
de deux autres grammairiens, Apollonius 8c
Arcadius. Cependant , quelques favans avoient
encore des doutes fur ce point 3 8c Thomas Burgefs 3
dans une nouvelle édition des M.ifcellanea critica
de Dawes, Oxford 17813 avait averti que fou
vrage d’Arcadius, qui exifte en manufcrit dans la
bibliothèque du roi, pourroit terminer la difpute.
Ce grammairien attefte, en effet, dans le texte cité
par Al. de Villoifon, qu’Ariftophane de Byzance
inventa des lignes pour les accens, les tons, les
efprits , la quantité des fyilabes, & c . Il expofe
enfuite les principes qui 1 avoient dirigé dans ce
travail. La manière dont il s’exprime nous fait
conjecturer qu’on avoir déjà des lignes pour ces
objets avant Ariftophane 5 & que ce grammairien
imagina feulement de nouvelles figures, d’après
une théorie plus fûre & plus régulière. Pour la
ligure des efprits , Ariftophane, dit-il, imita le
procédé des artîftes, qui, après avoir trouvé les
trous dont il falloir percer les flûtes, imaginèrent
de petites pièces mobiles en différens fens, qu’il
appelle *6^*? ou , tant pour ouvrir que pour
fermer ces trous.
On apprend par le témoignage de S. Auguftin,
que des le quatrième fiècle on voyoit des efprits
dans les manufcrits grecs de l’ancien Teftament.
Le paffage de ce doéteur qui avoit échappé aux
favans, leur a été indiqué par M. Knittel, dans fes
Commentaires fur laverfion gothique d’Ulphilas,
que lui a fournie la bibliothèque de Wolfenbutel.
Dans le premier livre de fes Queftions fur YEpta-
teuque3 qu&fi. 16 13 S. Auguftin obferve qu’au chapitre
47 de la Genèfe, des manufcrits latins portent
virgA èjüs j d’autres virg& fu&y ce qui vient, dit-il,
de ce que les mots grecs qui répondent à ejus &
2 .fuA3 s’écrivent avec les mêmes caraétè-res 5 mais
cependant avec cette différence, que les accens ne
font pas les mêmes, le mot qui fïgnifie fu& ayant
un ligne de plus, ou l’H grecque, figure qu’on fait
avoir anciennement défigné l’afpiration forte.
Cet Arcadius étoit un grammairien d’Antioche,
dont parle Suidas, & que Saumaife , ainfï que
d’autres favans, avoient cité.
On a trouvé dans les manufcrits d’Hereulanum,
dit Winkelman, fur quelques lettres, des points &
des virgules, que nous nommons des accens : on
voit pareillement dans le livre fécond de la Rhétorique
de Philodémus, trouvé au même endroit,
quelques mots interlinéaires en plus petit caraétère.
Dans les deux lignes Clivantes, copiées, d’après
ce manufcrit, à la page 10 ,on voit des exemples
de l’ un & de l’autre.
K iK to ïto is .
.HeGiKcnoxXHc oyKOyN AH no . . . . .
A Q H . . .
. . . t € THTêPTOPIKHIkK i 'LyNKxoGl
A l’égard des trois points fur K Ai, je n’y trouve
rien qui permette la plus foible conjecture 3 mais
OYKOYN a manifeftement fon accent, La plus
ancienne infcription grecque qui pré fente des accens
( 1 ) , eft peut-être d’un temspoftérieur. Nous favons
cependant que les accens ont été en ufage dans
les tems antérieurs à ces manufcrits, puifaue les
Samnites (2) les employoient pour marquer certaines
fyilabes.
Voici un vers d’Euripide (3 ) , qui a été trouvé
à Herculanum :
î2 y êv gotpo'j fiouXiuptet tus tüoXXus ^sïpuç weu.
Ce vers étoit écrit-fur le mur d’une maifon qui
faifoit le coin d’une rue d’Herculanum : cette rue
conduifoit au théâtre. Les accens étoient marqués
comme on les voit ici.
Dans les manufcrits de la même ville, les corrections
fe trouvent placées en petit caractère entre
les lignes. Le cerele ponéhié au-deffus de la quatrième
lettre de la fécondé ligne citée plus haut,
mérite quelqu’attention, ainfï que les points au-
deffus de K ai : ce qu’il y a de plus fîngulier, c’eft
le tiret au-deffus d’oyxoyN , qui paroît plutôt
être le ligne d’une modulation qu’un accent. Oh
trouve un pareil tiret fur le piédeftalde l’obélifque
du foleil, élevé par Augufte, & qui aujourd’hui
eft couché par terre dans le champ de Mars.
Bianchini en parle dans fon ouvrage (4) 3 il auroit
néanmoins pu en dire davantage, s’il avoit lu l’ouvrage
intitule : Eli& Putfchii gràmmatici veteres.
On ne trouve plus de femblables marques ou
accens dans les inferiptions faites après le fiècle
d’ .A ugufte. Winkelman en avoit vu fur une ancienne
infcription, qu’il a publiée le premier : elle contient
le teftament d’une mère, & fe trouve à
Rome, dans la cave du Marquis Rondini:
MVRDIAE L. F. MATRIS SED PROPRIIS V I -
RIBUS ADLEVENT QU O FIRMIORA PROBABI-
LIORAQVE SINT OMNES FILIOS ÆQVE FECIT
HEREDES PARTITIONE FILIAE DATA7 AMOR
MATERNVS ÇARITATE LIBERVM AEQUALI-
TATE PARTIVM CONSTAT VIRO CERTAM PE-
CVNIAM LEGANT, 8CC.
> Cette infcription eft d’une orthographe fort ancienne,
comme il eft facile d’en juger par plufieurs
mots5 par exemple, ard~v o7m,qv om.
Le tiret ou Y accent indique communément l’ablatif
5 on le voit néanmoins aufïi fur des mots qui
font à d’autres cas : L a vd a r e 't v r , fe'mi*-
n a 'r v m , fe'cisse, a 'mis s-u m , mervi't , v a -
rietate's.
On ne fauroit trop répéter que les Romains,
dans leur meilleur tems, fe fervoient d’une efpèce
d'accent $ & c’eft par-là que fe diftinguent les inferiptions
depuis Augufte jufqu’à Néron ( j ) 3 c’eft
fi) Fabret. Infcrip. pag. 288, n. 21 S.
(2.) Olivieri Dijf. fopra aie. Medaglie famnit. 13j , nd
tomo 4, delle Difc. deW Accad. di Cort.
(3) Pirt. Ercol. t. 2, p. 34.
(4) Del Palaffo de Cefari, di Francefco Bianchini; in
Kerona, 1758, gr.fol.
(5) Éabrct Infcrip. p. 168, 170 , >35.
jufli ce qui a fait regarder à Winkelnian 1 inlcrip-
tioa fuivante j trouvée à Rome fans aucune date,
tomme ayant été faite dans le,même tems :
CELER. PRIMI. AVG. LIE. LIBERTVS.
ET. GÈMINAE. JSYNTYCHÉ. CON
IVGI. ET. FLAVIO. CELERIONI. ET HE
EENE. CELERINAE. FILIïS. POSTERIS.
■QVE. SVIS. FECIT.
Le favant ( i ) qui foutient que les anciennes
inferiptions font toutes fans accent, n’en avoit donc
pas vu beaucoup. .
Les mots interlinéaires des manufcrits d Herculanum
, qui font écrits en caractère different des
autres, paroîflent très-remarquables : on voit
que c’eft un changement ou une corre&ion faite
après coup. C’eft ainfï qu’on a mis ci-devant 1a
lettre H au-deffus du mot p t o p i k h i , pour
réparer une omiflion du feribe. On peut conclure
de ces correétions , que. ce fécond* livre de la
Rhétorique, eft un original de la propre main de
Philodémus.
On voit par-là combien font incertaines les
règles que les critiques modernes ont données,
pour juger de l’âge des manufcrits par Tgbfence
des accens. C’eft pourquoi nous nous abftiendrons
d’en rapporter dé pareilles. Les accens étant connus
& mis en ufage prefque de toute antiquité, :leur
fuppreftïoii a fans doute été l’effet de la pareffe des
copiftes j & le caprice de l’un d’eux aura, pu les lui
faire employer dans un fiècle où tous les autres
les négligeoient. V. Po n c tu a t io n .
ACCERSITORES. Les Romains donnoient ce
nom à des domeftiques qu’ils faifoient aller devant
eux pour annoncer leur arrivée.
ACCINCTUS 8c AcciNGE-RE, font des mots
relatifs à la manière dont les Romains s’habilloient.
Les hommes aétifs & laborieux relevoient leur
toge ou leur tunique, 8c les replioient autour de :
leurs reins en forme de ceinture, pr&ci ngehant,
accingebant fe ; c’etoit le caraétere des gens occupés.
On reconnoiffoit les hommes mois & efféminés
en voyant flotter leurs habits, difcinlii erant. Pour
exprimer plus énergiquement l’adlion des personnes
occupées, ondifoit que leurs habits étoient
relevés très-iiaut. Horace, ( Sat. lib. i . 8. ) :
’ His ubi fublatis puer alte cinElus deernam
Gaufape purpureo menfam deterfit.
Pétrone, c. 19 : PracinEtï certe altiiis eramus,
8c C. 87 : Niji viderint fiatores altius cinclos.
L’ufage dè replier fes habits autour du corps.,
étoit ordinaire aux chirurgiens , aux foldats, aux
aides des facrificateurs, aux voyageurs, aux chaf-
Teurs , &c. Les Grecs fe fervoiènt du rnot^a >yyv<rôui,3 j
çiàgby fé ceindre, pour exprimer la même idée,
& pour s armer y comme on le voit dans l’ Iliade,
•(A. 17).
(1 ) Bafnage, préf. de l'Hiftoire des Juifs, p. 38.
A CCI S , dans l’Efpagne.
C o l . GEM. ACC. Coionia gemcila accitana.
Co l. ACC, Coionia accitana.
C. I. G. A. Coionia julia gimella accitana.
Cette coionie romaine a fait frapper des médailles
latines en i’honneur d’Augufte, de Tibère-
8c de Caligula.
ACCILS-NAVIUS, augure, vivoit du tems de
Tarquin l’ancien, roi des Romains. Accius s’oppofa
au deffein de Tarquin, qui vouloit augmenter le
nombre des tribus, & lui dit qu’il ne le pouvoit
faire fans y être autorifé par les augures. Le roi
en fut offenfé, & voulant le furprendre & le
rendre ridicule, lui dit : Vous qui êtes ü jaabile,
devinez fi ce que je penfe à cette heure peut
s’exécuter? Cela eft poffible, dit l’augure. J’ai
penfé, répartit le ro i, que vous pourriez couper
une pierre à aiguifer avec un rafoir : faites-le
donc, puifque le vol des oifeaux vous afliire
que la chofe n’eft pas impoffible. Accius prend
un rafoir .& coupe la pierre. Tous -ceux qui
étoient préfens furent faifis d’admiration. On
érigea une ftatue à Accius-Navius fur les degres
des.comices 3 & l’art des augures acquit une grande
confidération chez le peuple romain. ri ite-Live ,
les autres hiftoriens de Rome & Cicéron, rapportent
ce conte comme une ancienne tradition
de leur pays, qu’ils n’ofent contredire , mais dont
ils ne certifient pas la réalité. V . auffi N avius.
ACCIUS, poète latin , célèbre par les tragédies
qu’il çompofa du tems de la république. Son ftyle
fe fentoit de la rudeffe de la langue des premiers
Romains. Cicéron le caraélérife par l’épithète de
duriufculus. Mais Brutus, l’ affaibli de Céfar, efti-
moit tellement les poéfies d‘Accius, qu’il les fit
graver fur-les murs des temples, des édifices publics,
& qu’il lui éleva une ftatue coloffale dans
le temple des mufes.
ACCLAMAT IONS.oü a p p l a u d is s em é n s , par
lefquels le public témoigne fon approbation. Les
anciens écrivains réuniffent ordinairement les acclamations
avec les applaudiffemens, parce que le
peuple employoit dans ces occafions la voix & le
r gefte. Arifténète ( epifi. 1. 26.) dit du Pantomime
Panarète : Populus interea relias, ac mirabundus
ladjïat, voces alternas melodiçe rcfpondet, manufque
movet,* & Dion, dans la vie d’Augufte : Populum
objurgavit, quod plaufu & laudibus Ca ium profe-
cutus effet. 11 y avoit cependant une différence
fenfîble entre les applaudiffemens & les acclamations
, en ce que les dernières étoient exprimées
par la voix, & les premiers par le gefte : d’ailleurs
on applaudiffoit par acclamations, foit que les objets
de ces lignes d’approbation fuffent préfens ou
abfens, & les applaudiffemens de la main ne fe
faifoient entendre que dans le premier cas. On eft
certain d’ailleurs, que les femmes mêloient leurs
voix à celles des hommes pour applaudir 5 & l’on
ignore encore fi elles prenoient part aux applau-
diiTemens donnés avec la main.