
tunique de papyrus enduite de cire, à laquelle on
mettoit le feu. Tacite nous a tran frais le fouvenîr
de cette horrible cruauté ( Annal, xv. 447.) :
P ecéuntibus addita tudibria , ut fer arum ter gis con-
tecli j laniatu çanum intcrirent 3 aut crucibus affixi ,
aut flammandi , atque ubi defecîjfet dies , in ufum
nociumi luminis uurentur. Ce farouche tyran
éclaira un jour le peuple romain affemblé dans
un amphithéâtre, avec ces feux abominables,
comme nous l'apprend l’ancien fcholiafte de Ju-
Venal (Sat. j . yy. ) : Tigellinum fi Itferis , vivus
ardebis j quemadmodum in munere Neronis vivi
arferunt, de quibus ille jufferat cereos fieri, ut
lucerent fpeftatoribus , cum fixa ejfent illis gut-
tura, ne fie curvarent. Nero maleficos hommes
tidâ , & papyro , & cerâ fupervefiiebat a & fie ad
ignem admoveri jubebat, ut arderent.
Les Romains s’envoyoient en préfent pendant
les faturnales , des bougies que l’on allumoit fur
les autels de Saturne. Ces bougies tenoient lieu
des victimes humaines que les premiers hommes
offroient au père de Jupiter , lorfqu’Hercule leur
expliqua l’oracle fuivant, par lequel ils croyoient
que ces affreux facrifices leur étoient commandés
:
Km 3U<p*iXetç r« icetTfi irtfAirtrt (parût.
Le héros leur fit entendre que le mot (para., défi-
gnoit des bougies ainfi que des hommes ,* & que
par conféquent ils pouvoient fubftituer la première
offrande à la fécondé. Macrobe ( Saturn.
I. 7, & IX. ).
B O VIAN UM, dans le Samnium, aujourd’hui
Bojano.
M. Pellerin atribue à cette ville, deux médailles
d’argent avec des légendes étrufques, 8c
.un boeuf couché aux pieds d’un hommé cafqué
8c armé.
BOUILLOIRE. On voit au cabinet d’Hercu-
lanùm un vafè de cuivre deftiné à faire bouillir
de l’eau, lequel reffemble beaucoup à nos bouilloires
à thé. Au dedans du vafe , il y a ün cylindre
d’environ quatre pouces de diamètre , avec un
couvercle mobile, dans lequel on jette du charbon
3 de - manière que la cendre petit tomber
par des trous pratiqués dans le fond. Dans l’ef-
pace réfervé autour de ce cylindre, on faifoit
paffer l’eau par le moyen d’une 'efpèce de petit
entonnoir qui s’y trouve foudé. On a auffi trouyé
de femblables vaiffeaux brifés, dont le cylindre
étoit garni par le bas, d'une grille deftinée àlaiffer
paffer la cendre, 8c faite de manière que les barres
du gril font creufes 3 afin que l'eau, par ce moyen,
puiffe circuler tout au tour du cylindre. Le robinet
de ces bouilloires eft un peu élevé au-deffus du
niveau ou plan fur lequel on les pofç, dans le
deffein de retenir l’eau lorfqu’elle a fait un dépôt.
Le limon blanc attaché aux parois de ces vaiffeaux
eft une preuve de i’ufags auquel: ils ont
fervi j 8c l’on fait qu’il y avoit à la cour d’Àugufte
une perfortne deftinée uniquement à avoir foin de
la boiffon faite avec de l’eau chaude. ( Spon.
Mifcel. p. ic6).
BOULANGER. Voyci Pain des anciens.
b or a h' fur les médailles des villes , en dé-
figne le confeil ou le magi firaty comme on l’appelle
aujourd’hui dans plufieurs provinces. Mais il
ne défigne pas le fénat de Rome, qui eft appelé
ovvkx'vtoç fnr les médailles.
boyAe ï t a i '., fénateurs des villes (Rome exceptée)
ou décurion. Lucien ( Gymnaf) appelle ainfi
les aréopagites 5 & ce nom fut donné aufii aux
décurions qui formoient le confeil des villes municipales.
Ce nom ne défîgna jamais chez les
auteurs grecs un fénateur romain, a-uy^riKov,
mais toujours un décurion des villes municipales,
qui faifoient les mêmes fonctions dans ces villes
que les fénateurs à Rome.
botaeyth'pion , ou Zvnfytovy curie , lieu d’af-
femblée du confeil municipal. On a quelquefois
défîgné auffi par ce nom, la bafilique où les
juges d’une ville rendoient la juftice âu peuple.
C’eft d’un bâtiment de cette efpèce que parle
Pline ( 36.. c. 1 y. ) , fous le nom de Buleutirion.
On le voyoit à Cizique, & il n’entroit que du
bois dans fa conftruélion , fans aucune pièce de
fer 5 enforte que l’on pouvoit en réparer une
partie fans déranger les autres : Cyfici & buleu-
terion vacant édifieium ampLum, fine ferreo clavo ,
ita difpofitâ contignatione , ut eximantur trabes
fine fultuns y ac reponantur.
BOULJANUS. C’étoit, félon le père de Lon-
gueval, ( Hifioire de iéglife gall. 1. p. 193 .' ) une
divinité adorée à Nantes en Bretagne, ou elle
avoit un temple fameux qui fut abattu, comme
on le croît, vers l’an 319, fous le règne 8c par
l’autorité du grand Conftantin. « 11 y quelque
» temps, dit ce Père, que l’on trouva à Nantes
» une infeription en l’honneur de cette divinité,
» .conçueen ces termes: *> n um ini au gu sto r .
DEO BOULJANO M- GEMEL.- SECUNDUS ET C.
SEDAT. FLORUS ACTOR. VICARIOR. PORTENS.
TRIBUNAL. C. M. 'LOCIS EX STIPE CONLATA
posuerunt. ce Cette infeription a beaucoup
« tourmenté nos favans. Nous croyons que ce
>5 dieu Bouljanus eft le même que le dieu Janus
*> des Latins, au nom duquel on ajouta le nom
» celtique bout, qui fignifie orbis. Ainfi Bouljanus
» fera le Janus du monde. On affure en effet
” qu’une ancienne figure de ce dieu le repre-
” fentoit à trois faces, pour lignifier fans doute
» les trois parties du monde qui étoient alors
" connues. Bout fignifie encore chez les Bretons
” un globe. »
Toute cette explication du P Longuevaî, porte
malbeureufernent fur une infeription mal copiée ;
8c le dieu Bouljanus eft un dieu imaginaire. Voici
la véritable infeription : numinibus. au gu stor *
deo*
DEO. VOL. JANO. M. GEMEL. SECOND U 8-. ET C.
SEDAT. FLORUS. ACTOR. V1CANOR. PORTENS.
■ TRIBUNAL.'C. M. LOCIS. EX. STIPE. CONLATA.
posuerunt. Elle fut faite pour apprendre à
la poftérité que les habitans de Nantes avoient
confacré leur tribunal aux dieux des empereurs,
c’eû-à-dire, à Jupiter 8c à Apollon, mais après
«voir invoqué Janus, félon l’ufage, afin que leur
offrande parvînt par fa médiation aux dieux de
l’empire. « Aux dieux des empereurs : de l’agrément
du dieu Janus : M. Gemellus fecundus 8c
C. Sedatius JFlorus, avec l’argent de la contribution,
ont bâti dans la place du commerce le
tribunal des habitans du port” . (.Mémoire de Litt.
du P. Defmolets.) ”
BOURDON. Notre bourdon bu baffe répond
â la note que les Grecs appeloient Trpao-^uCeivôftevps-
« Cette efpèce de bourdon des anciens foutenoit
le chant, en faifant fonder Foéiave 8c la quinte.
La quarte s’y trouvoit auffi par la fituation de
la corde du milieu , ..comme on l’apperçoit aifé-
ment. Au refte les anciens ne nous ont rien laiflé
par écrit fur ces bourdons. » M. de Çafkillon
fils.
BOURGEOIS. V o y e i C it o y e n .
BOURGEOISIE. Voye^ Cité.
BOURREAU. Voye^ Exécuteur delà haute-
juftice.
BOURSE d’argent. Voye^ Follis.
BOURSE,lieu où s’affemblent les marchands
pour traiter des affaires relatives au négoce. If
y avoit à Rome des bafiliques deftinées à cet
ufage. On a été plus loin: on a cru & affuré
qu’ils y avoient une bàurfe proprement dite,
bâtie l’an 2y9 de la fondation de Rome, fous le
confulat d’Appius Claudius & de Publius Servi-
lius. Ceux qui ont eu cette opinion , ajoutoient
que les reftes de cette bourfe, appelée collegium
mercatoçfim, formoient une partie de la Loggia
moderne, la loge fanét auprès de la place de S.
George. Us fe fondoient fur le paffage fuivant
de Tjte-Live : certamen confulibus inciderat uter
dedicaret Mercurii edem. Sehatus a fe rem ad, po-
pulum rejecit : utri eorum dedicatio juffit popult
data effet y eum pr&ejfe annone 3 mercatorum collegium
infiituere juffit. Faifons remarquer ici que
dans la bonne latinité, collegium n’a jamais
défigné un édifice, mais une communauté d’ar-
tifans, un ordre de prêtres, &c. de forte que
l’on ne peut ici lui faire lignifier une bourfe. Le
fens de ce paffage, eft donc que les négocians
furent incorporés & formés en compagnie fous
la protection de Mercure, & que Ys-des de ce
«ieu fervit aux facrifices particuliers de cette
corporation.
B O U S TR O PH É D O N E . Commencer les
lignes de droite à gauche, & les continuer alternativement
de gauche à droite 3 voilà ce que
les Grecs appeloient écrire fimpotyMy, Cette
Antiquités 3 Tome i .
expreffion carâétérife parfaitement bien une
écriture dont le propre eft d’imiter l’aétion du
laboureur ‘qui, après avoir tracé fon premier
lillon, en forme un autre à côté, & pourfuit de
la forte fon travail, jufqu’à ce qu’il ait achevé
fa tâche. Ainfi les lignes impaires de cette écriture
font dirigées vers la gauche, & les paires
fe portent vers la droite j ou bien on fait préci-
fément tout le contraire.
Paufanias, (//£. y.) décrivant les monumens
érigés à Olympie par les Cypfélides, en repréfente
les inferiptions comme écrites en lettres
antiques, dont les unes vont tout droit. xJ ru,
f*ti le tuS-'o uurà» t%tt %éfActrct j les autres font en
écriture qu’on nous- permettra de nommer
bouftrophédone y pour éviter les périphrafes, £
uXXa rùv ypccftctruv £ouepo(p}jJor auXtorir EvXX>}nç.
Dans cette écriture, on commence la fécondé
ligne au bout de la première, uvo rov néparoe
tou S7roue tTTtepttyst rüf tiroir ro oturtpor. Les IoiX
de Solon {Suid. Hakpocr. ) furent ainfi écrites.
Tel étoit l’arrangement qu’on donnoit pour l’ordinaire
aux lettres des plus anciennes inferiptions.
I. Que les Grecs, avant l’invention de leur
écriture alternative, ayent, à la manière des
Orientaux, formé toutes leurs lignes de droite
à gaucheî c’eft une opinion très-probable, 8c
qui s’accrédite de plus en plus parmi les antiquaires.
Si l ’on en croit Spanheim -dans la première
partie de la fécondé (Edit. Londin.p. iicl)
de fes differtations fur l’excellence des médailles,
les Siciliens avoient appris des Phéniciens à écrire
de droite à gauche ; c’eft: un ufage qu’ils ob-
fervèrent, 8e dont il refte encore divers monu-
mens. Plufieurs de leurs médailles ont les inferiptions
tournées de droite à gauche, 8c même
quelquefois des lettres renverfées de haut en
bas. La Sicile fut, nous dit-il, occupée fi longtemps
par les Carthaginois defeendus des Phéniciens,
qu’il n’eft point de pays où l’on découvre
plus de veftiges littéraires de cette nation. Il cite
tout de fuite une médaille d’Ephèfe, dont l’inf-
cription eft difpofée dans le même fens que
celles des monnoies ficilrennes apportées en
preuves. Comme il eft sûr qu’au fiècle où cette
médaille fut frappée, les Ephéfiens n’écrivoient
pas de gauche à droite, il en prend occafion
d’avouer que ces renverfemens de lettres ont pu
arriver par la faute des monétaires, 8c que de
célèbres antiquaires , comme Triftan , fe font
trompés, pour 11’avoir pas fait cette attention.
Mais la même folution étoit applicable aux
. monnoies de Sicile 3 8c, pour conftatcr l’ufage
où l’on étoit d’y écrire de droite à gauche,
- il faudroit, ce femble, des monumens d’unç
autre efpèce que des médailles.
Quoique certaines légendes des médailles de
' Sicile tournées de droite à gauche , ne foient pas
des garans surs dç i’ufage' où l’on étoit d’y dif-
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