
10 C | R
tique , fur lequel eft fculptée en bas-relief la
table ( Chygin 187.) de Cercyon, à qui l?on amène
le nourricier d'Hippothoüs. On y trouve.auffi
Al ope , fa fille, en p ri Ion j la jument qui avoit
nourri Hippothoü.s,8c la nourrice d’Alopé, changée
en Naïade » découvrant à Mippothoüs fa naif-.
lance fecrète. Beger, qui avoit publié (Spicil. ant.
p. 1 y 1. ) un de (fin tronqué de .ce. beau farçôpha-
g e , croyoit, y reconnoître Céphale Sc Procris >
mais Winckeknann, ( monum. ant. n°. 92. ) Ta
mieux expliqué par la fable de Cercyon.
CER DE MP OR US ,
KEPAEMUOrOS , )* * 8aSMnt
dans le commerce. Ce furnom de Mercure étoit
formé de KtpJ'os, gain, & de tfvnofos, commèr-
çant.
CERDO. Ce mot venoit de icépJes- , gain 5 & il
défîgnoit à Rome les artifans les plus vils. 11 devint
la dénomination propre des corroyeurs 8c des
peaufliers, qui étoient relégués àu-dela du Tibre 5
a caufe de l’odeur fétide qu’exhalent les matières
de leur commerce. Les Romains cherchant
à avilir .les premiers Chrétiens, qui étoient artifans
pour la plupart ,■ les appel oient.- èerdones ,
par déri fi o n , comme on le voit dans ces vers
de Juvénal, où il parle dé la mort de Domitien,
arrivée au commencement ide la.perfécution fuf-
citée contre les Chrétiens par cet .empereur (.Sat.
4 V . IJ5-) :
Sed periit , pojiquàm cerdonibus ejfe timendus
Cceperat. .
CÉR ÉALES, Cercalia » fêtes de Cérès, en
l’honneur de Cérès. Elles furent inftituées par
Triptolème, fils de Céléus, roi d’Eleufis, dans
l’Attique, 8c.de Méhaline, en reconnoiffance de
ce que Cérès , qui pafîa pour avoir été fa nourrice
, lui avoit appris l’art de cultiver le blé , &
d’ en faire du pain. Ain fi ces fêtes prirent naif-
fance dans la Grèce. Il y en avoit deux à Athè^
nés 5 les unes, fe nommoient Eleufînies les
autres Thefmophories. (V o y e z à ces mots ce
qu’il y a de particulier à chacune.) Ce qui çon-
venoit à toutes les deux, & en général aux Ce-,
réalês, c’eft qu’on les. célébroit avec beaucoup
de religion & de pureté, jufques-là qu’on s’abfte-
noit de v in , & de tout commerce avec les femmes
pendant ce tems-là. On y honoroit non-feulement
Cérès, mais encore lacchus & Liber, c’eft-
à-dire, Bacchus : les vittimes qu’on immôloit
étoient des por-çs, à caufe du dégât qu’ils font'
aux biens 4c la terre; 8c enfin il n’y paroiffoit
point de vin.
Les Céréales pafsêrent des Grecs aux Romains,
qui les célébroient pendant huit jours , depuis
le douzième d’Avril jufqu’au dix-neuvième in-
clufivement. C’étoient les' dames feules.qui les
célébroient, en habit blanc ; Tes hommes, vêtus
au{fi de b lanc, n’en étoient que: les fpe&ateurs :
G E R
iis s’abftenoient a 11 (fi de vin & de tout commerce
avec les femmes. Les Romains crurent devoir
honorer ainfî une Divinité qui s’étoit diililiguée
par fa chafteté. On ne mangeoit que le
foir, après le foleil couché , parce que Céres,
malgré la fatigue du voyage, n’avoit pris de
nourriture, que le foir , jorfquelle cherçhoit fa
fille. Il y avoit auffi, durant le jour , des combats
à cheval, qui furent changés dans la fuite
en combats de Gladiateurs ; ce qui fut regardé
comme une chofe cîë mauvaife augure pour la
République. Le peuple avoit part à la fête par
les largeffes qu'on lui faifoit de pois, de noix,
& d’autres chofes fembiables. Les Ediles. préfî-
doient ' aux Céréales , comme on le voit par
cette légende d’une médaille de la famille Mem~
mia. C. MEMMIUS. G. F. QUIRINUS MEM-
MIÜS ÆD. CEREALIA PRIMÉS FECIT. Il
falloir au moins être nommé Edile pour préfi-
der à cette cérémonie, comme il paroît par les
témoignages de Cicéron, tirés d’un de fes dif-
cours contre Verrès > cependant il eft arrivé une
fois, que le diélateur ou le général de la Cavalerie
préfida aûx, Céréales, en vertu d’ un Sena-
îus-Confulte. Cette fête dûroiç huit jours, & fe
célébroit au cirque, à commencer le lendemain
du jour qu’avoient fini les jeux du cirque. Après
la bataille de Cannes, la défolation fut fi grande
à Rome, qu’ il ne fe trouva point de femmes qui
puifent célébrer cette fê te , parce qu’il n’y en
avoit aucune qui ne fût en deuil. La fête fut
pmife cette année là» mais le fénat ordonna qu’on
quitteroit le'deuil pendant quelque tems, pour
célébrer lés autres fêtes. •
On célébroit dans les Céréales la douleur de
Cérès, après la perte de fa fille Proferpine.
On y prorhenoit en grande pompe lés lia tue s
des dieux. On y portoît auffi, félon quelques
écrivains ^un oeuf. C’etoit fans doute l’oe uf orphique
, fymbole du monde , qui renferme ,
comme l’oe u f, une forcé vitale pour la communiquer
aux femences. Les jeux dès Céréales fe
célébroient dans le Cirque, comme Ovicte l’at-
tefte (Faß. l . iv. v. 391.), 8c l’on y faifoit des
courfes 8c des combats à cheval. Les viétimes
étoient deux truies, l’une dorée, 8c l’autre argentée,
dit Feftus, c’ ell-à-dire , couvertes l’une
d’ornemens dorés, l’autre d’ornemens argentés.
.
CÉRÉMONIES. Le grand'pontife veil-loit à
l’obferyation des cérémonies fèligieùfes » & il
: faifoit recommencer les fàcrifices ou les fêtes
qui àvoïeht été célébrés à contre-tems. Les
empereurs s’étant attribué la dignité de grand
pontife , veillèrent eux-mêmes à l’obfervätion
: des 'cérémonies. Nous apprenons cette particularité'
dé - PirifCription fuivante | qui étoit autrefois
dans la vigne du Cardinal de Carpi, près
dé' Rome îj '
pontîïici.
C E R
. PONTIFICI. MAXIM
vTRIBUNI. POTE ST AT
IMP. XVII. P. -P J
COS. VII. DESIGN. VIII. CENS O Rl
CONSERVATORI CEREMONIARUM
PUBLICARUM
CERÈS étoit fille de Saturne 8c de Rhée ;
elle apprit aux hommes l’art de cultiver la. terre
& de femer le blé ;.cé qui l’a fait regarder comme
la déeffie de l’agriculture. Elle infpira de l’amour
à Jupiter/fon frère, qui, pour la tromper,prit
la figure d’un taureau , & la rendit mère de
Proferpihe, ou d’Hécate. Voyez Hécate. Plùton
ayant enlevé Proferpine , Gérés chercha fa
fille par mer 8c par terre ; lorfqu’elle avoit couru
pendant tout le jour, elle allumoit.un flambeau
pour continuer fes recherchés pendant la nuit.
La lVérilité fe faifant fentir fur la terre , qui je
trouvoit alors privée des dons précieux de Cé-
rés , les dieux la firent chercher de tous côtés, ,
fans qu’on en pût apprendre aucunes nouvelles,
jufqu’à ce que Pan, en gardant fes troupeaux,
la découvrit» & en avertit Jupiter. Ce dieu envoya
les Parques, q u i, par leurs prières, l’engagèrent
à revenir en Sicile, & à fendre à la terre
fa première fertilités II lui arriva , pendant les
courfes qu’elle fit pour chercher fat,fille, des aventures
finguliêres. Voye^ À Rio n.
Ses amours avec Neptune , qui la «rendit mère
du cheval Arion » porta les Philagiens , au rapport
de Paufanias, à lui dreffer une llatue de bois,
dont la tête étoit celle d’une jument, avec fa
crinière, 8c de cette tête fortoient des dragons 8c
d’autres bêtes î on l’appeioit Cérés la noire. Cette
llatue ayant été brûlée par accident, les Philagiens
oublièrent le culte de Cérés, 8c négligèrent
fes fêtes. La déefie irritée les punit par une
grande fécherelfe : on eut recours à l’oracle , qui
répondit que , fi les Philagiens ne rétabliffioient
pas le culte de la déeflfe, la difette feroit fi grande
qu’ ils feroient obligés de manger leurs propres
enfans.
Jafius obtint auffi les faveurs de Cérés i mais
il fut obligé d’ufer de violence 8c de furprife.
Plutus dut la vie à ce commerce illégitime. Ce
fut, félon Héfiode, (Théogon.c) 12 6’ 969.) dans un
guéret que Jafius rendit féconde Cérés jcàr cette
déeffe habitoit les campagnes qu’ elle avoit appris
aux hommes à cultiver. Triptolème, fils de
Céléus, roi d’Eleufis, mérita fa confiance j elle
le fit monter fur un char tiré par des ferpens ailé
s , 8c l’envoya dans tout l’univers enfeigner
l’agriculture. Les Philologues,qui cherchent dans
l’hiftoire les fondemens de la fable, ont cru d’après
ce récit que Proferpine , fille de Cérés, reine
de Sicile-, aVoit été enlevée par Orcus, roi des
Moloffes. L ’explication des différens noms de
Antiquités, Tome J»
C E R 7 L1
Cérés , que nous donnerons plus bas ».complet-
fera J’hiftoire de cette divinité.
Pour faifir les traits du vifage que les anciens
donnoient à Cérés, il faut confulter, de préférence,
la médaille de Métaponte, dans la grande
Grèce, qui porte le type ordinaire de cette, vn e,
un épi de blé barbu, 8c les médaillés de Sicile.
Son voile, ou la draperie qui remonte fur la
tête, eft rejetée fur fon col. Elle eft couronnée
d’épis garnis àt feuilles, 8c porte un diadème
élevé, de la meme forme que celui qui
fert d’attribut caraéteriftique à Junon. Ses cheveux*
fe relèvent au-deflus du fron t, 8c flottent
librement. ,
Cérés porte ordinairement une corne d abondance
, ou des épis de b led, avec des pavots,
fymbole de la fécondité. Elle tient quelquefois
un yafe ; 8c c’ étoitavec cet attribut que l’adoroient
les Àchêens , fous le nom de porte-vafe, •xory.f-
totpôpoç, ( Athéna. Deipn. xr. p. 461. ). Elle tient
une coupe ou patère, fur une pierre gravée de
Stofch ; deux petites ftatues étrufques de bronze,
du Mufeum de Florence, ont le même attribut.
On peut luL donner un manteau jaune, ou
couleur de paille.
Jamais , on ne trouve Cérés ailée iur les mo-
numeris t elle porte ordinairement une coèffure
faite en forme de tour ou de turban peu elevé ,
appelé , de K # , porte-de -ville &
tour. J/eft ainfi qu’une ftatue brifée de Ceres ,
trou v * dans les ruines de fon temple d Eleufis,
portoit fur fa tête , félon Pocoke,un ornement
circulaire de deux pieds Anglois de hauteur.
Une pâte antique du cabinet de Stofch , (ri.
clajfe-, n° 237.) repréfente Cérés affife fur un
char tiré par deux éléphans j ce qui eft d autant
plus remarquable, qu’aucune divinité, Bacchus
excepté , ne paroît avec un attelage d ele-
phans. Il eft plus ordinaire de voir accompagnée
du che,val Arion; c’eft ainfi que. 1 offrent
une améthyfte de Stofch, (ibid. n° 2.2,1. )
8c deux bas-reliefs de marbre, placés 1 un au
palais Albani, l’autre à la Villa- Albani , 8c gravés
tous les deux parmi les monumenti inediti de
Winckélmann.
Les flambeaux qui rappeloient les courfes de
Cérés cherchant Proferpine, fe trouvoient fou-
vent dans les mains de fes ftatues. Plus fou vent
encore on voyoit le modius, fymbole de la fertilité,
8c le cifte myftique des fêtes éleufînes*
placés fur fa tête ou à fes côtés.
Une pierre gravée de la colleôtion de Stofch,
re,préfente Cérés debout fur une te te de boeuf,
tenant de la main gauche des épis de blé 8c
de la droite une tête de bélier. Cet animal etoit
une des viftimes qu’on lui facrifioit. ( Schol. in
' Sophocl. (Edip. Colon, v. I£9 f 0 La truie étoit
i auffi une viétime agréable a Cérés (Hygin. Fab.
277. ) , depuis que Triptolème lui eut immol®
1 celle qui avoit découvert le blé femé par ce