•le 114. 1 toif. cinq ftades feroient 570 4 toîf. »»
« La longueur du fleuve dans la ville , n’au-
roit du être que de 12c ftades nautiques ou 90
grands ftades , s’il avoit coulé en droite ligne ;
mais il y faifoit plufieurs flnuoiités , en forte
qu’il y parcouroit 160 grands ftades félon Dio-
dore , & les quais qui bordoicnt le fleuve de
part & d’autre j étoient prefque aulïi larges que
les murs de la ville. 99 ,
tc Le palais du roi , fi tué dans la partie occidentale
de la ville , avoit 60 ftades de tour. Un
autre palais fitué de l'autre côté du fleuve & dans
la partie prientale de la ville , avoit 30 ftades de
tour,felon le même auteur. Dans l’enceinte de ce
dernier palais 3 étoit le temple de Bélus , qui
avoit 2 ftades en carré , ou 4 ftades carrés félon
Hérodote , & au milieu étoit une tour à ba'fe
cariée, d une ftade fur chaque côté. La hauteur
de cette tour étoit également d’un ftade nautique,
ou de 513 { pieds de Paris. »
« Les jardins fufpendus avo:ent quatre plè-
thres en carré, ou feize aroures de fuperfi.ie
félon Diodore & Strabon 5 ce . qui revient à
1., 924 arpens , ou deux arpens de France moins .
un dixième. Selon Quiote-Curfe , tout- l’aire de
la ville n’étoit pas bâtie 5 car outre que les mai-
fons étoient à une certaine diftance des murs, il
n’y avoit des édifices que dans l’efpace de 90
ftades , & encore les bâtimens ne tenoient point
les uns aux autres , ce que l’on avoit fait à caufe-
du feu. Les habitans labouroient & enfemen-
çoient tout le refte, afin que s’il leur furvenoit
un fiége , ils puffent fe nourrir de ce qui prove-
noit de ce fonds. «
« Il faut donc confidérer ce qu’on appelle
1 aire de Babylone , comme un grand parc fermé
de grands & puiiïans murs flanqués de tours
dans lequel étoient contenues des terres labourables
& une- grande ville. L’aire de la ville ,.
proprement dite , n’étoit que de 90 ftades félon
Quinte-Curfe. Comment faut - il entendre cet
auteur t. 11 ne s’agit pas ici de 90 ftades carrés > .
cet efpace feroit trop petit : il ne sagit pas non
plus d’un efpace carré dont chaque côté auroit
été de 90 ftades ; car il parole que la mefure de-
fauteur, eft le grand ftade afiatique-, & chaque
face des murs n’en contenoit que ce nombre. Il
eft donc queftion ici d’une enceinte de 90 grands-
ftades, qui valent 4 { lieues de' 20 au degré.
Mais cet efpace étoit-il curviligne-, ou avoit-il
une autre figure ? Si 1 enceinte de la ville étoit
curviligne, la forme circulaire donnera la- plus,
grande fuperficie ; la ville aura 644. 6 grands
ftades carrés , ou 6,247 arpens , & ne fera guères
qu’égale à Paris. Toute autre forme curviligne
donnera moins. Mais il eft plus probable que Je
terrein de la ville étoit reéliligne ; alors s’il étoit
carré, tout l’emplacement des édifices avec les
rues , n’étoit que de 1 ~ lieue carrée. Si cet
cir«phçeuient, if étoit point c a r r é& qu’il eut. 1
toute autre forme reétilîgne , il étbît encore
moindre : d’où il faut conclure que le maximum
de la grandeur de Babylone , confidérée comme
un pian_ reétiligne , é toit, félon Quinte-Curce ,,
d’une lieue carrée plus \ \ ,. compris le lit du
fleuve, les palais, les rues, & c . > ce qui revient
à 4,907 arpens de France. Paris dans fes remparts
n’en occupe que 2,343 > ma,'s en comprenant
fes fauxbourgs il en occupe 6 ,iSS : il'
feroit donc d’environ un tiers plus grand que
Babylone, ».
«c Si à préfent on fait attention que toute la
fuperficie du terrein renfermé dans les murs de.
Babylone 3 étoit de 78,^09 arpens, on en conclura
que les terres labourables contenues dans,
l’enceinte de cette ville, fe montorent à 73,602.
arpens, fur quoi pourtant il faut défalquer la
fuperficie des remparts, qui eft d’environ.60 ftad.
nautiques carrés , ou de 3.27 arpens : refte donc
'7 h z75, acpcns que l’on pouvoit labourer. Si ce?
qu Hérodote & Strabon. difenc de la fertilité:
des terres de la BabyIonie eft vrai;, un arpent,
de terre dans ce pays pouvoit produire du bled
pour la fubfiftance annuelle de foixante per-
fonnes : d’où il fuit que dix mille arpens feulement
pouvoient produire du bled fufEfamment"
pour la provifion de. fix cents mille âmes > &
c en eft peut-être plus que Babylone n’en contenoit
, au moins à en juger par un. récit vague;
d’Hérodote. ( Lib. 1:1. cap. clix. ) ce Lorfquei
*» les-Babyloniens eurent pris 1k réfolution de fe-
■» révolter contre Darius , fils d’ Hiftaspes , ils.
99 firent fortir de leur ville toutes les femmes q u f
» avoient eu des enfans , s’en réfèrvant une;
feulement qui;favoit faire, du pain & Bon fit:
» aflembler toutes les autres en un endroit 012
» elles furent étranglées , afin qu’elles ne con-
M fommaflent pas-les vivres dont ils avoient fait
99 provifion. Darius s’étant emparé de 1a- ville
39 parle moyen de Zopire, fit. empaler trois mille
99 hommes des principaux citoyens 5 . mais il per-
M, mit aux autres de demeurer dans la ville , '&
99 voulut qu’ils priflent desfemmes pour en avoir
99 des enfans. Il ordonna donc aux peuples voifinss
99 d’envoyer à Babylone un certain nombre de?
99 femmes } & enfin , on en fit entrer cinquante
99 mille , dont les Babyloniens d’aujourd’hui font
99 dèfcendus;99 II me femble. qu’on, peut inférer
de-là qu’il n’y avoit dans Babylone. que 5 3,000-
hommes adultes : fi donc nous donnons à chaque:
homme deux, femmes , & à chaque femme deux?
enfans, nous trouverons par ce calcul que la
population de Babylone ne. devoir pas pafler
■ 371,000 âmes.99
«c Cette fameufë ville fut prife la première fois-
par Cyrus-, qui la conferya,& l’embellit: s’étant
révoltée fous Darius-, elle fut prife une fécondé
fois par ce prince , qui en fit rafer les murailleSr
& abattre les portes^ Je ne fais ni quand ni
comment fes murs, furent rebâtis mais les h ik s
torîens d’Àlexandre-le-Grand parlent de Babylone
comme d'une ville (ubliitaut encore dans tou.e fa
fplendeur. Benjamin de Tudelle , qui vivoit au
douzième fiècle , rapporte dans fon itinéraire >
qu’on n’y voyoit que quelques ruines, & qu’on
n’ofoit en approcher, à caufe des ferpens &
des feorpions dont elles étoient pleines ; ce qui
eft parfaitement conforme à ce qu'en a écrit
Roirwolf, voyageur Allemand, qui paffa Vers ces
ruines en 1574. Selon Texeira, on n’en trouve
plus aujourd’hui que des traces , & il n’y a pas
dans toute la contrée , de lieu moins fréquenté,
que le terrein qu’elle occupoit autrefois. Il eft
fitué près d’Hella , au fud-oueû de Bagdad , fur
l’Euphrate. 99 ( Métrologie de M . Paufton. )
B a b y l o n e . (Tapis d e ) V o y e ^ T a p i s .
BABYLONICA. V o y e ^ T a p is .
BABYLONIE. « La contrée la plus fertile du
inonde , fuivant le témoignage des anciens, étoit
la Babylonie , & en général les bords de l’Euphrate
& du Tigre : auffi la ville de Babylone
étoit-elle la plus grande & la plus riche qui ait
éxifté. La fécondité de fon territoire étoit la
fource de fa puiffance } on s’en convaincra par
ce qui fuit. Comme toutes les provinces de la
domination du roi de Perfe étoient obligées de
fournir, par des tributs , à toutes les dépenfes de
fa cour & de fes armées , l’empire entier contri-
buoit à cette dépenfe pour huit mois de l'année,
& la feule Babylonie étoit obligée de remplir le
vuide des quatre autres mois ; de forte que ce
petit pays étoit réputé valoir le tiers de l’Afie
entière. Tritechme , fils d’Artabafe , qui en étoit
fatrape, & qui y levoit les tributs pour le ro i,
en tiroit chaque jour un artaba rempli d’argent.
Cette mefure, comme Hérodote en fait la re
marque , étoit plus grande de trois chénices que
le médimne attique, qui en contient quarante-
huit ; de manière qu’en la fuppofant remplie de
pièces d’argent, rondes & mifes en piles les unes
a côté des autres , on trouve par le calcul que
les impofîtio.ns de. ce gouvernement montoient
par an a environ trente-trois millions de notre
monnoie y on peut au moins compter trente
millions , c’efi le fiers des quatre-vingt dix millions
que l’on croit avoir été la totalité des revenus
de. Darius, fils d’Hiftafpes.99
« De plus, la Babylonie nourrifloit pour le ro i,
outre des chevaux de guerre, un haras de huit cents
chevaux mâles & de feize mille cavales, à raifon de
vingt cavales pour un cheval. Elle nourrifloit auflx
pour le r o i, une fi grande multitude de chiens
d’inde , qu’il y avoit quatre villes exemptes de
toutes impofitions, à condition quelles feroient
chargées de leur entretien. Ce pays & toute
l’Aflyrie font rarement arrofés des pluies du ciel.
Les grains que la terre y produit, ne -font rafraîchis
que par les eaux du fleuve ; non qu’il fe
déborde, de lui-même fur les campagnes,, çomme
I le Nil en Egypte j mais l’induftrie des habitans
J s’applique à en diriger les eaux par des fcfïés >
1 des canaux & ç|es rigoles qui coupent 8c divifent
| toutes les plaines. Le plus grand de ces canaux
portoit . navire.} il étoit tourné vers le folftice
d’hiver , .& fe rendoit de l’Euphrate dans le:
Tigre. « -
. « La Babylonie le cède aux autres pays en?
productions d’arbres fruitiers , comme le figuier ,
l’olivier & la vigne} mais par - tou: la terre y
produit d’elle-même des palmiers, qui prefque
tous portent du fruit dont on fait du pain , du
: vin &■ du miel. Ils fe cultivent comme les figuiers.
Les Grecs diftinguent ces arbres, comme plu-
fieurs autres , en mâles &: femelles. On attache?.
: le fruit des mâles à la datte que portent les fe-
' melles} c ’eft parce que'les palmiers mâles con-^
tiennent-dans leur fruit des moucherons, comme
: l e ’figuier fauvage , lefquels entrant dans la datte
du figuier femelle, la font mûrir en la pénétrant :■
autrement elle tombe fans être bonne à manger-
On y voit une plante qui ne croît que fur des-
i épines ; elle a quelque rapport avec le g u i, que'
l’on voit par-tout fe produire fur toutes fortes?
d’arbres, mais la plante dont il s’agit i c i , ne
vient que fur l’épine royale. On la sème vers le1
tems du lever de la canicule 5 & ce qui étonne
c’eft qu’elle germe le jour même qu’ on la sème
i & que bientôt après, fon feuillage occupe tout
celui de l’arbre qui la porte. On en fait ufage
: pour préparer certains vins,. & c eft pour cela?
qu’on la- cultive 99
« Les terres font reftibles dans la Babylonie
& elles produifent chaque année jufqu’à trois
; récoltes , ( Plin. 18. , 17'. ) mais la troifième ne
parvient pas à maturité 5 on la coupe en verd pour'
la nourriture des beftiaux. Hérodote dit que cette-
contrée étoit pour le bled la meilleure & la?
plus féconde que l’on connût de fon tems. La',
terre y rend communément deux cents pour un}
& quand les années font bonnes, & qu’elle fe
furpaffe elle-même par fa fécondité, elle rend
jufqu’à trois- cents pour un. Les feuilles du bled1
& de l’orge y ont quatre doigts de largeur; &
quoque je fâche, dit cet hiftorien , que le milles?
& le féfame y viennent aufli grands que des arbres,,
je m’abftiendrai d’en parler, dans la crainte- que?
ceux qui n’ont pas vu ce pays comme nous, ne
s’imaginent qu’on leur raconte des fables: On n’yf
fair pas ufage d’autre huile que de celle de fé -
j famé. Strabon , ( lib. xv i y p. p i . ) , afture aufli;
que Az Babylonie rend trois cen:s mefures d’orge1
pour une dë femençe. Ce prodigieux produit eft;
fans doute la fomme des deux récoltes mentionnées
par Pline : ce qui fert à le prouver, c ’e ft
qu’il ajoute immédiatement après , que c’eft e»r-
multipliant les moiflons dans les mêmes terres ,-
qu’on fait rendre aux plus mauvaifes, cinquante?
& jufqu’à-1. cent-cinquante pour un , lorfque le?
laboureur-' eft laborieux- & intelligent. Quoi quUJ*