
Les jeunes gens riches enfermoient cette première
barbe dans une petite boîte d'or ou d’argent
qu'ils confacroient à quelque divinité , ordinairement
aux dieux Lares , comme Pétrone nous
l ’apprend de Trimalcion (c. 29.) : Pr&terea grande
armarium vidi in angulo , in cujus edicula Lares
argcntei pofiti , Ven erif que fignum marmoreum 3
& pyxis aurea non p uf lia 3 in qua barbam ejus
conaitam dicebant. Néron offrit à Jupiter-Capitolin
fa première barbe 3 renfermée dans un coffret
d ’o r , enrichi de perles très-précieufes. Suétone
(Ner. c. 12.) : Barbam primam pofuit 3 & conditam
in auream pyxidem , & pretiofijfimis margaritis
adornatam Jovi- Capitolino confecravit. Julius Pol-
lu x dit que les jeunes grecs confacroient auflî leur
première barbe aux dieux 3 à Apollon en particulier
3 & aux fleu ves.
Le s perfonnes diftinguées faifoient couper la
première barbe de leurs enfans par des hommes
du même rang qu’eux 5 & ceux-ci devenoient par
cette cérémonie les féconds pères de ces enfans j
ou , comme nous difons aujourd’hui 3 leurs parrains.
Car une des manières d'adopter, é to it de
recevoir ou de toucher en cérémoniel a barbe
de celui dont on vouloit devenir père. C’eft ainfî
que dans un traité de paix conclu entre Alaric &
C lo v i s , on règle que le premier toucheroit la
barbe du fécon d, afin qu’ i l devînt fon père adoptif.
Une fécondé époufe coupoit elle-même chez
les Romains la barbe & les cheveux aux enfans de
fon ma r i, pour annoncer q u e lle les adoptoit.
Martial a dit dans ce fens (r J. 79. 4.) ;
Tondebit puer os jam nova nupta tuos.
Les Grecs faifoient entrer fouvent plufieurs
matières différentes dans la compofition de leurs
lia tu es , telles que l’ o r , l’iv o ire , lé marbre, & c .
Ce tte biga rrure, qui choqueroit aujourd’hui les
y e u x , ne leur déplaifoit pas. On ne fera donc pas
étonné d e vo ir en Sicile une barbe d'or à une ftatue
d'Efculape. Elle fut enlevée par Denis, qui ne
voulut pas laiffer une grande barbe à ce dieu ,
pendant qu’Apollon , fon f rè r e , n’en portait
point.
BARBIERS. Il n’y eut des barbiers à Rome que
l’ an 4^4 de fa fondation. Ticinius M en a , félon
V a r ro n , y amena les premiers de Sicile. L a boutique
des barbiers devint bientôt le rendez-vous
des défoeuvrés & des babillards : c’eft pourquoi
Horace dit que tous les barbiers fa vent une c h o fe ,
pour exprimer qu’elle eft publique :
Omnibus & lippis notum & tonforibus ejfe.
Ceux qui étoient jaloux d’ avoir une chevelure
bien peignée, coupée avec foin, ainfî que la barbe 3
employoient une partie de la journée ch ez les barbiers
à ces occupations frivoles & ridicules. Sénèque
les peint énergiquement (de BrevJt. vite c. 12.):
Quid? illos otiofos vocas, quibus apud tçnforem
rttulu hors, tfanfmictuntur, dum decerpteur, f i quid
proximâ notle fuccrevit,. dum de fingulis capillis in
confilium itu r , dum aut disjecia coma refiituitur,
aut deficiens hinc atque illinc in frontem compelli-
tur. Quomodo irafeuntur, f i tonfor paullb negli-
gentior fu it? tanquam virum tonderet. Quomodà
excandefcunt, f i quid ex juba f i a decifum efi , f i
quid extra ordinem ja c u it, nifi omnia in annulos
fuos reciderunt? •
Les barbiers ne coupoient pas feulement les
cheveux & la barbe, mais encore les ongles.
Plaute (A u lu l. i l . 4. 33.) :
Qu in ipfi pridem tonfor ungues demferat•
Tibulle (1. 9. 11.):
Quid ungues
Artificis doclâ fubfecuiffe manu ?
Les pauvres qui n’avoient pas de quoi payer les
barbiers, fe coupoient eux-mêmes les ongles«
Horace (epifi. 1. 7. 49.) :
Confpexit, ut a iu n t,
Abrafum quemdam vacua tonforis in umbret
Cultello proprios purgantem leniter ungues»
BARBILLÉENS. (jeux) On lit fur un marbre
rapporté parFourmont : b a p b ia a h a e n e <ï>e s û ,
les jeu x barbilléens a Ephefe. Cette efpèce de
jeux étoit déjà connue par les marbres. Un-fragment
de Dion ( M .arm . Oxon. part. I . pag. 90.
— Exe. Valef. ) recueilli par M. de Valois ,
nous ,apprend que l’empereur .Vefpafien permit
aux Ephéfièns, en confidération d’un, certain
Barbillius, aftrologuç, é'tk BufÇtXXmv 3 de célébrer
un jeu facréj faveur qu’il n’accorda à aucune
autre ville. 11 eft bien probable que les Ephéfièns
donnèrent le nom de Barbillius à cette efpèce de
jeux, qu’ils continuèrent de faire célébrer après
la mort de Vefpafien. Caylus, 2. p. 229.
B A R B IT O S ou B a r b u t c t s , inftrument à
corde des anciens, confondu par les modernes
fous le nom de l y r e , avec les inftrumens appelés
chelys , lyra & citkara. Pollux l’appelle auffi bary-
rnitos ,• c’eft-à-dire, à groffes cordes. Le fcho-
liafte d’Euripide (Alç. 845.). défigne de même le
barbitos , fiupvTepcts t%cv ras p'opJ'oi;, qui. a de groifes
cordes. On peut donc donner pour caractère du
barbitos , les cordes groffes, graves & longues en
proportion. Ainfi barbitos fera la grande l y r e j
& e r r e l y s ou c i t h a r a o u l y r a 3 la petite lyre.
( Voyé£ ces mots). On peut ajouter encore un
caractère diftinclif affez bien prononcé dans les
premiers te ms de la Grèce, quoique fufceptible
de quelques exceptions pour les tems poftérieurs:
c’eft que l’on jouoit du barbitos avec un pleftrum ,
tandis que pour l’ordinaire on pinçoit avec les
doigts la chelys ou lyra ou cithara. Athénée fait
honneur de l'invention du barbitos, qu’il appelle
suffi barmos, à Anacréon 5 Horace la donne a
Alcée (Od. 1. 1.) : . ,
Barfritc ,
Leshio primiim modulate civi.
D’autres l’attribuent à Terpandre. On faifoit une
efpèce de concert avec le barbitos & le r é c r is
des Lydiens. Voye^ ce mot. ,
La ftatue d’ùné mufe qui eft au palais Bar-
berini à Rome, tient une très-grande lyre, un
véritable barbitos, tel qu’il paroît entre les mains
d’Apollon dans une peinture d’Herculanum (F* 2-
tav. 1). -Cette lyre eft beaucoup plus grande que
la lyre de Terpfichore d’une autre peinture d Her-
culanum (T. 1. tav. y .) , où on lit cette inferip-
tion : te pvIxopk atpan , & que la lyre d’un
Mercure de la villa Negroni.
B A R B U L A , furnom de la famille JE m i l i a .
B ARC A. V o y e z 'Ba r q u e .
Bâ R C E , dans la Cyrénaïque, bapkai & bap.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RR. en argent.
O. en bronze.
O. en or.
Leur type ordinaire eft le filphium.
C ’eft .des ruines de cette ville que Louis XIV
fit tirer les beaux marbrés antiques dont Verfailles
eft décoi-é j en particulier les belles colonnes de
la galerie du château, celles du grand Trianon,
& une ftatue de femme de marbre, que1 l’on croit
être une veftale;
BARDAICUS. Voyez B ar d o çü cu ll u s.
BARDARIOTE , /SrtpJtyiâir«. Les bardariotes
étoient des foldats de la garde de l’empereur de
Conftantinople j ils étoient armés de bâtons & de
baguettes, pour écarter le peuple quand l’empereur^
paffoit } ils portoient à leur ceinture des
fouets pour punir ceux qui étoient coupables.
Ils gardoient les portes du palais. Dans les cavalcades
que faifoit l’empereur, ils marchoient devant
lui ,' le bâton haut, & faifoient ranger le
peuple. Les bardariotes- étoient perfans. Un empereur
, que Codin ne nomme point, les avoir
tranfportés d’ un village de Perftrfitué fur le fleuve
B.ardarius, d’où ils avoient pris leur nom. Nicétas
les appelle auflî PuChstfisporte-verges ou porte-
bâtons , & Mct[x.xâ“iTois,3 manclavites , du nom grec
de leurs verges ou bâtons, p.a[>cXa.Çia. A l’armée ,
leur pofte étoit au nord de la tente impériale,
auprès de laquelle ils faifoient feiitinelle- Codin
dit qu’ils, obéifloient au primiçeriùs de la cour.
Cedren us appelle cet officier KOfTvis K , le
comte de la cour, & , manclabue.
Les bardariotes étoient vêtus de rouge, & portaient
un bonnet à la perfanne , nommé augurot,
qui , au lieu de.rebord ou de retrouflis., étoit
bordé d’ un drap de couleur de citron. Codin, (de
o$c. Conft. c. ƒ. n. yi , y3, J4 , &c.)
BARDEAU.- V~oye^ S c a n d u l a ,
Autiquité~& t Tome I%
BARDES, /3ü(i éoi y bardi, miniftres de h religion
chez les anciens Gaulois, qui habitaient .
l’Auvergne & la Bourgogne, où ils avoient un
collège. Leurs fondions étaient de compofer
des vers fur les adions glorieufes des héros de
leur nation, & de les chanter au fon d’un inltru-
ment qui reflembloit a fiez à la lyre. Lucain a
parlé des bardes dans fa Pharfale :
Vos quoque qui fortes animas , be!loque peremptas ,
Laudjbus in Longum vates dimittitis &vum ,
Plurima fecuri fu d iftis carmina bardi,
Les bardes & les druides différoient en ce que
ceux-ci étoient les prêtres & les dodeurs de la
nation, & que les bardes n’étoient que poètes ou
chantres. Cependant l’autorité des premiers, quoi-
q^.inférieure à celle des druides, ëcoit fi refpedée
des peuples, qu’ils avoient fait quitter les armes' -
à des armées prêtes à fe charger. Larréy, Pafquier
# & Bodin , leur donnent le titre de prêtres & de
philofophes, & Cluvier y ajoute celui d’orateurs j
mais fans fondement. Strabon , plus voifin du
tems auquel ont vécu les bardes, compte trois
fedes parmi les Gaulois , les druides, les bardes.
& les évates. Les bardes, félon lui, font chantées
& poètes j les évates., prêtres & philofophes j &c
les druides ajoutent la fcience des moeurs à la
philqfophie naturelle 5 c’eft-à- dire, à la Phyfique.
Mais Hormius réduit ces fedtes à deux clafles, les
bardes & -les druides ; d’autres même n’en font
qu’un corps, fous le nom générique de druides.
■ Cluvier, fondé fur ce que Tacite décrivant les
moeurs des anciens Germains, fait mention de leurs
chants & de leurs poèmes hiftoriques, veut que ces
peuples ayent eu auffi des poètes nommés bardes»
B A RD O Ç U C X JL LU S ou B a rd a ic u s cucuL-
lu s , partie du vêtement des Gaulois de Saintonge
& de Langres, Martial ( x i v . 138.) l’appelle Saro-
tonicus, de Saintes.:
Gallicâ Santonico vefiit te bardocucullo ,
Cercopithecorum penula nuper er'at.
C’eft le même fans doute que Juvénai défigne par
les mots cucullus Santonicus ( v i n . 145.) :
S i noliurnus adulter
Tempora Santonico vêlas adoperta cucullo.
Dans un autre endroit, Martial l’appelle bardo-
cullus Lingonicus, de Langres (;. y4 * 4 *) •
Sic interpofitus v illo Contaminât unclo
Urbica Lingonicus Tyrianthina bardocucullus»
Ici Martial met en oppofition le bardocucullus
des Gaulois avec les riches manteaux de pourpre
que portoient les Romains dans la ville j ce qui
fuffit pour nous le faire regarder comme un man:
1 teau fait d’une étoffe très-groffière. \\ etoit auflî
I très-court, comme le fugum du même peuple »
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