
Lorfqu’on frappoit l’un contre l’autre les creux
des deux mains long-tems & avec peu de force, on
imicoit lfe bruit fourd & continu du bourdonnement
des abeilles : de- là vint que l’on appela
bombus cette manière d’applaudir. Les enfans la
pratiquent encore dans leurs jeux.
Qn applaudiffoit enfin, en frappant dans la
’ paume de la main gauche avec les doigts réunis
de la droite, fans fe fervir de la paume de cette
main. Cette maniéré d’applaudir eft encore en
ulage dans nos affemblées. Elle rend un fon clair,
qui, étant répété en mefure & en cadence, imite
celui que rendent des vafes de terre frappés avec
des bâtons, ou même celui du bâton qui fert à
conduire les orcheftres. C’efl pourquoi on appela
tefias cette manière d’applaudir j ces teft& ou vafes
de terre fervirent long-tems fur les théâtres à
conduire 8c accompagner les danfeurs, avant l’in-
trodu&ioh des joueurs de flûte. On frappoit fur
ces vafes avec un bâton > & "depuis on affimila au
fon qu’ils rendoient, le bruit formé par la dernière
manière d’applaudir.
Le peuple fe levoit pour applaudir dans les
théâtres :
Stantiaque in plaufum tota theatra juvent.'
dit Properce (3. i 6 . ) j 8c il fouffroit de l’ignorance
des gens ae la campagne qui ne connoiffant
pas les règles de l’art d’applaudir, troubloient,
par leurs applaudijfemens non modulés, l’harmonie
générale. Tacite {Annal, xvi. 5-.) parle de
ces applaudijfemens mal-adroits : Cum manibus
nejciis fatifcerent, turbarent gnaros. V^oye^ ACCLAMATIONS.
APPULEIA, famille romaine dont on a des
médailles :
O. en or.
O. en argent.
RR R. en bronze.
Goltzius en a publié quelques médailles, inconnues
depuis lui.
APRONIA, famille romaine dont on a des médailles
:
O. en or.
O. en argent.
C. en bronze.
Goltzius en a publié quelques médailles, inconnues,
depuis lui.
APTERE, en Crète, aittapaiqn 8c aiite-
PAIÛN.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en argent.
RRR. en bronze. ^
O. en or.
Aptère , «w-rtpes, fans ailes. Les Athéniens
donnèrent cette épithète à la Vi&oire, qu’ils re-
prélentoient fans ailes, pour la fixer dans leur
patrie.
A P Y C N I , «■xrvxtot, non épais. Les anciens
appelaient ainfi dans les genres épais, trois des
huit fons fiables de leur fyftême ou diagramme,
lefquels ne touchoient d’aucun côté les intervalles
ferrés 5 favoir, la proflanbanomène, la nete fyn-
néménon 8c la nete hyperboléon. Ils appeloient
auffi apycnos ou non épais, le genre diatonique j
parce que dans les tétracordes de ce genre, la
fomme des deux premiers intervalles étoit plus
grande que le troifième. (J. J. RouJfeau%
AQUA. Les Romains appeloient aqua Appia3
le ruiffeau conduit à Rome par Appius ; aqua Tra-
jana, l’eau amenée par l’aquéduc de T'rajan, &c.
Voye% Aqueducs.
Aq u a d’A c io . ^ Tr .
A q u a T accto. \ AlM0NAQUAGIüM
, biï'pa.yayuo't & viï'faà'ctyla des
Grecs, canaux d’arrofement, différens'des aqué-
ducs.
AQUARÏOLUS, homme adonné à l’impudicité
, félon Feftus, qui vit avec les femmesdé-
bauchées. On lui donnoit par mépris ce nom,
qui exprimoit les fondions les plus viles des
efclaves qui fervoient ces femmes perdues : Qui
aquam meretricibus minijirabant3 quâ fe pojl vene-
rem abluerent.
AQUARIUS. On appeloit de ce nom les inten-
dans des aquéducs, & ceux qui avoient l’infpec-
tion des prifes d’eau établies dans les maifons
des particuliers ou des princes. Une infcriptiôn
nous a confervé le nom d’un de ces officiers de
la maifon d’Augufte :
NYMPH. SANC. SAC.
EPICTETUS •
AQUARIÛS. AUG. N.
AQUATILES diiy les divinités des eaux, des
fontaines, des rivières 8c de la mer. On lifoit à
Corne l’infcription fuivante :
NEPTUNO. ET
DIS. AQÙATILIB.
PRO. SALUT. ET
INOOLUMIT. SIM
QUART, ' SECUNDIN.
AQUATORES, goujats ou valets d’armée,
qui portçient de l’eau dans les camps romains.
AQUEDUCS. On en diftingue de deux fortes
aapparens & de fouterrejns. Les apparens font
conflruits à travers les vallées & les fondrières, 8c compofés de trémeaux 8c d’arcades : tels font
ceux d’Arcueil, de Marly & de Bucq, près Ver-
failles. Les fouterreins dont percés à travers les
montagnes, conduits au-deffous de la fuperficie
de la terre, bâtis de pierre de taille, de moilon,
de brique , 8cc. 8c couverts en-deffus de voûtes ou
de pierres plattes, qu’on appelle dalles. Ces dalles
mettent l’eau à l’abri du foleil & des pluies d’orage
: tels font ceux de Roquencourt, de Bellé-
ville & du pré Saint-Gervais. Ces deux fortes
à*aquéducs ont été connues 8c employées par lès
anciens, & ils les ont réunies fouvent touter les
deux à chaque conduite d’eau.
On diftribue encore les aquéducs en doubles
ou triples, c'eft-à-dire, portés fur deux ou trois
rangs d’arcades : tel eft celui du Pont-du-Gard en
Languedoc, qui eft triple, ainfi que Yaquéduc de
Conllantinople. On peut y ajouter celui que
Procope dit avoir été conftruit par Cofroës, roi
de Perfe, pour la ville de Pétra, en Mingrëlie : il
avoit trois conduits fur une même ligne, les uns
élevés au-deffus des autres.
Les aquéducs de toute efpèce étoient jadis une
des merveilles de Rome. Leur grand nombre, les
fommes immenfes employées à faire venir des
eaux d’endroits éloignés de trente, quarante,
foixante* & même.cent milles, fur des arcades,
ou continuées, ou fuppléées par d’autres travaux,
comme des montagnes coupées 8c des rochers
percés : tout cela doit furprendre. On n’entreprend
rien defemblable aujourd’hui} on n’oferoit
même penfer à acheter fi chèrement la commodité'
publique.
Plufieurs endroits dé la campagne de Rome
offrent .de grands reftes de ces aquéducs, des arcs
continués dans un long, efpaee., au-deffus defquels
étoient les canaux qui portoient l’eau à la ville.
Ces arcs-font quelquefois bas , & quelquefois
d’une grande hauteur, félon les inégalités du terr
rein. Il y en a qui ont deux arcades l’une fur
l’autre i de crainte qüe la trop grande hauteur
d’une feule arcade ne rendît la ftruéture moins
folide. Tous ces aquéducs font communément de
briques fi bien cimentées, que l’on a beaucoup de
peine à les féparer.
Quand l’élévation du terrein étoit très-grande ,
on avofc recours aux aquéducs - fouterreins, qui
portoient les eaux à ceux qu’on avoit élevés fur
terre dans les fonds 8c les pentes des montagnes.
Si l’eau ne pouvoit avoir de la pente qu’en paffant
au travers d’un rocher , on le perçoit à la hauteur
de l’aquéduc fupérièur' : tel eft celui de Vicovaro,.
au-deffus de Tivoli. Le canal qui formoit la fuite
de cet aquéduc, eft taillé dans le roc vif J’efpace
de plus d’un mille, fur environ cinq pieds de haut 8c quatre de large.
Une chofe digne de remarque, c’eft que ces
Aquéducs, qu’on pouvoit conduire en droite ligne
à la ville, n’y parvenoient que par des finuofités
fréquentes. Les uns ont dit qu’ on avoit fuivi ces
obliquités pour éviter les frais d’arcades d’une
hauteur extraordinaire : d’autres, qu’on s’étoit
propofé de rompre la trop grande impétuofité de
l’eau , qui, coulant en ligne, droite par un qfpace
immenfe, auroit toujours augmenté de vîteffe,
endommagé les canaux, & donné une eau peu
nette & mal-faine. Nous leur demandons cependant
pourquoi, y ayant une fi grande pente de la
cafcade deTivoJi à Rome,, les Romains ont pris
l’eau de la même rivière, à vingt milles & davantage
plus'haut: que difons-nous vingt milles? à
plus de trente, en y comprenant les détours d’un
pays plein de montagnes. On répond que la certitude
d’avoir des eaux meilleures & plus pures,
fuffifoit aux Romains pour leur faire croire leurs
travaux néceffaires & leurs dépenfes juftifiées. Si
l’on fait d’ailleurs que l’eau du Tévéroné eft chargée
de parties minérales 8c mal-faines, on fera
fatisfait de cette réponfe.
Si l’on jette les yeux fur la planche 128e du
4e volume de Y Antiquité expliquée, du père de
Montfaucon, on pourra juger des foins avec lefquels
ces immenfes ouvrages étoient conflruits-
Des foupiraux étoient ouverts d’efpace en efpaee,
afin que l’eau fe trouvant arrêtée par quelqu’acci-
dent, pût fe dégorger jufqu’à ce que l’on eût dégagé
fon paffage. Il y avoit encore dans le canal
même dtXaquéduc^ des puits où l’eau fe précipi-
toit, fe repofoit & dépofoit fon limon, 8c des
pifeines où elle s’étendoit 8c fe purifioit.
Voici les variétés qu’offrent dans leur conftruc-
tion quelques aquéducs de Rome. Celui de YAqua-
Màrcia a un arc de feize pieds d’ouverture : fa
maçonnerie eft faite de trois différentes efpèces
, de pierres qui font des laves. Il porte deux canaux
placés l’un au-deffus de l’autre. Le plus élevé com-
auifpit l’eau nouvelle du Tévéroné, Anio novus;
celui de deffous étoit l’eau Claudienne. L’édifice
entier a foixante-dix pieds romains, foixante pieds
fr-ançois environ de nauteut.
Le P. de Montfaucon a donné la coupe d’un
aquéduc à 'trois canaux} le fupérièur conduifoit
l’eau Julia, celui du milieu l’eau Tepala, 8c l’inférieur
l’eau Marcia.
L’arc de Yaquéduc qui apportoit à Rome l’eau
Claudienne, eft bâti de belle pierre de taille} celui
de l’eau Néronienne eft de biique : ils ont l’un
& l’autre foixante 8c douze pieds romains de hauteur,
moins de foixante- deux pieds frnnçois.
On remarque à Y aquéduc de l’eau d’Appius une
forme de canal, qu’il faut obferver foigneufe-
ment. Ce canal n’eft pas uni comme lés autres,
mais il s’élargit du fond en haut par des retraites
ou degrés.
Le conftil Frontin, qui avoit l’infpeélion des
aquéducs fous l’empereur Nerva, a fait un Traité
fur cet objet : il y parle de- neuf aquéducs qui
avoient tre’ze mille cincf cent quatre-vingt-quatorze
tuyaux, d’un pouce de diamètre. Procope,
qui a écrit après lui,'*en compte quatorze, c’eft-
à-dire, quatorze canaux portés par neuf aquéducs.
Vigerus a calculé que Rome recevoit, dans l’efpace
de vingt-quatre heures, cinq mille muids d’eau.
Nous allons décrire ici toutes les eaux qui fe
répandoient dans Rome, & dont il ne fera pas
fait mention à leurs articles refpeélifs. Pendant
quatre-fiècles, les Romains ne burent 8c n’employèrent
que l ’eau du Tibre. Mais l’étendue de
leur ville 8c leur population étant augmentées,
ils s’occupèrent des moyens d’amener dans l’enceinte
de Rome 8c fur fes collines, des eaux