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Provence. Plaute parle Couvent du pétafi des
voyageurs. Voyei PÉTASE.
C’eft le pilcus ou pileolus dont il eft fait mention
le plus fouvent dans les écrits des Romains j
c'étoitlui qui étoit l'objet des voeux que formoient
les efçlaves, parce qu’il étoit le ligne de leur
affranchHTement & le fymbole de la liberté. On
voit fur les médailles de Brunis,l’affaflin deCéfar,
le pilcus placé entre deux poignards. Ce bonnet
eft rond, fans bords d’aucune efpèce, & il ref-
femble allez à la moitié d’un globe. Il n’eft terminé
ni par un bouton, ni par une pointe*, caractère
qui le diftingue du bonnet des Diofcures 8c
du bonnet phrygien. "Ceux d’Ulyffe & de Vulcain
ont beaucoup d’analogie avec lui 5 & fur des rao-
numens dont le travail ne feroir pas terminé avec
foin , on pourroit les confondre. A la mort de
Néron, les Romains parurent dans les rues avec
le pileus, comme s’ ils eu fient été affranchis de la
fervitude par cette mort. (Xiphil. 63).
Les malades & les vieillards couvroient aufïi
leur tête avec le pileus. Ovide confeillant à l’amant
qu’il inftruit {de Art. Arnaud. 1. 733.) de feindre
une incommodité, une langueur ou- une maladie,
lui recommande de couvrir du pileus fes blonds
pheveux, afin que l’on croye fon mal réel :
Arguât & maçies anifnum : nec turpe putaris
Pileolum ni ci dis impofuijfe fiomis. ■
Varron dit dans un fragment ( de V it a Pop.
Rom. 1.) que les jeunes Romains avoient la tête
nue & les cheveux, frifés : Minores natu capite
aperto erant , capillo pexo. Les vieillards .couvroient
donc la leur avec le pileus ou avec le birrus,
bonnet pointu. Nicéphore Grégoras ( 10. extrj)
raconte que fous le régné de l’empereur Andronic,
les jeunes gens avoient pris I’ufage des vieillards,
& qtr’ilsfe couvroient par-tout comme eux.de longs
bonnets pointus, birri, dans le palais même de
l’empereur , a la ville 8c dans les champs.
Nous voyons dans Athénée (6 . p. 2.74.) que les
Romains portoient dans les repas des bonnets faits
de peaux de brebis, garnis de laine. Lipfe {de
Amphith. c. 19 & 20.) dit avoir vu à Padoue un
marbre antique, fur lequel étoîent fculptés des
convives couchés autour d’une table, les uns
avec la tête nue, & les autres ^ouverts d’une
efpèce de pileus, fi plat que l’on pouvoir le confondre
avec des bandelettes ou avec un bandeau*
Cet ufage explique le vers fuivant d’Horace iepifi,
1. 5. i f . ) ;
Ut eum pileolo fo l eus conmva tribulis.
On fe couvroit encore la tête à Rome dans les
théâtres & les amphithéâtres, ou l’on étoit expofé
aux injures de l’air, lorfque l'éditeur des jeux ne
falloir pas la dépenfe des tapis ou voiles, qui les
couvroient quelquefois, ou lorfque la force du
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vent en empêchoit l’ufage. Martial eft ici notre
garant {x ir , 29.) : ■
In Pompejano teStus fpeftabo tkeatro ,*
Nam populo ventus vêla negare folet.
Il paroît d’après deux paffages de Martial 8c de
Stace, quë le pileus des Romains étoit fait de
feutre ou de laine foulée, de même que leurs
lacemes: S’il eût été fabriqué d’un fimple drap, il
n’auroit pu les garantir de la pluie & de l’humidité.
Les'-vers. de Stace annoncent qu’il étoit de plu-
fieurs pièces liées par des coutures. Les voici
{Sylv. iv. 9 . 2 y .):
Ufque adeb ne defuerunt
C&fis pilea futa de' lacerais ?
Martial a dit aufïi {xiv. 132.):
Si pojfem , totas cuperem mifijfe Idcernas i
N une tantum capiti munera mitto tuo.
Le pileus pannonicus étoit en ufage parmi les
foldâts ; d’où lui vint-le furnom militaris. C’étoit
un bonnet fait de,peaux, peut-être de peaux d'agneau,
comme ceux dont parle Feftus, & qu’il
appelle pefeia. Vegèce dit qu’on obligeoit les fol-
dats de s’en couvrir toujours la tête 5 de peur que
s’ils étoient habitués à marcher tête nue, le cafque
ne leur parût trop lourd dans les batailles ( 1.. 20.) :
Ufque ad prsfentem propé Atatem confuetudo per ■
manfit, ut omnes milites pileis , quos pannonicos
vocabant, ex pellibus uterentur : quod propterea
fervabatur, ne gravis gale a videretur in preelio ho-
mini qui gefi abat aliquid femper in capite.
Le pileus Tkejfilicus avoit de larges bords, &
reffembloit au Pé t a se . Voye% ce mot.
Quant aux femmes grecques & romaines, elles
avoient ordinairement la tête nue? quelquefois
aufïi elles fe fervoient, comme les hommes, de
leur manteau, foit pour £e la couvrir entièrement,
foit uniquement pour fe voiler le vifage. C’eft
ainfi que. Yalérius Flaccus nous peint Junoa
.{Argon. I, 1, 1/..132.};
I l la fedet de je ftp. in lumina pallâ.
Le voile étoit par fois une pièce d’étoffe particulière,
8c détachée du refte de l’habillement. Voyeç
Voile.
Les femmes âgées portoient une efpèce de
bonnet,- dont la ftatue d’Hécübe qui eft dans le
muféum du capitole, & que l’on appelle mal-à-
propos une Pr&fica , pleureufe des funérailles,
peut nous' donner une idée.
Hécube le porte aufïi fur un bas-relief de la
villa Borghèfe, repréfentant l’arrivée des Amazones
au fecoursde Pr'iam. La vieille gouvernante
des filles'de Niobé eft'coëffée avec ce même bonnet
fur un autre bas-relief de la même villa, qui
repréfente
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îctfréfentel la mort des, enfans de - ,cette' mère
oveueilleufe. On peut le voir encore fur la tete
d'une vieille femme qui fe détourne pour ne pas
être témoin du meurtre de Pria™ ou d'Agamemnon.
qui eft fculpté fur. un bas-relief du palais Barberini.
Ces trois marbres font gravés dans les Monumenti
• inediti. • 1 i ..
Ce bonnet n étoit cependant pas un attribut
'excUifif.de la vieiïléffe } car on le voit à une jeune
bacchante fculptéë fur un bafïin de marbre que
Winkelmann fe propofoit de publier dans le troir
fièrne volume de fes Monumens d'antiquité. Nous -
trouvons encore ce bonnet fur un jeune 8c beau
mafque tragique du palais .Albani, fur un pareil
du palais Lancellotti, & fur la têtè de la. nymphe
QEnone, la première maitreffe de Paris ', qui eft
placée fur un bas-relief de la villa Ludovîfi.
Lorfque les femmes alloient en voyage , _ ou
qu’elles étoient expofées au foleil, elles portoient
le pileus thejfalicus , le chapeau theffalien, fem-
blable aux chapeaux de paille des femmes de Tof-
cane & de Provence. Ces chapeaux avoient tres-
peu de fond, 8c ils étoient ordinairement blancs,
ainfî que nous les voyons fur plufieurs va fes peints
{Dempfi. Etrur. tab. 32 ). Sophocle (G£d.^ Colon.
306:) donne un de ces chapeaux à Ifmène , la
plus jeune des .filles d’OEdipe, lorfqu’elle fe fauve
d’Athènes pour rejoindre fon malheureux' père.
Sur un vafe qui appartenoit au célèbre peintre
Mengs, une amazone à cheval combattant co'ntre
deux guerriers, portoit un femblable chapeau rejeté
fur les épaules. Pallas eft coëffée avec ce chapeau
fur un grand vafe de marbre de la villa
Albani (.Monumenti inediti, n°. 6 où elle paroît
en chaffereffe, ainfi qu’elle eft repréfentee
-dans un hymne de Callimaque (Ballad. v. 9 1 .) ,
dans la Thébaïde (/. 2. v. 243.) , & dans Ariftide
{Orat. Minor. p. lf ') .
On fait que les prêtreffes de Cÿbèle avoient
pour attribut un chapeau. {Tertull. de P'allia, c. 4.
■ p. 25). • : .
Ce qui paraît enfin n’ être qu’ une corbeille fur
la tête des Caryatides, pourroit bien avoir été un
bonnet ou line coefifure de certains pays Grecs.}
car les Egyptiennes portoient encore fur leur tête.,
■ dans le fiècle dernier, une femblable parure. {Belon3
Obferv. I. 2. c. 35 ). ’ 1 : J •
Pour ce qui eft des enfans & des efçlaves,
les monumens repréfentent ordinairement les premiers
avec la tête nue. Quant aux féconds, il y a
lieu de croire d’après quelques bronzes antiques
publiés parle comte de Ga y l u s& d’après une
-des. peintures d’Herculanum , repréfentant une
-place publique, où l’on voit un homme vêtu
d'une tunique courte , fans toge ni manteau,
coëffé avec un bonnet plat & rond, que les efçlaves
fe couvroient dans les maifons & dans les champs,
mais qu’ils paroifloient toujours avec la tête nue
devant les magiftfats, & «dans les çéfémQnies publiques
r
Antiquités t Tome I ,
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BONNET phrygien ou C o r n O. Ce bonnet y que
portent; ordinairement Paris 8c les froyens, etoit
conique, 8c avoit la pointe repliée en avant fur
le fommet de la tête. Les bonnets de lame rouge
ou bleue qui font en ufage en France parmi les
citoyens de la dernière claffe, font faits exactement
comme le bonnet phrygien, 8c leur pointe fe
replie quelquefois en avant fur le fommet de la
tête, comme la fienne. Au refte, le bonnet phrygien
n’étoit pas garni de pendans ou de joues,
pour l’ordinaire. : •
cc Le bufte que pr-éfente la planche trente-unieme
du volume n i ‘des Recueils d antiquités » eft du
plus beau travail grec, 8c du caractère ie plus in-
térelTant. Le bonnet ou corno qu il porte, mérite
d’autant plus que l’on en conferveja difpofîtion ,
que je ne me fouviens point, dit le comte d»
Caylus, de l’avoir vu fur aucun monument, ni
dans aucun Recueil d’antiquités.^ La forme & les
détails de ce bonnet font marques ïï clairement,
& d’une façon fi diftinguée, que je 1 ai fait graver
fous trois afpeéts, pour rendre le tout plus fen-
fible. On voit par les plis de cette coeffure, qu'elle
étoit d’une étoffe Toupie 8c obeiffante, vraifem-
blablement compofée d’un tiffu de laine ou d autre
matière femblable. L ’artifte paroit trop exaét,
pour n’avoir pas marqué la couture, fi le bonnet
eût été formé par un cuir. Les deux extrémités
ou pendans de cette coëffure, fe rabattoient fous
le menton, en couvrant les oreilles, & fervot.ent
à garantir des injures de l'air. Lorfqti elles etoient
relevées, elles accompagnoient agréablement le
vifage. La manière dont on les voit attachées 8c
relouées derrière la tête, prouve que 1 artifte a.
j fuivi la nature, 8c copie avec exactitude 1 ufage
de fon tems : ufage répété' en grande partie pat-
un grand nombre de nations modernes, 8c qu’on
doit regarder comme une mode générale & carac-
térïftique des Phrygiens, puifqu’en effet ils avoient
reporté fur leurs cafques cette extrémité arrondie,
quoique très-inutile a cette arme defenfive ». Ce
bonnet phrygien, décrit fi exactement par le comte
de Caylus, paroît être une mitre phrygienne, à
caufe des joues ou fanons.
Au refte, tous les bas-reliefs antiques qui repréfentent
des événemens relatifs a la guerre de
Troie, offrent aux artiftes le bonnet phrygien, ou
corno3 mille fois répété. Il y en a plus de cent dans
le feul volume de planches des Monumenti inédite
de Winkelmann} parce que ce bonnet-àtymx. parmi
les artiftes grecs un .cara&ère diftinChf des barbares
y ainfi que les chauffes longues.
Bo n n e t o u chapeau de Mercure. Voye£ Pe-
t a s e . , , , rt ,
Bo n n e t d’Ulyffe. Athenee dit que la tete de
ce hé.ros étoit gravée fur le cachet de Callicrate :
on la voyoit fur une pierre antique de la colleaioii
du baron deStofch, & fur une autre du cabinet du
grand-duc. Une des ftatues de la vigne Pamphili
reprèfente Ulyffe tenant une coupe. Dans la meme
* P d »