
Jofeph Scaliger (Aufon. T eft. I. i. c. 9.) dit que
de cette identité d’Apollon & de Belenus 3 venoit
le nom de Belenium 3 donné par les Gaulois à
l’herbe dont ils frottoient leurs flèches. Cette
m e m e herbe eft appelée les reftes de Belenus 3
X,«uç fitkitiSfATiuç dans Diofcoride.
Elias Schedius 3 perfuadé comme les autres,
Çue Belenus étoit le foleil, a cru que ce nom
n’étoit qu’un a f f em b l a g e de lettres numérales,
qui expriment le nombre de jours que le foleil
emploie à faire fa révolution :
B H A E ta o 2
1 s 8, 30, 3, 30, 70, 200.
Ces chriffres pris enfemble valent 363. Mais eft-il
certain que o s ou u s , appartiennent au nom gaulois
, & que ce ne foit pas plutôt une terminaifon
grecque ou latine, ajoutée au mot gaulois, illy-
rien ou phénicien ?
BELETTE ou Fouiné. Les peuples qui habitoient
la Thébaïde, 'adoroient cet animal. On
ignore la raifon de ce culte, que les Theffaliens
lui rendoient auffi, félon Plutarque. La belette
tranfporte avec la gueule fes petits, lorfqu’elle
veut les mettre en fûreté ; ce qui a fait croire à
Ovide quelle met bas par la gueule, & vanter
l’amour qu’elle a pour eux. Peut-être dut-
elle à cet amour prétendu, le culte dont elle fut
honorée.
Tous les Grecs ne voyoient pas la belette du
même oeil que les Theffaliens; car ils regardoient
en général fa rencontre comme un très-mauvais
augure ( CaraSl. c. 17). ecLorfqu’on en voyoit
» une traverfer fon chemin, on ne devoit pas
*> continuer fa route, fans qu’un autre voyageur
*> eût paffé le premier , ou fans avoir jeté trois
pierres au-delà du chemin
Belette. On voit dans la villa Albani une
petite ftatue de Jupiter, fur le focle de laquelle
eft placée une belette. Aucun auteur ne donne cet
animal pour fymbole à Jupiter ; à moins qu’il ne
faflfe ici allufion à Galanthis, efclave d’Alcmène.
BELGES, Belge,, anciens peuples des Gaules.
Ils habitoient au nord des Celtes, dont ils étoient
féparés par la Marne & la Seine, comme dit Céfar -
dans fes Commentaires. Il ajoute que les Belges
étoient les plus braves des trois nations qui occu-
poient la Gaule. Les Belges étoient les inventeurs
du char appelé Ejfedum 3 comme le témoigne
Virgile (Géorgie. n i . 104.) :
Belgica •vel molli melius fer et ejfeda collo.
Ils s’occupoient à faire paître de nombreux bef-
tiauxj c’eft par-là que les défigne CJaudien :
Pafcat Belgs pecus. • . . . . . . .
1 BELIDE5, furnom des Danaïdes, qui étoient
petites-filles de Bel, furnommé l’ancien, père
de Danaus, roi'd’Argos, dont elles étoient filles.
Virgile (Æneid. il. 81.) appelle auffi Palamède
BUid.es y parce qu’il étoit de la même race.
BELIER. Les habitans de Thèbesen Egypte,
ne tuoient point les béliers. Ils leur rendoient un
culte, à caufe de Jupiter-Ammon, qui étoit re-
préfenté avec une tête de bélier. Ils difoient encore
que dans le combat des dieux contre Jupiter,
celui-ci prit la forme d’un bélier, & les chalf*
de l’Egypte.
Les Egyptiens qui habitoient le Nome de Sais,
rendoient auffi un culte à cet animal} parce qu’ils
l’avoient confacré à leur divinité particulière,
Neitha , Minerve des Grecs. Elle préfidoit à
l’hémifphère fupérieurde l’univers, comme Junon
à l’hémifphère inférieur j c’eft pourquoi ils lui
avoient confacré le ligne du zodiaque, qui eft
le premier de fon hémifphère, le bélier.
C’étoit à ce ligne que le même peuple rap-
portoit les affections pathologiques de la tête ,
comme il le pratiquoit envers tous les fignes du
zodiaque, pour les autres parties du corps ; de
manière que IL l’on reflentoit quelqu’afreCtion
extraordinaire ou douloureufe à la tête pendant
que la lune fe trouvoit dans le bélier, les devins,
annonçoient dans ce cas un procès à venir, ou
une fauffe accufation.
On voit dans le Recueil d’antiquités du comte
de Caylus (il. pl. 3O une. figure de terre cuite
avec une tête de bélier. Il eft difficile d’expliquer
cette fuperftition ; à moins qu’on ne la rapporte
à Jupiter-Ammon. Au refte, elle a un trou entre
les épaules ; ce qui doit la faire placer au rang
des amulettes.
Les Grecs confacrèrent le bélier à Mercure. On
a donné plufieurs raifons de cette confécration.
Les uns difent que Mercure prit la formé d’un
bélier pour jouir de Pénélope, & que depuis on
fit de cet animal un de fes attributs. Paufaniai
( il.) en donnoit pour raifon le foin que Mercure
prenait des troupeaux ; & il ajoute qu’il
favoit des particularités fur Mercure & le bélier,
relatives aux myftères de Cybèle ; mais qu’il
n’ofoit les révéler. On pourroit conjeCturer de
ces paroles , que le bélier avoit, chez les Egyptiens
, quelque rapport avec Ifis ; car on fait que
Cybèle étoit chez les Grecs une transformation
de l’époufe d’Ofiris.
On croyoit d’ailleurs que Mercure avoit en-
feigné aux hommes à tondre les brebis ; nouvelle
. raifon pour lui confacrer le bélier, qui l’accompagne
n fouvent fur les pierres gravées. Sur une
améthyfte du baron de Stofch, Mercure paroît
monté fur un bélier, & tenant fa baguette. Héfy-
chyus (’Ew/Curopô dit que les fils des rois fe fer-
voient de bélier pour monture ; Sc cette améthyfte.
explique les paroles du lexicographe. La même
colle&ipn de Stofch nous montre encore deux
fois
fois Mercure ainfî monté. On y voit auffi ce dieu
debout dans un char: tiré, par quatre béliers y &
fur d’autres pierres il porte à la main une tête de
bélier. I ; *V. • -ri -jvp '
Les rois de .Macédoine, de Thrace & de Syrie,
portèrent quelquefois, depuis Alexandre, des cor-„
nés de bélier, attachées à leur diadème. Etoit-ce en
mémoire de Jupiter-Ammon, dont Alexandre fe
difoit fils? Etoit-ce comme un emblème de la
force ? Au refte ? Sapor, roi des Perfes, renouvela
cet ufage, & portoit fur fa tête un ornement tiffu
d’or, repréfentant la tête d’un bélier.-
Les rois de Perfe s’amufoient à voir combattre
des béliers 3 de ils faifoient des gageures relatives
à la vigueur des combattans.
Lorfque les Romains déclaroient la güerre à
leurs voifîns , le héraut appelé Fecialis conduifoit
un bélier3 Se le cbaffoit fur leurs terres 5 pour
marquer, .félon les uns, que ces terres .alloient
devenir des pâturages pour les troupeaux, des
Romains ; & , félon d’autres, à caufe de Jupiter-
Vengeuu-des-Traités, auquel on immoloit un
bélier, La femme du Flamine-Diaie lui en immo-
lo.it à Rome un à chaque, foire ou marché. •
Bélier marin. On voit fur un tombeau deffiné
par Boiffart (e. 3. 82.)-, des amours qui mènent
en lefië des monftres marins, parmi Içfquels on
remarque des béliers marins ; ç’eft-à-dire , des
béliers terminés en queue de poiflon.
B é l ie r courant & retournant la tête, fur
les médailles d’Antioche de Syrie. — Tête de
bélier fur les, médailles de Céphalénia, d’Elyrufe,
de Malte. —: Béfier pofé .fur les médailles de Cla-
zomène, de Salamis, de Samé.
Bélier, machine de guerre, dont fe fervoient
les affiégeans pour percer & détruire les' murs
d’une ville; Pline .(v//, y9.): en attribue l'invention
à Epéus pendant le fiége de Troie : Equum 3 qui,
ttunc Aries diçitur in muralibus machinis, Epeum
inyenijfe àd Trqjam. Mais Homère, ni aucun
ancien écrivain grec, ne parlent du bélier.. Il faut
donc en croire plutôt Vitruve (x. 19.);, gui fait
honneur de cette invention aux Carthaginois,
pendant qu’ils affiégeoient Cadix > & à un Tyrien
de leur armée., appelé Péphafménon. Tertullien
eft d’accord fur ce point avec Vitruve, & en particulier
fur le bélier fufpendu (de- Pallio, c. 1.) :
Arietem nemini adfiuc lihratum ilia, dicitar Car-
thago 3 ftudiis afperrima. belle, prima omnium, ar-
majfe in ofcillum pertduli impetus3>,çommenta vim
torrrtenti de bile p ecôri,s capite^ vindicantis. ■
Il y. avoit trois efpèces de, bélier y l’un que l’on
fufpendoit.à des cordes, & que l’on appelle.géné-
râlement: bélier fufpendu y l’autre qui couloit. fur
des rouleaux ou cylindres 5 le troifîème étoit porté
par ceux qui. le faifoient jouer. Ces trois efpèces
n’étoient,. comme on, Je voit., que. différentes
manières-de,faire, agir,le bilien• proprement.dit.,
ou,.comme i’appeloient.nos ancêtres, la,poutre
béliere-
Antiquités, Tome I.
Le H©m dé bélier, aptes, lui. fut donné, parce
qu’on garniJfoit d’extrémité de la poutre qui devoit
frapper la muraiile, d’une tête de fe-rou de
bronze , • proportionnée aux efforts que devoit
faire toute la machine, & fondue fous la forme
de celle d’un bélier. Pour donner une idée du
poids & du volume que l’on donnoit quelquefois
à cette tête, nous en décrirons une que Vefpafien
fit fondre pour abattre les murs de Jérufalem-
Cette tête égaloit en groffeur dix hommes ; elle
étoit armée de vingt-cinq cornes, écartées l’une
de l’autre de la diftance d’une coudée , & groft’e»
comme le corps d’un homme ordinaire. La maffe
qui fervoit de contre-poids à cette tête, pefoit
quinze cents talens. Lorfqu’elle étoit fimplement
détachée de la poutre , fans qu’aucune de fes
parties fût démontée, cent-cinquante paires de
boeufs, ou trois cents paires de .chevaux ou de
mulets, pouvoient à peine la traîner. Quinze cents
-hommes ne fuffifoient prefque pas pour pouffer
ce terrible bélier contre les murailles.
- . On faifoit jouer le bélier fous une galerie, â
laquelle on donnoit le nom de tortue , teftudo, or
dans une tour de bois deftinée à cet effet.-
Voici la defeription du bélier fufpendu , fuivane
le chevalier de Folard. Il étoit compofé d’un-feul
brin de bois de chêne, femblable à un mât de
navire, d’une; longueur & d’unè groffeur prodi-
gieufe, armé d’une tête dt bélier faite de métal
fondu. Tous ceux que l’on.voit fur les monument
grecs & romains, paroifient fous cette forme.
... Oç,eonferye .à Haguenau & à Moivedro', en
]Efp.agne , .l’ancienne. Sagonte., deux- béliers otf
pputres-béTiéris.. La tête de celle d’Haguenau efb
armée d’un fopt talon de fer carré & tout uni*
Mais la,tête de, fei>4e la.poutre-bélièfe de Sagonte ,
eft façonnée en tête de bélier, & femblable à celle
qu’on voit dans lé bas-relief de l’arc de Sévère, à
Rome.
La t.éte du bélier3.dit Vitruve, portoit Quatre
bandes de fer , longues, .environ de quat re pieds ;
par- kfquellés elle, étoit jattachée. au bois. A l’ex^
trémité de chacune de ces bandes, il y avoit
une chaîne de mêtue métal 3 liée, à un cable. G es
cables étoient alongés le long de là poutre-béliére'3
liés tous les quatre enfemble avec une corde, qui
les tenoit toujours tendus par cette ligature &
ils aboutifîqient tous à un même cordage.
. La poupre^béliéreiàtvG-it être d’une groffeur pro-
portionnée-i fa loingüeurj Vitruye lui donne quatre
.mille talens; de pefanteur, à-peu-près quatre cents
quatre-vingt mille de nos livres; ce qui n’eft pas
exorbitant. Cette terrible machine., comme l’appelle
Joféphe, étoit balancée en équilibre comme
la. branche ou le fléau d’une balance, avec une
chaîne ou de gros cables, qui la tenoient fufpen-
due. Gn fixdit. cette chaîne ou ces cables doubles
au milieu.d’une forte poutre mife en travers , afin
de tenir, fufpendue une maffe fi prodigieafe. I-a
poutre, étoit fupportée par un carrçjcngde trente