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des bouquets , & des couronnes de fleurs que leur
•jetoient les fpeétatèurs des jeux, parcouroient les
rangs pour folliçiter quelques pièces d’argent.
ATÏPTIKH • c'civiç , & iyuçTiK'.ç vivait, , étOlt le
coup de dés qui fervoit aux devins à déterminer
celui des vers prophétiques écrits fur des tablettes
de cire, par le moyen duquel ils dévoient annoncer
l’avenir.
AH A L A , furnom de, la famille S e r v t l ia .
AHENOBARBUS, barbe rouife, furnom de
la famille D o m i t ia . Pendant la guerre que les
Romains foutinrent contre les Tarquins, L. Do-
mitius revenant de la campagne à Rome ( Suet.
Ner. c.^ i . ) rencontra deux jeunes gens qui lui
ordonnèrent d’aller apprendre au fénat & au peuple
une viétoire fur laquelle on avoit des doutes. Pour
lui fournir une preuve de la vérité de fon récit,
ils lui frottèrent les joues jufqu’à ce que fa barbe,
âui étoit noire, devint roulfe. Sa famille & fes
sfcendans tinrent à grand honneur le furnom
qui exprimoit ce prétendu prodige.
AHORES. Les anciens donnoient ce nom aux
enfans qui etoient morts, & n’étoient pas reçus
dans les enfers, parce qu’ils n’avoient pas rempli
le terme de leur vie. Ils croyoient que ces akores
etoient avec les biotkanates ( ceux qui avoient cejfé
de vivre par une mort violente) arrêtés à la porte
des enfers, jufqu’ à ce que le tems qu’ils auroient
dû vivre fut entièrement écoulé. Les akores pre-
noient ce nom des ténèbres, ùopla, dans lefquelles
iis reftoient plongés.
AJANTIES. V. Ajaxties.
A JA X , fils d’O ïlé e , roi des Locriens, étoit
d Opunte. Il équipa quarante vaifïeaux pour le
fiege de Troye : entre tous les Grecs, il n’y en
avoit point, dit Homère, qui fe ferv'it mieux de
la lance, jufques-là qu’on lui donnoittrois mains.
On vouloit exprimer par-là qu’il étoit li agile, &
remuoit les mains avec tant de dextérité, qu’il
paroiffoit en avoir trois. C’étoit un prince brave
& intrépide, mais fier & brutal. La nuit de la
prife de Troye, ayant rencontré Calfandre dans le
temple de Minerve, où elle avoit cru trouver
un afyle, il lui fit violence j injure qui révolta
contre lui les hommes & les dieux. Ulyffe vouloit
qu’on le lapidât, & véritablement on l’auroit fait,
s’il n’a voit offert de fe purger par ferment.
II difoit pour fa juftification, qu’ il avoit à la
vérité arraché cette princeffe du fimulacre de la
déefTe, & l’avoit enlevée du temple, mais il foute-
noitqu’il ne l*a voit point violée, & qu’Agamemnon
avoit fait répandre ce mauvais bruit, afin de pouvoir
garder Calfandre , dont il s’étoit faifi ; & que
lu i , Ajax , réclamoit comme premier occupant.
Quoi qu’il en foit, Minerve, pour venger la profanation
de fon temple , obtint de Jupiter qu'il lui
laiffàt, pour quelque tems, la difpofition de fes
foudres, & de Neptune qu’ il lui prêtât fes orages.
La tempête fut horrible ; Minerve Iançoit la foudre
à tous momens, & elle mit le vaiffeau dCAjax en.
A J A
pièces : toute fa flotte fut fubmergée : cet homme
mtréjpide ne laiffa pas de fe fauver fur les rochers
Gyreens , & d’infulter les dieux, difant qu’il
s’etoit faqvé malgré eux , & par fes propres
forces.
Il fallut, pour réduire cet impie, fécrafer fous
un rocher. Neptune, qui entendit fes blafphèmes,
prit fon redoutable trident, & en frappa la roche
fur laquelle Ajax étoit aflis. La moitié de la roche
demeura ferme fur fes fondemens j l’autre moitié
fe détachant comme une montagne, tomba daps
la mer, & le précipita avec elle dans fes abymes.
Virgile donne cependant à Minerve toute la gloire
de cette mort. Elle le perça, dit-il, d’un coup
de foudre 5 & lorfqu’il fut près d’expirer, elle
l’enleva dans un tourbillon, & le fit tomber fur la
pointe d’un rocher , où il relia attaché.
O11 dit qu’il avoit tellement apprivoifé un fer-
pent long de quinze pieds, qu’il le fuivoit comme
un chien : il le faifoit manger à fa table.
Minerve ne fut pas contente de la vengeance
qu’elle avoit exercée fur Ajax3 elle la continua
pendant plufieurs fiècles. Peu de rems après la
mort de ce héros , la pelle ravagea fon royaume.
L oracle confulté répondit que , pour appaifer ce
fléau, il falloir 3 chaque année, envoyer pendant
mille ans , deux filles locriehnes, tirées au fort,
pour fervir la déelfe dans fon temple de Troye}
ce qui fut exécuté, Elles étoient obligées de fe
déguifer, & d’arriver au temple la nuit, & par
des chemins détournés, pour éviter d’être rencontrées
par les Troyens. Dès qu’ ils favoient que
ces malheureufes victimes étoient en route, ils
cherchoient à les furprendre, les maffacroient, &
après les avoir brulees, en jetoient les cendres à
la mer : & il falloit que les Locriens en fubftituaffent
d autres à la place de celles qu’on avoit ainfi fait
périr. Celles qui échappoient, étoient occupées
dans le temple aux miniilères les plus vils & les
plus pénibles : on leur rafoit la tête, on les habil-
loit d’une méchante robe, & elles avoient toujours
les pieds nuds. Après un grand nombre
d’années, les Locriens crurent que les tems fixés
par l’oracle étoient accomplis, & celïetent d’envoyer
des filles. La famine qui les défola, leur
fit reprendre cette coutume q u i, au rapport de
Plutarque, n’avoit pas ceflfé fort long-tems ayant
lui. V. Ca s san d r e .
Les Locriens avoient une fi haute opinion de la
valeur à3 Ajax ,q u e , même après fa mort, ils laif-
foient dans leur ordre de bataille une place vuide,
comme fi ce prince devoit la remplir. Dans un
combat qu’ils livrèrent auxCrotoniates, Autoléon,
chef de ceux-ci, voyant dans l’armée ennemie un
endroit dégarni, voulut l’attaquer par-là ; mais il
fut bleffé par un fpeétre, & comme la plaie ne gué-
riffoit point, l’oracle dit que le feul remède étoit
d appaifer les mânes d3Ajax. Autoléon alla pour cet
effet dans l’ifle de Leucé, où il vit l’ombre de ce
héros, l’appaifa. & fut aufia-tôt guéri.
A J A TOI
Cet Aia* étoit repréfepté jeune i on le voit
.ravivant un rocher & bravant Minerve , fur une
pâte antique du baron de Stofch.
croit le reconnoître fur les médaillés d eh o c ie s ,
fa patrie, dans la peifonne dun héros nu, cal
que , armé dun bouclier & dune epee, dans
f attitude de combattre. Les monumens ou cet
ell repréfenté font infiniment rares, Be les
artifles l'ont auffi négligé que les poètes anciens,
auxquels il n'a jamais fervi de fujet de tragédie.-
A jAX , connu fous le nom à.'Ajax Telamonten ,
avoit pour père Télamon, fils d Æacus Sc d n-
déïs, & pour mère Pélibée , fille dAlcathous,
fils de Pélops &• roi de Mégare. ün feul auteur,
Darès le Phrygien, a dit qu Hefione , nlle de
Laomédon, étoit mère d ’ A j a x ; mais tous l^s
autres auteurs lui donnent pour mere Pelibce, &
donnent à Héfione, Teücer pour fils. V. P èl ie e e ,
T e l am o n . Après Achille, A j a x fut un des plus
vaillans capitaines qui allèrent au fiege de Troy e}
il avoit dans le caractère beaucoup de reffemblancc
avec Achille. Il étoit comme lui colère, impatient,
invulnérable par-tout le corps, hors un en-,
droit. • I
Hercule , ami de Télamon , le voyant afflige
de n’avoir point d’enfans , pria Jupiter de lui
donner un garçon, dont la peau fût^ aufli dure
que celle du lion de Némée, & qui eût autant de
courage que ce lion. Aufli-tôt un aigle parut, &
Hercule le prit pour un bon augure} il promit a
Télamon un fils tel qu’il venoit de le demander,
& ordonna qu’il fût nommé A ja x , du mot grec
qui lignifie aigle. Après la naiffance de 1 enfant,
il le prit tout nu & l’enveloppa de la peau du
lion de Némée, qui rendit Ajax invulnérable partout,
excepté l’endroit qui fe trouva fous le trou
de cettè peau, où Hercule portoit fon carquois }
on n’eft point d’accord fur le nom du nsFeiîibre
qui ne put être rendu invulnérable.
Une partie dominante de fon caractère étoit
l’impiété. Quand il partit pour Troy e, fon père
lui recommanda de joindre toujours à la force
de fon courage l’affiftance des dieux : Ajax répondit
que les lâches même étoient fouvent victorieux
avec une telle affiftance} mais que pour lui
x il s’en pafferoit, & qu’il étoit affuré de vaincre
fans elle. Minerve voulut un jour lui donner des
avis} il répondit fièrement qu’elle devoit les garder
pour les autres grecs, fans fe,mettre en peine de
fon pofte,, dont il rendrait bon. compte ; une
autrefois cette déeffe s’offrit à conduire le char
à3Ajax dans la mêlée} il le refufa, & fit même
effacer de fon bouclier la chouette qu’on y avoit
peinte. Il craignit que cette peinture ne fût prife
pour un aCte de foumiflion envers Minerve, &
pour une défiance de fes propres forces. Se préparant
à combattre contre HeCIor-, il exige que
les autres prient Jupiter, mais tout bas, de peur
que les Troyens ne l’entendent , ou même tout
haut} car, ajouta-t-il, je ne crainsperfbnne.
A J A
Arrivé devant T ro y e , il occupa long-tems la
renommée du bruit de fes exploits. Il combattit
plufieurs fois contre HeCIor fans être vaincu}. il
repouffa les Troyens, foutenus par Jupiter même,
qui vouloient mettre le feu à la flotte des Grecs.
On raconte les caufes & les circonftances de fa
mort de différentes manières. Selon les uns , il
prétendit qu’on lui devoit adjuger le palladium
enlevé de la citadelle de T roy e, & que les ûhefs
de l’armée l’ayant adjugé à Ulyffe, ion concurrent,
il menaça dans fa colère de tuer ceux qui
lui avoient fait cette injuftice ; mais que le lendemain
on le trouva dans fa tente mort & percé de
coups d’épée. Ulyffe, foupçonné de cet homicide,
prit la fuite promptement. D’autres difent que la
nuit fépafa les juges , avant qu’il y eût rien de
décidé, & que cette même nuit "Ajax fut trouvé
mort.
Selon quelques ' autres, dans fon combat avec
Pâris, qu’il tua , il reçut une bleffure dont il
mourut. Suivant une autre tradition, les Troyens,
avertis par un oracle que le fer ne pouvoit déchirer
fa peau , & que fi l’on vouloit le tuer,
il falloit l’accabler de terre, le firent périr de cette
façon. Mais l’opinion la plus commune eft qu’il
périt à l’occafion de fa querelle avec Ulyffe, pour
les armes & Achille, auxquelles ces deux héros
afpiroient après fa mort. Chacun plaida fa caufe
devant les chefs de l’armée, & l’éloquence d’Ulyffe
triompha. A ja x , furieux de cette préférence, fe
jeta fur un troupeau qu’il maffacra, s’imaginant
que c étoient Agamemnon, Ménélas & les autres
chefs qui l’avoient condamné.
Revenu à lui„ & confus., moins de fes excès
que de voir fa vengeance manquée & tournée
en ridicule, il fe donna la mort. C’eft le fujet de
la tragédie de Sophocle, qui a pour titre : Ajax
porte-fouet ; parce que le poëte repréfente Ajax
un fouet à la main, occupé à frapper le belier
qu’il avoit pris pour Ulyffe. Ovide ajoute, que
de fon fang naquit une fleur nommée hyacinthe ,
fur laquelle on croit voir les deux premières lettres
de fon nom, AJ.
Si l’on en croit quelques auteurs, Ajax ne devint
furieux que par un excès d’amour-propre ;
car on avoit pris toutes les mefures poffibîes pour
adjuger les armes d’Achille au mérite, qui, dans
cette contellatiom, devoit être préféré. Agamemnon
, embarraffé d’un démêlé qui pouvoit avoir
des fuites fâcheufes, avoit fait appeler au confeil
les prifonniers troyens, pour leur demander lequel
des deux, à3Ajax ou d’Ulyffe, avoit fait le plus de
mal- aux- ennemis, & ils répondirent que c’étoit
le dernier. Ce général envoya auffi des efpions,
pour apprendre ce que les Troyens eux-mêmes
[ penfoient de la valeur de ces deux capitaines, &
fur leur rapport, il adjugea les armes d’Achille à
Ulyffe.
Ajax fut enterré, les uns difent près du promontoire
de Sigée, d’autres fur le promontoire