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Smirne , de Syracufe, de Thyatire , de Tuder, de
Velia. Les médailles d’ iftriopolis, de Sinope &
d’Olbiopolis, offrent l1aigle pofée fur un dauphin.
Vaigle déchire un lièvre furies médailles d’Acra-
gas, des Falifquesj & un animai inconnu fur
celles de Chalcis & des Locriens d'Italie.
Une aigle y avec le mot-Consécration défigne
fur les médailles l’apothéofe d'un empereur. La
principale figure de la belle agathe confervée à la
Sainte-Chapelle de Paris, eft portée fur un aigle j
ce qui l’avoit fait prendre pour S. Jean , dans les
teins d’ignorance..
On trouve quelquefois des aigles pour marquer
la confécration des princefifes 3 telle que Marciana î
mais cela eft très-rare 3 & elle eft ordinairement
annoncée par le fymbole du paon.
1/aigle fervoit d’enfeigne dans l’armée de Frédéric
I , comme autrefois dans les légions romaines.
On la voit fur les monnoies de Henri VI
& de Frédéric II. Romain Diogènes 3 empereur
des Grecs n ayant été pris par les Turcs en 1072 3
fut reconnu à la figure de Xaigle qu’il portoit fur
fa poitrine. Adelbert 3 marquis & duc de Lorraine
depuis l’an 979 jufqu’en 1037, auroit pris ce fymbole
long-tems avant les empereurs d’Allemagne ,
fi l’on s’en rapportoit à fon fceau, publié par D. Cal-
met. Uaigle éployée paroîtfur l’écu du prince 3 f(3r
la houfle & fur le cou de fon cheval, & fur le con-
tre-fcel. Mais le caparaçon traînant dont le cheval
eft couvert j & les caractères de l’infcription, n’indiquent
au plus que le treizième fiècle, & rendent
ce fceau plus que fufpeét.
Ferri 1 3 Duc de Lorraine depuis 1205 jufqu’en
1 207, eft monté fur un cheval fellé fort fimplement
& fans caparaçon. Les alérions ou petites aigles ne
fç font voir que fur fon bouclier. Mais dès l’an
1197 j Y aigle éployée fe voit dans le fceau de Mathieu
de Lorraine , depuis évêque de Toul. Celui
de l’empereur Louis de Bavière montre cet oifeau
dans fa forme naturelle aux deux côtés du trône.
U aigle éployée , avec ces mots , figillum, vcritatis3
fervoit de contre-fcel à Etienne 3 comte de Bourgogne
, dès le commencement du treizième fiècle.
A quelle époque les empereurs d’Allemagne
ont-ils adopté Y aigle à deux têtes 3 que Lipfe a
obfervée fur la colonne Antonine, & qui, dit-on ,
ayoit été adoptée par Conftantin 3 pour exprimer
la réunion des deux empires en fa perfonne ?
Heineccius prétend 3 ainfî que plufieurs autres écrivains
3 que Sigifmond eft le premier dans le fceau
duquel on la trouve. Cependant Ludewig , con-
feiller du roi de P rafle, a décrit lé contre-fcel d’une
charte de l’empereur Vinceflas, datée de l’an 1397.,
où l’on voit une aigle éployée à deux têtes. Le
même auteur en trouve l’origine chez les anciens
marquis de Brandebourg. Gudenus a prouvé depuis
par un autre contre-fcel 3 que c’eft Charles IV qui
a donné, à fes fuccefleurs l’exemple de mettre cette
figure fur leurs fceaux 3 fans doute pour lignifier
l’un & l’autre empire. Les comtes de Sanverden
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avoieîit dans leur écu Y aigle à deux têtes dès le
treizième fiècle. On en a fait les armes de l’empire
d’Allemagne fous le règne de Sigifmond au
plus tard.
AlCLE. ( Pierre d* ). F’.ÆtitE.
AIGRETTE de cafque. V. Crête.
Aigrette. Les romaines portoient fur le front
une parure qui reflembloit beaucoup aux aigrettes
modernes 3 qui font formées par un afîemblage de
pierres précieufes. On voit dans le jardin du palais
Farnèfe à Rome, une tête de Vénus fous les traits
de Marciana 3 nièce deTrajan, qui porte une fem-
blable aigrette au haut du front. La Villa-Pamfili
renferme un bufte de la même princefîe, dont le
front eft décoré d’un ornement en forme de croif-
fant. Ce bufte éclaircit un paflage du poète Stace,
qui dit qu’Alcmène 3 mère d'Hercule, avoit fes
cheveux ornés de trois lunes : ( Theb. I. 6 . 288.)
— Tergeminâ crinern circumdata lutta.
Ce vers fait fans doute allufion aux trois nuits que
Jupiter pafla avec cette princefîe, & à Hercule
dont il devint père pendant cet efpace de tems.
Winkelman. H j s t . d e l ’A r t .
AIGUE-MARINE. Pierre - gemme d’une médiocre
dureté & d’un bleu léger , pareil à celui de
la mer 3 d’où lui eft venu fon nom françois. On
pré fume 3 d’après les deferiptions très-défe&ueufes
des anciens minéralogiftes, qu’ils la comprenoient
fous la dénomination générale de Béril. Le dif-
cernement des anciens artiftes brille fouvent dans
le choix des pierres qu’ils ont gravées 3 mais fur-
tout dans le Neptune & le beau Léandre du palais
Royal 3 qui font gravés fur des aigues-marines.
AIGUILLE à coudre. Aucun recueil d’antiquités
n’offre des aiguilles à coudre antiques 3 quoique
les auteurs grecs & romains faflent fouvent mention
d’ouvragés & de broderies faits à Y aiguille.
L ’Afîyrie & la Babylonie en particulier étoient
renommées pour ces broderies. (Plin. lib. $o ) Colores
diverfos piftura intexere Babylon maxime
celebravit. Si ces aiguilles étoient d’acier comme
les nôtres 3 la rouille les aura toutes détruites.
Aiguille de cheveux ou de tête. Les Romains
les appeloient acus crinales & acus difcriminales 3
ou'indifféremment fpicula. On doit les diftinguer
foigneufement.
Acus difcriminales 3 étoient de grandes aiguilles
de métal ou d’ivoire , qui fervoient aux femmes à
féparer leurs cheveux en deux parties fur le devant
de la tête. Cette coëffure les diftinguoit des filles,
qui. relevoient & nouoient tous leurs cheveux fur
le Commet de la tête ou les attachoient fur le
derrière avec une aiguille 3 fans en 1 ailler flotter fur
les joues ni fur les oreilles.
Acus crinales 3 acus comatoris. , étoient proprement
les aiguilles de tête. Elles fervoient à retenir
les cheveux qui étoient trefles &: nattés. C’eft ainfî
que les treffent encore, les, Alfaciennésj & les femmes
des environs de Naples attachent encore leurs
chevelures avec des. aiguilles d’argent de fept 4
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dans les temples de la mère des dieux, 1 ° / ^ -0!1
avoit mangé de Yail.fi Ac'fien. x). L ail dep»ai oit
à Rome-aux gens délicats, I caufe de fon odeur
forte- Tout le monde connoît les vers d Horace
fur cette plante :
* Parentis olîm f i qùis impi a manu
' Senile gutfur fregerit :
Edat cicutis allium hocentiiis,
O dura mejjorum ilia !
C’étoit peut-être la raifon p o u r laquelle on en
failoit manger pendant plufieurs, jours a ceux qui
vouloient fe purifier de quelque crime. Perfe lait
allufion à cette pratique. ( Sat. v , 186. ) *.
H inc grandes Galli, '& cum fifiro lufcafacerdos
Incujjere deos infantes corpora, f i non
Pr&diçîum ter mane Cap ut gufiavetis alli.
Les foldats, les matelots , & lés moiffonneurs
grecs 8ç romains faifoient un grand ufage de 1 ail.
Les Grées croyoient qu’ il allumoit le courage des
guerriers. Ariftophane- ( Equit. 1. 3. 256.)':'
Ut plems. alliis firenue magis pugnes,.,
Ils en faifoient manger aux coqS/ mêmes qu’ils
drefîoient pour les combats. L’ ail e t'oit une Ppur~
riture fi ordinaire aux foldats romains, qu il étoir
devenu un fymbole de la vie militaire. Allia ne
comedas , ne mangez pas de Y ai l . difoi.t-on, a
ceux qui aimant beaucoup leurs aifes fk la tranquillité
, formoient le projet d’aller à l armee.
Vefpafien répondit à un courtifap ^ efféminé qui
lui demandoit un gouvernement: J’aimerois mieux
que tu-fentiffes Y ail que les parfums.
Les matelots des deux nations en faifoient un
aufli grand ufage que les.foldats. Plaute ( Poen. r.
i 5- 34*); Tum autem plenior
A ll ii , ulpicique , quam Romani remiges,
Arîftophane \ Arach. 1. 4. 30.) :
V a mihi pereo, quem Odomantes fipoliant alliis.
Le fcholiafte.obferve fur ce vers d’Arîftophane,
que les Thraces aimoient beaucoup Y a i l, parce
qu’ils habitoient un pays froid. Lorfque les Athéniens
partoient pour quelq.u’expédition maritime ,
ils faifoient, félon*Suidas, une ample provifion
d’ ail. On croypit que l’ufage de cette ; plante
chaude corrigeoit les effets du mauvais air.
C’étoit fans doute la même opinion qui faifoit
prodiguer Yail aux moiffonneurs & aux payfans.
Virgile ( Eclog, 11. 9. ) ;
Theftylis & .rapido fejfts mefioribus afiu
Allia 3 ferpyttumquè herbas contundit olentes.
Galien ( Mcth. med. x n . 18. ) appelle Y ail y la
1 thériaque des payfans. Piinç ( x ix . 6 . ) dit que