
un modèle suffi précieux pour la diftributibu de
fes antiquités !‘
Lorfque Ja diftribution des fall.es empêchera de
fe conformer avec précifion à l’ordre que nous
venons d’indiquer , on pourra du moins expofer
dans la principale un tableau qui offrira aux
fpeélateurs & qui leur donnera les points de
ralliement«
CABIRA, dansle Pont cappadocien. k a bh pg n .
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR. en bronze*
O. en or.
O. en argent.
Son type efl l’Egide.
CABIRE A fille de Protée I fut aimée de Vul-
cain , qui la rendit mère des Cabires & des
nymphes Cabirides , félon Strabon ( lib. io . )
CABIRES. Les dieux cabires étoient originairement
Syriens ou Phéniciens 5 & tout ce qu’on
fait de leur origine & de leurs avions * fe réduit
au peu qui en efl dit dans le fragment de Sanchoniathon,
rapporté par Eusèbe 5 favoir, « que
« les Diofcures, appelés Cabires , Corybantes &
» Samotfvaces 3 avoient été engendrés par Sydyk
7». ( Sydyk étoit Jupiter fuivant Bochart, & Noé-
» fuivant quelques autres ) ? qu’ils trouvèrent les
» premiers l’art de bâtir des navires , & que du
•o tems de Crono ( Cronos efl le Saturne de la
P» fable ) , leurs dèfcendans naviguant fur la mer
*> avec des radeaux & des vaiffeaux qu’ils avoient
çonflruits , échouèrent fous le mont Cafius ,
>» où ils confacrèrent un temple. Dans un autre
» endroit il efl rapporté que Cronos donna la
* ville de Béryte à Neptune fe aux Cabires. «
II y a tout lieu de juger qu’ils furent déifiés
jenfuite par les Phéniciens , comme l ’ont été
prefque tous les hommes qui dans les premiers
tems s’étoient diftingués , foit par de grandes ac-^
tions, foit par l’invention des arts utiles au genre
humain ? & l'on conçoit aifément que les navigateurs
qui pafsèrent les premiers de Phénicie
en Grèce , y introduifirent le culte qu’ils ren-
doient fans doute aux Cabires 3 comme auteurs
de la navigation.
* Leur culte fut établi premièrement dans fille
de Samothrace , où vraifemblablement ces navigateurs
Péniciens abordèrent avant que de paffer
dans le continent. Mais quoiqu’on ne fâche
point en quoi ce culte confiftoit prîmordialement,
il y a toute apparence que les Grecs ., qui ne
vouloient rien devoir-aux étrangers 3 y firent des
çhangemens & y ajoutèrent les myftères dont les
hilloriens font fouvent mention. En recevant le
culte des Cabires '3 ils en usèrent à leur égard
comme ils firent à-l’égayd de prefque tous les
dieux qui leur étoient venus de Phénicie ou
d’Egypte. Us affectèrent de fe les rendre propres,
foit en changeant leurs noms , foit en déguifant
feur origine. Ils leur forgèrent, poi^r cet effet
des généalogies differentes , par lefquelles i*
paroilïoit qu’ils étoient nés chez eux. De tous,
les dieux qu’ils adoptèrent de cette façon, il
n’y en a point à qui ils ayent donné autant de
pères fe de mères, ni autant de noms différens s
qu’ils en ont donné aux Cabires, Suivant quelques
uns des auteurs qui ont fait mention de ces
dieux 3 ils étoient fils de Jupiter fe de Calliope.
On les fait auffi fils de Jupiter & d’Eledtre , &
encore fils de Jupiter & de Léda, D’ autres mettent
Jupiter lui-même & Bacchus au nombre des
Cabires 3 & d’autres.les difent fils du Soleil &
de Minerve, D’autres encore leur donnent pour
mère la Nymphe Cabira , fille de Prothée ; &
pour père, Vulçain ; & l’on croit que c’eft un
de leurs fils qui efl repréfenté fur des médailles
de Theffalonique, avec le nom de cabeipoc : il
y tient d’une main un marteau , de même que
Yulcain efl repréfenté fur lesmonumens anciens,
& il efl habillé comme lui avec un bonnet fur
la tête. Le culte de Vulcain & de fes fils étoit
établi pareillement en Egypte 3 dans les ifles de
Lemnos , d’Imbros, & ailleurs 3 où ils étoient
honoré? fous- le nom de Cabires , pour avoir
trouvé le fer & l’art dé le travailler. .
Quelques auteurs prétendoient que le nom
générique de Cabires , provenoit de celui de la
Nymphe Cabira ; fe d’autres , du mont Cabirus 3
qui étoit en Phrygie. On le faifoit auffi dériver
du mot cabar ou çabir, qui en hébreu & en
phénicien ügmiit grand, , fort 3 puiffant; d ou les
Cabires furent appelés grands dieux , dii magni.
Quant aux nom's particuliers que les Grecs leur
avoient donnés , ceux dont il ell le plus fouvent
fait mention , font Caftor & Pollux , fils de Jupiter
& de Léda. On en homme deux autres,
Jajiàn fe Bardanus, fils de Jupiter & d Electre
? deux autres encore, Alcoft & Eurimédon,
fils de Yulcain & de Cabira, auxquels on donne
aufïi pour fils Camillus ou Cadmillus, c’ eft - a--
diré 3 Mercure. Suivant Cicéron , trois autres appelés
Tritopatreusa Eubuleus & Dionyftus3 etoient
fils de Jupjter & de Proferpine. Mriaféas (auteur
Phénicien, q u i, fuivant Joféph , avoit écrit en
fh langue l’hiftoire de Phénicie ) , en a auffi rapporté
trois} favoir, Axiéros, Axioçkerfa & Axio-*
çherfo.s. Suivant Dionyftodore , Axiéros efl
Cérès5 Axiocherfà, Proferpine? fe Axiocherfos,
Pluton ; mais fuivant Fourmont (dans fes Ré-f
flexions critiques fur les anciens peuples), Axiéros
eft Jupiter? Axiocherfos,, Pluton ? & Axiocherfà,
Proferpine ; ce qu’il prétend montrer par l’expli-?
cation qu’il donne de ces trois noms en hébreu
ou en phénicien,
Il eft dit dans le fragment de Sanchoniathon ,
que les Cabires, fils de Sydyk , étoient au nombre
de fept. Il y avoit eu en Béotie une ville dont
Iss habitans portoient auffi le nom de Cabires»
Un d’eux, appelé Prométhée -, ayant reçu Ceres
chez lui 3 cette déeffê. lui laiffa f e à fon fils Etneus,
C A B
un dépôt qui fervit de fondement aux myflères
des Cabires. Paufanias qui raconte ceci ., y ajoute
des particularités qui font juger que ces hommes,
appelés Cabires 3 étoient miniftres des dieux dont
ils avoient pris le nom? & qu’ainfi les miniftres
des Cabires étoient appelés Cabires comme eux.
Strabon dit la même chofe à-peu-près. Ce n’eft
pas tout : plusieurs des anciens auteurs ont confondu
les Cabires avec les Curètes , les Corybantes
, les Daélyles Idéens, les Telchiniens ,
& même avec les dieux pénates. Us prétendoient
que les uns& les autres étoient les mêmes divinités.
U ne règne pas moins de confiifion dans ce
qui concerne les myflères de ces dieux. Tout ce
qui les regardoit étoit myftique, jufqu à-leurs
noms , fuivant Strabon. Hérodote rapporte qu’ils
avoient un temple en Egypte, où les prêtres feuls
avoient la permiffion d’entrer ? Paufanias dit que
leurs myflères n’étoient connus que de ceux qui
y étoient initiés , fe qu’on ne pouvoit les divulguer
fans s’expofer aux plus grands malheurs. 11
en cite des exemples qu’il eft inutile de rapporter.
Suivant cet auteur, les myflères de Céres-Cabi-
ria en Béotie , étoient les mêmes que ceux des
Cabires en Samothrace. Si les initiés pbfetvoient
avec tant de foin de n’en point parler, c’étoit
fans doute moins par la crainte d’en être punis ,
que parce que ces myflères étoient infâmes , félon
le récit qu’en fait Clément d’Alexandrie ,
en parlant du culte des Cabires chez les Etruf-
que's.
Comment Caftor fe Pollux, qui étoient des
dieux grecs , ' ont-ils pu être appelé» dieux Cabires
Syriens fur quelques médailles grecques de
Marc-Aurèle & de Lucius-Yérus ? Si l’on trou-
voit dans ce qui nous relie d’écrits, & de monu-
mens anciens, quelque indice qui pût.faire juger
que les Phéniciens euffent repréfenté les
dieux Cabires3 ' fils de Sydyk, ou leurs defeen-
dans , à-peu-près comme le font ceux auxquels
lès Grecs ont donné le nom de Caftor & Pollux
; ces médailles ne cauferoient aucune difficulté.
On feroit fondé à croire que les Grecs,
efi recevant des Phéniciens le culte de leurs dieux
Cabires, les auroient fait repréfenter de la même
façon, en leur donnant feulement, pour fe les
approprier, des noms Grecs , & pour peres des
dieux originaires de leur pays. Mais le fragment
de Sanchoniathon , qui eft le feul monument de la
haute antiquité où il foit fait mention des
Cabires, ne contient rien qui puifïe faire juger
de là figure fous laquelle les Phéniciens pou-
voient les avoir repréfentés avant leur première
navigation en Grèce? & puifque dans les tems
fuivans ils les ont fait repréfenter fur leurs mon-
noiesà à la manière des Grecs, il y a lieu de
préfumer qu’après leur avoir porté le culte de
ees dieux, ils ont enfuite emprunté d’eux la figure
& les fymboles que les Grecs leur avoient
attribués, fans cependant recounoître d5autres
C A B 5ji
dieux Cabires que ceux qui étoient' Syriens ou
Phéniciens d’origine.
Cette préemption ne paroîtra pas fans fondement,
fi l’on fait atrention à l’opinion qu’ils
dévoient avoir reçue de Caftor & Pollux, par la
célébrité qu’ils avoient acquife comme dieux
auteurs fe protecteurs de la navigation, & par
le culte que leur rendoient non - feulement les
navigateurs, mais auffi les habitans des lieux maritimes.
Ils n’ignoroîent pas fans doute les attributs
qui leur étoient donnés. On les avoit mis aii
nombre des aftres, & leurs' conftellations fervoient
à diriger la route des navires : elles étoient appelées
étoiles fa lu taire s. On ne faifoit point de
voyàge par mer , fans les invoquer auparavant.
Quand on fe trouvoit en danger, on formoit
des voeux en leur adreffant de nouvelles prières >
& l’on fe croyoit hors de péril, lorfqu’une ^de
ces étoiles venoit à paroître. C’eft dc-là qu’ils
étoient repréfentés ordinairement fur les médailles
, chacun avec une étoile au-deffus de la
tête. Ils étoient auffi repréfentés fur les navires
par de petites figures qu’on attachoit à la proue
ou à la poupe, &. alors ils étoient mis au rang
des dieux pateeques ,• mais de ce bas- rang ou ils
étoient placés en ces oceafîons, on les élèvoit
en d’autres au plus haut ? c’eft - à - dire , à
celui des grands dieux. C’eft ainfi qu’ils étoient
appelés, fuivant plufîeurs auteurs dont le témoignage
, à cet égard, eft confirmé par des
inferiptions latines & grecques. On trouve c a s -
t o r i et polluci dus magnis dans les unes,
& ©Eî2N m etaA£2N AïosKYP&N dans les autres.
Le nom de Diofcures eft celui qu’on leur don-
noit le plus communément ? de forte qu’il leur
étoit devenu propre, comme s’ils avoient été feuls
fils de Jupiter.
Tous ces attributs, qui leur étoient donnés
par les Grecs , s’accordoient avec les idées que
les Phéniciens avoient de leurs Cabires , qui ,
fuivant Sanchoniathon, avoient trouvé l’art de
conftruire des vaiffeaux , & navigué les premiers
à la mer? & en admettant que dans les
anciens tems ils n’ayoient repréfenté ces dieux
fous aucune image , comme oh peut le penfer ,
il ne paroîtra pas extraordinaire qu’ils ayent adopté
la figure qui étoit donnée aux Diofcures par les
Grecs. Mais pour ne pafs laiffer croire qu’ils les
reconnoiffoient & honoroient comme dieux originaires
des Grecs, ils eurent foin de marquer
fur plufîeurs de leurs monnoies, que c’étoient
leurs dieux Cabires-Syriens qui y étoient repréfentés.
Telles font les médailles citées plus haut.
Ce font les feules que l’on connoiffe, où il foit
fait mention des Cabires - Syriens. On ne peut
douter que ce ne foit auffi comme tels que Caftor
fe Pollux font repréfentés fur plufîeurs autres
médailles phéniciennes, qui, avec ce type, contiennent
feulement le nom des villes qui le-s ont
fait\fhpper.