
Borghcfc nous offre Andromaque accompagnée
des femmes troyennes , 8c vêtues d’une robe
traînante fans ceinture , recevant le corps de fon
époux aux portes de la ville de Troye (Monum.
ant. ined. n°. 1 35. ) . Dans ces circonftances
triftes 8c fâcheufes le même ufage régnoit chez
les Romains. L ’ordre des chevaliers, accompagnant
le corps d’Augufte jufqu’ à fon tombeau ,
portoit des robes traînantes, ( Suer. Aug. c. 100.) 3
c’eft-à-dire, non-relevées par le moyen des
ceintures.
Ceinture de Vénus, C E S TE , Kes-W.
Lorfque Vénus eft habillée, elle porte toujours
(Hift. de VArt. liv. 4. c. 5 .) deux ceintures3 dont
la fécondé eft placée fur les hanches. C’ eft ainfi
qu’on voit cette fécondé ceinture à la Vénus du
Capitole , qui a une tête faite d’après nature, 8c'
qui eft fculptée à côté de Mars ( Muf. Capit.
t. 3. tav. 20.) j elle eft placée'de même à la belle
Venus drapée qui étoit autrefois au palais Spada,
8c qui a appartenu depuis au lord Egremont.
Cette ceinture inférieure eft le partage de cette
déeffe feule : c’eft celle que les poètes appellent
la ceinture, ou le cefte de Vénus. Perfonne avant
Winkelmann n’avoit fait cette remarque.
Lorfque Junon voulut enflammer le coeur de
Jupiter, elle pria Vénus de lui prêter cette cein-
tiïre myftérieufe : l’ayant obtenue elle la mit dan$
fon fein , félon l’expreflion d’Homère ( IL z .
219. 223. ) , c’ eft-à-dire, autour 8c au-deffous
du.corps inférieur, place qu’elle occupe aux
figures citées plus haut. Que l’on confronte avec
Cette explication ce que d’autres ont dit de la
ceinture de Vénus , ( Ri gu à. Not. in Onofandri
Stra tag. p. 37. feq. P rideaux , Not. ad Marm.
Arundei. p. 24 : ces deux favans prennent la
ceinture pour une robe ) , on verra que leur
opinion n’eft' pas foutenable-
Les anciens commentateurs ' d’Homère' n’ont
pas mieux faillie fens du poète dans cet endroit.
H eft ' certain que ey*«e0£o x,oXira, mets là ceinture
dans le fein , ne lignifie pas ( comme lé
Scholiafte le prétend) la même chbfe que xura-
xfuTjv tfoa xa'Kncû , cache-la dans le fein. Eufta.the,
dans' fon étymologie du mot xtç-os , n’en atteint
pas mieux la vraie lignification. Ariftide, lôrf-
qu il parle de cette ceinture, ajoute : quelle qu’ert
fois la forme, o<ns non ai/toç Xiço; sjiv (Arifiid.
îfikm. in Nept. p. 42. c.). Martorelli, Pro-feffeur
de langue grecque à Naples a-remarqué fort
judicieufement ( Comment, de Regia The c'a Calamar.
p. 153. ) que ce mot n’ eft pas up fubftantif
miis un adjeftif, dont lés poètes grecs des tems
poftérieurs fe font fervis. fubftaritivèment. Il
femble auffi que l’auteur d’une épigràmme grecque
fur Vénus ( Anthol. EpigK gr&çl H ib/j. p,
2Zi. a. ) 3 n’a pas .compris quelle ceînttire délîgne
le mot x‘.çov ; car il l’a confondue avec Far céinr
turc ordinaire cui fe metioit au-deffous du. fein ,
cycÇl KiÇOf î Ki x '
L ’explication que nous venons d’expofer de
la ceinture de Vénus, répand un grand jour fur
le pafiage de Pline, où cet écrivain parle de la
ftatue d’ un Satyre qui tenoit la figure d un Bac-
chus , Pallâ velatum veneris , le corps ceint
comme Vénus > du moins c’eft ainfi que 1 entend
Winkelmann. Ce paffage a toujours paru obfcur.
Quelques favans ont cru même qii’il falloit lire
-veneri au-lieu de •veneris ,• comme fi le Satyre
amenoit Bacchus à Vénus. Mais Pline ne parle
pas ici de grouppe ( Plin. I. 36. c. 4. §. B. ). Le
cefte ou la - Jceinture que Junon emprunta^ de
Vénus , fut caufe fans doute que les Syriens
donnèrent cet ornement à la femme de Jupiter.
Gori croit ( M u f Etr. t. 1. p. 217 .) que deux
des trois Grâces, qui font fur une urne funéraire,
tiennent cette ceinture dans leurs mains.> mais
rien ne tend à le prouver. -
Cette ceinture myftérieufe, qui étoit comme
le fiège des charmes les plus puiffans de cette
déeffe, Apulée l’appelle le baudrier de Vénus:
c’ étoit fon bouclier ; c’étoit l’arme avec laquelle
elle pouvoittout vaincre. Lucien, dans fes dialogues
des dieux , dit qu’au jugement de Paris , on
ordonna à Vénus de quitter fa ceinture, de peur
qu’elle ne lui fervît à féduire fon juge. Cet ornement
myftérieux n'avoit pis feulement la vertu
de rendre aimable celle qui en etoit vetue, & de
faire naître pour elle de nouveaux feux 5 il entre-
tenoit ceux qui étoient déjà allumés, 8c reveil-
loit ceux qui étoient près de s’éteindre. Junon
l’emprunta de Vénus , 8c elle en fit avec fucces
l’effai fur Jupiter. Vénus elle-même l’a mis en
■ ufage pour ranimer la tendreffe amortie du dieu
; Mars. Lucien dit que Mercure vola à "V enus fon
j cefte ou fa ceinture , pour dire que ce dieu polie-
• doit les grâces 8c tous les ornemens du difeours.
Homère en a fait une ample defeription j 8c les
poètes difent que tout le goût 8c tout 1 art de
Momus pour la raillerie, n’eurent point de prife
fur ce -àe/fe'-redoutable. - ■ 'i i ' # ‘ : :
On lit’à Evéra l’infcription fuivante, qui fait
mention d’un' cefte offert à Vénus-genitrix. par les
dames de cette ville :
DI V O i JULIO
LIB. JUL. EBORÆ
OB. ILLUS. IMMUN. ET. MUN
LIBERALVTA-TEM.
, EX. D. DD
QUOJ.US. DEDICATIONE
VENER I. GENETRICI
; CESiTUM. MA TRONÆ
DONUM. TULERUNT
Ceinture de virginité, %ma virgmeacin~
gulum virgineum. La ceinture dont on parmt a
Rome'les ntoüveUes mariées, 'avant qu’elles faflenc
livtces à leurs époux , fe nommait auffi cefle.
Elie étoit de laine i & le noeud qui l’attacnoit
s’aDueloit Herculanus , du nom d’Hercule : on
fait que les travaux de ce héros ne fe font pas
toujours bornés à la défaite des montes & au
châtiment des tyrans. 11 étoit réferve a l epoux
de dénouer cette ceinture myftérieufe i eue etoit
le fymbole , & comme 1 défenfe de la pudeur
de la mariée'. Une main infidèle la délioit cependant
quelquefois : Cafiaq/le fallaci Jona revmdu
manu. De-là vint l’expreflion {otiam Jolverc , te
marier. Catulle (6 7 .1 4 .) :
Quod pojfet \onam folyere virgineum,
L ’expreflion détacher la ceinture , fignifioit
auffi chez, les Grecs accoucher pour la première
fois, Le Scholiafte d’Apollonius (. Argon. 1. ao/-)
dit que les femmes d’Athènes confacroient a cette
époque leurs ceintures, à Diane, qui avoit dans
cette ville un temple où elle etoit honorée fous
le nom de , qui délie la ceinture..
C einture de la reine. L ’impôt que nous defi-
gnons aujourd’ hui fous ce nom , exiftoit déjà
avec la- même dénomination chez les anciens
Pertes. Voyé[ Platon ( Alcibiad.^ ric Athénée
( Deipn. lib. I . ).
CEINTURON. Ce nom a été confondu fou-
vent avec celui de b a u d r ie r {Voyei ce mot) ,
ainfi que les mots balteus & cingulum. On doit
cependant à la rigueur le referver pour cette
ceinture que portoient autour du corps les Grecs
gc les Romains , 8c d’où pendoit l’épée, lorf-
qu’ils ne portoient pas de baudrier. C’eft ainfi
que portent fufpendues leurs epees fur les colonnes
Trajane 8c Théodofienne, les fimpies foldats >
mais les officiers ont des baudriers auxquels font
attachées leurs épées.
Sur ces deux monumens 8c fur plufieurs autres,
on Voit que le ceinturon.avoit une certaine largeur.
Il étoit même fouvent compofé de plufieurs
courroies placées l’une au deffus de 1 autre, ou
de plufieurs tours de la même courroie. Cette
largeur fert à expliquer un paffage de Florus,
qui paroît difficile à entendre. Lors de la défaite
de Varus , dit cet écrivain , un porte-enfeigne
cacha l’aigle de fa légion dans fon ceinturon ,
s’enfonça dans mfmarais ( iv. 12. 38 -)fftgnifer
aquilam intra balthei fui latebras gerens in palude
cruenta delituit.
Ce ceinturon a plufieurs courroies eft appelé
bandages par Winkelmann ( Defcript. des pierres
d e Stofch. pag. 466.). Il dit en parlant d’une
calcédoine : « l’on y voit gravé un homme à
cheval courant au grand galop > qui eft entoure
de bandages , avec lefquels on fe ferroit dans-
les courfes, pour en mieux foutenir la violence »■
Il y a dans la Villa-Albani un homme monté fur
un quadrige, qui eft fculpté en ronde-boffe j il
porte ces mêmes bandages. L ’on a reliante une
lemblable ftatue à la Villa-Negroni, 8c l'on en
a fait un jardinier.
L ’ufage où étoient les foldats de porter l épée
fixée au ceinturon, fit de cette ceinture l’emblème
de la milice, & cingulum fut fynonyme de mih-
tia. Les écrivains grecs en avaient ufe amli :
defigne fouvent dans Homere 1 armure entière
du foldat, t* » ™ , fe ceindre, y eft mis
auffi pour s’armer de pied en cap.
Augufte voulant punir les foldats de quelques
fautes légères, les condamna à demeurer debout
pendant tout le jour 8c fans ceinturon a la porte
du prétoire ( Suet. Aug. c. 24. ) : pro cetero dclic-
torum genere variis ignominiis affect t , ut Jtare
per totum diem juberet;ante prAtari.um difcinctos.
Lorfque les fautes des foldats étoient capitales ,
on les dégradoit de la milice en leur otant le
ceinturon , cirigulo fpoliabantur. L hiftoire 8c les
loix romaines parlent fouvent de cette dégradation.
.
L ’empire romain étant un état militaire , on
défigna par le mot de cingulum non-féu!ement le?
dignités militaires, mais auffi les dignités civiles-
Caffiodore ( Pfalm. x x i x . ) nous rapprend :
Cingulàm ftgnificat , quod ad judicis pertinct dig-
nitatem , nam cinfta poteftas in ipf° vocabulo
nofeitur conftituta. Sic enim cinttum dicimus judi-
ccm , quando ejus fufies honorefque declaramus.
On lit dans une ancienne épitaphe de Fantaga-
thus, évêque de Vienne :
Arbilrio regum qu&fturs cingula famp fit. ;
& clans celle de Namatius, qui a été compofée
du tems de Juftin :
Po/l fafees pofuit 6 cingula Symmachus ampla.
CEIX. Voyei Ceux.
C É L AD O N , dans la Locride. Goltzius feu!
a attribué des médailles impériales grecques à
cette ville.
CELEJÆ auguftsL. Muratori ( n i . y. Thcf.
‘ Infir.)rapporte l’infcription fuivante qui eft adref-
fée à Ceieia , divinité de la ville de ce nom
dans la Norique :
. . CELEIÆ
AUG.. J
f . AELIU«
' COS, PRO. SE
ET. SUIS
. Y , JS. L. M
C E fE N D E R IS , en Cilicie. KEAENAPENP.N.
Les médailles autonomes de cette ville font i
RRR. efl argent.
T t t t ij