
. a 'a OYPn'AES, habits teints en pourpre, fans
aucun mélange d’autre couleur : ce furent ces
habits dont Géfar 8c. Augufte défendirent l’ufage
à tous lears fujets, excepté les fénateurs . dans
l’exercice des magiftratures. Mais il fut toujours
permis de porter des habits teints avec le fang
de la coquille appelée pourpre 3 pourvu qu’on y eût
mêlé quelqu’autre couleur. Ce mélange les ren-
doit violets, on bleu foncés comme les .flots de
là mér. La défenfe de Cefar 8c d’Augufte, renou:
velée depuis fous peine de mort, par les fue-
ceffeurs de Conftantin , ne regardoitque les habits
d’homme 8c de femme teints en entier d’une
feule couleur. Mais cette belle couleur de fang,
cette fameufe pourpre, étoit permife pour faire
des bordures, des bandelettes, les clous des
lâticlaves , 8c les orne mens des; habits de l’un
& de l’autre fexe. .
ALOU3 , .fameux géant, fils de T/tan 8c de
la Terré. Iphimédie , fa femme , devint amou-
reufe de Neptune, dont elle eut les deux Aloïdes.
Voyer A l o id e s , Ip n iM É p iE . ;
ALPHÉE, fleuve d’Elide dans le Péloponnèfe,
aujourd’hui Ôrféa j il arrofe l’Arcadie & l’Achaïe,
& fe décharge dans la mer Ionienne, au-deflousde
Pife. Les Italiens l’appellent Carbon. On croyoit
que ce fleuve traverfoit la mer, 8c fe rendoit en-
fuite en Sicile auprès de la fontaine Aréthufe.
Cette opinion étoit fondée fur ce que l’on rétrou-
v o it , difoit-on , dans la fontaine de Sicile , les
chofes que l’on avoit jetées dans le fleuve.
Mais ce phénomène, dit M. Diderot, n’eft.
fondé que fur une reflemblance de mots, 8c fur
une ignorance de langue. L’Aréthufe étant environnée
de faules , fut appelée Alphaga par les
Siciliens ; & les Grecs qui vinrent;par la fuite en
Sicile, crurent y retrouver YAlphée de l’Elide.
C’eft fans doute fur ce léger fondement que fut
conftruite la fable des amours du fleuve & de la
fontaine. Voye^ A r é t h u s e .
ALPHES1BEE , fille de Phégée , ayant époufé
Alcméon , eh reçut pour préfent de noces le fa-*-
wieux collier d’ Eriphyle. Phégée, fon père ,• ayant
appris quCAlcméon, après l’avoir répudiée, avoit
époufé Callyrohé,. le fit affafliner par Tes fïïs.
Voye^ A l cm é o n , É r i p h i l e , C a l l y r o h é .
A L P H IA S S A ou A l p h io n ia , furnom de
Diane, qui lui venoit d’ un bois qu’on lui avoit
confacré dans le Péloponnèfe, à l’embouchure de
l’Alphée.
ALPH1T A , préparation alimentaire faite avec
de la farine d’orge pelé 8c grillé, ou plus généralement
avec la farine de toute forte de grains. On
conjecture que les anciens ccendoient fur le plancher,
de diftance en diftance, ,leur orge en petits
tas, pour le faire mieux fécher quand il étoit humide
j & que Yalphita étoit la farine même de
l’orge qui n’avoit point été féché de cette manière.
L alphita des G recs étoit aufli la polenta des Latins.
| La farine de l’orge détrempée 8c cuite avec de
l’eau 3 ou quelqu’autre liqueur , comme le vin ,
le moût 3 l’hydromel 3 8cc., étoit la nourriture
du peuple 8c du foldat. Hippocrate ordonnoit
fouvent à les malades Yalphita fans fel.
ALPHITOMANCIE , axçnrav, farine d’orge,
8c jxaSlù* 3 divination. Elle fe pratiquoit en faifant
manger à celui que l’on foupçonnoit de quelque
crime, un morceau de gâteau d’orge. Il l’avaloit
fans peine s’il étoit innocent} le contraire arrivait *
difoit-on , quand il étoit coupable.1; Horace y fait
allufion dans ce vers de fon épître à Fufcus; -félon
M. Mallet:
Utque facèrdotis fugiiivus liba reeufo.
Cependant tous les commentateurs s’accordent à
l’expliquer autrement : tel que V enclave fugitif de-s
Pontifes 3 je refufe même, les gâteaux. Car les prêtres
leurs ferÿiteurs vivant des offrandes;du
peuple 3 dévoient ma.ng.er à tous leurs repas; des.
gâteaux 3 qui en faifoient la majeure partie } & en
etoient râflafiés.
A L R U N E S , nom que les anciens Germains
donnoient à de certaines petites figures-de bois >
qu’ils regardoient comme leurs dieux pénates,;ou
lares, qui prenoientfoin des maifons. ,8c des per-
’ Tonnes qui y habitoient ; c’ étoit une des. plus anciennes
& des plus générales fuperftitions des Germains.
Elle confiftoit à avoir chez eux de petites
figures d’un demi-pied ou d’ un pied de hauteur,
repréfentant quelques femmes magiciennes, rarement
des hommes, & ils croyoient que ces figures.
avoient de fi grandes vertus, quelles tenoient en
leur pouvoir le deftin 8c la fortune des humaines.-
On faifoit ces.ftatues avec les racines des plantes
les plus dures, fur-tout de la mandragore-} on
les habilloit proprement, on les couchoit mollement
dans.de petits coffrets j toutes les, fèmaines
on les lavoit avec du vin & de l’eau, & à chaque
repas on leur fervoit à boire 8c à manger, fans
quoi elles auroient jeté des cris, difoit-on, comme
des enfans qui fouffrkoient la faim & la fo if ; enfin
on. les tenoit renfermées ;avee foin dans un lieu
j fecret, d’où on'ne lesitiroit que pour les çonfulter.
I. Dès qu’ on avoit k bonheur d’avoir chez foi ou fur
fo i de Oireilles figures , on fe croyoit heureux, on
ne*craignait plus aucun danger, & on en attendoit
toutes fortes de biens, fur-tout la famé, & la
guérifon des maladies les plus rebelles aux rem
MaSi's ce qui étoit encore plus, admirable, c e#
qu’elles faifoient, difoit-on, connortre Uvenir,
feulement à leurs heureux poffeffeurs, ou par un
mouvement de tète , ou O g â g g l
s’ e x p r im .o L d’une maniéré intelligible. On allure
que cette fuperftition des anciens Germains § t t | | g
encore aujourd’hui parmi le peuple de là Balte-
Allemagne , chez les Danois & les Suédois.
A L T A femita, c ’écoit la fixieme région de
Rome : elle s’étendoit depuis les Thermes de Çonl-
tantin jufqu’au Mont-Quirinal, &. renfermpit les
temples de Salas, de Flore| de Quinnus, le vieux
Capitole, la ftatue de Mamurius, les thermes de
Dioclétien &• de Conftantin ; les dix boutiques,
les poules blanches, l’autel de Calljdus, trois cohortes
de guet, les jardins de Sallufte, & la mai-
fon de la.famillé Flavia. - . • .
A L T ARE étoit diftingue chez les Latins d Ara i
félon Servius. (In Ecl. v. 6 y J. Ara étoit un, autel;
confacré également aux dieux iùpérieufs , & f
ceux des enfers }' mais on ne donnoit le 00m d al-
tare qu’aux autels des dieux fupéneurs. # x
Prudence‘fait connoître une autre manière de
lès diftinguer, lprfqu’ildit : altarïs aram fiinditus
pejfumdàre, & altaris aram quod facit placebilem,
On voit ici q\xara étoit la tabk meme., ou la
partie fupérieute ide Yaltare, : celui-ci en, fqrmoit
le fuppoi-t ou le. fondement. j
Nous y oyons cependant que Tacite, Pline , &
les auteurs de la meilleure latinité, fe font fervis
indifféremment de ces deux mots^ pour exprimer
des autels. Nous les imiterons a 1 article A u t e l .
ALTÈRES ancien mot François hors d’ufage.
Il exprimoit autrefois les angoiffes, les inquiétudes,
& autres peines de l’efprit. Les étymologiftes
le faifoient venir d’artères $ parce que la, grande
émotion, caufe un violent battement d arteres.
N’eût-il pas été plus naturel de lé dériver du mot
grec itXryif.ûi!) ? Ce mot exprimoit des poids de diffe-
rentes'groffeurs, mais qui, félon Pàufanias, avoient
ordinairement la forme d’ un oe uf , & qui étoient
percés de quelques trous, ou attachés à de longues
courroies. Les athlètes qui fe deftinoient à-lancer
le .difque ou le javelot, s’exerçoient en tenant ces
altérés par les trous qui y étqient pratiqués, ou
par les courroies. Ils les agitoient autour de leurs
têtes, & les lançoieht:avec force, pour affouplir
leurs bras, & s’accoutumer à ces rudes exercices.
Nous croyons qu’on peut faire revivre le vieux
mot d’ altérés-3 & . l’appliquer à ces poids.
ALTHÉE , fille d’Agénor, dé la racé de Deu-
calfom y époüfa Oênée , Roi-des Etoliens , &
fut mère de Méléagre- Voye-^ MéIÉAg ré. ^1 •
ALTüEME.NE, fils de Cratée. V . Cr AT^ÉB*
ALTHÈNUS, frère; de Diomède.
ALU 133
. A L T IS P E X , étoit le mêrqe que Yalitifpex, ou
l’augure qui obfervoit les oifeau^.
A L V E O L I i les Romains donnoient ce nom
aux tuyaux de chaleur qui étoient répandus dans
J Pépaiffeur des murailles, pour échauffer les ap-
partemens des Thermes. ' N
A l v e o l i , étoient aufli des efpeces d auges ,
dans lefquelles on lavoit les viandes avant de les
Apprêter.
A i r EUS. V. Echiquier & Petteia.
- ÂLVEusj on donnoît ce nom aux gradins qui
fervoient à defeendre dans les bains, & à s y affeoir.
A l v e u s , étoit un canot ou bateau groflier
» fait avec un tronc d’arbre creiife, tel que font
encore ceux des peuples fauvag;es. , Romulus^ 8c
Remus furent èxpofës dans un alvéus , félon Ovide,
( Fafi. h . 407)
Suflinet impofitos fumma cavus alveus unda :
Heu quantum fati parvd tabèlla tulit !
Alveus in limo fylvis appulfus opacis ,
Paullatim fluvio déficiente fedet.
ALUN. Les anciens paroiffent n’avoir connu
d’autre alun que le naturel, qu’ils diftinguoient
en aliin^ liquide 8ç en alun fec. Les- modernes ,
au contraire, connoiffènt à pdne Y alun naturel, &:
n’empl'oyeht quel 'alun retiré des fubftances qui le
contiennent, par des procèdes très-ingénieux.
U alun naturel liquide h étoit pas abfolument en
liqueur. Il paroît, par les deferiptions des anciens *
que cet alun, étoit feulement humide 8c mouille,
8c qu’il attiroit rhumiditë de l’air; ainfi on ne
l’appeloit liquide , que pour le diftinguer de Y alun
; fec.. U alun^liquide étoit pliis ou moins pur. Le
j plus pur étoit lifte 8c uni, quelquefois tranfparent,
! mais 'ordinairement.nuageux. Au contraire, la
‘ furface de l’autre alun liquide étoit inegale, & il
fe trouvoit mêlé avec des matières étrangères ,
. fuiyant les deferiptions des mêmes auteurs.
Les anciens diftinguoient aufli deux fortes\$alun
; naturel, fec. Ils les reconnoifloient aux différences
de la texture 8c de la figure : ou il étoit fendu
• & comme la fleur de celui qui eft en mafte, car il
\ étoit forme en mottes ou en lames} ou il fe fen-
• doit 8c fe partageoit en cheveux blancs} ou il
étoit rond 8c fe diftribuoit encore en trois efpèces,
. en alnn moins ferré 8c comme formé de bulles,
en alun percé de trous fiftuleux 8c femblable a
, réppnge, en alun prefque rond comme l aftragak;
ou il reffembloit à de la brique ; ou enfin il étoit
■ compofé de croûtes. Tous ces aluns avoient des
noms particuliers, qui ne fervoient qu a furchar-
; ger lés nomenclatures.
Tournefort voyageant dans le Levant, aborda
à l’ifle de Milô, P ancienne Mélos, d’où les anciens
, tiroient beaucoup d'alun 3 8c entr autres, félon
j Pline, Y alun liquide. Il y vit des grottes, fur les
I parois defquelles Y alun s’étoit forme fous toutes
■ for,tes de figures., ‘11 trouva^ entr’ autres de Y alun
de plume, auquel étoient mêlés des filets pierreux,