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grand nombre, 8c les fouilles d’HercuIanum ont
redonné le jour à plufieurs : on verra dans la planche
38 du troilïème volume du comte de Caylus,
les deflins des deux monumens de.cette efpèce,
qui font les plus confidérables.
« Le trépied du numéro 1 , dit ce favant comte,
confifte en un plateau de forme ronde, qui
recevoir le feu dans un renfoncement ménagé a
ce deffein : une frife qui décore le pourtour extérieur,
eft ornée de têtes de boeufs décharnées,
qui lient des fêlions de feuilles de myrte. Trois
.fphinx de la plus grande beauté, foutiennent le
plateau par la pointe de leurs ailes élevées à ce
deflein, & par une tige fleuronnée qui pofe fur
leurs têtes : ces fphinx fontaffis, & ont pour
bafes ou fupports des pieds de biche, difpofés en
triangle, fur un plateau échancré dans fes trois
principales faces. De l’endroit où les pieds fe
lient avec les fphinx, partent des rinceaux d’or-
nemens qui fe joignent au centre du trépied, y
portent un cul-de-lampe, fur lequel on voit Un
petit vafe delliné fans doute à renfermer les parfums
qu’on jetoit dans le brafier 3 pour corriger 1 odeur du charbon. Ce beau brafier ou trépied de
.bronze a deux pieds lîx pouces de hauteur ».
« L autre brafier ou trépied, n°. 2, également
de bronze, ell plus compofé , & beaucoup plus
commode pour le fervice que le précédent. Il eft
porté par trois fatyres dont les jambes fe téu-
miffent', & fe terminent en un feul pied de chèvre.
Ces figures font placées dos-à-dos : leur attitude
Sc leur aélion font abfolument pareilles 5 c’eft-
à-dire, qu’elles ont une main fur la hanche, 8c
l’autre ell élevée comme pour empêcher de les
approcher de trop près. Il y a lieu de croire que ,
pour éviter la -dépenfe, on les a jetées dans un
feul moule; leurvifage eft riant, & leurs queues
.fervent à porter un anneau, qui vraifemblable-
jr.ent écoit deiliné à fufpendre les inftrumens né-
■ceflaires pour entretenir le feu. Le plateau qui
fervoit à contenir le brafier proprement dit, ou
les charbons, eft d’une allez grande épaifleur,
fpar la néceflité de l’efpac.e qu’exige le double
fond : car il eft compofé de deux pièces : celle
qui eft adhérente au pied, & qui fait corps avec
lui, porte fur fa tranche inférieure trois mains
qui jouent dans leurs charnières , qui fervent
à faire mouvoir le trépied avec plus de facilité.
Cette pièce, faite en manière de cuvette, en
reçoit une autre qui eft mobile , & dont le bord
fe termine par un ornement à jour aflez fingulier;
j’ignore s’il avoit quelqu’ufage particulier : on
voit feulement que les deux mains attachées au
corps de ce dernier plateau, aident à le foulever
8c a le tranfporter. La hauteur de et brafier ou
trépied, un des derniers découverts, eft de trois
pieds ».
On a trouvé depuis , en 1761, dans un temple
d ’Hçrculanum, do«t la découverte n’a pas été
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achevée, un grand brafier carré, ou un foyer de
bronze, femblablé à ceux que l’on place en Italie
dans les grands appartenons pour les échauffer. Il
eft de la grandeur d’une table moyenne, 8c
pofé fur des pattes de lion ; on avoit incrufté avec
art, fur les bords, des feuillages ; 8c les matières
qui ont été employées , font le cuivre, le bronze
.& l’argent. Le fond étoitun gril de fer très-épais,
mais garni 8c maçonné en briques, tant au-deflus
qu’au-deflbus ; de manière que les charbons ne
pouvoient toucher le defliis du gril, ni tomber à
travers par le bas. Ce beau morceau a été tiréde
terre en plufieurs pièces.
BRASSARDS. On croit que les Grecs fe fer-
voient, pour défendre les bras , d’une armure
différente de la cuirafle. C’étoient de véritables
brajfards i qui fervoient à couvrir à la fois les bras
8c les mains. Ces dernières leur firent donner le
nom général Xtrfihç.
BRAS SE, mefure linéaire 8c itinéraire de
l’Afie 8c de l’Egypte. Voyc* Orgye.
Brasse., mefure itinéraire des Romains.
Passus.
BRAVIXJM, ôpaÇ'Jov3 prix des athlètes 8c des
gladiateurs; les brabeutes le diftribuoient ordinairement.
A Rome, dans les coùrfes des chars,
le cocher qui avoit fait le premier fept fois le
tour du cirque, montoit fur la fipina.pour y recevoir
le bravium qui lui étoit deftiné. Propercc
(zi. 19. 6y.) en fait mention :
Am prias infecto depofeit pr&mia cutfiu,
Septima quant metam triverit ante rota.
BRAU.RON , bourgade.de l’Attique, où la
ftatue de Diane fut apportée de laTauride, 8c déposée
dans un temple bâti par Orqfté. On y célébrait
tous les ans la fête de la délivrance d’Orefte
8c d’ Iphigénie \ 8c on appjiquoit légèrement une
épée nue fur la tête d’une viélime humaine. Quelques
gouttes de fang répandues en l’honneur de
Diane, y tenoient lieu de facrifice. Iphigénie fut
prêtrefle de ce temple, 8c, après fa mort, y reçut
les honneurs divins.
' BRAURONIE. ^
BRAURONIES l aPPeloit'Brauronies des
fêtes célébrées en l’honneur de Diane - Brau-
ronie, dans le bourg appelé Brauron. Pendant la
fécondé-guerre Perfique, Xercès fit enlever la
ftatue de cette Diane, qui y avoit -été apportée
de Tauride par Iphigénie- (Paufan. Attic. écArcad.
Pollux, lib. .8. c. 9 ). Dix l'ipoTtétot, ou intendant,
des chofies facrées, préfîdoient tous les cinq ans
à la célébration des Brauronies. Héfychius dit
que l ’on y immoloit une chèvre, 8c que l’on y
chantoit l’Iliade d’Homère,
Le plus bel ornement des Brauronies étoient
de jeunes filles depuis l’âge de cinq jufqu’à celui Hf
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de dix, qui y paroïlfoient vêtues de robes de
couleur de farran, KpoKarov: Suidas rapporte ainfî
l’origine de cet ufage. Il y avoit, dit-il, dans- un
bourg de l’Attique un ours apprivoifé, confacré
à Diane, qui mangeoit familièrement avec tous
les habitans, 8c jouoit avec eux fans leur faire
aucun mal. Une jeune fille ayant un jour voulu
badiner avec cet animal, d'une manière- un peu
trop familière, il fé jeta fur elle, 8c la mit en
pièces. Les frères de cette fille.vengèrent fa mort
fur le 'meurtrier; mais leur véngeance fut fuivie
d’une pefte horrible qui défola toüté l’Attique.
Pour faire cefler ce terrible fléau, otyabandonna
à Diane , par le confeil de l'oracle, plufiëurs
jeunes filles, deftinées à appaifér la golère de la
déeffe, quavoit irritée la mort de' fon animal
chéri. On fit même une loi qui défendoit à toutes
les filles du bourg de fe marier fans avoir fait les
fonctions de prêtrefles dans les fêtes de' Diane.
D,e-là vint qu’elles afliftoienr toutes aux Brauro.-
nies. On appeloit Avp*rtf/, ou'rfes, ces jeunes
filles; leur initiation fe nommoit Avô*rg/«, bu,
félon Ariftophane , AvaBw , à çaufe de l’ âge de
dix ans qui excluoît de ce fàcerdoce tranfitoire.
BREÉTS, -ces animaux étoient en vénération à
Sais en Egypte ; apparemment à caufe de leur
utilité. •
Les généraux Romains, à qui le peuple n’avoit
accordé que les honneurs du petit triomphe ou
de l’Ovation, n’ offroient aux dieux pour vi&imes
que des brebis ,• tandis que ceux qui triomphoient
immoloient des boeufs.
B r e b.i s dorée, qui eaufa l’affreux défordre
d’Atrée 8c de Thyefte. Voye% Atréë.
B r e b i s .dorée ou T oison d’or. V. Jason.
Brebis couverte de peaux,3vvis pellita. Varron
{de Re Ruß. il. 1.) dit que les habitans deTarente
8c de l’Attique avoient coutume d’envelopper
leurs brebis dans des peaux préparées , de crainte
que leur laine, dont la finefle 8c la beauté étoient
très-célèbres, ne fût tachée dans les pâturages
par quelqu’accident, 8c qu’elle ne devînt plus
difficile à laver ainfi qu’à teindre : Simili ter facien-
dum in ovibus pellitis3 .que propter lan& bonitatem 3 -
ut fiant Tarent ina, <5? Attic & , pellibus integuntur ,
ne lana inquinetur, quo miniis vel infici récit pofifit,
vel lavari j acparari. Horace parle (0^. il. 6. 10.)
aufli des brebis de Tarente couvertes de peaux :
jDulce pellitis ovibus Galefi
T lumen 3 & regnata petam Laconi
Rura Phalantko,
Les habitans de Mégare. avoient pris le même
ufage des bergers de l’Attique, leurs yoifins
(Laert. vi. 41.) : c’eft pourquoi Diogène les raillait
ordinairement, en difant qu’il valoit mieux
«tre la brebis 'd’un Mégarien, que fon fils,! ils
Antiquités , Tome I.
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laiffoient en effet leurs enfans tout nuds, 8c ils
couvraient foigneufement leurs brebis.
Ovis adafia, vieille brebis, celle que la mère
a rnis-bas à fa première portée ; ovis vetula ,
recentis partûs, dit Feitus.
Ovis apica, brebis qui H*a point de laine fous
le ventre. Ce mot eft formé, de Y* privatif 8c de
‘kukqç j laine.
Ovis delicula , brebis affoiblie par l’âge ou par
, la maladie. Caton {de Re Ruft. c. 1.) dit: yendat
armenta delicula , oves deliculas.
Ovis mina , la même que Y ovis apica , comme
le dit Varron {.de Re Ruft. il. 2.) : Uti pecus ovil-
lum , quod relie fianum eft, extra luficam , fiurdam ,
mi nam , id eft, ventre glabro. Plaute a fait une
plaifanterie fur les deux acceptions du mot mina :
il me donne y dit-il ,- {Truc. ni. I. 8.) vingt mines
{mina y monnoie valant à-peu-près 100 livres de
France); je les reçois volontiers , & les mets dans
,ma bourfie. Enfiuite il s’en va de fon côté, & moi je
me hâte d‘apporter a. la ville , dans la même bouffie ,
les vingt mut as (brebis fians poil) qu’il m’a
données :
Minas vigiiiti tnilü dat : accipio libens ,*
Condo incrumenam : ille abiit; ego pr opéré minas
Oves in crumena hue in urbem detuli.
Ovis paficalis ou paficualis, brebis qui parque
en plein air, par oppofïtion à celle qui eft renfermée
dans les bergeries, 8c dont la laine eft
plus forte 8c plus longue. Liîcillus cité par Feftus
au mot Solox : ’
Paficali pecore, ac montano , hirto , atque fioloce,
Ovis peculiaris, brebis qui fait portion du pécule
d’un fils de- famille , ou d’un efclave. De
même les efclaves étoient appelés peculiarcs,
lorfqu’ils faifoiènt portion d’un pécule particulier
, d’un certain domaine ou bien de campagne.
Ovis pufiulofia .ou puftulofia , brebis attaquée du
claveau ; maladie que les Latins appeloient pufiula.
Columelle (riz. y).,
BRECCIA,-} . . ,
BRÈCHE 5 Pierre compofee de rragmens
d’autfes pierres, liés-quelquefois par lin gluten de
même nature, telles’ que les brèches calcaires ou
marbrts-brècfies. Le bianconero tient un rang distingué
dans les brèches calcaires antiques. D’autres
fois les fragmens de la brèche appartiennent à
des pierres de toutes fortes, liées par un gluten,
qui eft aufli d’une efpèce particulière. Telle eft la
brèche que Winkeimann (Hift. de l’Art. I. 2. c. 1.)
appelle brèche-d,‘Egypte, 8c que l’on nomme otdi-
| nairement bi èchs-univerficlle, par analogie avec ie
j jafpe-univerfel.
S If