
EENNA , mot gaulois' adopte par les Romains
, pour ciélîgiïër un leger tombereau fermé
par des claies d’ofîer, & porté fur. deux roues.
Feftus : bcnna linguâ G allie a genus vehiciili ap-
pellatur y aride vdcantiir conbennones in eâdern
banni fedentes. Caton a employé ce mot dans
le vingt-troifîème chapitre de fon Traité de Re
Rufticâ : benn& emantur.
BÉOTARQUE , chef des Béotiens , leur premier
magiftrat. Les Béotarques exerçoient à
Thèbes les mêmes fonctions que les Archontes
a Athènes. Le mot béotarque eftcômpofé du nom
de la province , & de -, commander.
BEOTIE. Oh a donné plufîeurs étymologies
mythologiques du nom de cette ' contrée , dont
Thèbes étoit la capitale. Quelques-uns le dérivent
de Béotas > fils j félon les uns, d’Itonus,
& petit-fils d’Amphyélion, le plus jeune des
enfans de Deucaîion & de Pyrrha. Ce Béotas
étoit s félon d’autres écrivains , fils d’Arne & de
Neptune ; c’eft pourquoi ce dieu eft fouvent placé
ftir les médailles des Béotiens ; il eft cependant
plus raifonnable d’attribuer aux ports des Béotiens,
ce type qui eft commun à beaucoup de
provinces maritimes. Béotas fut ainfi appelé
du mot fiiss , boeuf parce que fa mère le cacha
dans du fumier de boeufs, pour en dérober la
connoifiance à fon père. Une fécondé étymologie
dérive le mot Béotie, directement de fixe , boeuf,
parce que Cadmus fut conduit par un de ces
animaux à l’endroit où il bâtit Thèbes. Au refte ,
la racine p h , paroît avoir fait imaginer après-
coup ces vaines étymologies, ainfî que la troî-
fième , qui eft fondée fur la pefanteur de l ’efprit
des Béotiens.
BEOTIEN. I es Béotiens pafloient dans la Grèce
pour un peuple lourd & ftupide. Pindare & Plutarque
, qui étoient Béotiens & qui faifoient une
exception très-remarquable , conviennent de la
vérité de cette opinion. Homère , long - temps
avant eux, difoit que les Béotiens étoient lourds
& pefants j de forte que la Béôtie' & les Béotiens
fervoient toujours de point de comparaifon aux
Grecs & même aux Latins , lorfqu’ils-vouloient
taxer quelqu’ un de bêjtife , ou quelque chofe de
mauvais goût. Une chanfon béoticne dans Arifto-
phane, des énigmes béotiennes , &c. Horace
s’exprime de même {Epifi. il . 1. 244.) ;
• " Bceotum in crajfo jurares aère natum.
Etienne de Byzance dit que les Béotiens étoient
les plus habiles des Grecs pour la gymnaftique.
Béotien. ( mode ) Pollux ( y v . 9. ) met ce
mode au nombre de ceux qui tiroient leur nom
de. la nation chez laquelle ils a voient été d’abord
en ufage. Il ajoute que c’ étoit -un des modes ou
nomes dont fe fervoit Terpa ndre ; par eonféquent
le nom Béotien étoit propre aux cithares.
| Béotien. ( le bouclier ) étoit ovale & échang
é fur les côtés. On le voit fréquemment, fur es
médailles de Béotie.
B é o t ie n s , b o i&t g n .
Les médailles autonomes de ce peuple font:
C. en argent.
R. en bronze.
O. en or.
Leurs types ordinaires font : le bouclier béotien.
— Neptune debout , le pied droit appuyé
fur une proue de vaiffeau. — Un vafe.
Les villes- de la Boétie ne plaçoient ordinairement
fur leurs médailles , que les premières
lettres de leurs noms.
BERCEAU, y
BERCER. > Un bas-relief de la villa Bor-
BERCEUR. )
ghèfe, qui repréfente TéJèphe, fils d’HereuIe,
Augé fa mère , avec la biche fa nourrice , ainfi
que plufîeurs médailles, nous font voir que.les
anciens avoient l’ ufage funefte d’emmaillotter les
enfans avec des bandelettes ; ils renfermoient aufli
. les bras fous ces enveloppes redoublées, qu’ils
appelaient cunabula & incunabula. Quelques
• philologues ont admié une diftin&ion entre ces
deux mots*, ils ont fixé le fécond pour les langes
&: le maillot, & réfervéle premier pour les bandes
avec lefquelles on fixe les enfans emmaillo.ttés
dans le berceau. L’ un & l’autre cependant ont été
pris indifféremment pour défigner la plus tendre
enfance. Thétis dit dans l’Achilléide de Stace
(1.38.): pourquoi ai-je confié la première éducation
de mon fils au centaure Chiron ? Pourquoi le mont
Pélion & l’antre d’un centaure lui ont - ils fervi
de berceau ?
Quid enirn cunabula par va
P elion , & torvi commifimus antra magifiri ?
■ Suétone voulant dire que Vefpafîen fe tendotc
fouvent dans J ’endroit où l’on élevoit des enfans,
s’exprime en ces termes ( c. 2. n. 1 . ) : Princeps
locum inçiuiahulorum ajfidue frequentavit.
Les anciens avoient*, ainfi que les modernes ,
l’ ufage pernicieux du maillot, & l’ufage plus
dangereux encore de bercer les enfans. Les ber-
.ceurs ou berceufcs étoient appelés C u n a r iu s &
C u n a r ia . Gruter, pag. 3 1 1 ,rapporte l’épitaphe
d’une barceufe ;
D. M.
t e ia e . t r e p t a e . s e
ROR. PIISSIMAE. CUNA
RIAE. RÜFINAÆ. Y. Y.
. GLYPTÜS. FRATER. QUI
ET. FELIX. VIYOS. VIYAE
. POSUIT.
" Martial témoigne ( xi. 40. ) que l’on donnoit
ta berceau 4 es enfans le même mouvement fï
contraire à leur fantê , que les nourrices leur
impriment encore aujourd'hui :
Cmtarum fatras, motor. Charidcmt , mearum.
Quant à la forme des berceaux, elle varia félon
les pays & les modes ; tantôt ce fut un petit
lit, tantôt un van , tantôt un bouclier concave , i
tantôt enfin, une petite barque , qui conferva
chez les Grecs fon nom propre
BÉRÉCINTHE. \ ,
bérécinthxe. f Suraom de mere des
dieux, pris de la montagne de Bérécinthe , en
Phrygie, où l’on difoit quelle étoit née. Le culte
de Bérécinthie étoit fort célèbre dans les Gaules,
&: l’on voit dans Grégoire de Tours, qu’il fub-
fiftoit encore au quatrième fiècle. On promenoit
à travers les. champs & les vignes, Bérécinthie
fur un char traîné par des boeufs, pour la, conservation
des biens de la terre 5 & le peuple
fuivoit en foule , en chantant & danfant devant
la ftatue. Voye£ Cÿbèle.
Héfychius parle d’une flûte hérécinthienne, &
Horace (r. &dr 18.) dune trompette ou d’un cor
bérécinthien , ainfi nommés, parce qu’ils étoient
en ufage dans les fêtes de Bérécinthe.
BÉRÉNICE première , femme de Ptolémée
premier roi d’Egypte. basSiaisshs bepenikhz.
Ses médailles font : .
R R R. en argen t.
RRR. en bronze.
Bérénice , femme de Ptolémée dixième, roi
d’Egypte.
^Ses médailles font :
RRR. en or.
RRR. en bronze. - '
O. en argent.
Bérénice , reine d’Egypte , époufe de Ptolé-
mée- Evèrgète , promit aux dieux- le facrifice de
fes cheveux, fi fon mari revenoit victorieux de
fon expédition de Syrie. Le voeu fut exaucé , &
la Prince,fie fe dépouilla de cet ornement de fa
tête , pour le confacrer dans le temple de Mars.
A peine la chevelure y fut-elle dépofée, quelle
difparuti & Conon, célèbre aftronome de ce
tems-là, pour confoler Bérénice, ou pour la flatter
, voulut lui perfuader que fon facrifice avoit
été il agréable au Dieu Mars, qu’il avoit placé
fa chevelure parmi les aftres. L’aftronome mon *
tra même dans le firmament un lieu voifin de la
grande ourfe, où l’on voit une multitude de
petites étoiles unpeuobfcures, accumulées,qu’ il
donna pour cette chevelure, dont on a fait depuis
une conftellation. Le poète Callimaque com-
pofa, fur l ’enlèvement de cette chevelure , un
poème que Catulle traduifît en latin.
B é r é n ic e . Les éditeurs des monumeas d’JJer- *
Antiquités, Tome I,
cularwm ont donné à un b'ufte de bronze repré-
fentant Apollon ‘coèffé , félon l’ ufage antique,,
avec le corymbus des jeunes filles, le nom de
Bérénice y parce que les médailles de cette epoufe
de Ptolémee-Lagus, portent une tête de femme
coeffée ' de la même manière. Quoique 1 on Hfe
le nom de Bérénice autour de cette tê te , "Wiiy-
kelmann croit y reconnoïtre Diane y & le bufte
d’Herculanum repréfente Apollon.
Bérénice, foeur d’Agrippa II , tétrarque de
Galilée, fut foupçonnée d’un commerce honteux
avec ce prince , à caufe d’un diamant qu’il lui
•avoit donné j tant on prîfoit alors cette rare
fubftance ! Le mordant Juvénal nous a confervé
le fouvenir de ce fait hiftorique , relatif à la mî-
üéralogie ( Sat. 6. 156. ) : .
Deinde adamas notifiimus , & Bérénices
In digito faéius pretiofior : hune dédit olint
Barbarus inc eft dédit hune Agrippa forori ,*
Observant ubi fefta mero pe.de fabbata reges ,
Et vêtus indulget fenibus clementia porcis.
BERGERS. On a dit trop généralement que
les 'Egyptiens avoient les bergers en horrenr >
puifque Hérodote & Diodore les comptent parmi
les fept claftes dans lefquelles ce peuple étoit
divifé ; que d’ailleurs .les habitans à\i Nome de
Mendès avoient beaucoup de confidération pour
ceux qui gardoient les chèvres 5 8ç qu enfin ,
Hérodote dit pofitivement que les gardeurs de
cochons étoient feuls regardés avec,,horreur. Il
faut reftreindre cette propofition aux bergers
étrangers ' , voifins de l’Egypte. Comme ils
tuoient indifféremment les animaux que chaque
Nome de l’Egypte honoroit d’un culte particulier
, il étoit naturel que les Egyptiens détef-
tafifent les meurtriers ,de leurs divinités. C eft
1?opinion de Jablonski, qui paroît véritable.
Les Grecs & les Romains repréfentoient fou-
vent des bergers fur leurs monumens, parce que
ces ' habitans des champs étoient fouvenT rappelés
dans les dogmes mythologiques. On les y
reeonnoît facilement à l’un des trois attributs
fuivans, & quelquefois à tous les trois : la panetière
, le bâton courbé appelé pedum , & la
flûte foit droite ou oblique > foit a , plufîeurs
tuyaux, appelée fifiula, ou fyringe de Pan. O11
y voit1 jointes quelquefois les peaux des bêtes
qui fervoient à les couvrir , & les vafes dans lef-
quels ils buvoient, ou qui fervoient à traire leurs
vaches. Lorfque Daphnis ( Long, paflor. W. )
quitta la profeflîon de berger, il raffembla tous
les meubles qui lui avoient fervi , & les offrit
aux divinités des champs. Il confacra fa peau de
lion & fa panetière à Bacchus , fa flûte & fa
fyringe à Fan, & aux nymphes fon bâton courbe,
avec fes vafes de berger. Les poètes font fouvent