Au relie , Vannée jeçdergique eft la même chofe
que Vannée de Nabonajfar. Quant à Vannée Gela
le enne , c’eft ,peut - être la plus parfaite & la
plus commode de toutes les années civiles ; car
on y trouve par le calcul que les folftices & les
équinoxes répondent conftamment aux mêmes
jours'de cette année , qui s’accorde en tout point
avec les mouveméns folaires. C’eft un avantage
qu’elle a même , félon plufieurs chronologies ,
fur Vannée Grégorienne ; parce que celle- ci n’a
pas, félon eux , une intercalation aufli commode.
Année Arabe ou Turque (1’) eft lunaire. Cette
année eft compofée de 12 mois , qui font alternativement
de jo & de 29 jours ; quelquefois
auAi elle contient 13 mois. Voici les noms ■ & la
durée de ces mois: Makarram de 30 jotirs}Sû-
pkar 29 } Rabia 30 ; fécond Rabia 29 ; Jomada
,30 5 fécond Jomada 29;. Rajab 30 } Shaaban 29 5
Samadan 30 \Shawal 29 } Dulkaadak 30 } Dulkeg-
gia 29 , & de 30'dans"les années embolifmiques.
On ajoute un jour intercalaire à chaque 2e, 5e, 7%
10e,. 13e, 15e, 18e, 2JC, 24e; 26% 29e, année
d’un cycle de 29 ans.
Année étkiopique (1’ ) eft folaire. Elle s’accorde
parfaitement avec Vaftiaque, excepté dans les
noms des mois. Voyer ANNÉE des Egyptiens.
Son commencement répond à celui de Vannée
égyptienne, c’ eft-à-dire, au 29g. d’Avril de Vannée
julienne. Les mois de cette année font Mafcaram,
Tykympl, Uydar , Tyshas , Tyr , Jacatil, M.aga-
bit , JSJijaria , Giribal, Syne , Hamle , Uakafe,
il y a de plus cinq jours intercalaires.
Année (1’) des Albains étoit lunaire. Les habi-
bitans d’Albe avoient réglé les mois de leur
année fur le cours de la lune ; & ils confer-
vèrent encore long-.tems, après avoir admis une
année fixe , 1 influence de là lune fur leur c a lcul
j car ils réglèrent les hones fur les phafes
de cette planète. De cette manière , l’inégalité
de leurs mois étoit prodigieufe : Mars avoit 3 6
jours, Mai 22, Août 18 , Septembre 16. Scalig.
.de Emend. temp. I. p. I©.
Année romaine de Romulus. Le fondateur
de Rome compofa d’abord Vannée qui étoit lunaire
, de dix mois feulement. Ovide nous l’apprend
dans fes Faftes, 1. 27:
Tcmpora dirigeret cùmconditor urbis 3 in anno
Confiituit menfes quinque bis ejfe fuo..
E t J. 21 .
Annus erat decimum cùm luna repleverat orbem.
Hic noftris magno tune in honore fuit»
S eu quia tôt digiti , per quos humer are foie mus :
Seu quia bis quino femina menfe parit.
Voici les noms & la durée de ces mois. Mars,
Je premier de tous , contenoit 31 jours ; Avril 30 ;
Mai 31 ; Juin 30 *>. Quintilis ou Juillet 315 Sextîlis
ou Août 30 j Septembre 30; O&obre 31 ; Novembre
30 } Décembre 30 : le tout Tàifant 304
jours j ainfi cette année fe trouvoit moindre cT<5
j o jours que Vannée lunaire réelle , & de 61 que
Tannée folaire.
De-là il réfultoit que le commencement de
Vannée de Romulus étoit vague, & ' ne répon-
doit à aucune faifon fixe. Ce prince fentant
l’inconvénient d'une pareille variation , voulut
qu'on ajoutât à chaque année le nombre de jours
néeeffaires pour que le premier mois répondit
toujours au même état du ciel 5 mais ces jours
ne furent point partagés en mois.
Année romaine de Huma Pompllius. 'Numa
corrigea la forme irrégulière de l‘année de Romulus
, & fit deux nouveaux mois des jours fur-
numéraires ajoutés par le légiflateur. Le premier
fut le mois de Janvier, le fécond celui de Fé*-
vrier. Voici les noms & la durée des douze mois
dont fut compofée l’année de Numa : Janvier 29
jours j Février 28 } Mars 315 Avril 29 ; Mai 31 5
Juin 29 j Juillet 31 î Août 29 5 Septembre 29 >
Octobre 31 ; Novembre 29 5 Décembre 29. Le
tout faifant 355 jours. Ainfi cette année furpaf-
feit Vannée civile lunaire d'un jour, & Vannée
agronomique lunaire de 1 5 heures 11 minutes
24 fécondés | mais elle étoit plus courte que
Vannée folaire de i l jours 5 enforte que fon
commencement étoit encore vague par rapport
à la fituation du foleil.
Numa voulant que le folftice d’hiver répondît
au même jour , fit intercaler 22 jours $u mois
de Février de chaque fécondé année, 23 à chaque
quatrième, 22 à chaque fixième, & 23 à chaque
huitième. Mais cette règle n’opéroit point encore
la compenfation néceffaire; car Vannée d'e
Numa furpafiant d’un jour Vannée des Grecs de
3'5"4 -jours, l’erreur devint fenfibîe au bout d’un
certain tems; ce qui obligea d’avoir recours à
une nouvelle manière d’intercaler. Au lieu d’ajouter
23 jours à chaque huitième année, on
n’en ajouta que 15 , & on chargea les grands
pontifes de veiller au foin du Calendrier.' Mais
les grands pontifes s’acquittèrent fi mal de ce
devoir, qu’ ils laifsèrent tout retomber dans là
plus1 grande confafion.
Année ^Jü-lienne. La négligence des pontifes
ayant r:édûit Vannée de Numa'à n’avoir plus
aucun de fes anciens rapports avec les fa'ifons ,
Jules-C'éfar entreprît de réformer le calendrier.
Ce grand homme fit venir d’ Egypte Sofigènes,
fameux mathématicien, tant pour fixer la longueur
de l’année, que pour en. rétablir le commencement
, qui a voit été-'dérangé de tW jjoUrs.
Afin'.de lé remettre iau folfticé d’hivçr'x,"Sbfi-
gènes fut obligé de prolonger fâ'prettiièré .année
de trois mois , c’eft-à-dire , 'jufqu’à 1 y 'triois ou
44-y jours. Cette année fut appelée en. côrifèqüènce
V A nné e de confus ! on , annus -confufionis.
L'année Julienne eft folaire.' Elle contient
ordinairement 365 jours, .auxquels o-n en. ajoute
un tous les quatre ans , c’eft - à --dire, dans les
années bifiextiies au, mois de février, en nommant J
le lendemain du jour appelé Sexto calendàs,
maniasbijfexto calendas manias. Les mois de j
Vannée Julienne, étoient difpofés ainfi : Janvier
31 jours.} Février 28 j Mars 31} A vril 305 Mai
^ i ; Juin. 30 } Juillet 3,1 j Août ,31 Septembre
} Octobre, 31 ; Novembre. 30 5 Décembre. J H
mais dans \ts :anuées bijfextiles le mois, de Fé-r
yrier avoit, comme à préfent, 29 jours-. Suivant
cet étabjiilement, la grandeur ailronomique
de Vannée julienne, é toit de 3-6 y jours 8 heures}
& elle furpalToit par conséquent la yraie année
folaire d’environ 11 minutes, ce qui en 131 ans
produifoit un jour d’erteur.. Malgré; <?ela', l'armée
établie par Juîe-s T.Céfar^ a été fuiyie . par toutes
les nations çl^étiennes,, jufqu’au, milieu du fei:
zième fiècle , & , plus long-îeins ;eneore par les
états proteilans. i
Annee G régorienne. Le pape Grégoire XIII
vit que . l’erreur de. .11 minutes qui fe trouvoit
dans Vannée julienne , ayant- été répétée jufqu’en.
1 y82 , avoit déplacé , l’équinoxe du printems- fixé
pan le Concile de Nicé.e au 21 de Mars , & faifoit
entrer le-foleil dans l’équ-ateur dès le n de: M-ar^:
Pour remédier à- cetinconvénient,qui pouvoir aller
encore plus loin , il appela à Rome les plus
habiles- aftronomes de fon terns, & concerta
avec eux la correction qu'il failoit faire , afin
que l'équinoxe tombât au même jour que dans
le terns du concile de Nicée. Pour y r.éuilir ,' on
retrancha les dix jours d’erreur de l’année 1582}
& aulieu du-y Oétobre de cette année , on compta
tout de fuite le 1 y. On régla enfuite que
les dernières années de trois fiècle s confécutifs
feraient communes, & la dernière du quatrième
fiècle feulement feroit biffextile, & cela
alternativement à perpétuité.
Quelque approchée de l’exactitude que paroiffe
l’année.Grégorienne , elle n’eft pas encore parfaite}
car dans quatre fiècles Vannée julienne avance
de trois jours , une heure & 22 minutes. Comme
dans le calendrier grégorien on ne tient compte
que des trois jours , & qu’on néglige la fraétion
d’une heure & 22 minutes , cette erreur au bout
de 7200 ans , produira un jour de mécompte.
Année de Confusion. V. Année Julienne.
Année de l a fondation de Rome. Quoique
les Romains comptaient les .années de leur
république par les confulats , & celles des empereurs
par les datés de leur puilfance tribu-
nicienne, on trouve cependant des exemples de
fupputation par les années de la fondation de
Rome.Onlifoit (Boxhorn. Quæft. Rom. i8 .; l’inf-
cription antique fuivante :
Præsentiæ
MATRIS- DetJM
P. SePTIMlus.. FÉLIX
OB CORONAM
MILLES! MI
U RBIS A N NI.
Par corona. millefmi urbis anni, on entendoit
fans doute une période de mille ans révolus depuis
la fondation de Rome.
On lit fur une médaille d’or d’Hadrien, ANN.
DCCC lxxiiii NAT. URB. Anno 874 nats. urbis.
Mais à quelle année avant J. C. répond Vannée
de la fondation de Rome ? C’eft un point
de Chronologie fur lequel les- hiftoriens latins
eux-mêmes ont beaucoup varié. Ennius la met-,
toit 879 ans avant notre ère vulgaire , 8c
Timée de Siqije à l’an 814. Varron , dont le
fentiment a été adopté des meilleurs chrono-
logiftes, la place l’ an 754 } & fa fupputation ne
recule que de deux ans celle de Denys d’Ha-
licarnaffe, & d’un an celle des marbres du ca-
pïto le. Voye^ ce mot. Polybe croyoit avoir des
raifons pour rapprocher cette époque à l’an y y i >
le poète Aufone à l’an 7365 & l’ancien hifto-,
rien Cijncius jufqu’à l’an 729. Le calcul de Varron,,
que toute la république des lettres femble avoir
adopté, ne porte que fur un hbrofeope de Romulus
5 c’eft pourquoi nous croyons qu’il eft
plus fagè de fuiyre l’ère des Faftes du capitole ,
monument national. 8C invariable.
A n n é e s a c r é e . V. s a c r é e .
A nnée séculaire. V. séculaires ( jeu x ) .
A nnées de Jé su s -C h r i s t . (Art de vérifier
les dates).
Quand on a commencé a s ’en fervir en Occident,
& combien cet ufage a varié.
L ’ère de Jéfus-Chrift ou de l’incarnation, eft
proprement l’ère des Latins. Les Grecs 8c les
Orientaux n’en ont prefque point fait ufage dans
leurs a êtes publies (1). Us avoient, & ont encore
aujourd’hui pour leurs dates authentiques, d’autres
époques dont nous donnerons ci-après le détail.
C’eft donc par rapport à l’Occident, & fpéciaîe-
ment par rapport à la France, que nous allons
traiter des années de Jéfus-Chrift.
Nous n’examinerons point ici quelle eft la véritable
année de la naifiance du Sauveur. Les plus
habiles chronologiftes prétendent que nous la
plaçons quatre ans plus tard qu’elle n’eft arrivée;
un d’entr’eux foutient même, avec a fiez de vrai-
femblance, qu’on doit l’avancer de cinq ans; &
d’ailleurs, nous ne donnons point une table chronologique
pour, rectifier les idées des auteurs,
mais pour apprendre à compter comme eux, afin
de les entendre, lorfque nous lifons leurs écrits.
O r , les anciens, du moins pour la plupart, comp-
toient les années de Jefus-Chrift de même que
(i) Nous difons dans leurs aûes publics; car dans leurs
a$cs prives ils ont fouveet employé l’ère- de l’in^arnacicn,
en,la joignant tourefois, pour l’ordinaire, à d’autres époques
qui leur étoient particulières, tes Grecs.l’ont pem-être connue
avant les Latins; mais les autres peuples d’Oricnt en ont fait
ufage beaucoup plus tard que ces derniers. M. Affcmani prétend
( Bibl. Orient, t t , p. 189) que les Syriens iront commence
à s’en fervir qu’après le dixième ficelé.