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boeufs-laboureurs. Cet ufage f u t aboli par l’em-
f>ereur Julien, qui ne permit plus aux voitures du
fife de fe fervir de boeufs.
Les anciens faifoient ufage des cornes de boeuf
dans plusieurs arts ; & ils s'en fervoient fur-tout
pour boire dans les feftins. On afluroit même que
c etoient les premiers vafes à boire que les hommes
euflent employés. Pour en perpétuer le fou-
venir, on donna aux vafes qui remplacèrent les
cornes, la forme de celles-ci. 'Voye£ Rh y t ium .
Les peuples du nord choifïflToient de préférence
pour boire les cornes du boeuf appelé Urus, à
caufe de leur vafte capacité. Elle etoit fi grande ,
qu il falloit deux urnes de vin pour remplir deux
de ces cornes. Pline (xr. 37.) :• Urorum cornibus
barbari feptriontales potant : urnafquex binas• ca-
pitis unius cornua implent j trente pintes de France
Les artiftes anciens repréfentèrent Bacchus
& Isis avec des cornes de boeuf. Voyez-en la
raifon à leurs articles.
✓ Us repréfentèrent fouvent aufli les fleuves fous
la fo rme de boeuf ou de taureau, peut-être par
imitation. Car c’étoit ainfi que le Nil paroiflbit
chez les Egyptiens, dont les Grecs ont emprunté
tant de chofes. On trouvera d'autres motifs à
l'article Fleuves.
On voyoit à Delphe & à Olympie des boeufs
d’airain, 8c l’on conr.oît la vache du célèbre
iculpteur Myron. Il y avoit à Rome un boeuf d'airain
, tranfporté de Fille d'Egine dans le forum
boarium. Pline (34. 2).
Les architeéles anciens pîaçoient dans certains
édifices des têtes de boeuf 8c de bélier écorchées,
& en faifoient un ornement de la frife. Ces têtes
dépouillées de leur peau , a voient' un rapport
direét aux facrifices des anciens> il s'y joignojt
encore une idée fuperftitieufe ; car on croyoit
qu'elles fervoient à écarter le tonnerre ( Arnob.
adv. gentes, lib. f. J $7. edit. Lugd. lbyi.in-40.) ,
&r Numa‘ prétendit même avoir reçu fur cela un
ordre particulier de Jupiter.
Les anciens marquoient les boeufs pour les
diftinguer dans les troupeaux nombreux. On voit
dans la collection du baron de Stofch l’empreinte
d’une pierre gravée antique, fur laquelle paroît
un boeuf marqué d'un kopk ç fur la cuiflfe gauche,
d’un E fur l’épaule gauche du même côté..
Boeuf ou T aureau fur les médailles.. On
en voit far celles de Chalcédon, d'Erétria, d'Eu-
bée , de Géla, de Gortyna, d’Iftiæa, d’Obulco,
de Parium, de Pella, de Périnthus, de Phaeftus,
de Pofîdonia, de Sybaris, de Tauroménium, de
Theflalonique, de Thurium, d’Aradus.
On voit une tête de taureau fpr les médailles
de Corcyre, d’A(Tus, d’Eubée , d’Iftiaea, de PantL
capæum, des Phocéens, de Lucéria, de Salamis.
Boeuf ou Taureau fra ppant de la corne. On
le voit fur les médailles de Thurium 3 d’Alon- j
tjnum, d’Arpi, d’Etibée, de Magnéfia en Ionie, }
! de Marfeilî-e, de Panticapæilm, de Pofidonia, de
Ptaefus, de'Syracufe, de Tauroménium.
Boeuf a tête humaine. On le voit fur les me-
1 dailles de Calénô , de Géla , d’ Himère, de Nola,
de Néapolîs en Italie, d’Oéniadæ, de Tauroménium,
de Téanum, d’Urina, de Mégara en Sicile.
c< Ce monftrueux afifemblage d'une face humaine
& d'un corps de boeuf, a occafionné, difent les
auteurs de l’Explication des pierres gravées du
palais-royal, prefqu’autant d'erreurs qu’il a fait
naître de conjectures. Perfonne, jufqu’à préfent,
n a expliqué clairement cette énigme : Pighius 8c
Carrera feuls en ont foupçonné le vrai fens. La
plupart y ont reconnu le fleuve Ackéloüs, mais
Ton peut voir à fon article combien cette explication
elt erronée.... PlufieUrs antiquaires ont
pris un autre parti. D’après deux paffages, l’un
de Virgile &rl’autre d’Ovide, ils ont vu le Mino-
taure dans le boeufï face humaine. Mais ils. n’ont
pas été plus heureux que les premiers. Voÿe%
Minotaure. Ce boeuf extraordinaire des- médailles
de Naples & celui d’un camée du palais-
royal (.Defcript. r. r i y.), ne peuvent donc être
regardés ni comme le fleuve Ackêloüs, ni comme
le Minotaure. Tachons maintenant d’expofer le
vrai fens de cette allégorie
« Les médailles qui ont pour type le boeuf en
-queftion, font prefque toutes de la Campanie ou
des contrées voifines : le fol de ce beau pays,
fécond de lui-même, l’étojt encore davantage
par les travaux de l’agriculture ; il eft donc aflfez
naturel de croire que pour exprimer leur recon-
poiflance, les habitans avoient adopté le fym-
bole du boeuf à face humaine ».
vVarron qualifie-le boeuf de compagnon de
l’homme dans les travaux de l'agriculture, & il
l’appelle miniftre de Céfès. Columelle dit que
c’etoit un aufli grand crime d’attenter à la vie
d’un boeufqtiz celle d’un homme. Elien & Stobée,
Pline & Yalère-Maxime, citent des exemples de
punitions infligées pour avoit tué des boeufs. Ce
qui prouve fur-tout combien le boeuf était en
vénération chez les anciens Romains, c’eft qu’il
n’étoit pas permis chez eux de l’immoler à Cérès ;
loi qui ne fut pas toujours obfervée. Si l’on avoit
donc voulu préfenter le fymbole de l’Agriculture,.
& faire connoître en meme-tems la part que le
boeuf y zvolt 3 convenons qu’on ne fe feroit pas
éloigné de l’efprit de l'allégorie en repréfentant
un boeuf à tête humaine; & voilà vraisemblablement
le motif qui aura déterminé les habitans de
Naples , ceux de Noie 8c d’autres villes de la Campanie,
à choifir lç même type pour leurs mon-
noies. Ce boeuf à face humaine peut donc être
appelé le fymkole de V Agriculture. »
Quand les taureaux des médailles font paflans
ou attelés, & conduits par un homme voilé ,
ils défignent les colonies , dont <pn traçoit l’enceinte
ayec une charrue. V. Colonies.
B O I
Boeuf foria. V o y e z FordicidiA.
B oe u f luca~V. E l é p h a n t .
B oe u f fefc.enar. V. Se s c e n a r .
Boe u f rôti 3 cérémonie en ufage chez les Scythes.
Voici ce qu’en dit Lucien au dialogue intitulé
: Toxaris ,* ou de V Amitié* Lorfqu’ un des
anciens Scythes avoit reçu quelqu injure, & qu’il
étoit trop foible par lui-même pour en tirer vengeance
, il faifoit rôtir un boeuf, le coupoit par
pièces, & les mains liées derrière le dos comme
un prifonn'iér, il s’ afleyoit fur la peau au milieu
de tout cet amas de viande. Ceux qui pafloient
auprès'de lui, & qui vouloient le fecourir, en
prenoient un morceau, 8c s’engageoient à lui
amener, l’un cinq cavaliers, l’autre dix ^chacun
félon fon pouvoir ; 8c ceux qui ne pouvoient dif-
pofer que d’eux-mêmes, promettoient de venir
en perfonne. Par ce moyen, ik aflembloient des
troupes plus confidérables’ encore par la valeur
que par le nombre ; l’amitié, étoit intéreflêe dans
leur vengeance, 8c la religion du ferment la ren-
doit terrible.
boia , collier or. anneau dans lequel on ref-
ferroit le col & les mains, des ptifonniers ; il
étoit de bois ou de fer. Feftus : B o ïa 3 id efi 3
genus vinculorum, tam Ligne a , quam ferre a dicun-
tur. Les anciennes Gîofes appliquent particulièrement
le mot boia à celui de carcan ou collier :
)Bofct, xXo:og.
Plaute, qui s’efl: fervi plufîeurs fois de ce mot,
nous met fur la voie d’en trouver l’écymologie.
Dans les Captifs ( ir . 1. 108.), il dit d’un gaulois
qui vivoit habituellement avec une femme de fa
nation : Boius eft, Boius boiam terit. Les Boïens
étoient des Gaulbis defeendus des Sénonois ; de
forte que Plaute fait ici allufion au carcan , boia,
& au gaulois, boius. On fait que cês peuples-
aimoient à porter des colliers brillans, tel que
celui qui fut le prix de la victoire de Manlius'
Torquatus ; de-là vint fans doute- l’allufion du
collier gaulois, boia, au carcan des criminels.
Br»O IRE.v , r . \> rC e que nous a..l lons .d. ire Bo ir e a la fante. 5 M
des anciens dans cet article, ne regardera que les
Grecs 8c les Romains; car les anciens Egyptiens
ne buvoient point de vin, ou du moins en buvoient
rarement.
Les anciens ne buvoient pas pendant les repas;
mais après que l’on avoit deflervi les mets, on
apportoit le vin, & ôn buvoît à l’envi Virgile
fait allufion à cet ufage dans l’Enéide (i- 727.) :
Poflquam prima qiAes epulis , menftque remotA ,
Croît era s magnos ft à tuant.
Ils ne buvoient même pas avant leur déjeuner ou
leur premier repas. Sénèque b’âme ceux quiagif-
foient autrement (epift. 122.) : Non videntur tibi
contra naturam vivere , qui je j uni biburit, qui vinum
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recipiunt inanibus venis, & ad cibum ebrii tmn-
feunt. Plutarque met 'au nombre des caufes des
maladies l’ufage de boire avant les repas. (Quaft.
conviv. vin. a). «Les anciens, dit-il, ne buvoient
pas même de l’eau avant de manger : actuellement
on fe remplit de vin, & l’on entafle enfuite les
mets dans un eftomac déjà plein de liquide ».
Dans les tems héroïques, on fêrvoit à ceux
que l’on vouloir honorer, un vafe de vin beaucoup
plus grand qu’aux autres convives, ainfi
qu’une plus grande quantité de mets. Athénée
(lib. 5. c. 4). Cette coutume eft rappelée plufîeurs
fois dans l’Iliade (A. 261 & 0. 161, &c.^)
Les anciens buvoient fouvent à la fante les uns
des autres, 8c cet ufage étoit de la plus haute
antiquité. On doit obferver cependant une légère
différence dans cette pratique entre les Grecs 8c
les Romains. Les premiers envoyoient ordinairement
à celui qu’ils faluoient une coupe vuide ,
propinabant pateram ; les derniers envoyoient la
coupe remplie de vin , propinabant mufto plenam :
de-là vint l’acception particulière du mot propi-
nare, qui fe trouve dans plufîeurs auteurs latins,
pour fignifier offrir.
En buvant à la fanté, les Grecs commençoient
par les perfonnes les plus diftinguées. Celui qui
buvoit difoit au convive qu’il faluoit, <roi
y-u.xci>ç, je vous fouhaite toute forte de profpérité ;
& on lui répondoit, ï.uyJeccva ùtso <ns bà'tMs, j accepte
vos fouhaits avec reconnoiflance. Le plus
fouvent on difoit fimplement £«/?£, je vous falue.
En prononçant ces paroles, celui qui portoit la
fanté , buvoit une partie du vin qni étoit dans fa
coupe, & envoyoït le refte au convive qu’il
faluoit. Il la lui préfentoit de la main droite ,
& lorfqu’il buvol. de fuite à tous les convives , 8c à la ronde, , il commençoit toujours
par le côté droit ; de-là vint que l’on appela ces
fantés hiiaxrsiç. On dit au valet du feftin , dans
l’épigramme de Critias fur Anacréon, de porter
les coupes 8c les fantés à tous les convives, de
droite à gauche: -
IJu7s ê'iZ7roy,7nutrtf npo7ro<rtis lis Jé|.'ov tiyoï.
Les Romains exprimoient l’action de boire à la
, ronde par les mots ab imo ad fummum, depuis le
premier des convives jufqu’au dernier. Plaute
(Perf. v. 1.) :
Age, puer,
A fummo fepten 'j cyathis committe kos ludos.
On commençoit- à boire dans de petits vafes,
mais enfuite ôn faifoit apporter de larges coupes ;
ce qui avoit occafionné différens ufages entre
les peuples de la Grèce. « Les habitans de Chio
8c deThafus, dit Athénée (lib. 11. c. 3.) , boivent
les fantés par la droite avec les grandes coupes ;
les Athéniens ne commencent par le côté droit
qu’avec les petits vafes > les Theflàliens boivent