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des fanatiques qui demandaient à être immolés
pour expier leur crime, ou ceux.de la nation ;
l’honneur en rcjailliiToit fur toute leur famille.
Enfin , il ne fe tenoit aucune alfemblée, foit
civile, foit religieufe , que l’on n’offrît ce fpe&a-
cle inhumain. Les Druides féroces prenoient les
malheureux deflinés à périr, 8c les précipitoient
fur des lances difpofées à les recevoir. Quelquefois
ils les enfermoient dans des colonnes faites
d’o fîer, avec des animaux de différentes efpèces >
8c après leur avoir fait endurer les plus cruelles
tortures, ils les jetoient encore vivans dans les
flammes : plus le facrifice étoit d ou lo u reu x8c
plus il étoit méritoire. Cette fureur religieufe
n’éclata que dans des cas extraordinaires. Larlque
le pays n’étoit affligé d’aucune calamité, on fai-
foit expirer la viétime fous le glaive. Le Druide
la frappoit au côté ; 8c tandis que le fang couloit,
il avoit l’oeil attaché fur la plaie, 8c avant qu’elle
expirât il lui arrachoit les entrailles, dont l’ agitation
lui fcrvd.it à prédire l’avenir.
Les vidlimes humaines ne furent pas les feules
que les Celtes offrirent à leur dieu î. ils lui immo-
1 oient encore toute forte d’animaux, même des
chiens, qn’épargnoient les autres payens à caufe
de leur fidélité incorruptible ; de même qu’ils
n’immoloient jamais des chevaux , par refpeél
pour cette intrépidité avec laquelle ils partagent
dans la guerre les périls de l’homme, 8c fes b r i gues
dans la paix. Les Celtes, au contraire, Hta-
choient plus d’efficacité au facrifice de ces animaux
j à caufe meme de leur excellence ; 8c c’étoit
la vi&irne la plus expiatoire , après la vitlime
humaine. Les vieillards que le fort deftinoit à
périr fous la hache du facrificateur, les fanatiques
qui s’emprefibient volontairement à folliciter
l’honneur d’être victime, auroient cru en détruire
l’efficacité s’ils avoient verfé des larmes , ou
montré quelque foibleffe- Le moment de leur
facrifice étoit le moment de leur félicité j c’étoit
une victoire qui leur ouvroit les portes de l’immortalité.
Ils. invitoient leurs parens 8c leurs amis
à un feflm, 8c après avoir danfé 8c chanté des
hymnes d’alégreffe , ils montoient avec une joie
infenfée fur un rocher, d’où ils fe précipitoient
fur des piques 8c fur des épées. Cette fureur
facrée ne leur étoit pas particulière : les Gètes
facrifioient aufiï des hommes, qu’ils envoyoient
comme des meffagers à leur dieu Zamolxis. On
les droit au fort pour prévenir les défordres que
pouvoit occafionnèr l’ambition de remplir un fi
glorieux miniftère.
Les facrifices n’étoient que la fécondé partie
du culte religieux : la prière étoit la partie la plus
efiéntîelle. Les Celtes, en ‘là faifant, fe tenoient
debout, le bouclier à. la main gauche 8c la lance
a h droite : ils tournoient le dos au fanéluaire,
par refpecl pour la diyinité qui y réfidoit d’ une
façon particulière. Tous les monumens hiflori-
ques attellent que les Celtes admettoient une
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autre vie ; c’étoit de-là que naiffoit ce mépris de
la mort, 8c cet empreffement de fervir de victime.
Ils croyaient encore à k réfurreôtion des
corps, 8c lés prêtres avoient foin de répandre
ce dogme fi confolant pour les infortunés qui
rampent dans cette vallée de larmes. C’étoit pour
le mieux graver dans leur coeur , qu’ils le répé-
toient fans ceffe dans leurs cantiques facrés. Il
paroït que les Druides formoient différentes feétes,
8c que quelques-uns admettoient le dogme de
la métempfychofe. Jules-Céfar prétend que cettç
perfuafion élevoit. leur courage au-deffus des
périls. Les Gaulois, dit Diodore, adoptent le
fyllême de Pythagore : ils croient que l’ame de
l’homme eft immortelle, quelle doit retourner
à la v ie, 8c rentrer dans un autre,corps après utv
certain nombre d’années *, quelques-uns dans les
obféques jettent fur le- bûcher des lettres qu’ils
écrivent à leurs parens 8c amis décédés, s’imaginant
que les morts liront ces lettres.
Les Celtes plaçoient le féjo.ur des mânes dans
la Grande-Bretagne, ou dans quelques-unes des
ifles adjacentes. 11 y avoit, difoient-ils, des nochers
, dont l’unique fonction étoit de transférer
les âmes dans les ifles fortunées. La célèbre
caverne que les Irlandois appellent encore le
purgatoire de S. Patrice, panoit autrefois pour
l’entrée de l ’enfer. Voici ce qu’en dit Procope...
Je vais, dit-il*, rapporter ce que ces ànfulaires
m’ont raconté, quoique je fois perfuads que ce
qu’ils attellent comme une réalité , n’efl qu’ une
erreur de leur imagination. Le long de la côte *
il y a plufieurs villages habités par des pêcheurs,
des laboureurs 8c'des marchands, q u i, quoique
fujets , ne paient aucun tribut $ ils prétendent
en avoir été exemptés, parce qu’ ils font obligés
de conduire les âmes tour-à-tour. Ceux qui doivent
faire l’ office de la nuit, fe retirent dans
leurs maifons dès que les ténèbres commencent
à fe répandre. Ils fe couchent tranquillement en
attendant les ordres de celui qui a la furinten-
dançe du traiet. Vers le milieu de la nuit ils
entendent quelqu’ un qui frappe à leur porte , 8c
qui les appelle à voix baffe. Sur le champ ils fe
lèvent 8c courent à la côte , fans connoître la
caufe fecrète qui les y entraîne. Là ils trouvent
des barques vuides, 8c cependant fi chargées qu’à
peine elles s’élèvent au-deffus de l’eau. En moins
d’une heure ils comiuifent ces barques dans la
Grande-Bretagne , quoique le trajet foit ordinairement
de vingt-quatre heures pour un vaif-
feau qui force de rames. Arrivés à l ’ifle, ils fe
retirent auffi-tôt que les âmes font defeendues du
vaiffeau devenu alors fi léger, qu’il ne fait
aucune trace fur l’eau. Ils ne voient perfonne ,
ni pendant le trajet, ni pendant le débarquement
5 mais ils entendent, à ce qu’ils difent,
une voix qui articule les noms des perfonnes , de
leurs familles 8c des emplois dont ces morts
étoient revêtus pendant leur vie, S’il y avoit des
femmes
femmes dans la barque, la voix déclaroit les
»oms des maris qu’elles avoient eus *>. Le récit
de Plutarque eïl conforme à celui de Procope ,
& il affure que les ifles défertes de la Grande-
Bretagne n'étoient peuplées que de génies & de
héros , 8c que c ’étoit-là que le géant Briarée
gardoit Saturne plongé dans un éternel fom-
nieal. - Les différentes fables que les Irlandois
débitent encore aujourd’hui fur ces tems antiques,
font un relie de ces anciennes” fuperfli-
tions. Les Celtes accordoient aux génies le pou- .
voir de vifirer leurs amis pendant leur forf.mèil,
2c de jeter l’épouvante dans l’ame de leurs ennemis,
en leur fufeitant d’effroyables fonges.
■ CENA Aug. Centurionum ( A . ) . Muratori
{ 8py. 1. Thef. Infer. ) rapporte l’épitaphe fui-
vante , d’un officier du palais de l’empereur, :
chargé de préparer le repas des Centurions qui
étoient de garde dans ce palais :
TI. CLAUDIO. AUG. L
©I OS COR. A. CENA
‘ CENTURIONUM
TESTAMENT©
POSUERUNT
EVARISTUS. ET. THALAMUS
CONL1BERTO. B. M.
CENARIUS. Gruter ( i o ^ . 8. Thef. Infer.)
rapporte l'épitaphe de l’époufe d’ un primicerius
senariorum, qu’ il rend par le mot ducenariorum.
CENCHREÆ, dans t’Achaie. ce.
Les médailles autonomes de cette ville font :
BRRR, en bronze. ( Pellerin.)
O. en or.
O. en argent.
CENCHRIAS , fils de Neptune 8c de Pirène.
Voye1 Pirène. .
CENCHRÉIS , femme de Cyniràs, fuivant
Ovide. Voyei My r r h a .
CENDRES. Les prêtres laiffoîent les cendres
■s’amonceler fur les autels après les facrifices ; 8c
ils en formèrent à Thèbes une maffe folide que
l’on appeloit l ’autel d’Apollon-Spodius.
Les Grecs 8c les Romains répandoient des
cendres 8c de la poulhère fur leurs têtes , lorf-
qu’ils étoient dans le deuil & l’affliétion. C’ell
ainfi qu’Aehille témoigna fa douleur en apprenant
la mort de Çatrocle ( Iliad. 18- 23. )•
Priam en agit de même après la mort d’Hector
( Iliad. 24.). On voit auffi dans l’Enéide ( x u .
611. ) Latinus répandre de la pouflière fur fes
cheveux. Stace a-étendu cet ufage jufqu’àla barbe
( Theb. v j . 30. ) :
.......................Sedet ipfe exutus honore
Antiquités , Tome 1 .
Vittarum nexu genitor , fquallentiaque ont
Sparfus , & incultam ferait pulvere barbant.
Les peuples anciens, qui étoient dans 1 u#ge
de brûler fes corps morts, en recusilloient avec
foin les cendres , pour les renfermer dans des
urnes. On comprend aifément qu’ils pouvoient
reconnoïtre les o fie mens > mais comment fepa-
roient - ils les cendres du corps de celles du
bûcher ? Ils avoient, dit le favant père de Mont-
faucon , plufieurs manières d’empêcher qu’ elles
ne fe confondiffent, l’une defquelles étoit d’envelopper
le cadavre dans la toile d’amiante ou
linincombuftible, que les Grecs appellent asbeftos.
On découvrit à Rome , en 1702, dans une vigne
à un mille de la porte-majeure , une grande urne ■
de marbre , dans laquelle étoit une toile d a-
miante : cette toile avoit neuf- palmes romaines
de longueur, 8c fept palmes de largeur, c’efl
environ cinq pieds de large fur plus de fix 8c
demi de long. Elle étoit tiffue comme nos toiles ;
fes, fils étoient gros comme ceux de la toile de
chanvre j elle étoit ufée 8c fa le comme une
vieille nappe dé cuifine j nuis plus douce à manier
8c plus pliable qu’ une étoffe de foie. On trouva
1 dans cette toile des offernens avec un crâne à
demi-brûlé. On y avoit mis fans doute le corps
du défunt, afin que fes cendres ne s’écartaffent
point, 8c ne fe mêlaffent pas avec celles du
bûcher , d’où on les retira pour les transporter
dans la tombe. Cette toile ayant été jetée dans
le feu , elle y relia long-tems fans être brûlée ni
endommagée. Le père Montfaucon, qui femble
promettre plufieurs manières de réparer les cendres
du mort de celles du bûcher, n’indique pourtant
que celle-ci. On rapportoit les cendres de ceux
qui mouroient au loin dans leur pays 5 & il n’étoit
nas rare d’enfermer les cendres de plufieurs perfonnes
dans Une même urne. Le cabinet de Ste.
Geneviève renferme un vafe de terre cuite très-
commun, qui a été trouvé auprès'de Béziers. Il
a fervi d’urne cinéraire , 8c il ell rempli d’ofief-
mens à demi-brûlés j ce qui prouve que par les
cendres des morts, on eatendoit-les refies des
offernens que l’on recûeilloit, ( Voyei ossile-
gium ) , Sc que l’on renfermoit dans les
urnes.
CÉNÉE eut Elate pour père. Voye^ At r a x .
Il fut un des Lapithes qui combattirent les Centaures,
8c un des Argonautes. Il étoit né fille ,
dit Ovide ( Met. 12. 169. ) fous le nom de Cénis,
& fa grande beauté la rendoit l’objet des voeux
de tous les princes de la Theffalie *, mais la fière
Cénis rebuta to-us fes amans fans vouloir enten-
I dre parler de mariage. Un jour quelle fe prome-
noit fur le rivage de la mer, Neptune la furprit
& lui fit violence j enfuite il lui promit de lui
accorder tout ce qu'elle demandèrent.^ Cénis lut
répondit, que pour n’être plus expofée à l’outrage