
choie j mais ces gratifications n’étoient jamais
capables de les enrichir.
Ce premier triomphe étoic fuivi de celui qui
les attendoit à leur retour dans leur pays. Le vainqueur
étoic reçu aux acclamations de fes compatriotes
qui venoienc au-devant de lui. Revêtu des
marques de fa victoire, & monté fur un char à
quatre chevaux , il entroit dans la ville * non par
la porte, mais par une brèche que Ton faifoit au
rempart Onportoit des flambeaux devant lui, &
il ecoit fuivi d’un nombreux cortège qui honoroit
la pompe. Les jeux qui procuroient cet honneur
étoient appelés Iselastiques. Voyez ce mot.
La cérémonie du triomphe athlétique fe termi-
ijoit prefque toujours par des feftins. 11 y en avoit
de deux lortes ; les uns fe faifoient aux dépens du
public ; les autres aux dépens des particuliers. Les
^>rf/'îlerS ^coie.nt en u^ge à Olympie , ou les
ut h Ce tes victorieux étoient anciennement traités
a S a Pfytanée, ou hôtel-de-viUe , tout le
relte du temps que duroient les jeux Olympiques.
r o y e i Paufanias, (Eliac. /. i. <r. i j . ) Athenée,
Les particuliers qui traitoient
a a -x: ï l.âo rku* «oient fes amis. Les athlètes
de dilnnction 8c qui fe piquoient de générofité,
regaloient a leur tour, non-feulement leurs paréns
& leurs amis, mais fouvent une partie des fpec-
tateurs. Alcibiade & Léophron régalèrent même
toute 1 affemblée. A
, Jr . premiers ioins des athlètes , après leur
yiCtoire, étoit de s’acquitter des vce.ux qu’ils
avoient faits aux Dieux pour l’obtenir, & de con-
facrer dans leurs temples des ftatues , des boucliers
& d’autres offrandes de prix.
Ils avoient de grands privilèges dont ils jouif-
toient apres leur victoire : i°. la préféance aux
jeux publics. 2°. Chez les Lacédémoniens ils com-
battoient aux côtés du Roi dans les expéditions
militaires. $°. 'Ils étoient nourris le refte de leur
Vie aux dépens de leur patrie ( Dionyf. Halicar.
non. adathlet.). Solon avoit afligné yoo drachmes
de penfion a chaque athlète victorieux. 40. Us
etoient exempts de toute charge & de toute fonction
civile. y°, On écrivoit leurs noms dans les
archives publiques : on défignoit les Olympiades
par le nom du victorieux. Les Poètes faifoient des
pièces en leur honneur ; on leur érigeoit des
ftatues , & on gravoit des inferiptions pour éter-
jufer le fouvenir de leur victoire. G9. Enfin on
leur prodiguoit même les honneurs divins. Tous
les foins des Hellanodiques ne fuffifoient pas pour
réprimer ces excès & l’extrême penchant que les
peuples avoient à mettre au nombre des Dieux les
athlètes vainqueurs; ce qui étoit le comble de
la gloire athlétique. Hérodote en rapporte un
exemple , ( /. y, c. 47.J ; on en trouve un fécond
exemple dans Pline ( hiß. nat. I. 7. c. 47. ) ; un
troifieme dans Paufanias {Eliac. I. z. c. u . ) ; &
I oracle même de Delphes contribua au fécond
exemple.
Ce netoient pas feulement dés hommes faits
qui entroient dans la lice : dès la trente-feptième
olympiade , on avoit établi à Olympie des prix
pour la courfe 8c la lutte des enfans-aM/èrej ; ce
qu’on étendit au Pentathlé dans la trente-huitième,
auFugilatdanslaquarante-unième, 8c au Pancrace
dans la cent quarante-cinquième ; mais les Eléens
retranchèrent bientôt ce dernier combat, & le
Fentathle aux enfans. Il étoit rare de-voir-ceux
qui avoient remporté le prix dans leur jeuneffe, le
remporter encore étant hommes faits. Ariftote
remarque ( Polit. I. 8. c. 4. ) qu’à peine en pou-
voit-on compter deux ou trois à qui la nature eût
accordé cet avantage.
Le mot athlète , «ôajjtw , vient d’«0Ata , je
lutte; il étoit donné par les Grecs à tous ceux
qui combattoient pour les prix dans les jeux publics
, de quelque manière que ce pût être. ( O11
excepte de ce nombre les Poètes, les Hiftoriens
& les Mufîciens. ) A Rome, il défignoit proprement
les lutteurs 8c ceux qui combattoient au Pugilat;
car tous les autres athlètes avoient des noms
particuliers. On en pourroit conclure peut-être
que les Romains eurent de tout temps ces derniers
athlètes , qu’ils défignèrent par des noms propres
tandis qu’ils reçurent plus tard ceux qu’ils nom-,
mèrent proprement athlètes 3 en adoptant le nom
grec avec leurs exercices.
Cette adoption fut faite fous la diéhture de Sylla,
comme nous l’apprend Appien, ( Bell, civil. )
«Vers la fin de la 175e. olympiade, il n’y eut
plus à Olympie d’autre exercice que la courfe
dans le ftade ; car Sylla avoit tranfporté à Rome
les athlètes & tout ce qui fervoit aux jeux, fous
le prétexte de délaffer le peuple des fatigues qu’il
venoit d’effuyer dans la guerre civile & dans Celle
de Mithridate. » Peracïâ -olympiade 17 y apud
Grec os : quo tempore nullum in Olympia certamen
prêter curfum in fiadio fupererat. Nam athletas-
esteraque ludicra univerfa in. iirbem Sylla Mithri-
datici belli atque civiles oecajione tranftulerat,
caufam pretexens , quod populum pofi tôt labores
recreare cuperet. Ils combattirent d’abord dans le
grand cirque ; & on les y conduifoit en grande
pompe du capitole au travers du forum. Mais- les
exercices s’étant multipliés, on bâtit des amphithéâtres
particuliers & des gymnafes deftinés uniquement
aux excercices des athlètes.
Les Romains élevèrent comme les Grecs des
ftatues aux athlètes célèbres ; 8c la ville Albani en
renferme une de marbre noir, qui repréfente un
athlète tenant un flacon d’huile pour s’oindre 8c
fe difpofer au combat. Elle étoit placée dans l’ancienne
ville d’Antium, des fouilles de laquelle on
l ’a tirée.
ATHLOTHÉTE étoit le même que ŸAgono-
thète. Voye£ ce mot.
ATHOR , At h y r & A t a r , font les différentes
dénominations que les Grecs ont données
à une divinité égyptienne j en traduifant £b»
nôm dans leur langue. Elle s ’ a p p e îo i t proprement
Athor 5 8c les Grecs voulant rapporter toutes les
théologies à celle de leur nation , la reproduifi-
rent q u e lq u e f o i s fous le nom de Junon, mais o r d
in a i r em e n t fous celui de Vénus-célefte ou Uranie.
Les- E g y p t i e n s avoient donné fon nom Athyr au
trdfîrème mois de leur année vague, qui, dans 1
l’année fixe introduite en Egypte fous Augufte,
répondoit au mois de novembre des Romains,
comme nous l ’ a p p r e n o n s du grand Ethÿmôlogifte
8c d’Hefychius. Ce dernier ajoute qu Athyr étoit
àuffi le nom. d un boeuf; & le premier dit encore
Athor des Egyptiens étoit Vénus , adorée à
Atarbechis, félon Hérodote.
D a n s q u e l f e n s 8 c f o u s q u e l r a p p o r t Athor
a v o i t - e l l e p u ê t r e r e p r é f e n t é e p a r V é n u s ? C ’ e f t
u n p o in t d e c r i t i q u e t r è s - b i e n é c l a i r c i d a n s l e
P a n t h é o n d e J a b lo n s k i , d 'o ù n o u s t i r o n s c e t
a r t i c le . O b f e r v o n s d ’ a b o r d q u e la V é n u s n é e d e
l ’ é c u m e d e l a m e r , & c é l è b r e p a r le s p r o f t i -
t u t io n s q u i f o rm o i e n t f o n c u l t e , n ’ a v o i t p o in t
é t é c o n n u e ' d e s O r i e n t a u x 8c d e s E g y p t i e n s ,
C e u x - c i d é f i g n è r e n t f o u s l e n o m q u e le s ^ G r e c s
o n t r e n d u p a r c e lu i d e Vénus, u n e d i v in i t é t o u t e
c é l e f t e , u n p h é n o m è n e d e la l u m i è r e , 8cc. D e - l à
v i n t q u e p o u r m i e u x e x p r im e r c e t t e p a r t ie d e l a
T h é o l o g i e E g y p t i e n n e - , le s u n s c r é è r e n t u n e
V é n u s -U r a n i e o u c é l e f t e , & d ’ a u t r e s l ’ a p p e lè r
e n t l a J u n o n E g y p t i e n n e (Manetkon, Diodore,
Horapollo, &c, ) M a is , t o u t c e q u ’ i l s o n t d i t d e
c e t t e J u n o n f e r a p p o r t a n t a v e c r ig u e u r à Athor,
o u à V é n u s - c é l e f t e , n o u s n e p a r le r o n s q u e d e
c e t t e d e r n i è r e .
L e s O r i e n t a u x & le s E g y p t i e n s d é f i g n o i e n t p a r
c e t t e V é n u s la p u i f f a n c e q u i a t o u t p r o d u i t d a n s
l ’ u n iv e r s . P lu t a r q u e l e d i t e x p r e f f ém e n t d a n s l a
v ie d e C r a f l u s , e n p a r la n t d e l a D é e f f e d e s S y r ie n s ,
a d o r é e à H i é r a p o l i s , 8c q u ’il r é c o n n o î t p o u r
V é n u s o u J u n o n . P r o c l u s , l e P a r a p h r a f t e d e P t o -
l ém é e {lib. i . j a l lu r e p o f i t i v em e n t q u e l e s h a b i -
t a n s d e l a S y r i e , d e l a P h é n i c i e 8c d e l ’ A f i e -
M in e u r e a d o r o i e n t l a p l a n è t e d e V é n u s , c o m m e
l a m è r e d e s D i e u x , 8c q u ’ i l s lu i d o n n o i e n t p lu -
f ie u r s n o m s f y r i e n s 8c é t r a n g e r s . C e t t e d o é l r in e
e f t e x p o f é e d a n s l e s v e r s fu iv a n s d e s f a i t e s d ’ O v i d e ,
( lib. "4. v. 91. )
Ilia (Venus) totum dignijjima temperat orbem.
Ilia tenet nullo régna minora Deo : ■
Juraque dat coelo , terre , natalibus undis * - -
Perquefuos initus continet omne genus.
Ilia Deos omnes ( longum enumerare') creavit,
Ilia fatis caufas arborikufque dédit.
«Vénus gouverne l’univers ; fon pouvoir eft au-
delfus de celui de tous les autres Dieux : elle commande
au ciel, fur la terre, 8c dans la mer qui l’a
produite : elle a créé toute la longue fuite des
D'ieux : elle a produit les germes 8c les femences »
Les Grecs, en adoptant cette théogonie, la corrompirent,
8c firent de Vénus-célefte, une débauchée
8c une femme perdue.
Vénus, même Vénus-célefte, n’étoit que l'emblème
de la divinité appelée Athor fur les bords
du N il, où ce m ot, interprété dans le cophte ,
ancien idiome des Egyptiens, défigne la nuit.
L ’article- Nuit de ce Di&ionnaire, fera voir en
détail que toute la puiffance attribuée ci-deffus
à Vénus, l ’étoit aufli en Egypte 8c chez les plus
anciens Grecs, à cette divinité. D’un autre c o té ,
des témoignages précis atteftent l’identité de
Vénus 8c d’Athor ; 11 eft donc évident que par
Athorlzs Egyptiens défignoientla nuit, à laquelle
ils avoient élevé un temple , félon Héfychius
(vox Ï kotuî) fous le nom de Vénus-ténébreufe.
Enfin, l’hymne à la Nuit que l’on attribue à
Orphée, commence par ces 'deux ve'rs : Je chanterai
la Nuit, mère des Dieux 8c des hommes ,
l’origine dé toutes chofes , que nous appellerons
auffi Vénus. «
Utiiclet ®eav ytvéreipey utirofsetl i J'è eut ctviïpay3
Nt>4 yivt(ris 7[ctiruy, «v Kwptv xctXtr&'ftt'i.
Sous le nom d*Athor ou de 'Nuit, les Egyptiens
défignoient, dans les premiers temps, la faifon
où le foleil parcourt les lignes d’hiver, & femble
plongé dans l’hémifphère inférieur. Horapollo ,
p !Hierogly. lib. 1. c. 1 1 .) dit expreffément que
Minerve occitpoi't en Egypte l’hémifphère fupé-
rieur ou le ciel ,• 8C Jurion l’hémifphère inférieur;
Nous avons vu plus haut que cette Junon n’étoic
autre chofe que Vénus , ou Athors c’eft-à-dire ,
la Nuit. Ce dogme, trop relevé pour le peuple
de l’Egypte., fut bientôt changé dans le culte
matériel -de. la portion des vingt-quatre heures'
où-le foleil neclaire plus l’Afrique, de la Nuit
proprement dite. On ne s’arrêta pas encore à ce
phénomène célefte ; on reconnut pour Athor la
planète qui éclaire pendant la nuit, la Lune; 8c
cette divinité fut défignée par Diodore de Sicile,
•' (lib. 1 .) fous le nom d’Hécate-ténébreufe.
La dernière métamorphofe dé Athor femble
avoir pu fe juftifier aux yeux de la populace
;. groffière , par l’efpèce d’animal qui lui fervoit
d’emblème. C’étoit la vache y dont la réunion
des cornes lui paroiffoit être la repréfentation de
•; la Lune dans fa première phafe. On adoroit,
félon Elien, ( de anim. lib. x i. c. 27.) à Chufas,
bourg du nôme d’Hermopolis, Vénus-célefte;
8c une vache partageoit ce culte. Strabon parle
de la vache facrée qui repréfentoit Vénus à Mo-
memphis, comme les boeufs Apis 8c Mnevis re-
préfentoient le. Nil 8c le Soleil à Memphis 8c à
Héliopolis. 11 nous apprend d’ailleurs que cette
vache étoit blanche , ce qui éclaircit le paffage
d’Héfychius, rapporté plus hau t, où il eft dit
,qu Athyr ( o u Athor') défignoit en Egypte un
certain mois 8c une vache.