
écrivent, n’eft point contr’elles un moyen légitime
de fufpenfion.
X . La qualité de fils appliquée dans les lettres
des papes à des évêques qui n’auroient point été
de leurs difciples ni de leur clergé, feroit contre
elles .un moyen de faux durant les huit premiers
fiècles & les cinq derniers.
XI. Les titres de pontifes, de métropolitains,
de fouverains prélats, déférés à quelques évêques
de certains lièges diftingués, par les papes, même
dès la fin du quatrième fiècle, ou le commencement
du cinquième, ne fourniffent contre les
lettres de ceux-ci nul prétexte de les regarder
comme faufles ou fufpeCtes, pourvu que ces titres
ne foient pas renfermés dans la fufcription.
XII. Le titre $ archevêque donné à quelques
prélats au fixième & au feptième fiècle, & même
dès la fin du cinquième, dans les lettres des papes,
ne doit pas les rendre fufpeCtes.
XIII. Jufqu’au treizième fiècle, nulle bulle ne
doit être réprouvée parce qu’elle appliqueroit
aux évêques l’épithète dileEtus ou .ilileêliftmus y
mais depuis cette époque, ce feroit un ligne de
faux.
X IV . Le titre de trés-faint déféré aux évêques
par les papes, même dans la fufcription de leurs
bulles, ne peut les rendre fufpeCtes que depuis le
onzième fiècle ,' & les convaincre de faux que
depuis le douzième.
X V . Les bulles qui ne défîgnent que par la première
lettre de leur nom les perfonnes à qui ou
dont elles parlent, ne font pas pour cela fufpeCtes.
- XVI. Une bulle-pancarte qui ne feroit pas
terminée par un ou plufieurs amen, aux onzième ,
douzième , treizième & quatorzième fiècles, ne
feroit pas à l’abri de tout foupçon.
XVII. Quoique l’invocation à la tête des bulles
foit rare, ce n’eft. pas un yice qu’on puiffe leur
reprocher } fi ce n*eft depuis le douzième fiècle..
XVIII. Une bulle de pape qui le qijalifieroit
bulle, fur-tout avant le treizième fiècle, paroîtroit
fufpeCte.
Règles fur les titres ou fufcription s des bulles ,
& fur leurs claufes pénales & comminatoires.
I. Ce n’eft que plus de deux cents ans après que
les papes commencèrent à changer de nom, qu’on
pourroit rejeter leurs bulles, s’ils y prenoient encore
celui qu’ils portoient avant leur papauté.
II. Ce ne feroit pas un moyen de faux avant le
neuvième fiècle, ni de fufpicion depuis, fi les
papes marquoient dans leurs bulles le rang qu’ ils
tenoient parmi leurs prédéeefTeurs de même nom.
_ III. On ne doit pas tenir pour fufpeCts aux treizième
& quatorzième fiècles, les refcrits dont
les fufcriptions commencent par le nom propre
des pontifes romains, fuivi de celui du pape, &
du chiffre ou du nombre qui dénote leur rang
parmi leurs prédéeefTeurs de même nom.
IV. Depuis la fin du onzième fiècle, une bullt
où le nom du pape feroit placé après le nom de
celui en faveur duquel elle auroit été expédiée,
devroit ordinairement paffer pour très-fufpeCte.
V. On ne fauroit rien conclure de Tomiflion
d’êpifeopus, même avant fervus fervorum D ei3 dans
la fufcription d’ une bulle antérieure au onzième
fiècle.
VI. De-là en avant on ne peut rien inférer non
plus, de ce que le titre de pape, ou celui A*évêque,
ferviteur, des ferviteurs de Dieu > auroit été omis,
lorfque l’un fe trouve fubftitué à l’autre.
VII. Le titre de pape pris à la tête des lettres ou
bulles pontificales, ne fuffit pas pour les convaincre
de faux en quelque fiècle que ce foit}
mais il pourroit contribuer à les rendre fufpeCtes
avant le milieu du quatrième fiècle.
" VIII. Les titres des lettres apoftofiques des feptième
ou huitième premiers fiècles, ne font point
fufpeCts d’altération 5 parce que le nom propre
des papes y occupe le premier rang , fans être
fuivi de celui de leur dignité.
IX. Une bulle où le pape ne fe donneroit point
d autre titre que celui A?évêque de la ville de Rome,
feroit fufpeCte, fi elle étoit poftérieure au dixième
fiècle î & communément fauffe, fi elle l’écoit au
onzième.
X. Les lettres apoftofiques, foit antérieures au
feptième fiècle, foit poftérieures au onzième,
dans lefquelles le pape fe qualifieroit lui-même
apojiolicus , feroient très-fufpeCtes avant le fixième
fiècle} après le milieu du douzième, elles de-
vroient etre regardées comme faufles.
XI. Quoique ce titre foit fpécialement propre
au dixième fiècle, fans exclufion néanmoins des
deux qui le précédent, & de celui qui le fuit, il
ne fe rencontre pas dans le plus grand nombre des
privilèges du dixième.
XII. Les bulles ou lettres apoftofiques des fîx
premiers fiècles, dans lefquelles les papes prédé-
ceffeurs de S. Grégoire, fe feroient dits ferviteurs
des ferviteurs de Dieu, nous paroîtroient pour le
moins très-fufpeCtes.
XIII. Dans l’interyaîle du fixième au feptième
fiècle , Tomiflion du titre ferviteur des ferviteurs
dp Dieu, n’eft jamais un moyen de fufpicion.
XIV. Aux douzième & treizième fiècles, il faut
tenir pour fufpeCte toute conftitution ou décrétale
que lès papes ne commenceroient pas par
leur nom propre , fuivi, finon Atepifçopus & de
fervus fervorum Dei tout à-la-rfois ; du moins de
cette dernière formule} & qui, au défaut de l’une
& de l’autre ,n e prendroiènt pas le titre de pape t
avec le nombre qui marqueroit le rang qu’ils
©ccupoient
©ccupoient parmi les. prédéeefTeurs de même
nom. t v
XV. On ne devroit pas balancer à regarder
comme faufles, avant S. Grégoire-le-Grand, les
lettres apoftofiques où les papes prendroiènt le
titre de fouverains pontifes, ou de pontifes uni-
verfels : mais depuis le fixième fiecle jufqu’au
neuvième, il fuffiroit de les tenir pour fufpeCtes 5
& pour très-fufpeCtes depuis Grégoire VII.
XVI. Quoique la formule falutem & apoftoli-
cam benediciionem foit affectée depuis le onzième
fiècle jufqu’au quatorzième, aux fimples bulles ,
lettres ou décrétales, & qu’ zVz perpetuum le foit
aux £tf//*j-pancartes & privilèges} on ne fauroit
en tirer des moyens de faux ni de fufpicion ,
contre les bulles revêtues de la forme des privilèges,
q u i, au lieu Al in perpetuum, porteroient
falutem & apofiolicam benediftionem,, ou feulement
tam pr&fentibus quam futuris, en fupprimant in
perpetuum, ou bien in perpetuam memoriam. Il en
feroit de même des décrétales ou fimples bulles ,
dont la fufcription feroit terminée par quelque
formule différente de falutem , Sec.
XVII. Depuis le onzième fiècle jufqu’au treizième
, une bulle qui ne feroit ni pancarte, ni privilège
, ni en forme de privilège, & qui porteroit
néanmoins la formule in perpetuum, paroîtroit
fufpeCte.
Règles fur les claufes pénales & comminatoires
des bulles.
I. Les claufes des bulles qui impoferoient aux
contrevenâns une peine pécuniaire avant le fixième
fiècle , convaincroient ces pièces de faux, répan-
droient de violens foupçons fur celles qui précé-
deroient le commencement du huitième} mais
depuis cette époque jufqu’aux célèbres donations
faites aux papes par les rois de France, ces claufes
ne rendraient que fufpeCtes les bulles où elles
feroient énoncées.
II. Depuis le quatrième fiècle révolu jufqu’ à
Grégoire V I I , les imprécations & malédictions,
loin de convaincre de faux les bulles des papes,
n’y répandent pas même le plus léger foupçon.
III. Après l’élévation de Grégoire VII fur le
faint-fiége, les imprécations feroient. une preuve
de faux, ou tout au moins formeraient contre
une bulle de violens foupçons} fi ce n’ eft que l’exception
à cette règle ne fût appuyée fur des mo-
numens particuliers & inconteftables.
IV. Les claufes de malédiction, d’imprécation
& d’anathême , font le ftyle ordinaire des bullef-
priviléges depuis le feptième fiècle jufques vers la
fin du onzième.
/ V. Les claufes comminatoires des bullcs-yxWi-
leges , ne peuvent leur porter aucun préjudice, ni
par leur trop, grande antiquité , ni par leurs varia-
Antiquités , Tome I.
tions & leurs différences d’avec celles du même
te ms 5 particulièrement quand cette diverfité ne
roule que fur des termes, ou fur le plus ou le
moins de menaces, de malédictions & d’ana-
thêmes.
VI. Quoique la claufe qui défend aux empereurs,
princes, feigneurs, évêques , d ’enfreindre
les privilèges émanés du faint-fiége, ne fût pas
encore paffée en ftyle au tems de S. Grégoire-le-
Grand, elle ne doit pas rendre fufpeCtes celles où
elle fe rencontre.
VII. La même claufe expreffément appliquée
aux rois depuis le douzième fiècle, fourmroit un
foupçon légitime contre les bulles où elle feroit
inferée.
VIII. Une bulle ne feroit pas fufpeCte, quand
même fon auteur défendroit à fes fuccefleurs,
fous peine d’anathême , d’y donner atteinte}
pourvu qu’elle ne fût pas poftérieure au douzième
"fiècle.
IX. Les claufes : Decernimus , 6’c. Si que , &c.
Cunélis y &c. renouvelées ou renvoyées après les
dates , pourroient faire foupçonner les bulles
antérieures au commencement du dixième fiècle,
ou poftérieures à la fin du onzième} mais depuis
le douzième, elles deviendroient des moyens de
faux-
Corollaire. La tranfpofition ou réitération de
ces formules ne feroient pas des cauaCtères défa-
vantageux aux dixième & onzième fiècles.
Règles particulières fur les dates des bulles.
I. L es bulles ont prefque toujours exactement
marqué la date du jour du mois , quoiqu’elle foit
plus rarement confervée dans les copies des anciennes
lettres des papes.
II. Pendant les cinq à fix premiers fiècles, la
date du jour s’exprimoic par les calendes , les
nones & les ides.
III. Depuis environ la fin du fixième fiècle,
jufques vers celle du onzième, il ne faut pas
avoir pour fufpeCtes des bulles qui fe fervent
Amplement du quantième du mois, au-heu des
calendes , &c.
IV. La répétition du jour du mois à la fin de la
principale des deux formules de dates qu’on em-
ployoit autrefois dans les privilèges, rendroit une
bulle fufpeCte après le commencement du douzième
fiècle, & fauffe après fa révolution.
V. Les brefs poftérieurs à l’an 1450, doivent
être datés du quantième du mois j la date du jour
des calendes, nones & ides, étant déformais ré-
fervée aux bulles.
VI. Une pancarte ou bulle en forme de privilège
n’eft pas fufpeCte, fur-tout dans le moyen-âge
pour avoir été dreffée Sc datée en différens jours.
Y y y