
; ABRACADABRA j parole magique , qui étant
répétée dans une certaine forme , 8c un certain
nombre de fois , étoit fuppofée avoir la vertu d*un
charme pour guérir les fièvres , 8c pour prévenir
d’autres maladies.
D’autres fuperftitieux écrivoient ce mot abafa-
dabra3 parce qu’on le trouve ainfi figuré dans les
anciens MIT. a b p a c a a a b p a où I’S eft repréfentéc
Çàr 1 ancien figma C. Voici la manière dont il faut
écrire ce mot myftérieux pour qu’il produifc ces
merveilleux effets :
A B R A C A D A B R A
a b r a c a d a b r
A B R A C A D A B
A B R A C A D A
A B R A C A D
. A B R A C A
A B R A C
A B R A
A B R
A B
A
Serenus - Sammonicus, ancien médecin, feCta-
teur de l’hérétique Bafilide 3 qui vivoit dans le
deuxieme fiécle 3 a compofé un livre des préceptes
de la médecine en vers hexamètres , fous
le titre de medicina parvo pretio parabili 3 où il
marque ainfi la difpofition & l’ ufage de ces caractères,
înferibes charte, quod dicitur A b r a c a d a b r a 3
S api us & J'ubtçr répétés , fed detrahe fummam 3
E t magis atque magis defint elementa figuris 3
Singula que femperrapies <& ceterafiges3 -
Donecin anguftum redigatur littera conum 3
His lino nexis collum redimire memento :
Talia languentis conducent vincula collo 3
Lethalesque abigent ( miranda potentia ) morbos.
Wendelin 3 Scaliger 3 Saumaife & le P. Kir-
cher 3 fe font donné beaucoup de peine pour découvrir
le fens de ce mot. Delrio en parle, mais
en paflant , comme d’une formule corînue en
magie 3 8c qu’ au refte il n’entreprend point d’expliquer.
Ce que l’on peut dire de plus vraifem-
blable , c’eft que Serenus forma le mot d‘Abracadabra
j fur celui d'Abrafac ou Abrafax ou
Abraxas 3 8c s’en fervit comme d’ un préfer-
vatif ou d’un remède infaillible contre la fièvre.
V oy. Ab r a x a s .
Quant aux vertus attribuées à cet amulette , le
fiécle où nous vivons eft trop éclairé pour qu’il
foit nécelïàire d’avertir que tout cela eft une chimère.
( Mallet. )
A B R A H AM . (Ère d’ )
L ’ère d’Abraham 3 qui commence à la vocation
de ce patriarche , précède l’incarnation de 20i ƒ
ans j 8c commence au * oCtobre ; de manière que
le 1 oétobre qui devance immédiatement notre
ère vulgaire j eft le commencement de l’an 2016
d’Abraham. C’eft l’ère d’où part Eufèbe dans fa
chronique 3 8c que fuit Idacius dans la tienne.
ABRAXAS 8 c ABRASAX. Bafilide, hérétique
qui vivoit fous Hadrien, &fesfeCfcateurs, donnoient
cf , n?m au ^ eu tout-puiffant, duquel les autres
n’étoient que des émanations. Il contenoit fept
anges , qui préfidoient au fept deux* avec leurs
^65 vertus j ce qui étoit même figuré par les valeurs
numérales des fept lettres de fon nom
AQfUTul, qui étant additionnées , formoient le
nombre de 3 (35. Saumaife prétend que ce nom
étoit purement Egyptien j & qu’il faut le prononcer
Abrafax 3 8c non pas Abraxas. Il ajoute que
ce prétendu dieu étoit communément repréfenté
fous la figure d’un homme armé d’une cui-
rafle j tenant un bouclier1 d-’une main & un
fouet de l’autre ; il avoit la- tête d’un roi 3 8c-
pour pieds des ferpens. S. Jérôme , & après lui
plufieurs auteurs, ont cru que ce dieu n’étoit autre
chofe que Mithras, c’eft-à-dire 3 le foieil. Voy.
Mi t h r A s.
Les écrivains eccléfiaftiques de tous les fiécles
ont écrit fort au long fur les. erreurs des Bafili-
diens 8c des Gnoftiques', 8 c fur la nature de leur
puiflance, ou divinité Abrafax. Ce s difeuflions
ne font point de notre reflbrt ; nous n’en extrai-
i rons que les notions relatives à la .mythologie,
ou aux arts des anciens.
Bafnage dit dans Vhifioire des juifs 3 1. 3. p. 2
p, 700: s» Abraxas tire fon origine des Egyptiens,
» puifque l’on voit un grand nombre d’amulettes
“ fur lefquels eft un harpocrate aflis fur fon
” lotus & le fouet à la main, avec le mot èlAbra-
1 **■ f ax- "• Cette conjeClure de Bafnage eft évidemment
prouvée par le mot Abracadabra , formé fur
celui a Abrafax , & q u i, répété plufieurs fois ,
écrit fur du parchemin en forme de pyramide
renverfée, pafîoit pour un remède contre la fièvre.
La preuve que cette fuperftitîon venoit des paÿens,
eft que le Poète médecin Serenus- Sammonicus ,
• précepteur du jeune Gordien , le plus- ancien
auteur qui ait parlé de ce prétendu remède , ne :
peut avoit fait profeflion du chriftianifme. Mais ce
qui confirme plus folidement le fentiment de
Bafnage, c’eft: un Talifman que l’on voyoit autrefois
dans le cabinet de Ste. Genevieve. En voici
l’infcription : a b pa c a s . a a &n a i . aaimonqnt.
AE2EIAI. AYNAMEIS. «DYAAHATE. OTABIAN. HAT-
AEINAN. A n o . ITANTOÇ. ICAKOÏ. AAIMONOC,
c eft-a-dire , Abraxas Adonai , ou feigneur des
démons , bonnes puijfances , préfervez Ulpia Pau*
lina de tout méchant démon : formulé qui relient
fort le paganifme.
99 Je crois, dit de Beaufobre, dans l’hiftoire du
Manichéifme , qu3Abraxas3 ou Abrafax eft compofé
de deux mots Grecs. Le premier eft j É j l ,
qui a diverfes lignifications, mais entr’autres ,
celle de beau , de magnifique. C’eft une épithète
ou un attribut du dieu appelé Jao , comme on
le voit dans d’oracle d’Apollon de Cl^ros, rapporté
par Macrobe__On y traduit ordinairement
ÙÔpos Ÿetô par Mollis Jao , ce qui ne veut pas
dire une divinité molle 8c foible, mais une divinité
qui fournît aux hommes toutes les délices
de la v ie , 8c qui préfide à l’automne, faifon des
vins 8c des fruits.. . . A’Spk, fignifie aufli beau ,
majefueux, fuperbe : de-là vient Y àÇpeiÇsuntv d’Euripide
, pour dire une démarche fuperbe , majef-
tueufe... Dans les vers de l’oracle de Claros, Jao
eft Bacchus 5 mais Bacchus eft le foieil, comme
Macrobe l’a fait v o ir .. .. Quoi qu’il en fo it , âSpés
eft une épithète du foieil. Le fécond mot Grec
dont Abrafax eft compofé, eft: celui de Sao 3
SA a , qui eft fouvent employé dans Homère,
8 c qui veut dire fauver ou guérir , ou . celui de
Sa, SA., qui fignifie falut , fanté. Ainfi Abrafax
voudroit dire à la lettre le beau, le magnifique
fauveur , celui qui guérit les maux & qui en
préferve. »
Il détaille enfuite fort au long les preuves qui
établiflent l’identité d’Abrafax ou du magnifique
fauveur, avec le foieil. Nous renvoyons nos lecteurs
à fon ouvrage.
On comprend avec peine, dit le comte de
Caylus (R. 6 . pl. 19.) comment Chifflet, Kircher,
Hardouin , Jablonski même , 8c tant d’autres
favans, ont pu fe perfuader que des chré-/
tiens , 8 c des chrétiens des premiers fiécles,
ayent jamais adopté des témoignages d’ido-
latriè fi conftans 8c fi pofitifs , au point de les
porter fur leurs perfonnes. Cette feule réflexion
de M. de Beaufobre a fuffi pour me convaincre
& me ramener à fon fentiment ( Hift. du Ma-
nich. 2. p. 5 0 . ) Je renvoie les plus opiniâtres à
la leéfcure de cet auteur; pour moi jè fuis per-
fuadé, d’après ce favanthomme, que la fuperfti-
tion pour la fanté confërvée par des. paroles ,
utiles pour préferver des malheurs, enfin pour
toutes les autres foiblefles de l’efprit humain, a
fait des progrès chez les Egyptiens lorfqu ils ont
communiqué, dans les tems poftérieurs à leur
égard , avec les nations étrangères , ce qui doit
avoir précédé l’ère chrétienne.
Les charlatans & les empyrîquës auront profité,
fans doute, des notions mal entendues de la religion
des juifs , & ces idées leur étoient apparemment
plus avantàgeufes ; d’ailleurs, les caractères
Grecs mêlés dans.çes objets de fuperftition,
prouvent que le culte Egyptien étoit fort altéré ;
nous voyons même, par le travail 8c le goût de ces
folies, qu’ il ne faut point les” chercher dans les
tems anciens de l’Egypte ; mais comme l’efprit
humain s’eft toujours contenté de changer d’objet,
jé ne crois pas que les Egyptiens fulfeat dépour-
vüs-de fuperftition dans le tems de leur fplendeur.
Nous ne connôiflbns que très - imparfaitement
celles dont ils étoient prévenus, & nous en ignorons
tous les détails : les lignes' 8 c les caractères
facrés, joints à leurs amulettes formés en feara-
bées, ou autrement, pouvoient entretenir leur
foiblefte à cet égard ; mais en général tout eft confondu
aujourd’hui dans le culte par rapport à nous.
Je finis cette digrelfion ou plutôt cet hommage
à la vérité , en difant que ces Abraxas font
conftamment liés au culte Egyptien qu’ils en
dépendoient abfolumeiit ; que par conféquent
ils étoient des monumens de' Eidolâtrie la plus
pure , 8c que jamais aucune feéle de chrétiens
n’a pu les admettre pour quelque motif que ce
puifle être. »
» Les Bafilidiens , ajoute le même auteur
( R. 2. p. 29. ) ou les Gnoftiques , chrétiens hérétiques
du premier fiécle , qui vivoient en
Egypte , voulant avoir entr’eux des marques certaines
de reconnoilfance, & des lignes qui leur
alfuroient l’hofpitalité , lignes appelés Tejfera
par les Romains , qui en portoient aufli, ont
adopté la plus grande partie des pierres anciennement
travaillées par les Egyptiens, 8c les tables
des fearabées. Quelques - unes de ces tables
étoient nues & fans ornement , comme on en
trouve encore aujourd’hui. Ils les ont remplies
en tout fens de mots bifarres, & de caractères
Grecs, Cophtes 8c Hébreux, qui n'avoient de
lignification que pour eux, 8 c dans lefquels. on
pouvoit reconnoître la religion qu’ils profefloient.
Souvent, pour rendre encore ces caractères plus
inintelligibles, ils les ont placés aux côtés de différentes
figures, antiques à leur égard , que ces
tables portoient déjà. ( Voy. fon Recueil fixiéme,
pl. 40. n". 4. ) .
Ces pierres, qui forment un aflemblage bifarre,
font répandues dans tous les cabinets de l’Europe
, 8c connues fous le nom & Abraxas. Elles
ne font recommandables qu’autant.que les def-
fins Egyptiens peuvent encore s’y diftinguer.
Confidérées fous ce point de vûe, elles ont une
forte d’utilité, & mériteroient plus d’attention
de la part des curieux , qui peut-être les négligent
un peu trop.
ABRÉVIATIONS. Dès les premiers tems, ceux
qui ont exercé l ’art d’écrire, ont inventé divers
moyens, foit pour diminuer la peine du travail,
foit pour rendre l’écriture plus prompte 8c plus
expéditive, 8c la renfermer dans un plus petit
efpace. Souvent ils ont cherché à la rendre énigmatique
, afin d’en dérober la connoiflance au vulgaire.
Ils ont parfaitement réufli en introduifant
l’ufage des figfes, des lettres monogrammatiques
8 c conjointes , des chiffres, des notes appelées
tyroniennes, & des abréviations variées à l’infini.
En général, ils ont peint les mots en abrégé , en
fupprimant plufieurs lettres , auxquelles ils ont
fouvent fubftitué divers lignes pour avertir de la
fuppreflion. Enfuite ils ont abrégé les lettres mêmes
par des retranchemens de jambages , 8c des con-
’ jonftions perpétuelles. La première méthode, fort
étendue , eft appelée par les favans fyeixuy?ulP,'ct y
l’art d’écrire par abréviations , & la fécondé
: TuX'VfyvQlety c’elhà-dirc, l’art d’écrire promptement.